Le Darfour

vendredi, 06-Mar-2009

Avec le plus grand cynisme la fine équipe au pouvoir à Khartoum dépouille les plus pauvres du pays et bénéficie de la clémence internationale grâce à son pétrole. Certains ont trouvé un alibi en accusant les États Unis, voir Israël d'être derrière le désastre. C'est normal, cela disculpe les islamistes, et permet de chasser les occidentaux des champs de pétrole. Le spectre de la Somalie rode au Soudan.

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Connaissez vous Ariel Sharon ? Au côté du Président Bush il a fait partie du club très fermé des hommes politiques les plus détestés au monde. Mais connaissez vous Omar El-Béchir ?

Vous le voyez souriant sur la photo ci contre, il a mon âge, et c'est notre principal point commun. Il parle l'arabe depuis sa naissance, il se considère comme un arabe et vu sa photo on le croirait presque.

Omar a fait de brillantes études militaires à l'Université du Caire, a été parachutiste comme Ariel Sharon, et s'est battu courageusement contre Israël en 1973. De retour au pays, il a été chargé de mâter la rébellion sudiste, en 1980 il devient général, en 1989 il fait un coup d'état et en 1991 impose la loi Islamique à tout le monde au Soudan, méthode très efficace pour calmer le Sud animiste ou chrétien.

Dans les années 80 de terribles sécheresses ont dévasté tout le Sahel. Les nomades n'avaient plus d'herbe pour leurs troupeaux, les agriculteurs ne récoltaient plus rien, alors ils ont du fuir et partir à la recherche d'eau et de vivre.

Ils sont arrivés dans des villages plus au Sud, là où on les attendait pas, dans une vaste région, grande comme la France qu'on appelle Darfour, (Pays des Fours une des ethnies de la région). Comme la peur avait jeté les barbares sur l'empire romain, la faim a jeté les «arabes» sur le Darfour. Entre 1985 et 1988 on vu des razzias, des expéditions punitives, des meurtres, et des vengeances. Pendant des années, les villageois se sont fait agresser par des gens plus guerriers, plus motivés et qui n'avaient plus rien à perdre. Ils étaient armés et encouragés par l'armée islamique libyenne.

Bien sûr les villageois, musulmans depuis le XVI ième siècles, mal arabisés, se sont défendus comme ils ont pu, n'étaient-ils pas dans un passé glorieux à la tête d'un grand royaume ? Lorsqu'Omar El Bechir a fait un coup d'Etat en 1989, les populations du Darfour ont espéré vivre enfin en paix.

Omar avait choisi le camp islamistes pour assurer le succès de son entreprise, ce coup d'état a permis de conserver la chariah qui était imposée y compris dans les zones animistes ou chrétiennes, en 1991 il légalise plus ou moins l'esclavage des populations «noires», il fournit même les éléments juridiques pour justifier l'extermination de populations "Noubas", massacrées en 1990.

A Khartoum, la capitale, tout allait bien, pour les «arabes» «civilisés», mais pour les tribus «primitives» et éloignées de la capitale, rien n'allait plus.

L'Est était laissé à l'abandon. Pendant les années 1990 des conflits sporadiques éclatent un peu partout. Ces guerres cruelles ne sont généralement pas connues à l'étranger, comme celles qui sévissent toujours aux confins du Rwanda, et du Zaire-Congo. Les milices «arabes» pratiquaient des razzias, c'est à dire des exactions dans le but de voler marchandises, et de s'emparer des femmes et des hommes réduits au servage.

Existe-t-il encore aujourd'hui de l'esclavage au Soudan ? On lit tout et son contraire, et je n'ai pas les moyens d'aller vérifier, mais certains ont été contraints de choisir le servage pour ne pas mourir. Combien d'arméniennes ont choisit de vivre en esclave auprès de maîtres turcs pour sauver leur vie et celle de leur bébé ? La misère effroyable et la guerre civile ont nécessairement favorisé l'exploitation inhumaine des plus misérables. Que cela soit ou non officiellement de l'esclavage ne change pas grand chose à la réalité.

Depuis les années 80, au cours des razzias, on ne chargeait plus avec des lances et des épées, mais on attaquait, avec des fusils d’assaut. Les agressions ne laissaient plus beaucoup de chances aux malheureuses victimes. On tuait souvent pour tuer. Ces milices si cruelles, sont alors désignées par le vocable terrifiant, Janjawid, mot composé qui signifie approximativement « les cavaliers du diable, armés de kalachnikovs ». (1) Les Janjawid se revendiquent arabe, même s'ils sont généralement Bagaras, ce sont des milices crées au Tchad sous l'impulsion du Colonel Khadafi, pour pousser en avant la conquête arabe de l'Afrique, repoussés par les Français en 1988, ils se sont réfugiés au Soudan où ils ont été renforcés par des tribus «arabes» du nord Darfour.



 

Présentation du héro de l'affaire en anglais, l'article français n'est pas écrit, j'en suis désolé.

 




Population: 35 millions d'habitants en 2001 dont 5 millions à Khartoum, la capitale.
Arabes: 40%; négro-africains: 60%.
Musulmans: 18 millions (62%);
chrétiens: 4,8millions (16%, dont 65% catholiques); animiste: 6,6 millions (22%).
L'espérance de vie approcherait les 57 ans
.




 

Le gouvernement de Khartoum dans de telles circonstances n'avait plus vraiment la côte; en 2003 deux événements majeurs vont amplifier le drame : En février, l’Armée de libération du Soudan (ALS ou SLA) puis le Mouvement justice et égalité (MJE) prennent les armes contre le régime de Khartoum . Dès le début des opérations ils ont des succès certains. L'armée nationale composée en partie de gens du Darfour n'a ni les capacités ni la volonté de réprimer efficacement la rébellion.

Alors Omar et Béchir pense aux Janjawids, ces milices de va nu pieds si bien armés. Il les lance dans les zones rebelles, leur assure l'impunité, et leur apporte tout le soutien logistique nécessaire. Par exemple son aviation bombarde les villages ou les positions rebelles pour facilité l'attaque des Janjawids. Ces derniers se comportent avec sauvagerie, et pratiquent la technique de la terre brûlée. C'est une méthode de guerre, aussi vieille que la guerre : on détruit tout, la maisons, les arbres, les récoltes, on tue le bétail et les gens, on jette des cadavres dans les puits pour les empoisonner.

En conséquence les populations qui n'ont pas été massacrés lors des combats, fuient, sans ressources et le taux de mortalité devient énorme. C'est d'ailleurs la technique qu'ont utilisé entre autre les français pour conquérir l'Algérie, et l'Algérie a perdu un habitant sur trois pendant les deux premières décénies de la conquête. Même les camps de réfugiés sont attaqués, et des pauvres gens s'enfuient et vont mourir sous des arbres isolés, sans eau ni nourriture.


 

Le hasard a bien fait bien les choses, en 2003 on découvre du pétrole au Soudan, ce qui a pour effet de renforcer le président Omar El Bechir . Ce dernier sentait le souffre, car il avait hébergé Ben Laden, mais en 1996 il y a eu un clash. Sur l'aimable pression des américains cet hôte encombrant est parti en Afghanistan. Omar a joué la prudence. Après le drame du 11/9/2001, il s'est engagé dans la «lutte contre le terrorisme» dans l'axe du bien. Il a fait comme Franco, qui bien que Proche d'Hitler, avait su pendant les années sombre ménager les américains en échange d'une impunité.

 

Vous avez compris, le Soudan a du pétrole, et a fait un pont d'or aux Chinois qui en manquent cruellement, symétriquement, il chasse les "terroristes", et laisse miroiter de belles concessions en particulier aux américains. En plus il est membre de la ligue arabe, donc l'ami de tous les émirs et des pays musulmans. Avec de tels alliés, Omar El Béchir ne craint rien de l'ONU. Les efforts des humanitaires, sont de peu de poids. En fait le Soudan a les mains libres.

 

 



Pour mater cette province insoumise, le régime soudanais a choisi le cynisme : semer la division parmi les rebelles, harceler les humanitaires, parier sur la frilosité internationale.





C'est pendant les années 2003 et 2004 que la guerre a été la plus violente, et qu'on a dénombré le plus grand nombre de victime, aujourd'hui, dans les zones non sécurisées les exactions continuent. Mais des régions entières, on été vidées de leurs habitants, les bonnes terres et les champs pétrolifères sont libres d'habitants, à la disposition des bourgeois de Khartoum pour les utiliser ou les vendre aux plus offrants.

Face à ce drame, des organisations humanitaires se sont mobilisées. Mais pour aider les populations en détresse, elles ont besoin d'un minimum de sécurité. Or elles sont régulièrement attaquées, des coopérantes ont été violées, des médecins assassinés. En 2004, la communauté internationale tente d'intervenir. Le Soudan est très hostile à l'ONU, mais accepte du bout des lèvres des soldats de l'Union Africaines. Ils arrivent mais ne sont pas les bienvenus pour tout le monde.

Ils sont la cible de groupes appartenant à des milices d'un bord ou de l'autre. Le pays est grand comme la France, il faudrait au moins cent mille hommes pour le contrôler, mais Khartoum n'en tolère que cinq milles, et encore, il ne veut que les soldats faiblement armés de l'Union Africaine. Les malheureux se font régulièrement voler et piller par ceux qu'ils sont sensés contrôler. Par exemple, le premier avril 2007 cinq soldats sénégalais sont tombés dans une embuscade tendus par des rebelles et sont morts.

En fait, l'État central du Soudan subit une guerre de s écession. Tout comme Israël pendant l' Intifada, le régime au pouvoir joue sa survie. Pour cela il ne veut pas voir des soldats étrangers être témoin, ou gêner ses opérations militaires. Car il sait que derrière les demandes d'interventions militaires pour protéger les populations, se cachent des arrières pensées géostratégiques qui parfois sentent le pétrole. Quelle serait l'attitude d'un nouveau gouvernement soudanais dirigé par des rebelles se demandent plus d'uns ? Les interventions égoïstes des puissances impérialistes étatiques et des groupes financiers mondiaux sont omniprésentes dans le monde. Elles défendent des intérêts étrangers souvent contraires aux intérêts des habitants où elles opèrent. Si le corps social où elles travaillent est sain, comme celui de l'Europe, leur capacité de nuisance sera très limitée, si par contre elles agissent dans un pays pourri de l'intérieur comme le Soudan, elles se développent comme des champignons parasites et peuvent avoir des effets considérables.

Les rebelles, soutenus par les uns ou les autres se sont divisés en fractions. Il n'est plus possible de trouver d' interlocuteur capable de faire respecter un cessez le feu par exemple. La situation ressemble à celle de Gaza, ou de la Somalie, c'est l'anarchie qui l'emporte.

Enfin, le 16 avril 2007, le gouvernement Soudanais déclare qu'il accepte après des mois et des mois de refus, un déploiement lourd de soldats de l'ONU. On peut expliquer cette volte face de deux manières différentes :

  • Soit le gros du travail serait fini : les tribus rebelles ont été déplacées, les bonnes terres et le pétrole mis à l'abri dans de bonnes mains «arabes»
  • Soit au contraire par ce que le pays est en proie à l'anarchie et à une décomposition si profonde qu'Al Quaïda peut en prendre le contrôle, alors Khartoum penserait qu'il n'a plus les moyens de s'isoler de la communauté internationale.
 

Maintenant, vous   connaissez   Omar   El   Béchir, vous savez qu'on lui reproche d'être responsable de centaines de milliers de morts, de millions de réfugiés, mais vous êtes un privilégié. Personne n'a osé jeter son nom en pâture à l'opinion comme on l'a fait avec Sharon, c'est normal il fait partie de la Ligue Arabe, lui ! !

Des mauvaises réponses à de bonnes questions par Gabriel Trujillo

 



SPLA/M Sudan Party Liberation Army Movement (Au Sud)
SLA Sudan Liberation Army JEM : Justice and Equality Movement
Pour en savoir plus :  

Urgence Darfour : Le Collectif Urgence Darfour France a été crée à l’initiative de huit associations, depuis il bénéficie du soutien de plus de 120 associations françaises et de 250 personnalités. Président : Jacky MAMOU Vice Présidents : Diagne CHANEL, Huguette CHOMSKI-MAGNIS, Jean-Marc TYBERG

Sauver le Darfour : L'association Sauver Le Darfour, SLD veut faire connaître en France et en Europe le drame du Darfour,Préserver la mémoire des génocides arménien, juif, rwandais et de celui du Darfour ; lutter contre toutes formes de négationnisme.. obtenir l'arrestation et le jugement des responsables des crimes de guerre.. le rétablissement de la Paix et de la Démocratie au Soudan... Favoriser le développement et la paix sur le continent africain.

Le Monde Diplomatique : Le Soudan déchiré par les guerres civiles : Désolation au Darfour Jean Louis Peninou

Amnesty international : Accuse le gouvernement de Khartoum d'armer les milices pour lui permettre d'écraser la rebellion sans avoir à agir directement.

L'univers de John : Page perso de Johnathan Touboul : Blog militant pour la cause du Darfour.

Jeune Afrique : Radioscopie d’un drame : la médiatisation et la mobilisation constatée en Europe et aux États-Unis autour de ce conflit ne doivent pas faire illusion. Derrière les opinions publiques et les intellectuels, culpabilisés par le génocide rwandais et sincèrement désireux d’arrêter cet engrenage infernal, sont à l’œuvre des forces et des intérêts qui n’ont rien de naïfs. Pour les Églises évangéliques et les néoconservateurs américains, pour les lobbies pro-israéliens aussi, le pouvoir soudanais constitue le diable idéal. Il est obtus, militarisé, arabo-musulman proche de l’islamisme radical et hors de toute influence des États-Unis. Bref : un exutoire parfait pour oublier la Palestine et la guerre d’Irak - laquelle a fait autant de victimes, si ce n’est plus, dans le même laps de temps.

Afrique 21 : Le Darfour victime de l'or noir : Malgré le massacre des populations noires, aucun acteur international ne s’oppose au régime soudanais, la priorité étant les gisements de pétrole du pays. (article du 12/2/05)

Afrik.com : 4 ans après le début de la guerre, l’ONU s’obstine a demander l’accord de Khartoum pour intervenir

Oumma
(Journal proche de Tariq Ramadan) Article de Bruno Guigue version intégrale, un extrait est publié dans Libération. "Le Darfour et ses faux amis"

Pour Indymedia le Soudan est victime des guerres des puissances impérialistes.
«La solution est de remettre les parties autour de la table et de faire en sorte que la France et l'Union européenne se mobilisent pour une solution politique en lien avec les puissances qui comptent aujourd'hui au Soudan, notamment la Chine»

Le Grand Soir (Proche des alter mondialistes) : Darfour : les enjeux du conflit meurtrier, par Jean Nanga.

Association Soudan Solidarité : Proche des milieux catholique couvre l'ensemble des conflits au Soudan.

Alter info : Mouvement noir, pro arabe et anti-israélien : pour lui " L'intérêt des régimes occidentaux en perte économique et morale est de s'approprier le sud du Soudan"

Pour Quibla, le quotidien on line des musulmans libres et actifs et leurs alliés
«On a construit l’habituelle machine d’intoxication à des fins colonialistes. Le Soudan, refusant d’obéir à l’Occident soucieux de reconquête, devait être cassé en petits morceaux, comme tous les pays arabes importants du point de vue pétrolier, minéral ou stratégique. C’était là le projet israélien depuis 1982.»

EFJ Les étudiants de l'école de Journalisme donnent la même version... en négatif !
La découverte du pétrole dans le Darfour en 2003, alors que le pays sortait à peine d’une guerre civile a intensifié les tensions. Le président soudanais Omar el-Béchir voulait conserver la main mise sur l’or noir pour en faire profiter la minorité arabe, tout en déplaçant les populations de la région. Face à cette mise à l’écart, les tribus du Darfour se sont révoltées

L'express : Article du 12 avril 2007 "Darfour le Malheur au long cours" par Vincent Hugeux reportage phtot Thierry Dudoit.