Antoine Sfeir à Issy

samedi 13-Mai-2006

        L' Europe vue du Proche Orient est une mosaïque d' États permissifs et rivaux. S'ils furent le modèle pour tous les démocrates, les Etats-Nations de l' Union Européenne, apparaissent faibles moralement et militairement.   Le relachement des moeurs , la complaisance envers les dictatures par goût du lucre déçoivent, tandis que les divisions rendent l'Europe impotente. Or le Moyen Orient a besoin d'une Europe forte et unie pour combattre l' injustice et l'obscurantisme.

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La bienvenue d'André Santini :   

      Le maire d'Issy les Moulineaux nous a bien reçu dans la salle des mariages, ici, tout était calme luxe et volupté, cela changeait du Cercle Bernard Lazare, qui ne bénéficie pas encore des recettes fiscales d'une mairie ô combien dynamique qui a eu l' excellente idée de nous offrir le champagne et d' excellents petits gâteaux après la conférence ! !

   

      Cette conférence s'inscrit dans une série d' entretiens avec des personnalités. Les thèmes seront variés, comme «La fin de la Télé» (l' ordinateur va-t-il remplacer la TV ? ) , la vision du monde de Christian Blanc (ex PDG de la RATP, D'Air France etc..).

     Aujourd'hui, l' invité d'André Santini, était Antoine Sfeir, politologue, et directeur des "Cahiers de l'Orient". Il nous a dressé un tableau de l'Europe vue du Proche Orient. Pendant sa conférence, l' orateur n'a parlé d'Israël que par une courte allusion. «Depuis l'opération de Suez, Israël apparaît comme un avant poste occidental au Proche Orient». J'ai eu le sentiment qu 'aux yeux d'Antoine Sfeir, Proche Orient égal Proche Orient Arabe. Israël c'est l' étranger.

     «Je viens d'un pays dont les cèdres ont été chantés par Beaudelaire, Hugo etc... d'un pays où toutes les cloches ont sonnées le 25 août 1944 (date de la libération de Paris), un pays où l'on connaît Foch, Joffre, Jeanne d'Arc et De Gaulle, un pays, à qui votre maire a manifesté sa solidarité lorsqu'il était victime d'un rapace.(*) Pour cet honneur que vous me faites, soyez remercié ! »
(*) Je pense qu'il s'agit d'une allusion à la Syrie, et de l'intervention d'André Santini.

 

 

   

    Ce que représente l'Europe pour le Proche Orient :

   L'Europe est un concept abstrait pour le Proche Orient, ce vaste ensemble n'est pas perceptible, les États-Nations, comme la France, L' Allemagne, l' Angleterre, l' Italie, désépargne ou le Portugal sont eux des réalités historiques et comprises. En orient, l'État-nation est une nouveauté par rapport à l' union, les puissances coloniales ont fait des frontières dans une région qui n'en avait jamais connu, même au temps des pharaons !

   Pourtant, les pays arabes se précipitent auprès des institutions de l'Europe, mais uniquement pour y recevoir des avantages. Ils y cherchent une clé pour pénétrer les marchés des États-nations, et un guichet pour des subventions.

    L'islam est né dans un désert, entre deux empires, Perse et Byzantin qui se faisaient la guerre depuis 40 ans quand Mahomet est arrivé. Puis les arabes ont construit le leur, sous les Abbasides, Bagdad était la capitale du monde, le Khalif, avait un rôle matériel et spirituel, et, en dépit des diversités ethniques, il y avait une unité avec une langue prioritaire : l' arabe, la langue du Coran.

     Mais quand il regardait l'occident, l' arabe ne voyait que des états divisés, sans véritable aspiration unitaire comparable à la Oumma. L'islam conçoit mal les différences de mentalité, comment comprendre la séparation du temporel et du spirituel ? comment expliquer que le Pape n'a pas le pouvoir du Khalif ? Même si au temps de Charlemagne, Haroun Al Rachid a réussi à nouer des relations avec l' empereur franc, ce ne sont que des contacts personnels dans une mer d' indifférence, l'Islam abasside, dans sa capitale Bagdad, méprisait les chrétiens considérés comme des sauvages.

     L'arrivée des croisés n'a pas arrangé les choses, les Européens se sont présentés comme divisés, Francs, Bavarois, Gènois, chacun travaillait  pour lui-même, ils ont été ahuris de voir les croisés piller Contantinople en 1204. et ruiner la perle chrétienne d'Orient.

Un pur produit du colonialisme français.   

     Pendant que l'islam s' assoupissait, l'occident prenait son envol, et ceci grâce à la révolution industrielle, aux progressions des libertés, aux nations, et au colonialisme. Les français sont les champions de l' auto flagellation, on dit que le colonialisme n'a rien produit de bon, et vous avez  devant vous un pur produit du colonialisme français, et hélas, je ne réussis pas à en avoir honte !

      Le colonialisme s'est confronté avec la Oumma, communauté virtuelle, sans frontière réelle. En face une Europe opulente, avec des services de santé et d'éducation, apportant démocratie et liberté. Et avant tout, une Europe du savoir qui partage sa science avec le monde entier.

     A la fin de la première guerre mondiale, les Français et les Anglais vont casser les entités ouvertes que constituaient les provinces turques. Ils ont agit avec des logiques très différentes. Les anglais ont cherché le pétrole, les affaires, et la complicité de monarchies locales, tandis que les français ont essayé d' imposer leur organisation, leur langue, leur justice, en formant les élites intellectuelles de la région.

       Après la seconde guerre mondiale, la jalousie a laissé place à la rancoeur, et face aux mouvements nationalistes, l'Europe a très mal réagit.   Devant Nasser qui cherchait à récupérer le canal de Suez, et qui s'était fait jeter par les Américains, les Européens n'ont trouvé que la Force (Opération «mercantile» de Suez). On a traité Nasser de communiste, mais savait-il seulement ce que veut dire communiste ?  Parce que l'occident a refusé de le soutenir, Nasser va se tourner vers la Oumma, Oumma Islamya, et Oumma Arabya, la Nation islamique, et la Nation arabe.

      Les américains, se sont désolidarises des franco-anglais, et sont apparus comme les champions du monde libre, en même temps, Israël, qui avait agit avec les anglo français a été considéré comme une excroissance de l'occident.

    Mais la crise entre l'occident et le monde arabe ne fera que s' aggraver, pendant que les sociétés arabes semblaient se séculariser, des dictatures  ont pris partout le pouvoir. Le seul espace de liberté se trouve dans les mosquées, mais elles sont déjà totalement instrumentalisées par le wahabisme.

    Aujourd'hui, au Moyen Orient, on regarde l'Europe comme un agrégat d'États, qui, contrairement à l'Islam a perdu ses références, on divorce, on se pacs, on se permet tout => les néo conservateurs américains sont mieux compris ! L'Europe est égoïste, sans solidarité ni à l' intérieur des États-nations (Pas de solidarité dans les familles, ni entre familles, abandons des personnes âgées etc... ), ni à l'extérieur ou chaque pays parle de sa propre voix.

crise de suez

 

wahabisme

   Pour les Wahabistes, l'Europe est à abattre car dégénérée :

  •  C'est une société permissive, démocratique, pure compromission
  •  Ce sont des gouvernements lâches, qui abandonnent les minorités pour le pétrole.
  •  Pour cela les wahabistes menacent notre société, ils y pénètrent partout grâce aux "dishes", les antennes parabolliques, outils de leur propagande.

   C'est ce risque de choc des civilisation qui est un danger, les Wahabistes ne représentent pas tout l'islam, heureusement, tout comme les Européens, les musulmans sont profondément divisés.

Heureusement que la France s'est désolidarisée de l'aventure militaire en Irak

     On ne peut qu 'être reconnaissant à la France, d'avoir maintenu cette attitude Gaulienne et de s' être opposée à la guerre d' Irak. La France a su ouvrir la voie qui évite la guerre des civilisations, on a pas pu dire que les pays occidentaux sont contre l'Islam. Cet amalgame total aurait été un risque majeur pour les chrétiens d' orient.

  • L'action de l' Amérique en particulier en Irak et en Palestine est perçue comme injuste.
  • Le droit proclamé par l'Europe est perçu comme impuissant
  • Pour croire en l'Europe, le Proche Orient a besoin que la force rejoigne le droit.

  Les questions :  

     Le temps imparti aux questions était très court, et malheureusement, a été capté par un petit groupe de militants de chocs pro-palestiniens d' origine européenne, et probablement gauchistes. Ils reprochaient amèrement à l'Europe d'entre complice des Israéliens en affamant les palestiniens qui avaient pourtant choisi démocratiquement le Hamas pour les diriger.

       Ânonne Sfeir s'est joint à leur concert pour plaindre les pauvres palestiniens, en indiquant que la misère était telle que les femmes vendaient leur bijoux pour manger, en se posant la question angoissante, et dans quelques mois, quand cet or sera mangé, que mangerons nous ?  Antoine Sfeir est partisan d' aider le Hamas, pour éviter une catastrophe humanitaire, il reconnaît certains gestes positifs venus d'Israël même s'il se range clairement dans le camp arabe. Il n'a mentionné aucune responsabilité palestinienne à la crise actuelle, comme si ce peuple était uniquement passif, et n'avait aucune influence sur son propre destin.  

    Toutefois ils s'est insurgé contre le terme démocratique utilisée par une militante pour désigner les élections ayant porté le Hamas au pouvoir. Une élection libre ne veut pas dire démocratique dit-il, car si on acceptait ce principe, l'Iran serait un modèle de démocratie vue qu'on y a jamais autant voté que sous les Ayatollahs.

   Une autre passionara a désigné les israéliens comme responsables de la crise vu qu'ils bougent unilatéralement les frontières de 1967... je n'ai pu lui répondre que le 'Hamas se moque des frontières, dans la logique de la Oumma, pour lui Tel Aviv ou Bagdad, c'est le pays de l'Islam, et tout le reste n' est que commentaire.

     En répondant à ces dames, Antoine Sfeir s'est exprimé sur les accords échoués de Camp David, il a affirmé que d'après des sources sûres présentes sur les lieux, Arafat était prêt à signer le compromis de paix proposé par Bill Clinton.  . Lorsqu'Ehud Barak a manifesté son accord de principe, le premier ministre israélien a fait remarquer qu'une réponse officielle ne pouvait venir qu' après avis favorable de la Knesset pour respecter les institutions du pays, Arafat aurait alors répondu, "Pour moi, c'est la même chose, si Barak signe, je signerais". 

        Michel lévy

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