Beith
Shemesh est une ville nouvelle qui a sûrement plus de trois mille
ans d'âge. On en parle dans la bible, il y a eu des batailles au
temps des juges, (Samuel, Samson) et beaucoup plus tard lors de la révolte
contre les grecs de Syrie.
A
vrai dire je n'ai pas eu beaucoup le temps de faire du tourisme, située
entre Jérusalem et Ashdod, le grand port du Sud d'Israël,
Beith Shemesh date des années cinquante. Située en dehors
des grands axes, avec ses HLM version locale, ses rues commerçantes
évoquant un souk, les odeurs en moins, la ville évoquait
la pauvreté, elle somnolait sous le soleil d'orient.
Dans les années 80-90 elle a accueilli des
immigrés Russes et Ethiopiens puis on a construit Ramath Beith
Shemesh, en même temps qu'un "canyon", c'est à
dire un centre commercial important, aussi sympa que ceux qui égayent
les entrées de nos grandes villes.
Ramath
Beith Shemesh c'est autre chose... C'est une ville moderne, toute
en pierre. Imaginez, des maisons en escaliers, avec de belles terrasses,
et au rez de chaussée, un immense tapis vert entrecoupé
de terrains de jeu pour les enfants.
La
terrasse, elle est indispensable pour soucoth, car vous n'avez pas le
droit de faire une souccah sous un toit. Pour faire une souccah, il vous
faut soit un jardin, soit une terrasse. C'est évident, car tous
les gens religieux font une souccah pour soucoth. Et comme à Ramath
Beith Shemesh tout le monde est religieux, chacun possède sa souccah.
Bon,
pour les ignares qui me lisent, (ils ne le seront plus après avoir
profité de ma science), la souccah est une petite baraque entièrement
construite en végétaux, une baraque d'où l'on peut
voir un peu de ciel à travers le toit et qui est construite chaque
année en septembre pour la fête de Soucoth.
Dans
le calendrier hébraïque, l'année était marquée
par trois
grandes fêtes de pèlerinage où on se rendait jadis
à Jérusalem pour faire des sacrifices. C'était Pessah
(Pâques) qui évoque la sortie d'Égypte, le début
de la saison sèche, le printemps. Puis sept semaines plus tard
vient Chavouoth, (Pentecôte)
qui évoque le don de la Thora sur le mont Sinaï, les premières
récoltes, et l'arrivée de l'été enfin Soucoth,
seule fête non reprise dans le calendrier chrétien, qui évoque
la vie dans le désert et la construction du temple, la fin des
récoltes, et l'arrivée de la saison humide.
La veille de la fête de Soucoth, devant
le centre commercial se tenait sur la place, un étrange marché
de Noël, on vendait des «loulavim»
(Pluriel de «loulav»), des feuilles et des branches ainsi
que le fruit de l'étrog (agrume qui n'est plus commercialisé
qu'à cette occasion), et qui sert pour le cérémonial
(- l'église à retenu Osana et la fête des rameaux
- ). Mais on vendait aussi des guirlandes pour décorer la souccah,
vous en avez vu quelques unes sur la photo plus haut.
La
fête de Soucoth se conclue par Simh'a
thora «joie de la Thora», c'est ce jour que se
termine et recommence le rituel annuel de la lecture des cinq livres de
Moïse (Le pentateuque est divisé en 52 chapitres, et chaque
samedi on en lit un pendant l'office du matin).
La
population de Ramath Beith Shemesh n'est pas représentative d'Israël,
chaque famille s'honore d'un nombre important d'enfants, la présence
anglophone y est très sensible. 20 à 30 % de la population
viendrait des États Unis,
des américains se sont construits de superbes appartement en haut
de la ville, mais d'autres se répartissent dans toute la ville.
Les francophones sont beaucoup moins nombreux, mais on entend souvent
parler français au super marché. Par contre la présence
russophone est plus discrète. En général dans
le pays, les "sabras",
(israéliens de naissance) donne la teinte générale,
et les émigrants ne se remarquent plus, on voit partout des religieux
mais ils sont très minoritaires.
Le nombre
de synagogue est impressionnant.
Nous étions hébergés au deuxième étage
en dessous de la rue. Au deuxième étage au dessus de la
rue il y avait une synagogue de 'hassidims de langue hébraïque.
En face une autre était fréquentée surtout
par des anglophones, même si les discours et les prières
étaient en hébreux. les fidèles entre eux
préféraient l'anglais, mais passaient facilement d'une langue
à l'autre. A côté une autre synagogue était
en construction, mais cela n' empêchait pas les offices de se dérouler
dans un chantier.
Pour
20 000 habitants environ, il devait y avoir plus de 100 synagogues,
dont plusieurs fréquentées par des «francophones».
Toute la population va à la prière, avec des salles
où se réunissent entre 100 et 500 personnes. Les synagogues
«monumentales» sont l'exception, même si on commence
à en construire, les offices ont lieu dans des locaux propres mais
qui n'ont pas toujours été conçus pour cela (école,
pizzeria par exemple).
La
vie religieuse est omniprésente, les magasins, filtrent la clientèle,
" Notre magasin est solidaire du mode de vie
des habitants, aussi nous vous demandons d'entrer en tenue décente",
et à l'entrée du Super marché un gardien prête
une chemise aux femmes venues en débardeur. A la sortie, il contrôle
le ticket de caisse de tout le monde... une tenue décente
n'est pas garantie d'honnêteté ! !
Le
vendredi soir, des hauts parleurs diffusent de la musique cinq minutes
avant l'entrée du Chabbat, et une sirène clot le chant,
à partir de ce moment, tout travail est interdit, pourtant on voit
encore une ou deux voitures de retardataires qui se dépèchent
de rentrer à la maison. Est-il utile de préciser qu'il est
impossible de trouver de la nouriture qui ne soit pas cachère ?
Le samedi, nous sommes dans une ville qui ferait le bonheur du maire de
Paris, pas une voiture, mais des enfants qui jouent dans l'herbe.
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