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Les émeutes d'Acco |
Monde.fr
SAINT-JEAN-D'ACRE (ISRAËL) ENVOYÉ SPÉCIAL
Depuis quatre jours la cité des croisés est sous tension. La coexistence pacifique qui régnait entre les communautés juive et arabe est ébranlée. Sept cents policiers et gardes-frontières ont été déployés pour tenter d'éviter de nouvelles violences. L'entrée principale de la cité et celle de la vieille ville et sa forteresse sont filtrées par les forces de l'ordre. Les carrefours stratégiques sont surveillés.
Une voiture incendiée après plusieurs jours d'affrontements entre juifs et Arabes dans les rues de Saint-Jean-d'Acre, le 12 octobre 2008.
Reportage A Saint-Jean-d'Acre, la coexistence entre Juifs et Arabes mise à mal
Plus d'une cinquantaine de personnes ont été arrêtées. Le calme apparent reste très précaire. Les touristes ont fui et les restaurants sont vides. Dans Ben-Ami, la principale rue commerçante, on remplace les vitrines brisées. Saint-Jean-d'Acre se prépare à la fête de Soukkot (la Fête des cabanes) qui commence, mardi 14 octobre, dans l'inquiétude. Les affrontements vont-ils recommencer ?
Tout a démarré à la veille d'une autre fête, celle de Yom Kippour (Grand Pardon), dans la nuit du 8 au 9 octobre. Pendant cette célébration juive, la circulation automobile est interdite. Un quinquagénaire arabe qui a eu le tort de braver cette règle religieuse largement respectée a été pris à partie par de jeunes juifs estimant qu'il s'agissait d'une provocation. Sa voiture a été caillassée. Jusqu'à présent, juifs et Arabes vivaient côte à côte dans les mêmes quartiers sans friction. Mais depuis quelques années, l'arrivée d'une nouvelle population juive, essentiellement des religieux (dont certains seraient d'anciens colons de Cisjordanie, voire de Gaza), a modifié l'entente cordiale.
L'incident de Yom Kippour a dégénéré lorsque la rumeur a couru qu'un Arabe avait été tué. Des centaines de jeunes Arabes en colère ont déferlé sur le centre-ville. La police n'a pas pris tout de suite la mesure de l'émeute. C'est ainsi que plus d'une centaine de voitures de la rue Yosef-Gadish a été vandalisée aux cris d'"Allah akbar" et "mort aux juifs". Gisèle Osiel a eu la peur de sa vie. "Ils avaient le visage masqué, des couteaux et des pierres. J'ai cru qu'ils allaient nous tuer." La foule a continué son expédition vengeresse dans la rue Ben-Ami, brisant les vitrines. Siwan, jeune vendeuse d'un magasin de vêtement, ne comprend pas pourquoi tout a explosé car, dans cette ville de 52 000 habitants dont un tiers est arabe, les incidents intercommunautaires étaient jusqu'à présent très rares. "Aujourd'hui, dit-elle, ça peut dégénérer à tout moment. On se dit à peine bonjour. On se lance des mots mauvais. Et cet hélicoptère qui tourne ne fait pas baisser la tension."
Shimon Lankri, le maire, a décidé d'annuler le festival de théâtre qui devait démarrer cette semaine. Ce qui a irrité les commerçants arabes de la vieille ville pour lesquels l'afflux de visiteurs à cette occasion constitue une importante ressource. La proximité des élections municipales, prévues le 11 novembre, exacerbe également les tensions. Saint-Jean-d'Acre, tranquille cité fortifiée que Bonaparte n'était pas parvenu à conquérir, vacille sous la menace d'un conflit intercommunautaire. Comme le souligne Claude Lévy, conseiller du maire : "Il n'était pas possible de laisser faire un tel débordement. La frontière a été franchie. Le maire a exigé de la fermeté afin d'éviter que la prochaine fois ce ne soit pire." Le premier ministre démissionnaire qui expédie les affaires courantes, Ehoud Olmert, a demandé à la police de faire preuve de "tolérance zéro à l'égard des actes de violences" et appelé au "respect mutuel". Le chef de l'Etat, Shimon Pérès, devait se rendre sur place, lundi, pour tenter "de calmer les esprits".
Mais la fracture s'est faite. Elle sera longue à réparer. A l'est de la ville, dans le quartier Numéro Trois, d'importantes forces de police sont postées dans les secteurs sensibles. Après la descente des Arabes dans le centre-ville, des groupes de juifs s'en sont pris à leurs voisins en criant "mort aux Arabes". Plusieurs maisons ont été incendiées. D'autres ont été caillassées.
Des familles arabes ont été évacuées par la police de peur d'être victime de représailles. La famille Barghouti, à l'angle de la rue Hayot-Zrim, refuse de quitter sa maison de peur qu'elle ne soit vandalisée puis brûlée. Les vitres ont été brisées. Les canapés servent de boucliers contre les pierres. Depuis quatre jours, les Barghouti vivent reclus et espèrent que la raison va l'emporter sur la vengeance. "Voilà vingt ans que nous habitons ici sans problème avec nos voisins, déplore Khaled, le fils de 25 ans. Aujourd'hui, ils veulent que les Arabes partent mais cette ville est à tout le monde et j'espère que l'on pourra vivre à nouveau ensemble en paix."
Michel Bôle-Richard
© AFP/Archives - Ahmad Gharabli
La police israèlienne a arrété le conducteur arabe qui avait circulé le soir de Kippour dans un quartier juif de Saint-Jean d'Acre (nord d'Israël), déclenchant des violences intercommunautaires, a-t-on appris mardi de source policière.
L'homme, Tawfik Al-Jamal, a été arrêté lundi soir à Saint-Jean d'Acre, a précisé le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.
"Il a été placé en détention pour trois jours pour conduite négligente et atteinte aux sentiments religieux" a précisé le porte-parole.
Le député arabe israëlien Ahmed Tibi a vivement dénoncé cette arrestation.
"C'est la première fois qu'on arréte quelqu'un pour atteinte aux sentiments religieux", s'est-il étonné dans une déclaration à l'AFP.
"La police a succombé aux pressions de la droite fasciste qui exigeait son arrestation, montrant qu'elle était une police juive, raciste et idiote", a-t-il ajouté. Il a appelé la police à "libérer immédiatement" l'homme arrêté "afin de ne pas exacerber les tensions".
Dimanche, Tawfik Al-Jamal avait fait amende honorable devant la commission parlementaire des affaires intérieures réunie en urgence pour débattre des émeutes intercommunautaires ayant éclaté à la suite de cet incident.
"Si ce que j'ai fait a généré cette situation, je suis prét é sacrifier ma téte ici méme sur cette table (...) afin de ramener le calme dans la ville", a-t-il déclaré, selon la presse israélienne.
Mercredi soir, Tawfik Al-Jamal était arrivé en voiture dans un quartier majoritairement juif alors que le Yom Kippour (Grand Pardon) avait commencé. Ce jour-lé les juifs jeunent et ne peuvent pas circuler en voiture, un interdit religieux massivement respecté en Israél.
Un groupe de jeunes juifs s'en était alors pris é l'automobiliste. Selon la police, une rumeur sur sa mort a provoqué des rassemblements de centaines d'habitants arabes en colère et entraîné les affrontements entre juifs et Arabes qui se sont poursuivis jusqu'é dimanche.
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afp
© AFP/Archives - Ahmad Gharabli
La police israèlienne a arrété le conducteur arabe qui avait circulé le soir de Kippour dans un quartier juif de Saint-Jean d'Acre (nord d'Israël), déclenchant des violences intercommunautaires, a-t-on appris mardi de source policière.
L'homme, Tawfik Al-Jamal, a été arrêté lundi soir à Saint-Jean d'Acre, a précisé le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.
"Il a été placé en détention pour trois jours pour conduite négligente et atteinte aux sentiments religieux" a précisé le porte-parole.
Le député arabe israëlien Ahmed Tibi a vivement dénoncé cette arrestation.
"C'est la première fois qu'on arréte quelqu'un pour atteinte aux sentiments religieux", s'est-il étonné dans une déclaration à l'AFP.
"La police a succombé aux pressions de la droite fasciste qui exigeait son arrestation, montrant qu'elle était une police juive, raciste et idiote", a-t-il ajouté. Il a appelé la police à "libérer immédiatement" l'homme arrêté "afin de ne pas exacerber les tensions".
Dimanche, Tawfik Al-Jamal avait fait amende honorable devant la commission parlementaire des affaires intérieures réunie en urgence pour débattre des émeutes intercommunautaires ayant éclaté à la suite de cet incident.
"Si ce que j'ai fait a généré cette situation, je suis prét é sacrifier ma téte ici méme sur cette table (...) afin de ramener le calme dans la ville", a-t-il déclaré, selon la presse israélienne.
Mercredi soir, Tawfik Al-Jamal était arrivé en voiture dans un quartier majoritairement juif alors que le Yom Kippour (Grand Pardon) avait commencé. Ce jour-lé les juifs jeunent et ne peuvent pas circuler en voiture, un interdit religieux massivement respecté en Israél.
Un groupe de jeunes juifs s'en était alors pris é l'automobiliste. Selon la police, une rumeur sur sa mort a provoqué des rassemblements de centaines d'habitants arabes en colère et entraîné les affrontements entre juifs et Arabes qui se sont poursuivis jusqu'é dimanche.
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La rumeur de Saint-Jean-D’acre Editorial de la semaine du 18/10/2008
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Vendredi 17 octobre 2008 à 02:02
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur les violences intercommunautaires qui se sont produites à Saint-Jean-D’acre depuis le mercredi 8 octobre, veille de la fête juive du Grand Pardon. Durant cinq jours, à Acre, Akko en hébreu, Akka en arabe, le mythe de la coexistence pacifique entre Juifs et Arabes, tous Israéliens, s’est effondré.
Provocations et rumeurs surtout ont précipité les violences dans une ville qui a pour particularité d’assurer une cohabitation légendaire. Akko compte 50 000 habitants, deux tiers sont juifs et un tiers arabes ; ils vivent ensemble, incarnent une harmonie possible.
Tout a commencé le 8 octobre au soir, veille du Grand Pardon. Jamel Tawfiq, un Arabe israélien, pénètre au volant de sa voiture, musique à fond, dans le quartier Wolfson du secteur mixte oriental de la ville d’Akko, où les Juifs qui y vivent en majorité, ont commencé les célébrations de la fête de Kippour. Les Juifs prient le conducteur de quitter les lieux. Des insultes répondent aux jets de pierres.
Plusieurs centaines d’Arabes lui portent secours lorsque la rumeur de son lynchage par des Juifs se répand, amplifiée par les haut-parleurs du minaret d’une mosquée de la vieille ville.
Les émeutiers avancent masqués et armés de couteaux et de pierres. Aux cris de « D. est grand » et « Mort aux Juifs », ils vandalisent une centaine de voitures, brisent des dizaines de vitrines. L’expédition vengeresse des émeutiers a des allures de pogroms. Les Juifs, convaincus qu’il s’agit d’une provocation délibérée, réagissent et descendent à leur tour dans la rue pour répondre aux violences.
Le scénario ressemble à s’y méprendre aux émeutes d’octobre 2000, des émeutes identiques qui firent treize morts parmi les Arabes israéliens, et conduisirent à la deuxième Intifada.
Huit ans plus tard, le spectre d’une troisième Intifada engage les responsables politiques et communautaires, arabes et juifs, à condamner les émeutes et les violences intercommunautaires. Voilà pourquoi Ehoud Olmert.
Premier ministre démissionnaire, et Tzipi Livni, invitent à « calmer les esprits ». D’ailleurs, les policiers ont reçu l’ordre de ne pas utiliser leurs armes à feu dans l’exercice du maintien de l’ordre. Et la condamnation du conducteur, qui s’est excusé devant la Commission de l’Intérieur du Parlement, est pour le moment une symbolique assignation à résidence.
Quant aux émeutiers arrêtés, ils appartiennent aux deux communautés. Ils seront jugés sur leurs actes, non d’après leurs origines. C’est l’application du principe « tolérance zéro » exigé par Ehoud Olmert. Par précaution, la police a d'ailleurs dépêché des renforts dans les autres villes où cohabitent Juifs et Arabes, comme Haïfa, ou Jaffa, qui jouxte Tel-Aviv.
Les responsables gouvernementaux multiplient les déclarations destinées à calmer les esprits, ils invitent les uns et les autres à vivre ensemble. Lundi 13 octobre, Shimon Peres lance un véritable appel à la réconciliation, « Essayez de vivre ensemble en dépit de vos différences. Il y a deux religions, mais une seule loi pour tous ». En écho, le député arabe israélien Abbas Zakour déclare solennellement « Nous, Arabes de Saint-Jean-D’acre, condamnons le conducteur qui est sorti avec sa voiture le soir de Yom Kippour. Il aurait du faire tout son possible pour rentrer chez lui sans voiture dans ce quartier qui est majoritairement juif ».
Alors que les politiques israéliens, arabes et juifs, affirment avec vigueur leur souci de mettre un terme à l’incident, et de tourner une mauvaise page de l’histoire des relations judéo-arabes en Israël, la rumeur de Saint-Jean-D’acre, et les violences qu’elle a suscitées, alimentent toutes les passions politiques dans les pays qui revendiquent des positions extrémistes.
Le Hamas salue la « résistance à l’oppression sioniste », et le Hezbollah évoque « la résistance héroïque visant à protéger leur terre et leur honneur des assauts violents et barbares des sionistes ». Solidaires d’une victime imaginaire, ils interprètent à leur tour une rumeur de lynchage comme une réponse à la politique d’oppression d’Israël à l’égard des Arabes. La Syrie adopte la même position, catégorique et infondée. Damas évoque la volonté israélienne « de vouloir expulser les Arabes de la ville mixte d’Akko » et le journal syrien « Tishrin » renchérit en évoquant la « purification du territoire de toute présence arabe »…
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Israël est appelé à reconnaître les familles arabes d'Acco (St-Jean d'Acre), victimes d'attaques terroristes. Le centre Moussawa militant pour les droits des Arabes israéliens a demandé à la commission parlementaire des Finances d'octroyer le statut de ''victimes d'attaques terroristes'' à 14 familles arabes restées sans toit après les récentes émeutes dans cette ville du nord du pays. Jusqu'à présent, le dossier de ces familles n'aurait été traité ni par la mairie ni par les services sociaux.
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Peres tente de calmer des violences entre Juifs et Arabes
L.D. (lefigaro.fr) avec AFP
13/10/2008 | Mise à jour : 14:46 | Commentaires 4 .
Un calme précaire règne depuis dimanche soir dans les rues de Saint-Jean D'Acre. 54 personnes ont été arrêtées pour atteinte à l'ordre public et douze sont encore détenues suite aux affrontements entre Juifs et Arabes. Crédits photo : AP
Dans la petite ville de Saint Jean d'Acre, en Israël, communautés juives et arabes s'affrontent depuis jeudi dernier. 700 policiers sont toujours en état d'alerte.
«On a toujours vécu en bonne entente, mais je crois que cette fois c'est terminé», lâche une habitante de Saint-Jean d'Acre. Cette petite ville d'Israël est le théâtre d'affrontements entre Juifs et Arabes depuis bientôt cinq jours. Le président Israélien Shimon Peres s'est rendu lundi dans la ville pour s'entretenir avec les différentes parties afin d'appeler à la tolérance.«Nous sommes appelés à vivre côte à côte, et un avenir brillant attend Saint-Jean d'Acre» a-t-il martelé.
Et d'ajouter : «J'ai été surpris de l'ampleur des appels à la coexistence pacifique émis par les dirigeants des deux bords». Il a aussi rendu hommage à la police «qui a dé empêcher l'extension des violences, tout en évitant de faire de victimes». 700 policiers sont toujours déployés sur place, alors que la tension est toujours palpable, malgré un retour au calme dimanche soir. Depuis le début des émeutes, 54 personnes des deux bords ont été arrêtées pour atteinte à l'ordre public et douze sont encore détenues.
Saint-Jean d'Acre, ville de 52.000 habitants de Galilée, qui fut la capitale des Croisés, est composée à un tiers d'Arabes. Les deux communautés cohabitent depuis toujours dans le calme dans des quartiers distincts. Mais dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, cette cohabitation a volé en éclat.
Un automobiliste arabe est entré dans un quartier, alors que ce soir-là, les Juifs avait commencé à célébrer le Yom Kippour, jour de Grand Pardon, pendant lequel ils jeunent et ne peuvent pas circuler en voiture. Un groupe de jeunes juifs s'en est alors pris à l'automobiliste, l'accusant de faire volontairement du bruit. Celui-ci aurait fait marcher son autoradio à fond. Selon la police, une rumeur sur sa mort a alors provoqué des rassemblements de centaines d'habitants arabes en colère et entraéné les affrontements.
Tolérance zéro
«Les Arabes veulent nous chasser d'ici», raconte une Israélienne juive. Elle qualifie même de «pogroms» les pillages contre les magasins juifs de cette ville. Les magasins ont rouvert leurs portes lundi, mais sont désespérément vides. Seules les perceuses des ouvriers qui réparent les vitrines rompent le silence. Plus à l'ouest, des familles arabes ont été de leur côté préventivement évacuées par la police, après que des dizaines de manifestants juifs eurent conspué leurs voisins en scandant «Mort aux Arabes». «Nous ne sommes plus en sécurité dans notre propre ville», s'émeut Madiha Ramal, une avocate arabe.
Le Premier ministre démissionnaire, Ehud Olmert, a déclaré dimanche en réunion hebdomadaire du Conseil des ministres avoir demandé à la police de faire preuve d'une «tolérance zéro à l'égard des actes de violence». «Il n'y a pas d'autre alternative pour juifs et Arabes que de vivre dans le respect mutuel et la tolérance», a-t-il souligné.
Certains évoquent une «vague de violences » qui «va gagner toute la Galilée», une région oé vivent la plupart des 1,3 million d'Arabes Israéliens. Mais la coexistence entre les deux communautés est toujours une réalité et trouve des défenseurs. «Ceux qui s'opposent à la coexistence pacifique des deux communautés n'ont pas leur place ici», déclare Salem Atrache, le responsable du Comité des commerçants arabes de la vieille ville. Une conseillère municipale fait part de son optimisme : «Je suis convaincue que le dialogue intercommunautaire va nous permettre de restaurer le calme que nous connaissons depuis des dizaines d'années».
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Hamas: 'We Will Soon Liberate Akko'
by Hillel Fendel
(IsraelNN.com) Hamas, which violently overthrew Fatah and took control of Gaza last year, now threatens to take control of the Israeli Galilee city of Akko.
The terrorist organization held a mass march in the Gaza city of Jebalya on Saturday night, expressing solidarity with the Arab residents of Akko in their struggle against the "Zionist conquerors."
The main speaker, Hamas party whip in the Palestinian Authority legislature Mushir Al-Masri, fired up the masses with his promise that, "The moment of victory is coming closer, and the day will soon come when soldiers of Hamas and the Al-Kassam Brigades will liberate Akko, with the help of Allah."
In sharp contrast, the Chief Rabbis, President Peres, and Cabinet Minister Dichter visited with local Jewish and Arab leaders in Akko on Monday morning, trying to find ways to restore calm.
"The enemy will be crushed on the walls of Akko," Al-Masri railed, "just like the other invaders in past history... The normalization and the negotiations will never cause us to forget even one inch of our stolen land of Palestine."
In sharp contrast, Chief Rabbis Yona Metzger and Shlomo Amar, accompanied by President Shimon Peres and Public Security Minister Avi Dichter, visited with local Jewish and Arab leaders in Akko on Monday morning, trying to find ways to restore calm to the troubled city.
Police Commissioner David Cohen said Monday morning that that 64 people - 27 Jews and 37 Arabs - had been arrested as a result of the Akko riots of the past few days, and that 34 are still in custody. The police have received 85 complaints of damage done to their cars; hundreds of Arabs rampaged in a Jewish neighborhood on Yom Kippur, smashing cars and store windows.
In his Saturday night speech, Al-Masri incited the mobs of Gazan Arabs by reminding them that Arabs had lived in Israeli cities such as Yafo (Jaffa), Tzfat (Safed), Haifa and Akko (Acre) since before 1948, "and we await the moment of liberation that is soon coming. We await the next intifada, and hope to join the liberation army to free our land from the impurity of the Zionist conquerors."
In apparent reference to outgoing Prime Minister Ehud Olmert's recent remarks that the "dream of a complete Land of Israel [for Jews] is over," Al-Masri said, "The collapse of the Zionist and American enterprise means that the future belongs to the program of the Quran - which will illuminate from Gaza and which has trained 10,000 people to know the Quran by heart in two months... It's time for the nation to know that there is no place for peace with the enemy or for coexistence with the terrorist criminals. Jihad is the way to liberation and victory!"
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[ Après les événements d¹Akko, où Juifs et Arabes de la ville se sont affrontés. La responsabilité d¹une majorité envers une minorité]
Ha¹aretz, 19 octobre 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1029660.html
La majorité juive se sent comme l¹agneau sacrificiel Tzvia Grinfeld (1)
Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant
Huit années ont passé depuis que 12 citoyens israéliens, tous arabes (ainsi qu¹un habitant des territoires occupés) ont été tués par la police israélienne. A la lumière des récents événements d¹Akko, il semble que nous n¹ayons pas appris grand-chose.
Fondamentalement, ce qui a conduit à cette tuerie tient à un état d¹esprit qui ne doit jamais être légitimé dans une démocratie, celui qui dit que des forces gouvernementales peuvent tirer sur des citoyens. L¹Etat appartient à ses citoyens et non au gouvernement. L¹Etat n¹est là que pour s¹occuper du bien commun.
Seul un danger mortel peut justifier une réaction d¹une même gravité. L¹indifférence de l¹opinion à la mort de ces citoyens, il y a huit ans, et le harcèlement des habitants arabes d¹Akko aujourd¹hui, révèle donc un autre échec, plus profond : l¹attitude très rude à l¹égard de la minorité arabe, niée ou refoulée par la plus grande partie de l¹opinion juive qui, sûre de son bon droit, se considère comme la partie menacée.
Dans la société israélienne, trop de gens ne perçoivent pas le réel rapport de forces dans le pays et refusent de comprendre que les Juifs ne sont pas une minorité parmi d¹autres, persécutée et méritant une protection particulière, mais bien une majorité nombreuse et souveraine qui est responsable de sa minorité.
L¹une des difficultés particulières à la société israélienne tient à l¹idée communément admise selon laquelle rien de fondamental n¹a changé depuis 60 ans et que la majorité juive est toujours un agneau sacrificiel. Le grand rabbin d¹Akko, par exemple, a déclaré aux médias que les émeutes rappelaient celles contre les Juifs en Allemagne.
Le peuple juif aspirait à la souveraineté. Il l¹a acquise. Mais la souveraineté, dans un monde démocratique, signifie assumer la responsabilité des affaires sociales, économiques et culturelles et les gérer le mieux et de la manière la plus juste possible pour le bien de tous les citoyens.
Non au bénéfice des plus forts ou des dirigeants et de leurs proches, ou pour la seule synagogue, mais pour tous.
Il est vrai que cet idéal politique est difficile à atteindre. Israël, comme la plupart des pays d¹aujourd¹hui, est non seulement hétérogène et multiculturel, mais aussi multinational.
Non que sa politique d¹immigration soit particulièrement libérale ou ouverte, mais parce qu¹il inclut une importante minorité palestinienne. Pour cette seule raison, Israël devra vivre en démocratie avec des relations majorité - minorité complexes, souvent très chargées, que ce soit à cause des tentatives de l¹un et de l¹autre des groupes de se définir comme opposé à l¹autre, ou à cause de l¹animosité quasi normale de la minorité envers un Etat dirigé par des membres de la majorité.
Bien sûr, le conflit historique sanglant entre Juifs et Palestiniens et la perpétuation de l¹occupation fait empirer les choses.Et quand nous ajoutons, non seulement l¹occupation et l¹histoire insupportable des maux que se sont infligés mutuellement ces deux grands groupes nationaux et religieux, mais encore la discrimination contre la minorité par la majorité, les solutions sont encore plus difficiles à trouver.
Et pourtant, il est important de garder à l¹esprit que des situations extrêmement tendues existent entre majorités et minorités dans bien d¹autres endroits.
Les Canadiens francophones du Québec ont voulu pendant des années faire sécession du Canada et créer leur propre Etat indépendant.
Un nombre très important de latinos du sud des Etats-Unis exige que l¹espagnol soit reconnu comme une langue nationale. Sans parler des tensions entre Flamands et Wallons et Belgique ou de la minorité kurde en Turquie.
On peut supposer que, dans des sociétés multinationales et multiculturelles, des tensions éclateront de temps en temps et que des individus sans scrupule feront en sorte de monter les uns contre les autres. Sans vouloir sous-estimer la gravité de ces actions, une démocratie saine doit apprendre à traiter ce genre de heurts localisés avec détermination et doigté.
Pour que ce faire, il y a une condition absolument essentielle : la majorité doit reconnaître sa responsabilité envers la minorité et assumer la tâche de la réconciliation et de la retenue. Si la majorité ne se reconnaît pas ce rôle, ou même le dénie, alors, malheureusement, il faudra craindre de sérieux ennuis.
(1) Tzvia Grinfeld, l¹une des personnes interrogées par David Chemla dans son livre "Les Bâtisseurs de Paix" (ed. Liana Levi, 2005), est issue du monde religieux orthodoxe. Elle a été directrice d¹un institut spécialisé ans l¹enseignement du judaïsme, puis a créé, au moment du processus d¹Oslo, un institut d¹éducation à la démocratie destiné aux jeunes religieux.
Signataire des accords de Genève, membre du parti Meretz, elle est docteur en philosophie politique.
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AKKO
dimanche 26 octobre 2008, par Admin
article de Jacques Kupfer
reçu par email et publié sur le site de la Ligue de Défense juive
Le jour de Yom Kippour éclatèrent ce que les medias, la gauche israélienne et la droite "politiquement correcte" ont appelé des heurts "entre communautés". Des centaines d’arabes d’Ako cagoulés se sont précipités sur les quartiers juifs de la ville, brûlant et saccageant des magasins et incendiant des voitures en hurlant "mort aux Juifs". Les députés arabes à la Knesseth se sont lancés dans une violente diatribe contre la police israélienne et les fauteurs de trouble que sont les Juifs extrémistes désireux d’oser vouloir prier en toute quiétude en ce jour le plus saint de notre calendrier. Les agressions arabes se sont poursuivies pendant plusieurs jours au cours desquels tous les efforts ont été déployés pour ramener le calme entre les "communautés". Les Juifs d’Ako vivant sous la souveraineté de l’Etat d’Israël en sont réduits à être considérés comme une "communauté" ! On nous avait déjà expliqué que notre Etat est celui de tous ses citoyens et non pas l’Etat Juif. Nos medias confondent à dessein les droits individuels garantis à tout citoyen et les droits nationaux qui ne doivent être que ceux du peuple juif.
La police a veillé à arrêter de manière égale les membres des deux "communautés" et les grands rabbins d’Israël ont adressé un message aux "deux communautés" pour appeler à maintenir le calme. Le président de l’Etat, toujours fidèle à la politique munichoise d’Oslo, a expliqué qu’il n’y avait pas d’autre choix que de vivre ensemble. Tout comme il n’y avait pas d’autre choix que de ramener les sbires d’Arafat au cœur d’Erets Israël, pas d’autre choix que d’anéantir le rêve sioniste au Gouch Katif, pas d’autre choix que de négocier et créer un nouvel état arabe terroriste à nos portes, pas d’autre choix que de diviser notre capitale Jérusalem, pas d’autre choix que signer avec l’OLP et ses alliés du Hamas notre reddition !
Auparavant le fait de dire qu’il n’y avait pas le choix signifiait qu’il fallait aller de l’avant, mobiliser le courage et vaincre comme seule opportunité. De nos jours, les Olmert, Livni et Barak interprètent le fait qu’il n’y ait pas de choix, comme une obligation maladive de concessions suicidaires.
Si de tels événements s’étaient déroulés dans un autre coin du globe, nos médias auraient accolé à ces heurts le nom réel qui lui revient : un pogrom. Les arabes d’Ako ont tenté un pogrom le jour du Kippour et ont réussi à obtenir des paroles de consolation de toute notre classe spirituelle, officielle et politique.
Le muezzin du haut de son minaret avait usé de son privilège de gêner les Juifs par ses appels réitèrés à la prière par haut parleur, pour inciter les arabes à rejoindre les émeutiers. Le voyou arabe qui est venu faire hurler sa radio de voiture dans le quartier juif d’Ako a été reçu à la Commission des Affaires intérieures de la Knesseth. Les députés arabes ont pu continuer leur attaque haineuse contre l’Etat Juif.
Ces arabes d’Ako sont représentatifs de tous les arabes vivant dans les limites souveraines de l’Etat d’Israël. De ceux qui en tracteurs ou en voitures, par jets de pierre ou poignards, par manifestations dans les "tentes de deuil" ou dans les rassemblements, démontrent ce que sera l’avenir si cette cinquième colonne qu’ils composent aux côtés des gauchistes israéliens, n’est pas mise hors d’état de nuire.
Ces arabes bénéficient pourtant depuis six décennies des allocations familiales pour se multiplier, des allocations chômage pour avoir le temps de comploter en paroles ou en actes, de la discrimination positive pour occuper des places d’université que nos jeunes ont tant de mal à obtenir et de l’électricité pour permettre à leurs muezzins de nous importuner à toute heure. Ils bénéficient de notre démocratie, du droit de vote qui leur permet de décider qui sera le chef de file de Kadimah ou des travaillistes. Ils peuvent apporter leurs voix aux dramatiques accords d’Oslo et influer demain sur nos frontières, notre style de vie, nos lois et notre fonctionnement.
La théorie ridicule qui veut que plus on les éduquera vers la démocratie et le bien-être, plus on investira dans leurs institutions et plus ils seront les fidèles et loyaux citoyens de notre Etat, a volé en éclats à Ako. Bien entendu, on nous présentera dans les medias des muftis de service qui viendront jurer leurs grands démons de leur volonté de coexistence avec les Juifs et on nous abreuvera de paroles de rabbins qui viendront nous vendre ce leurre d’un islam pacifique et tolérant. Les medias trouveront sans aucun doute quelques Juifs peu recommandables à Ako pour trouver des circonstances atténuantes aux Arabes.
Mais le fait est là. Il l’est d’autant plus que la police se préparait à avoir des émeutes semblables dans les villes où vit encore une forte minorité arabe. La multiplication des jets de pierres, les attaques contre les policiers juifs à Jérusalem, les émeutes à Hébron soutenues par les partisans de "la paix maintenant", les actes d’agression contre les chrétiens israéliens, ont été minimisées.
Mais le fait reste. Apres six décennies où notre Etat a investi massivement dans le secteur arabe en délaissant souvent des priorités juives, la moindre étincelle met le feu. L’apaisement est aussi efficace qu’un cataplasme sur une jambe de bois. Il ne suffit pas d’éteindre les flammes, il faut étouffer les braises. La Yechiva d’Ako vient de subir l’agression d’incendiaires arabes. Ce qui signifie que nulle coexistence n’est possible dans notre état avec une minorité barbare, à la foi ancrée dans le Djihad et qui pourrait, en abandonnant le sol du seul Etat juif, être ressortissante de 22 états arabes.
Ce ne serait qu’un échange de population comme le monde en a vécu de nombreux exemples jusqu’à ces dernières années. Ce ne serait certainement pas moins légitime que l’évacuation des juifs du Gouch Katif. S’il parait naturel d’exiger la disparition des réimplantations juives sur la terre d’Israël que des post sionistes inconscients et dangereux veulent livrer aux mains d’un futur Hamasland, pourquoi ne pas exiger la même mesure des arabes habitant notre territoire ? Et vite !
Jacques Kupfer
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Juifs et Arabes, une cohabitation saccagée
samedi 18 octobre 2008 - 07h:26
Joseph Algazy - Le Monde Diplomatique (Publiépar France-Palestine)
vendredi 17 octobre 2008, par Joseph Algazy
D’ordinaire, la semaine de la fête juive des Tabernacles (Soukot) constitue un événement dans la ville mixte – judéo-arabe – de Saint-Jean-d’Acre, dite ici Acco : pleine à craquer, elle accueille des visiteurs venus de tous les coins du pays, attirés par la beauté des lieux, les anciennes murailles de son fort, le dédale des étroites ruelles de la vieille ville, le souk avec ses boutiques et ses étalages débordant de poissons, de légumes, de fruits et de friandises orientales, le petit port de pêche, les églises et les mosquées, le festival de théâtre annuel, les commerçants charmeurs…
Rien de tel cette année. La ville semble triste et inquiète. Et pour cause : elle sort de graves troubles intercommunautaires, qui ont éclaté la nuit de Kippour, le jour du grand Pardon (8 octobre) et ont duré trois jours. Tout a commencé lorsque Toufiq el-Jdamal, un citoyen arabe accompagné de son fils, a décidé, vers minuit, de ramener en voiture à la maison sa fille, qui se trouvait chez des proches dans le quartier populaire à l’Est de la ville où vivent Juifs et Arabes de catégories modestes.
Il faut savoir que, depuis des années, une coutume sinistre s’est imposée dans le pays : tout véhicule, ambulance comprise, circulant le jour de Kippour risque d’être attaqué à coups de pierres. Chauffeur, médecin, infirmier, malade, chacun peut en être victime. C’est exactement ce qui s’est produit le 8 octobre : une foule excitée a attaqué le chauffeur et son fils, qui ont échappé au lynchage par miracle - un Juif chargé de surveiller une maison en construction a caché le père, des agents de police ont réussi à faire fuir le fils.
L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Trois jours durant, des maisons arabes du quartier ont été saccagées, et leurs habitants attaqués. Seize familles arabes ont dû fuir : elles ont trouvé refuge dans un hôtel, dans des monastères de l’ancienne ville et chez des proches. Certaines de leurs demeures ont été pillées, et l’une d’elles incendiée. Des voitures ont été détruites. Plus tard, des femmes et des enfants qui tentaient de repasser chez eux pour récupérer des vêtements ont été molestés.
A l’annonce de l’attaque de la première nuit, et sur la foi d’une rumeur parlant (à tort) d’un mort, de jeunes Arabes sont accourus sur les lieux. Ils se sont livrés à des violences qui n’ont toutefois pas fait de blessés graves. Certains ont assouvi leur colère et se sont vengés en fracassant des vitrines de magasins juifs du centre-ville.
On a reproché aux forces de l’ordre d’avoir laissé faire les émeutiers au début des troubles. Rien de surprenant : la police et l’armée ont tendance à ne pas intervenir quand des Arabes sont attaqués. Courante en Israël même, cette pratique l’est a fortiori dans les territoires palestiniens occupés lorsque des colons attaquent des Palestiniens.
Police et médias ont répliqué en accusant Toufiq el-Jdamal d’avoir mis le feu aux poudres. Ses propos à la séance de la commission des affaires internes du Parlement, la Knesset, lui ont pourtant valu la considération des Juifs comme des Arabes. « Si je suis vraiment la cause des troubles à Saint-Jean-d’Acre, a-t-il déclaré, je suis prêt, afin de calmer les esprits, à ce qu’on me coupe la gorge. » Devant la mobilisation des députés d’extrême droite, la police l’a arrêté et a monté de toutes pièces un dossier contre lui : elle avait trouvé un bouc émissaire. Avec lui, elle a raflé aussi quarante personnes, Juifs et Arabes, suspectes d’avoir participé aux émeutes.
« Une ligne de démarcation virtuelle »
Plusieurs responsables de la communauté arabe se sont alors réunis et ont lancé un appel à la population juive de la ville. Ils ont rappelé que, depuis toujours, les citoyens arabes respectent les sentiments religieux de leurs compatriotes juifs. C’est pourquoi ils ont critiqué le chauffeur qui avait conduit sa voiture au cours de la nuit de Kippour. Ils ont condamné les jeunes Arabes qui ont causé des dégâts en ville, mais aussi les attaques contre des habitants arabes innocents, les vexations qui leur ont été infligées et la destruction de leurs biens. Dans leur texte, ils se sont toutefois abstenus d’utiliser le terme « pogrom », employé par certains, afin de ne pas verser d’huile sur le feu.
Lorsque je suis arrivé à Saint-Jean-d’Acre, le 15 octobre, il y avait très peu de voyageurs dans le train. A la sortie de la gare, les chauffeurs de taxi arabes s’inquiétaient de cette pénurie de clients. Certains criaient : « Soyez les bienvenus, vous allez apporter avec vous la paix ! » Celui qui me conduisait au « square du canon », où des jeunes du mouvement de jeunesse Hashomer Hatzaïr avaient érigé une « tente de l’amitié » (le Parti communiste, lui aussi, en a monté une), m’a confié : « Le drame de Kippour a tracé ici une ligne de démarcation virtuelle, qui sépare désormais les deux parties de la ville. Si tu vas dans les quartiers de l’Est, tu ne rencontreras pas un seul Arabe. Et si tu te balades dans la vieille ville, c’est à peine si tu verras des Juifs. D’habitude, durant les jours de la fête de Soukot, plein de Juifs visitent l’ancienne cité. Cette année, nous tous payons cher les troubles qui ont sévi ici. Et la décision de la mairie d’annuler le festival annuel de théâtre a aggravé notre situation. Ne t’étonne pas de rencontrer beaucoup de policiers. Malheureusement, ceux-ci sont intervenus trop tard. »
Saint-Jean-d’Acre compte 52 000 habitants. C’est une ville pauvre. A en croire les statistiques officielles, 8 % de la population active souffre du chômage. Et le revenu moyen par habitant est inférieur de 16 % à la moyenne nationale (il faut dire que près de la moitié des salariés atteignent à peine le salaire minimum). L’extrême droite juive canalise d’une manière démagogique le mécontentement et la frustration des couches juives démunies vers la haine et la violence contre les Arabes. Désormais fréquent, le slogan « Mort aux Arabes ! » a souvent retenti durant les émeutes de Saint-Jean-d’Acre – même la télévision s’en est faite l’écho.
La situation des 28 % d’habitants arabes est pire encore, en particulier pour ceux qui habitent la vieille ville, où sévissent misère, détresse et insalubrité. Plusieurs familles vivent (si cela s’appelle vivre) dans des maisons qui menacent de s’effondrer. Connaissant depuis longtemps les conditions de vie des habitants de l’ancienne ville, je peux témoigner qu’elles n’ont cessé d’empirer.
Si les responsables arabes ont tenté de calmer le jeu, cela n’a pas toujours été le cas du côté juif extrémiste. Les médias et Internet ont relayé des appels exhortant au boycottage des commerçants arabes. L’extrême droite, à l’approche des élections municipales prévues le 11 novembre, a exigé et obtenu du maire, Shimon Lankri, l’annulation du festival annuel de théâtre. Plusieurs personnalités juives et arabes ont d’ailleurs condamné cette décision, et des artistes, refusant de s’y plier, ont organisé des activités artistiques alternatives.
« Acco, c’est Eretz-Israël dans dix ans »
Les troubles de Saint-Jean-d’Acre ne représentent pas, hélas, un phénomène isolé. Le risque est grand qu’ils se reproduisent, ici mais aussi dans d’autres villes mixtes à forte minorité arabe, comme Jaffa, Lod et Ramleh. Certains ne se cachent pas de vouloir en provoquer. C’est ainsi que le site d’Arouts 7 (Chaîne 7), l’un des médias les plus virulents de l’extrême droite juive en Israël, citait le 11 octobre Yossef Stern, le rabbin de la yeshiva (école religieuse) du quartier Est où les violences ont éclaté.
« J’ai réuni la yeshiva, racontait-il. Nous sommes sortis dans les rues. Nous avons fait descendre les gens dans les rues, bien qu’il se soit agi du jour de Kippour et qu’on jeûne, car il fallait renforcer le peuple d’Israël et élever son moral. Acco est un lieu d’épreuve. Acco, c’est Eretz-Israël dans dix ans. Ce qui se passe à Acco aujourd’hui, c’est ce qui se passera alors en Israël. Nous sommes le front qui fait honneur à l’Etat. La coexistence n’est qu’un slogan : Acco est comme d’autres villes en Israël, il faut sauvegarder son identité juive. Nous sommes ici pour sauvegarder l’identité juive. Dans le quartier, des maisons étaient mises en vente. La situation suivante se présentait : soit des Arabes achetaient ces maisons, soit des étudiants de la yeshiva les achetaient. Grâce à Dieu, récemment, trente familles des nôtres sont venues habiter ici. Aujourd’hui, nous construisons une nouvelle grande yeshiva et aussi un quartier destiné à des militaires de carrière. »
Le but déclaré de cette yeshiva, créée en 2003, c’est donc bien de « judaïser » Saint-Jean-d’Acre. Ce faisant, les extrémistes juifs omettent, de fait, l’histoire de ces quartiers Est. Jusqu’en 1948, les terres sur lesquelles ces derniers furent bâtis dans les années 1950 appartenaient à un village palestinien nommé Al-Manshiyé, appelé aussi Manshiyet-Acca. Depuis la Nakba de 1948, cette bourgade a disparu et ses habitants ont trouvé refuge à Saint-Jean-d’Acre, dans certains villages voisins et, pour beaucoup d’entre eux, au Liban. Les descendants d’anciennes familles d’Al-Manshiyé possèdent même des documents prouvant que leurs terres étaient enregistrées au cadastre. C’est dire si les troubles ont ravivé chez les Arabes de la ville de douloureux souvenirs d’un passé pas si lointain.
Joseph Algazy est journaliste à Tel-Aviv.
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