Jean Daniel au
Cercle Bernard Lazare |
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La Prison Juive, celle ou beaucoup de nos coreligionnaires s'enferment, a pour mur invisible l'antisémitisme qui est perçu comme éternel et indépendant de notre comportement. Il faut sortir de cette prison en cassant ce mythe, que d'autres cherchent à renforcer. Voici la thèse de Jean Daniel, telle que je l'ai comprise, j'y ai trouvé des lacunes, voir en fin d'article. | |
Jean Daniel était l'invité du Cercle Bernard Lazare
pour présenter sa dernière oeuvre. Comme d'habitude la salle était pleine, environ cent
personnes, des habitués du cercle plus le fan club de Jean Daniel. Il est
réduit, mais il existe, certains se vantaient d'avoir tout lu de
l'auteur, et deux ou trois fois son dernier ouvrage !
Jean Daniel, qui conserve la responsabilité du Nouvel Observateur, possède plusieurs composantes : il se définit d'abord comme un homme, puis comme un français, enfin comme un juif (Ndlr : Lorsque Daniel Mayer, avait tenu les mêmes propos à Ben Gourion dans les années 50, ce dernier lui avait dit, cela n'a pas d'importance, en hébreux nous lisons à l'envers ! ) . L'intérêt des conférences au cercle Bernard Lazare, c'est qu'on y réfléchit au lieu de répéter des slogans. Je suis heureux d'être parmi vous, car ici, c'est toujours le cercle de liberté que j'ai connu, on m'y reçoit avec un mélange d'inquiétude et d'affection. Nous sommes entré dans une zone de turbulence qui nous atteint dans notre mémoire. On voit des actes antisémites et l'exploitation que certains peuvent en faire aux États Unis ou en Israël. Tout cela m'a donné l'occasion de lire et de rencontrer des gens, on a vu les réactions du MRAP qui a reçu la visite de M Sarkozy, et du CRIF qui a reçu M Raffarin. L'étendue des inquiétudes exprimées est révélateur, on retrouve une vérité on se retrouve dans «l'identité retrouvée grâce à l'état victimaire» . Faut-il expliquer l'antisémitisme par la crise du Proche Orient, je ne pense pas, l'antisémitisme ne s'explique pas, car pour expliquer il faut comprendre, dont justifier. L'horreur n'a pas d'explication, car c'est le mal. |
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On a tendance à confondre le
faire et l'être. C'est à dire à mélanger l'antisémitisme
qu'on subit, et celui qu'on provoque. Faut-il faire la différence entre subir par ce que né juif, ou par ce qu'on participe à des actions
qui peuvent activer l'antisémitisme ? Aujourd'hui, est-ce l'éternel
antisémitisme qui revient ? Je me suis renseigné auprès de la
police, et sur tous les actes antisémites recensés,
il n'y en a que trois au maximum qui éventuellement ne sont pas dus à des
gens d'origine musulmane. Ces actes ont donc pour
prétexte la défense de la cause palestinienne. Les
extensions à l'extrême gauche ou à l'extrême droite ne sont pas
établies.
Si cela a un lien avec le Proche Orient, cela permet une approche plus lucide que celle basé sur un destin lié à une éternité.
En effet, si nous nous rappelons avant
guerre, les antisémites étaient nombreux, Bernanos n'a-t-il pas écrit :
"Le Nazisme a déshonoré l'antisémitisme" ! ! l'église depuis Vatican 2 a
changée. Et aujourd'hui, que voit-on ? chez les socialistes la
plupart des candidats ont des origine juives
! L'antisémitisme est lié au faire, et non à l'être. Ce raisonnement vaut bien sûr aussi pour les arabes qui sont responsables de l'hostilité qu'ils provoquent par les ignobles attentats suicide qu'ils commettent.
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Or aujourd'hui la solidarité avec Israël est
devenue un composant de l'identité, qui est atteint par tout acte
anti-israélien. C'est de cette solidarité que vient le scandaleux
rapprochement entre anti-sionisme et antisémitisme.
Pour Jabotinski, nous vivons et vivrons toujours en milieu antisémite. Notre survie en tant que juif dépend de cette hostilité. En fait, il y a comme une fatalité. Ces mythes ne permettent pas toujours une approche lucide, il existe une approche qui mélange mythe et réalité propre à la tradition juive, et le mythe pénètre même les milieux athées. En Israël même, j'ai vu progressivement se transformer le langage : les incroyants parlent comme des croyants ! Des athées se servent de la bible pour justifier des décisions prises dans l'intérêt de l'état ! Ceci fait que le peuple juif, s'il se veut élu, se doit d'avoir une mission, qui ne peut être que celle de témoin, ou celle prophète, sûrement pas celle de soldat.
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Théo Klein n'a pas apprécié le titre de prison juive, il préfère ghetto, cet homme sans être croyant sait tout sur la bible, pour lui le ghetto est complexe, jubilatoire dans l'antisémitisme, et en s'enfermant dedans, on retrouve cette tradition de vie dans un milieu hostile à laquelle nous sommes tant habitué.
Dans
la prison juive, il y a une servitude volontaire, quand on accepte tous
les commandements, quand on adhère à toutes les croyances, cette
servitude volontaire est justifiée, mais pour les incroyants ? Au cours des débat, Jean Daniel s'est une fois de plus excusé pour son article sur les faux massacres de Jénine, mais il a été particulièrement émouvant lorsqu'il a parlé de la véritable persécution qu'il a subit suite à l'article malheureux de sa fille. Malgré ses nombreux mots d'excuse, les attaques personnelles visant l'homme dans son intimité ont été très douloureusement ressenties. |
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Là
où le bât blesse.... Jean Daniel sépare l'être du faire, ainsi le racisme c'est en vouloir à quelqu'un pour ce qu'il est, par contre on peut moralement lui reprocher ses actes. Il constate à juste raison que la majorité d'origine chrétienne n'est plus globalement antisémite que toutes les agressions antisémites sont le fait de personnes d'origine musulmane. Il en déduit l'innocence de l'extrême gauche et de l'extrême droite, et la liaison entre le Proche Orient et les agressions que nous subissons. Ces
agressions visent-elles des juifs en tant quel, ou sont-elles ciblées en
fonction des opinions ou des actes des juifs de France ? Mais que peut on
reprocher à notre communauté ? A défaut de nous comporter mieux,
nous ne sommes pas pire que les autres ! Les juifs se font agressés car ils sont les symboles d'une oppression, qui aujourd'hui aux yeux de ces jeunes est liée aux actions des agresseurs impérialistes américains, et en règle générale à celle que toute la société française exerce contre ces gens déboussolés. Les juifs pour eux deviennent le symbole du mal, et sont détestés par ce qu'ils sont, pour leur pouvoir mythique et maléfique. Nous sommes en plein antisémitisme classique, on nous déteste pour ce que nous sommes et non pour ce que nous faisons. Jean Daniel en ignorant l'antisémitisme musulman qui est fils et peut être père de l'antisémitisme chrétien à venir fait une lourde erreur. La propagande de l'extrême gauche joue en synergie avec celle des intégristes de l'Islam. Jean Daniel est bien sûr incohérent, car d'une part il ne se donne pas le droit d'expliquer l'antisémitisme, et de l'autre il le justifie par la politique du gouvernement actuel d'Israël. Autre
remarque, Jean Daniel juge inadmissible l'identification
"antisionisme=antisémitisme". Si comme Jean Daniel, Jean Marie Lustiger, ou Gilles Bernheim, je suis fier de mes composantes juives et françaises je peux considérer mon appartenance au peuple français comme exclusive ou non. J'ai le droit de me considérer ou non comme membre d'un éventuel peuple juif, c'est mon choix, ma conviction.
Si
par contre, je suis étranger à cette communauté, si comme la plupart
des gens je vois le judaïsme de l'extérieur, comment pourrais-je
affirmer les juifs ne forment pas un peuple ? Ce n'est pas à
moi de dire si les Kurdes, les Palestiniens, les Tibétains, les Corses forment un
peuple ou non, c'est à eux de se déterminer.
Refuser
au peuple juifs seul les droits nationaux est assurément faire preuve
d'attitude discriminatoire, et donc d'antisémitisme.
Donc
théoriquement et pratiquement Antisionisme = antisémitisme, critiquer un
pays pour sa politique est une chose, nier un peuple ou (et) lui refuser
le droit d'être une nation en est une autre. |