Au commencement était le verbe
Michel Lévy le 21/11/2005
Il existe dans les cités des populations, jeunes, frustrées qui n'adhèrent plus aux valeurs de la République, on a laissé faire, et des milliers de jeunes et de moins jeunes sont devenus insupportables depuis longtemps, mais on ne les découvre que maintenant. Que faut-il faire, les punir ou les aimer ? | |
Ce qui a déclenché les troubles : On s'accorde à dire que les troubles ont pour origine la vie dans les cités où se concentrent les populations les plus fragiles et les moins bien adaptées à notre société. Les résidents sans problèmes ont souvent préféré fuire quand ils en avaient les moyens. Ces zones, parfois de non droit étaient de véritables barils de poudre, les propos du ministre de l'intérieur, l'exploitation de ses propos, et les coupes budgétaires récentes, ont accentué le malaise. La mèche a été allumée par un fait divers affligeant.
Nicolas Sarkozy, joue sa carte personelle pour arriver à être le candidat de la droite à une prochaine élection présidentielle. Il a réussi à décrocher le titre de Président de l'UMP, principal parti de Droite, en succédant à ce poste à Jacques Chirac l'actuel président de la République, qui tente désespérément de le contenir en lui opposant Dominique de Villepin, qui, plus policé joue sur un autre registre. B)
Jeudi 27 octobre, trois «jeunes»,
escaladent le mur d'un transformateur électrique haut de
trois mètres, entrent dans le bâtiment. Deux d'entre
eux, Zyad et Bounna,
17 et 15 ans, du collège n°3, sont électrocutés,
le troisième choqué et brûlé a pu être
sauvé. Il est hospitalisé. La lutte contre les immigrés clandestins ,qui souvent vont chez nous pour ne pas mourir de faim chez eux, m'évoque parfois la traque des juifs par la police de Vichy. Vouloir, comme l'a fait M Sarkozy mèler le problème de l'immigration à celui de la délinquance est artificiel, la plupart des casseurs ont la nationalité française, on ne pourra donc pas les expulser par charter, même si la majorité des français en meurent d'envie ! |
Ce qu'en dit la presse internationale :
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A l'origine, des mots et des maux. Le mot utilisés
par Nicolas Sarkozy, de "racaille",
a visiblement heurté les habitants des cités, et même
au delà. Beaucoup se sont sentis visés même, voir surtout
ceux qui ne l'étaient pas. Par exemple, le fils de l'épicier
nord africain, près de chez moi, à Boulogne , m'avait en
son temps exprimé son incompréhension devant ce qu'il considérait
comme une injure et une provocation scandaleuse. Racaille
est différend de Voyou, car il sous
entend une masse, une collectivité entièrement composée
de personnes douteuses et (ou) malfaisantes, alors qu'un voyou est un
individu. Le mot racaille a été souvent
utilisé pendant les guerres et les révolutions pour désigner
ceux d'en face afin de s'autoriser à les tuer. C'est de
la racaille, tirez dans le tas ! on est à l'opposé d'une
justice sereine qui punirait le caïd et sa bande pour leurs nombreux
méfaits. Au cours d'une
échaufourée, près d'une mosquée, des gaz lacrimogènes
auraient pénétré dans une mosquée, toujours
selon le ministre, l'inspection de polices aurait prouvé qu'aucune
grenade n'aurait explosé à l'intérieur (Pas de trace
d'impact), par contre pour certains témoins, la
police aurait une large part de responsabilité dans le
déclenchement de la violence Cliquez sur l'image ci-dessous, et vous verrez ce que la télévision s'est bien gardé de vous montrer, et vous aurez une autre idée des populations dignes et pacifiques décrite plus haut. Les émeutiers se sont rendus coupables de crimes, l'assassinat sous les yeux de sa famille à Fontenay sous Bois,d'un homme qui avait eu l'audace de photographier des lampadaires sans en avoir au préalable demandé l'autorisation au «caïd» du quartier; ou bien l'incendie volontaire d'un autobus, avec le risque volontaire pris de brûler vif une dame handicapée aspergée d'essence, le jet d'une boule de pétanque du haut d'un immeuble sur la police , ou l'usage maladroit d'armes à feu contre des pompiers ou contre les forces de l'ordre en paticulier à la Courneuve ou à Clichy sous Bois par exemple ont traumatisé l'opinion. S'agit-il d'une intifada ? En tant que juif, ces violences nous ont immédiatement suggéré l'intifada, en effet, nous y avons trouvé plusieurs points communs : - Un acte politique symbolique a déclanché la violence. Le détonateur est Sarkozy accusé d' être responsable des troubles, comme Sharon qui s'était rendu sur le mont des mosquées ou l' esplanade du temple, (on peut intervertir les mots ! ). L'un et l'autre ont offensé grave ! ! Dans les deux cas, des médias ont accusé le détonateur d'être la cause et le responsable des désordres. - La violence a été réelle : (Voir plus haut ou dans la marge) - La seconde Intifada a placé sur un piédestal des jeunes activistes, parfois des enfants qui ont pris des risques inconsidérés.« Les journalistes en ont fait un geste « héroïque » du terrorisme palestinien, en contribuant ainsi, à légitimer l'action terroriste meurtrière de « désespérés » contre une société de droit » comme l'a décrit Guy Milière. L'inspiratioin des méthodes de l'intifada est évidente : harcellement des forces de l'ordre, utilisation de très jeunes enfants. - Stratégie commune pour utiliser au mieux les médias, pour culpabiliser les forces de l'ordre, et si possible pour les pousser à la faute devant les caméras. Ensuite, campagne de communication massive sur les bavures policières. - L'islam n'a jamais été mis en avant par les émeutiers, pourtant... Dans le clip plus haut, on entendait bien Sarkozy se faire traiter de juif, et un émeutier dire «C'est Jérusalem ici» Toutefois, il y a des différences de taille : - La
police française s'est comportée de façon modérée,
une seule bavure a pu être avérée, un jeune voyou
visiblement insolent a reçu devant une caméras de grosses
baffes alors qu'il était menotté. Les policiers ont été
rapidement punis... et 48 heures après la «victime»
a été arrêtée car elle a été
reconnue en train de caillasser des pompiers ! Les autres brutalités
policières ont été évitées, ou ont
eu lieu loin des journalistes. La police a su éviter
les pièges médiatiques. - L'UOIF
a condamné les violences. Les autres institutions religieuses
n'ont pas souhaité se prononcer officiellement, probablement pour
ne pas légitimer l'image d'une révolte musulmane, mais tous
les témoignages concordent pour dire que les immams ont appelé
au calme. Le grand Muphti de Jérusalem
avait été un acteur actif de l'intifada, il porte une part
non négligeable de responsabilité dans la ruine des palestiniens.
- Les émeutiers n'avaient
aucun projet politique précis, il ne semble
pas y avoir eu préméditation, même si des signes
d'organisation sont apparus( par exemple un atelier de fabrication artisanal
de cocktail molotov). Par contre, l'intifada n'a pu donner l'impression
d'être spontannée que pendant les tous premiers jours; les
actions des milices ont rapidement convaincu les observateurs attentifs
qu'il s'agissait d'une action préparée longuement à
l'avance, et que Sharon était
entré, volontairement ou non dans
la nasse tendue par les émeutiers. Les causes plus profondes : Une
émeute ne se décrète pas. Les émeutiers brûlent parce qu'ils se sentent exclus. Leur attitude ressemble à celle d'un amoureux éconduit qui assassine sa bien aimée. Un rap du groupe" Sniper" ayant cours dans les banlieues disait " La France est une garce et on s'est fait trahir - L'école où ils ont échoué est leur première victime. Depuis longtemps, les enseignants dans les zones sensibles ont mis en évidence le refus du système éducatif actuel.
- La troisième frustration vient de la police, qui les humilie.
- Face à cette humiliation, certains cherchent à reconquérir un «honneur» dans la violence.
- Cette désespérance est utilisée par "Les indigènes de la République"
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Photos après les émeutes
La fatwa de l'UOIF contre les émeutiers
Écouter sur Oumma :
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Et le gouvernement, qu'est-ce qu'il fait le gouvernement ? Nicolas
Sarkozy boit du petit lait, son but est de rétablir l'ordre,
et il le fait bien. Sa côte de popularité augmente en flèche
(+ 11 % depuis le début des émeutes). La
crainte des sécuritaire aurait été une alliance entre
les petits voyous qu'on a vu à l'oeuvre, le grand banditisme qui
contrôle le trafic dans les cités, et la mouvance islamiste
qui souhaite déstabiliser nos sociétés afin d'apparaître
comme seuls capables de maintenir l'ordre et d'imposer leur pouvoir. Heureusement
la mayonnaise n'a pas pris ! ! Dominique de Villepin premier ministre a proposé toute une série de mesures, qui consistent à remettre en place les mesures de la gauche démontées par le gouvernement Raffarin : Police de proximité, emplois jeunes, subventions aux associations etc... sa côte s'améliore, mais moins que celle de son concurrent. Jacques Chirac a été très absent, ce qui laisse supposer une santé fragile, certains se réjouissent déjà, d'autres ne pleurent pas encore... Sur le tard, il a quand même parlé à la nation, et a dit aux jeunes des banlieues qu'ils étaient des français à part entière, et que la nation les aimait. Psychologiquement c'était très habile mais est-ce suffisant ? L'opposition
de gauche a disparu, orpheline de Lionel Jospin, et à la
recherche désespérée d'un chef digne de ce nom. On
la voit coincée entre une sympathie inconditionnelle pour les pauvres
même quand ils sont des agents du diable, et une incapacité
à soutenir les violences. Elle n'a plus de repère et n'est
pas capable d'intégrer une réalité en contradiction
avec ses à-priori. Ceci explique son divorce de plus en plus flagrant
avec l'opinion.
Michel Lévy |
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