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Comme
d'habitude, je suis arrivé en retard, mais cela m'a permis d'entrer directement
dans le sujet sans me gaver de la tarte au fromage blanc qui est généreusement
offerte aux visiteurs qui veulent bien l'acheter au bar...
«...c'est un processus que je n'ose pas appeler
de paix, car je ne sais pas comment il va ses terminer » disait
l'ambassadeur, en pensant au retrait de Gaza. « Quand on est obligé de
prendre une décision, l'étape la plus importante est d'arriver à une nouvelle
position. J'aurais été très déçu si les travaillistes n'avaient n'avaient
pas soutenu Sharon, et aujourd'hui, je ne sais plus si nous sommes toujours
majoritaires à le soutenir. Pour 2006, je ne suis plus sûr de rien, si
la priorité est la paix, if faudra le faire dans une nouvelle structure,
car la gauche n'est pas majoritaire. Nous verrons une structure politique
très bizarre ! »
«Du côté palestinien, nous savons que Mahmoud
Abbas est une homme de confiance et de bonne volonté. Je le
connais depuis de longues années avant l'intifada, et son discours n'a
jamais varié. En ce moment, il est dans une situation très délicate, il
a du reporter les élections législative, il n'est pas compris par ses
extrémistes qui considèrent que tout geste de bonne volonté est un signe
de faiblesse. Pendant ses premiers mois, il essayé d'intégrer le Hamas,
c'est une bonne initiative, mais la réponse du Hamas est inquiétante.
Les renseignements généraux disent que nous vivons dans un calme illusoire,
les organisations para-militaires n'ont pas décidé de faire cesser les
attentats. L'armée répond qu'elle est assez puissante pour se permettre
de prendre un certain risque.
Il n'existe
pas, du côté israélien d'euphorie, comme on en a connu après les
accords d'Oslo, on prend des risques calculés,
et l'opinion partage ce sentiment, de réalisme, de pragmatisme, et d'attentisme.
Besoins
d'une plus grande coopération avec la France
«On
sent des améliorations, dans les relations entre la France et Israël,
trois points sont essentiels :
è
Attitude vis à vis de l'Iran, du Hezbollah, et de la lutte anti
terroriste.
Je
suis très prudent vis à vis du nouveau président
Iranien, son concurrent n'était pas un ami, il n'avait que peu
d'influence car il dépendait des Ayatollahs qui avaient la réalité
du pouvoir. Il en sera de même pour son successeur. Or depuis quelques
temps, on a senti en Iran une volonté de casser l'isolement du
pays et de reprendre le contact avec les USA. Il ne faut donc pas juger
a-priori de nouveau président, il faut lui laisser du temps, attendons
de voir ses actes avant de nous prononcer. Ce qui est plus inquiétant,
c'est la mauvaise vue des occidentaux qui n'avaient pas prévu son
triomphe !
La
menace nucléaire existe, en Israël on est convaincu que l'Iran
ne renoncera pas à l'arme nucléaire, car la république
islamique croit que c'est le meilleur pour devenir une puissance régionale.
Ce que nous craignons c'est l'effet de contagion. Pourquoi la Turquie,
l'Arabie, l'Egypte laisserait-il le leadership militaire à l'Iran
? eux même se sentent menacés.
Nous
aimerions empêcher ce désastre, mais nous n'avons guère
d'options réalistes. Il faut donc appuyer la pression de l'Europe
et des États Unis. Je ne crois pas à l'option militaire.
è
Volonté de renouer de bonnes relations avec ses alliés naturels.
La
volonté de l'Europe de rebâtir les relations trans-atlantiques,
en se servant entre autre du levier israélien, rejoint le souhait
d'Israël de rééquilibrer sa diplomatie.
L'Europe est le premier partenaire commercial du pays, et il est très
malsain de mettre «tous ses oeufs dans le même pannier».
Jacques Chirac restera en place jusqu'en 2007. De 2005 à 2007 nous
aurons un grand besoin du soutien de tous, d'où la nécessité
de rebâtir des relations humaines avec des leaders européens
comme Jacques Chirac.
On
ne compte pas sur l'étranger, on veut créer une nouvelle
réalité politique au Proche Orient, nous savons que ce sera
long, mais on ne peut pas rester sans rien faire. Il n'est pas intelligent
de dire que tout le monde, tout le temps est contre nous. C'est faux et
cela ne mène nul part.
L'invitation
de Jacques Chirac à Ariel Sharon doit donc être perçue
comme un soutien au plan de désengagement. Jusqu'à fin 2005,
il y aura des épreuves difficiles pour nous, et l'Europe, qui souhaite
ce désengagement doit comprendre l'enjeu de cette première
étape. S'il
échoue, ce sera la première et dernière étape.
Mahmoud Abbas et les USA l'ont parfaitement compris.
è
Rôle moteur du plan de désengagement.
Ce
plan
qui est de moins en moins unilatéral doit bien être compris,
il n'est pas fait dans l'intérêt des palestiniens ou des
puissances étrangères. C'est la réponse à
une simple question : Où sont nos intérêts
?
Nous ne
voulons pas annexer Gaza par
ce que nous voulons conserver un caractère juif à l'État
d'Israël, et si nous continuons à occuper une population qui
ne veut pas de nous, nous perdons notre caractère démocratique.
C'est bien
pour rester un état Juif et Démocratique qu'il faut se désengager.
Si
nous voulons avoir un jour un partenaire
responsable, il faut le responsabiliser, et lui laisser une autonomie
complète. Il
est toujours difficile de lutter contre le terrorisme, en particulier
contre Al Quaïda qui fera tout pour empêcher le désengagement.
Al Quïda n'a pas de tête, on ne peut donc pas la couper.
Nous
devons comprendre le drame des gens qu'on chasse de chez eux, ils sont
venus dans le Goush Kativ à notre demande,
nous les dirigeants de gauche comme de droite. Nous leur avons dit qu'en
venant à Gaza, ils participeraient à la défense du
pays, qu'ils étaient des pionniers etc... et aujourd'hui
ils ont l'impression qu'on les jette. Ils s'opposeront de toutes
leur force à leur déménagement, et ils sont soutenus
par une partie importante du public religieux. Il n'y aura pas de «bain
de sang» à Gaza, mais nous frôlerons la guerre civile.
L'armée devra avoir beaucoup de sagesse.
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