Une révolution islamique

7 juillet 2007

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En 1979, le plus vieil empire du monde s'effondrait, et une dictature complèxe et opaque a vue le jour. Il semble que l'occident n'ait pas fait grand chose pour éviter un tel malheur à l'Iran et au monde.

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Au commencement

Mes premiers contacts avec l'Iran remontent à ma jeunesse estudiantine à Dijon, en 1966, j'avais alors sympathisé avec un jeune iranien, étudiant en médecine. Ce jeune homme était très fier de descendre des Perses, et avait un grand mépris pour les arabes, qui fleuraient bon... le racisme ! !

Il jugeait ridicule leur violence et leur intolérance, pour lui c'étaient des barbares. Il se présentait comme un ami de l'occident et d'Israël. (Pour l'anecdote, il fuyait une infirmière folle amoureuse de lui, et pour s'en défaire il m'avait proposé de reprendre sa chambre, afin de se trouver un logement sécurisé, où les filles n'étaient pas admises ! C'était avant la révolution sexuelle de 1968, et c'est ainsi que j'ai pu loger 36 rue Jeannin, à Dijon, une piaule superbe où j'ai pu organiser de très nombreuses bringues.)

L'empereur, le Schah était un grand ami de la France, sa dynastie semblait aussi vieille que le monde, Certains disaient qu'il ne resterait bientôt que cinq rois sur terre, (le roi de coeur, de pique, de carreau de trèfle et d'Angleterre), mais nous étions sûr que l'empereur D'Iran resterait inébranlable sur son trône millénaire. Les aventures sentimentales de l'impératrice s'étalaient dans ce qu'on appelait pas encore la "Presse people".

Le drame a peut être commencé en 1953, quand Mohammad Mossadegh, entreprend la nationalisation du pétrole. Il est éloigné du pouvoir à la suite d’un complot orchestré par les services secrets britanniques et américains (opération Ajax). Pourtant, le Shah avait essayé dans les années 50 de moderniser son empire, en se heurtant à la fois au clergé et aux grands propriétaires terriens. Le but de l'opération Ajax était bien sûr d'assurer le ravitaillement en pétrole bon marché pour les États Unis et l'Angleterre, en somme rien de bien nouveau sous le soleil.

Après la chute de Mossadegh, Mohammad Reza Chah Pahlavi met progressivement en place un régime autocratique avec l'appui occidental. Pouvait-il faire autrement coincé entre "Le Bazar" qui refusait toute réforme, les communistes qui voulaient le renverser, et les autonomistes qui voulaient démanteler l'empire ?

Pour nous en France, on en parlait pas, je me rapelle seulement qu'à chaque visite d'un dirigeant français en Iran, il revenait triomphal en annonçant au bon peuple que les iraniens avaient choisi des entreprises françaises pour construire le métro de Téhéran. Pendant ce temps, la gauche mondiale dénonçait la Savak, police politique aux moeurs brutales qui n'hésitait pas devant la torture, ni les exécutions sommaires comme la plupart des polices du tiers monde.

Les fêtes du troisième millénaire de l'empire Perse à Persépolis ont été somptueuses, mais réservées à une élite aristocratique, et le peuple en a été privé. Ce fut donc un échec.

La Chute du Shah

le Shah devait faire face à plusieurs ennemis,

  • Des autonomistes, en particulier des Azeris, peuple chiite de langue turque, qui représenteraient plus de 20 % de la population totale de l'Iran, ou des Kurdes en révolte continuelle en Irak et en Turquie et qui rêvent de construire leur pays,menaçaient l'unité du pays. En 1946 une république autonome d'Azerbaïdjan iranien avait vu le jour, il restait des souvenirs. La plateforme d'opposition aux Ayatollah prévoit d'ailleurs une large autonomie pour le Kurdistan Iranien.
  • Des communistes, le parti Toudeh (foule en farsi) encouragés par Moscou qui les a activé, probablement pour essayer de déloger les anglo américains des champs de pétrole. On voit la même stratégie au Soudan ou au Nigéria, les services secrets de l'Est s'évertuent à semer le trouble afin de prendre leur part du gâteau pétrolier. On voit aussi en Ukraine la réciproque, où les occidentaux travaillent les régimes faibles pour les faire tomber de leur côté.
    Le film "Persépolis" se passe dans le milieu de militants Toudeh, des gens qui pensaient que rien ne pouvait être pire que le Shah. Ces militants m'évoque les militants communistes qui avant guerre ont applaudit au pacte germano-soviétique, et ont eu de la sympathie pour les nazis avant de figurer parmi leurs principales victimes.
  • Des nationalistes libéraux voyaient d'un mauvais oeil les anglo-américains profiter des ressources pétrolières, ils n'avaient pas pardonné l'opération Ajax qui avait chassé Mossadegh afin d'éviter une nationalisation qui aurait pénalisé leurs intérets.( Il est amusant de voir que les USA n'avaient pas apprécié l'opération de Suez qui pourtant procédait de la même philosophie ! ) . Les libéraux, soutenus par toute la gauche mondiale condamnaient les moeurs sauvages de la police du Shah la célèbre Savak. C'est à qu'eux que le Shah a tenté de confier le pouvoir lorsqu'il en a été contraint. Chapour Baktiar est devenu premier ministre avant d'être lui-aussi contraint à l'exil et assassiné à Paris par la police des Ayatolahs.
  • Les Modjahedines du peuple, liés aux mouvements kurdes, ils étaient partisans de l'action violente contre le Shah. Ils restent aujourd'hui inscrits dans la liste des organisations terroristes. Ils ont rapidement été écartés et persécutés, ils luttent aujourd'hui contre le régime en place, et pour sortir de la liste noire des organisations terroristes.

  • Des grands propriétaires terriens, et nantis du Bazar qui craignaient ses vélléités de réforme. J'ai même lu sur un site que Mossadegh aurait été lui même un grand propriétaire foncier et qu'à ce titre il se serait opposé aux réformes prévues par le Shah.
  • Des islamistes extrèmistes que l'on considérait comme des fous, des fanatiques, on a cherché à les enfermer, à exiler les plus virulents, mais le Shah n'a jamais réussi à contrôler les discours tenus dans les mosquées, ce fut la cause principale de sa chute.


Le site des Azéri d'Iran


Parti Toudeh
Parti communiste d'Iran



Brûlé vif, Au nom de Marx et de Mahomet
Enquête sur les Moujahidine du Peuple d'Iran
Edité par le Centre de recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
(Ce site est hostile aux musulmans et aux juifs)
 

 

L'arrivée au pouvoir du président Jimmy Carter aux États Unis a changé la donne, les américains croyaient que leur idéaux étaient universels, et que ce qui avait été bon pour eux devait l'être partout dans le monde, ils n'avaient pas encore essuyé le cuisant échec de l'Irak, mais la philosophie était déjà là; pour le président démocrate, la liberté la démocratie, et la libre concurrence ne pouvait qu'amener la prospérité à l'empire. Carter a donc sommé le Shah de lâcher la pression, d'ouvrir les prisons, de ne pas toucher aux libertés religieuses etc.... Ce bol d'air a été très sain pour l'opposition qui s'est retrouvée revigorée et appuyé par les occidentaux.

Le Shah alors aurait essayé de diviser son opposition en s'attaquant de front à l'Ayatola Khomeini, et si on en croit un blog (J Malek) ce fut une erreur fondamentale.
La puissance des Ayatollah venait aussi de la police du Shah, la sinistre Savak, qui traquait tous ceux qu'elle pouvait atteindre, essentiellement les laïques. Tous les médias étaient sous le contrôle de la Savak, sauf bien sûr les mosquées. Les cassettes enregistrées à l'étranger circulaient sous le manteau, et l'Ayatolah Khomeini devenait le leader le plus populaire du pays.

L'influence islamiste se remarquait pourtant, j'ai cru longtemps en l'amitié judéo-perse, mais en 1977 ou 1978, il y a eu un match de foot à Téhéran entre une sélection israélienne et une sélection perse, à ma plus grande tristesse, la foule a conspué copieusement les joueurs israéliens.

Les opposants n'ont pas réfléchis, ils étaient tellement hostiles au Shah par nationalisme, par autonomisme, par désir de liberté, ou par crainte de la modernité, qu'ils ont suivi le premier des révolutionnaires capable de renverser celui qu'ils considéraient comme un tyran.

Le Shah partit en exil le 16 janvier 1979, et Khomeiny, presque inconnu un an auparavant, fut accueilli par plus de quatre millions de personnes en liesse à Téhéran le 1er février 1979. Ainsi finit - provisoirement ! - la plus ancienne monarchie du monde.

Le film Persépolis montre bien l'illusion, qui a conduit à l'alliance improbable entre les islamistes les plus rétrogrades, les communistes, les libéraux et les autonomistes. L'aveuglement et la complaisance des gens de gauche face à ceux qui professent la haine de la laïcité et de la démocratie n'est pourtant pas une attitude réservée aux iraniens qui ont préféré les Mollahs au Shah. Je pense que vous vous rappelez des propos "hauts en couleur" repprochés à Roger Cuckiermann, lorsqu'il avait parlé de l'alliance entre les bruns (nazis), les verts (islamistes) et les rouges (communistes).

Une véritable folie qui s'est terminée par la chute de l'empire et l'emprisonnement ou l'assassinat en masse des communistes, des libéraux et des autonomistes. Profitant de la guerre provoquée par l'Irak, par exemple, les mollah auraient fait fusiller plus de 30000 opposants pendant l'été 1988, des crimes à une échelle inconnue à l'époque du Shah. Aujourd'hui, des iraniens commémorent clandestinement ces massacres.

M ais l'occident conserve une image abominable de l'époque du Shah, sans se rendre compte qu'il était un rempart contre bien pire que lui. Aujourd'hui, encore des anti-américains dénoncent les moindre manquements occidentaux et négligent les attrocités revendiquées par les fanatiques . Je vois une relation entre notre attitude envers le Shah à l'époque, et celle avec le président de Tunisie Ben Ali actuellement.


Il y a 20 ans,
Khomeini
Un témognage expliquant comment s'est déroulé la prise de pouvoir par les Ayatollah

 

bnnnn
J'ai beaucoup aimé ce film même s'il n'a pas plu à IranResist qui le trouve trop tendre pour les mollahs !

 


On a jamais vu ces timbres en France. Ils sont tout un symbole, par exemple celui de gauche, à la gloire des assassins du Président Sadate. Vous aurez remarqué le dessin des colombes de la paix pour illustrer celui qui a assassiné l'homme qui ne voulait plus de guerre.

Plus bas, vous avez l'image de L'ONU version Ayatollah. Ce timbre était en vente à Philex France 89, l'exposition philatélique organisée à la Porte de Versaille pour commémorer le bi centenaire de la révolution française. Sur les doigts crochus des voleurs qui agrippent le monde on peut lire USA, URSS, Chine, GB et France. J'ai eu le plaisir de le présenter à la délégation philatélique de l'ONU qui se trouvait à quelques tables de là, vous me croirez si vous voulez, mais ils n'ont pas apprécié !

Mais ne croyez pas que les signes forts venus de Téhéran ont suffit à ébranler nos bonnes consciences, lorsque le Shah a été renversé, il a demandé l'asile politique à tous ceux qui le courtisaient pour avoir des contrats, le métro de Téhéran par exemple, et toutes les portes lui ont été fermées. Personne n'a eu le courage d'affronter le risque de perdre une parcelle de pétrole. Seul l'Égypte du président Sadate a eu l'humanité nécessaire pour recueillir le souverain déchu.






 

 

 

Le pompon de l'aveuglement revient à Wikipédia ! ! en 1979, des américains sont restés otages pendant 444 jours enfermés dans leur ambassade. Les États Unis, soumis à un fort chantage ont cherché à les libérer par une opération commando audacieuse qui a tournée au fiasco.

Wikipédia écrit : "Le président des États-Unis Jimmy Carter lance une opération commando illégale pour sauver les otages, mais la tentative échoua quand les hélicoptères s'écrasèrent dans le désert" .

Était-il légal de retenir des américains en otage ? C'est ce genre de discours qui est habituel dans les relations entre la violence islamique et la violence occidentale. Les uns font des attentats légaux, les autres réagissent en hors la loi.


La crise des otages, une vue originale.

 

A suivre....

 

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Pour en savoir plus :  

 


 

 

http://static.scribd.com/docs/eeb2g9o9v63vo.swf : Hubert La montagne => la révolution iranienne.

http://www.iranian-fedaii.de/N-siahkal-french2002.html : Mouvement communiste célébrant la chute du Shah mais ennemi juré des Ayatollah : pour eux le régime actuel est pire que le précédant.

http://homepages.ulb.ac.be/~jmalek/iran/hist_gen/pahlavi.html : L'Iran sous les Pahlavi : une page d'histoire résumée

Les clionautes sont membre d'une association de professeurs d'histoire.