Claude Imbert se déclare un peu islamophobe 
6 novembre 2003

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          Ce dérapage médiatique provoque un gros carambolage sémantique. Le diable se cache derrière les réactions vertueuses.                  

           « Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire, a déclaré Claude  Imbert lors d'une émission sur le voile islamique. Nous avons le droit de combattre le  racisme, d'accepter une pratique paisible de l'islam. Et j'ai le  droit, je
 ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l'Islam -je dis bien l'Islam,  je ne parle même pas des islamistes- en tant que religion apporte une débilité d'archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme, et en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe» ,
a déclaré         Claude Imbert  (Fondateur du journal "Le Point". "

   Les réactions à cet articles sont nombreuses et hostiles. 

      La faute de Claude Imbert est de n'être pas musulman, en effet ces propos ressemblent à ceux proférés par Rachid Haouss,  pour qui le retard démocratico-économique de l'ensemble des pays musulmans est du à la stérilisation de la pensée par l'Islam et ceci depuis le X ième siècle. Quel serait le chrétien ou le juif qui aimerait entendre un musulman dire que sa religion rend bête ? Ces propos sont donc pris comme un insulte, d'autant plus violente qu'on est proche de la communauté arabo-musulmande de France.

         Claude Imbert utilise le terme d'Islamophobe, ce mot est récent et a été expressément inventé en Iran, par les "islamistes" pour désigner les libres penseurs et les humanistes qui s'opposaient à leur vision sclérosée et archaïque du monde. 
         On désignait comme islamophobe celui qui  contestait  le dogme des Ayatolas.
On passait de la critique d'une pensée à la critique de la personne.   Dans ce sens, Claude Imbert qui n'est pas connu pour être raciste, peut probablement se joindra aux musulmans "hérétiques", et s'honorer du titre d'islamophobe.

        Si la Licra relève la maladresse, les autres communiqués y trouvent de la haine et du racisme.

         La haine est un sentiment, donc du domaine de l'irrationnel, or Claude Imbert explique les raisons qui lui font rejeter la religion islamique.
       Rationnellement, il devrait être facile de démontrer où Claude Imbert se trompe, et pourquoi ses propos sont calomnieux. Mais cela amènerait à montrer que dans certains cas il a aussi raison, et que ces propos pêchent par leur systématisme qui les rend caricatural.
      En effet, si on acceptait une certaine vision de l'Islam, très à la mode en ce moment, et défendue par Oumma.com par exemple, Claude Imbert aurait en bonne partie raison.

      La défense de l'Islam serait donc un exercice périlleux, pour cela, on la contourne, en prêtant des sentiments "haineux", cela évite la réflexion. Cela aussi évite de défendre les partisans d'un Islam tolérant et ouvert, cela nous rappel que depuis un certain temps un certaine gauche s'est faite l'alliée des islamistes. 

        Il y a racisme lorsqu'on juge une personne, non pas en fonction de son comportement ou  des idées qu'il diffuse, mais en fonction de son être.
       
Or le propos de Claude Imbert critique exclusivement une religion, qui pour lui, a des effets très négatifs sur ceux qui s'y adonnent. C'est donc bien un comportement induit par une pensée qui est mis en cause, et non pas l'individu en tant que tel par ce qu'il aurait telle ou telle origine.
        Serait-on raciste anti-russe si on critiquait la société russe en disant qu'elle était contaminée par le communisme stalinien qui l'aurait rendu improductive et sans imagination ?

         Mais il existe aussi une critique de Claude Imbert du troisième type. Il s'agit de l'optique d'Oumma.com, je vous laisse la découvrir en fin d'article, pour Oumma, il s'agit d'une « stratégie savamment élaborée depuis le déclenchement de la deuxième Intifada »  implicitement, Claude Imbert ferait  partie d'un complot sioniste pour discréditer l'Islam et persécuter les arabes. Nous sommes ici en pleine propagande antisémite directement inspirée par les officines nazies. Pour Oumma, site qui reçoit plus de 6 millions de visites par mois, les Juifs et les amis veulent détruire l'Islam par haine et par racisme, et Claude Imbert n'en est que l'expression. 

       Effectivement, cette affaire est scandaleuse.

      Michel Lévy

      

        Voici un panorama des réactions : 

La plus modérée vient de la LICRA

27/10/2003    
LA DEFENSE DE LA LAÏCITE NE PASSE PAS PAR L’ISLAMOPHOBIE
par
Richard Séréro, 1er Vice-président

Sur LCI vendredi 24 octobre lors d’un débat, Claude Imbert, éditorialiste au Point, s’est déclaré islamophobe.

A l’entrée des fêtes de Ramadan, cela est plus que déplacé. Si M. Imbert ne peut être accusé de racisme, loin s’en faut, la défense de la laïcité et des valeurs républicaines n’a pas besoin de ce type de propos, bien au contraire. Les ennemis intégristes de la laïcité y trouveront la justification de leur discours tenant les français pour un peuple islamophobe.

La LICRA est sincèrement attristée par ce genre de déclaration qui alimente le discours des vrais racistes et qui les dédouane de leurs écarts de langage passés ou à venir.

La LICRA estime que Claude Imbert doit à nos compatriotes musulmans, pratiquants ou non, une explication pour ce que nous qualifierons pour l’instant de maladresse.

       Une critique modérée est publiée dans un article de Libération parue le 31 octobre 
 "L'islamophobie d'un patriarche"   Par Daniel SCHNEIDERMANN. 

         Claude Imbert se  permettrait de critiquer l'islam, mais n'aurait pas oser critiquer le judaïsme et  fait l'apologie du pape. Déséquilibre dangereux.

 "si on avait écrit   « On peut combattre le racisme, respecter la pratique privée, paisible du judaïsme et garder, je l'espère, la liberté intellectuelle de résister non seulement à l'intégrisme juif, mais au judaïsme lui-même.» ... on aurait été choqué à juste raison, Ces propos sont « Quelque chose comme une gifle collective à tous ceux qui, de manière dévote ou détachée, moderne ou archaïque, entretiennent un lien avec cette religion.» Mais si la critique de certaines pratiques de l'Islam sont naturelles, voir souhaitable, si on est un esprit "voltairien", on doit critiquer toutes les religions, " alors que la même chronique du fondateur du Point commence par une longue apologie fascinée de Jean Paul II.". Il s'en suit une longue critique des journalistes qui n'ont pas été violents ni rapide pour condamner ce dérapage.

Le parti socialiste condamne 

     Il trouve y de la "Haine, de l'intolérance et de la xénophobie.

Communiqué de presse du 27/10/03 d’Annick Lepetit Porte-parole du Parti socialiste

Comment un homme de culture comme Claude IMBERT fondateur, éditorialiste de l’hebdomadaire Le Point a-t-il pu se laisser aller à tenir des propos de haine, d’intolérance et de xénophobie contre une religion ?.

Lors d’une émission télévisée, alors qu’il se dit agnostique, il déclare privilégier une religion plutôt qu’une autre et juge l’Islam comme une religion apportant une « débilité d’archaïsmes divers ».

Le Parti socialiste condamne fermement de telles déclarations qui consistent à stigmatiser une religion et ceux qui la pratiquent.

  Deux communiqués du MRAP l'accusant de racisme, les musulmans trouvent ces propos "haineux", le MRAP demande aussi que Claude Imbert soit démis de ses fonctions de membre de la commission de l'intégration 

Claude Imbert : une présence déshonorante pour le Haut Conseil à
l'Intégration.

C'est avec la plus grande indignation que le Mrap a accueilli les déclarations de Claude Imbert ce vendredi 24 octobre sur LCI : " Je suis un peu islamophobe, ça ne me gêne pas de le dire. (...) J'ai le droit, je pense (et je ne suis pas le seul dans ce pays), à penser que l'Islam, (je dis bien " l'Islam ", je ne parle même pas des islamistes) en tant que religion, apporte une certaine débilité (...) qui en effet me rend islamophobe. (...) Il n'y aucune raison, sous le prétexte de la tolérance, (...) de s'abaisser jusqu'à renier des convictions profondes. ".

Ces propos blessants sont inacceptables de la part du fondateur et éditorialiste d'un grand hebdomadaire français qui affiche, revendique, et justifie son racisme viscéral à l'endroit des musulmans. Ces propos sont d'autant plus inacceptables qu'ils participent à une inquiétante et insupportable banalisation de l'islamophobie, derrière laquelle se dissimule la haine des populations arabo-musulmanes. Ces propos sont d'une extrême dangerosité : ils distillent la haine, ne peuvent que participer aux replis communautaires et servir tous les intégrismes.

De proche en proche s'installe un climat qui rappelle tous les moments sombres de l'histoire. Les mots ont toujours précédés les violences. Monsieur Imbert est l'un des acteurs de ce climat dangereux et inquiétant.

Paris, le 24 octobre 2003.
      Après s'être revendiqué publiquement islamophobe le 24 octobre dernier sur LCI, et malgré les protestations venues de toutes parts, Claude Imbert persiste et signe en maintenant qu'il est légitime, à notre époque, de revendiquer haut et fort son racisme anti-musulman. 
      Le Mrap, qui estime, qu'il est légitime de critiquer toutes les religions, y compris l'islam, ne peut pour autant accepter ces propos qui représentent une offense et une insulte blessante à l'endroit de tous les musulmans.

Le Mrap continue à s'indigner d'une telle posture discriminatoire qui
participe en outre à une inquiétante et insupportable banalisation de
l'islamophobie.

      Cette indignation s'est toutefois élevé d'un degré supplémentaire
quand le Mrap a appris que Claude Imbert était membre du Haut Conseil à l'Intégration depuis le 23 octobre 2002. Ce Haut Conseil, outil nécessaire à la réflexion de l'intégration des différentes populations immigrées, ne peut que se discréditer en gardant en son sein une personnalité qui se revendique islamophobe et qui se targue de rejeter avec légitimité un groupe de personnes en raison de son appartenance à une religion. C'est pourquoi le Mrap estime que Claude Imbert, dont les positions sont incompatibles avec les missions de cette instance, doit se retirer de lui-même du Haut Conseil à l'Intégration, à défaut de quoi le Mrap attendra du Premier Ministre qu'il revienne sur la nomination de Claude Imbert dans cette instance.

Paris, le 3 novembre 2003.

 Ndlr : Pour mieux comprendre la réaction du MRAP je vous invite à lire son ahurissant rapport sur l'islamophobie , ce sera une excellente transition vers la réaction suivantes. 

    Yacine Saadi dans Oumma.com   écrit : Il n'est jamais trop tard pour faire tomber son masque, et montrer le visage de la haine. La déclaration ordurière et choquante du directeur de l'hebdomadaire le Point n'est pas un acte isolé ou une divagation " sharonesque " d'un sénile. Cela répond tout simplement à une stratégie savamment élaborée depuis le déclenchement de la deuxième Intifada dans les territoires occupés. Claude Imbert dit à haute voix ce qui se murmure dans certains cercles d'influence. Ce mercenaire plumitif au verbe nauséabond, revendique son islamophobie sur les ondes hertziennes " LCI ", alors que c'est de son torchon le Point et de la rubrique bloc note exactement, qu'est partie la première charge violente contre Tariq Ramadan sous le prétexte fallacieux d'" antisémitisme ".

Oumma, qui lance une pétition pour demander la démission de Claude Imbert 

Dernier mot à la défense ! 

   Ces derniers jours, plusieurs dévots de la bien-pensance se sont émus que Claude Imbert ait osé dire, dans son émission hebdommadaire sur LCI, qu’il était " un peu islamophobe ", avant de parler de l’ " archaïsme " de l’islam, de " ses obscurantismes ", de " son déni des vérités historiques " et de son " déclassement de la femme ".

Drapés dans leur bonne conscience, nos professeurs de vertu ont saisi l’occasion de se faire connaître en dénonçant avec violence les propos de Claude Imbert, qu’ils n’ont pas hésité à qualifier de " racistes ", de " xénophobes " ou de " haineux ". Leurs réactions ne mériteraient pas une ligne si elles n’étaient le signe de la maladie qui, depuis plusieurs années, accable notre pays.

Il est désormais obligatoire de penser unique, le petit doigt sur la couture du pantalon, en évitant de prononcer certains mots qui déclenchent aussitôt les foudres des agents de la circulation idéologique. Le crime de Claude Imbert, agnostique voltairien et arabophile notoire, est d’avoir parlé librement. Sur l’Eglise catholique ou sur Jean-Paul II, ça passait comme une lettre à la poste. Sur l’islam, non.

Le Point est une famille et un journal où se retrouvent, en pleine harmonie, les points de vue philosophiques les plus contradictoires, parce que nous avons, avant tout, la religion de la tolérance. On a le droit de se passionner comme nous pour le soufisme ou de reconnaître l’apport immense de l’islam à l’histoire des civilisations sans garder pour autant sa plume (ou sa langue) dans sa poche. N’en déplaise aux boutiquiers et aux zélateurs de la fausse morale, nous nous battrons toujours, ici, pour la libertée d’expression, y compris celle de nos ennemis, et contre le délit d’opinion, l’idéologie des imbéciles heureux.

Franz-Olivier Giesbert
Directeur du Point

Le Point - N°1624 - 31 octobre 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Heureusement, il existe aussi des arabo-berbères tolérants, ils ont même un site :