Débat au tour du livre de Daniel Lindenberg 
Le rappel à l'ordre 
Enquête sur les nouveaux réactionnaires 
 au Cercle Bernard Lazare
18/12/2002

Daniel Lindenberg est historien des idées, professeur à l'université de Paris VIII et conseiller à la direction de la revue Esprit, il a notamment publié le Marxisme introuvable, (Calmann Lévy 1975), les années souterraines (1937-1947) (La découverte 1990), et Figures d'IsraËl (Hachette 1997). Le rappel à l'ordre est un ouvrage qui a été commandé par Pierre Rosanvalon. il devait être court, bon marché, et faire le point sur une question politique. 

    Il s'agissait d'une question neuve, qui ne frappait pas par son actualité, et d'une mais aussi question qui fâche, y-a-t-il un changement de climat en France ? le consensus tend à s'effriter, on le voit suite à l'étude de certains auteurs comme Michel Houellebecq ou Maurice Dantec.

 
On m'a qualifié de Monsieur Tant mieux, qui accepterait tout de la modernité. En fait, je constate qu'il existe des problèmes partout, mais des gens en prenant contact avec ce qui ne va pas, contrent des idées de justice, ou stigmatise un certain type de population. A l'occasion d'un problème réel, on nous propose un retour en arrière, une régression. 

    Certains points n'ont pas été à l'honneur dans la perception de mon petit livre (92 pages !). Je dis qu'avant, on voyait les solutions dans l'avenir, on se projetait dans le futur, voir la démocratie avancée  de Giscard, le programme de Baladur

     En panne d'idée vers l'avenir on part à la recherche des paradis perdus. J'ai tendu un miroir à des gens en leur disant que fatigués d'agitations, 'ils recherchaient une nouvelle restauration. Par exemple, Max Gallo, se redécouvre chrétien, et publie deux énormes ouvrages apologétiques sur le christianisme. 

   En quelque sorte, la société fançaise devient "Baale Techouva".  On devient ethno écologiste, en recherchant une pureté de l'environnement, et pourquoi pas une pureté ethnique.  

 
 Ce type d'attitude se répand, et devient le nouveau politiquement correct. Parmi ceux qui crient le plus fort contre mon livre, il  y a ceux dont je parle le moins. J'ai beaucoup parlé de Houellebecq, et de Dantec, ils n'ont pas réagit. Le succès de ces écrivains me paraît significatif.  

         Houellebecq a écrit  des romans,: Particules élémentaires, et Plate-forme. Il a glissé sans avoir mis de clignotants de l'extrême gauche à la droite dure. Dans ses deux derniers romans, on peut trouver deux obsessions : 
- La misogynie (Les femmes hélas ne sont plus à la cuisine)
- La xénophobie et le racisme.
      Houellebecq est un romancier naturaliste qui s'exprime contre la racaille gauchiste. Le problème, c'est l'énorme succès qu'il a eu, y compris dans les salons tendance. Les inrockuptibles, Michel Saller, Le Monde et surtout la masse des lecteurs.

      Cela prouve qu'il correspond à une démarche de l'époque : la levée des tabous.  

 
Certains disent que c'est très bien. Il existe en Allemagne une tendance à lever les tabous, de parler des des vrais problèmes, de la pédophilie  comme Jürgen Habermas, mais en Allemagne cela veut dire "On en a marre d'Auschwitz", cette levée des tabous, j'en ai senti les échos en France : "nous sommes masos" c'est aussi cela. L'égalité et la démocratie sont-elles vraiment des valeurs au dessus des autres ? ces questions ne sont plus inquiétantes, mais "réelles".  C'est la libération de la parole gauloise disait un journaliste de Libération. 

    Le retour au réel est le cheval de bataille dominant de la pensée conservatrice. On trouve chez les écrivains réactionnaires une obsession biologique. Un organissisme social, il faut rendre la société malade à sa nature. Les progrès de la biologie,  l'eugénisme sont les marques de l'avenir.  
Maurice Dantec montre un laboratoire de la catastrophe générale. Ces penseurs disent qu'on va vers la catastrophe, sauf si on retourne à cet âge d'or d'avant 1969, avant 1789 etc.. on retrouve les invariants de la pensée réactionnaire. 

  Pierre André Targuieff est philosophe, il attaque de façon rigoureuse la notion de progrès. Il a écrit "l'effacement de l'avenir" et  "Résister au bougisme" dont les mouvements antimondialisation se font les hérault.  Je n'ai pourtant jamais voulu enfermer les auteurs dans un ghetto où ils ne s'enferment pas eux même. (Targuieff a aussi écrit " la nouvelle judéophobie

On a dit que j'accusais les personnes dont je parle d'être fascistes, je n'utilise pas ce mot. Mais en 1930, la perte de repère a entraîné un 

 
reclassement politique qui ne fait que commencer aujourd'hui. Le contexte est différend, même si nous sommes en train de vivre une évolution qui n'est pas sans précédant.    

 Aujourd'hui, les thèses qui prévalent à Washington, expliquent qu'il n'y a plus de conflits idéologiques, mais des conflits civilisationnels, les minorité du coup menacent la république. Avec bien sûr des conséquences sur la montée de l'islamophobie. 

     Un auditeur a fait remarquer que ceux que Daniel Lindenberg appele les nouveaux réactionnaires seraient en fait des gens qui ont cessé d'être naïfs, l'auteur répond que le procès de l'islam est celui du pluralisme, comme ont le avec le foulard. L'auditeur répond qu'il est un disciple de Saint Just : "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté". 

   La salle reproche à l'auteur d'égratigner Finkelkraut, Targuieff, ou Shmouel Trigano.    Daniel répond que ces auteurs ont des thèses un peu trop systématiques, prenant acte de la déception des  juifs vis à vis des noirs aux USA, similaire à la déception des anti colonialistes européens, on en arrive à émettre des thèses trop systématiques qui vont aggraver les fractures entre les communautés. 

    Une  auditrice, artiste de profession fait remarquer que l'on manque avant tout de débat. Lorsqu'on invente on a peur, et on cherche à se réfugier dans des valeurs sûres, mais ici, ce n'est pas par ce qu'on a scandalisé des gens qu'on a vraiment innové. Le débat aurait pu rassurer et faire avancer la pensée.

      L'auteur répond qu'il existe de vrais débats autour de son livre, mais que si le titre est effectivement provocateur, sans ce piment, on s'endort. Les gens sont hyper susceptibles, pourtant mon livre n'est pas un brûlot ! 

 

 
Michel Lévy 

(*) Démocratie forte contre mondialisation technophobe
    Avec le « bougisme », Taguieff lance un concept appelé à un bel avenir. Il entend par là la nouvelle idéologie dominante qui accompagne et justifie le néolibéralisme : le culte du changement pour le changement, la sommation d’être « moderne ». L’auteur propose une reconstruction des fondements et des finalités de l’action politique face à la barbarie globaliste.  Edition : Mille et une nuits
    Collection : Ecart De Pensee
    ISBN : 2842055845
    Prix : 12 Euros

 

P.A. Targuieff, dans " La force d’un préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles ", La découverte, 1988, fait le point sur les " traits définitionnels " du racisme :

* Rejet de l’universel (et de l’homme universel) et volonté se considérer les groupes humains comme des totalités hiérarchisées en " bons " et en " mauvais ",

* Postulat d’incommunicabilité (les gens différents ne peuvent vivre ensemble),

* Lois de l’hérédité et valorisation de l’origine (ce qui est important ce n’est pas ce que l’on fait ensemble, ce n’est pas l’action, c’est notre passé, c’est d’où l’on vient).

* Tout cela débouche sur une volonté de différenciation (que chacun reste " entre soi ").

 

     

 

              


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