L'opposition
au retrait est minoritaire, selon tous les sondages, mais très motivée.
Ceux qui l'approuvent le sont sans enthousiasme. Ils ne descendent pas
dans la rue, eux.
La
couleur orange a été à la mode, au plus grand bonheur de certains n'avaient
pas prévu de vendre autant de chapeaux orange, de pulls orange etc...
Par contre dans les magasins chics de Tel Aviv, les tenues orange,
tès tendance sont restées sur les rayons.
Les voitures de Judée Samarie se sont enrichies de drapeaux orange...
et en réaction, les opposants ont mis des drapeaux bleus et blanc.
Certains se sont teint les cheveux en orange, on a fabriqué des glaces
spéciales, de la bonne couleur !
Des
manifestations impressionnantes ont eu lieu, dans les grandes
villes, sur les routes, dans la bande de Gaza, puis autour du territoire
quand il était fermé, devant le mur occidental. Des centaines de milliers
de gens sont venus, en général en famille, avec des chants, et sans
agressivité, comme le montre ce témoignage d'Elie Kling à Kfar Maïmon
où à eu lieu un grand rassemblement "orange"
« Ce qui frappe tout
d'abord dans ce qui parfois ressemblait à un Woodstock pour kippottés,
c'est en effet ce que l'on appelle dans nos textes la Ahavat Israël,
l'amour de l'Autre.
Les dizaines de milliers de manifestants
sont tellement loin de l'image que l'on cherche si souvent à donner
d'eux ! L'hymne incontesté de ce rassemblement, c'était ce refrain que
l'on entendait à chaque coin de rue et à chaque réunion provoquée par
les organisateurs: "On aime Tsahal. On vous aime, vous, les soldats
et les policiers!"
« Je
sais que parmi les 20 000 soldats qui ont transformé mon village en
camp retranché comme si nous étions de dangereux terroristes, devait
se trouver mon fils.
Et dire que certains ont osé envisager (et
peut-être l'espéraient-ils?) que j'élèverai ma voix ou ma main
sur lui ou sur l'un de ses copains!
Mais que ne sont-ils venus voir ce qui s'est passé ici, tous ces
calomniateurs!
Des assiéges distribuer des confiseries aux soldats!
Des soldats déposer un réservoir d'eau aux assiégés !
Ont-ils entendu les discussions engagées chaque nuit entre
nous et nos enfants en uniforme derrière les grilles ?
De quelle violence parle-t-on ?
On n'arrête pas un mouvement de masse en confisquant
le permis de conduire des chauffeurs d'autobus pour les empêcher d'avancer.
Ni en plaçant des dizaines de milliers de policiers
tout autour du village où ils se sont rassemblés pacifiquement pour
mieux les accuser ensuite de dégarnir les forces de l'ordre dans le
reste du pays!
Ni en utilisant l'armée contre des civils, comme
si nous étions devenus un état totalitaire,
Ni en nous empêchant de tendre la main à nos frères,
les héroïques pionniers du Goush Katif.
Ni en utilisant la provocation et la manipulation des médias!
La vague orange vient de marquer un point extrêmement
important dans l'opinion publique israélienne. »
On
a vanté la jeunesse : 70 % des 15-17 ans seraient
contre le retrait ! ceci s'explique facilement par la très
forte natalité des milieux religieux, par l'enseignement qui leur est
inculqué, et par le manque de recul naturel chez les jeunes.
«
Il se passe maintenant un phénomène nouveau en Israël. Il semble que
la génération vieillissante ne soit plus à même de porter avec indépendance
et dignité son identité; ils sont terminés, comme la génération
sortie d'Egypte et usée. 75% ou plus sont restés en Egypte, et les autres
ont refusé l'identité de la Torah et de la terre, résidence du Très-haut.
Ils meurent dans le désert malgré leur exploit de la sortie d'Egypte
et du Sinaï. Ainsi d'une génération de vieux généraux. On avait vu cela
aussi, la déchéance des ex-généraux glorieux dans d'autres pays. Passons.
Mais un nouveau phénomène se produit:
sans avertissement, l'idéal explose chez les jeunes: la Torah et la
terre et le peuple et sa construction et sa défense, ils en veulent.
Et aucune des combines des anciens ne les impressionnent, ni la prison.
Ce ne sont pas des délinquants ni des drogués, ni des endoctrinés, ils
reprennent seulement le flambeau des générations malgré le mauvais exemple
de leurs anciens dégradés. C'est un changement considérable dans la
société israélienne dont il importe de prendre conscience.
Impossible de prévoir son avenir mais il faut le percevoir.
Le Rav Mordékhaï Eliahou, l'ancien Grand Rabbin d'Israël s'adresse officiellement
à cette génération et leur dit: "demandez une dispense d'accomplir
la sale besogne d'expulser les Juifs et si on ne vous l'accorde pas,
soyez prêts à aller en prison". A 58 jours de la réalisation, c'est
une déclaration majeure pour toute cette génération http://www.nrg.co.il/online/1/ART/947/888.html
Elle va faire du bruit dans le pays et au gouvernement.
(Bulletin Modia du 19/6/2005).
Contre
le retrait, tous les arguments ont été utilisés, des plus rationnels
(exposés plus haut), aux plus politiciens :
Sharon a des soucis, car pour financer sa campagne électorale, son fils
a été amené à faire des opérations que la loi réprouve, il est donc
en délicatesse avec la justice. On a dit que le désengagement était
une manœuvre de diversion. Un livre «Boomerang»
prétend dévoiler les dessous du
retrait, ce serait une façon d'échapper à la justice…
On
a utilisé tous les abus de langage possible, certains sont allés jusqu'à
parler de déportation, jusqu'à comparer les expulsés de Gaza aux victimes
de la Shoa, jusqu'à se déguiser en déporté.
Des
militants d'extrême droite affirment avoir organisé une "Pulsa Dinura"
(cérémonie kabbaliste où l'on demande à Dieu de maudire une personne
considérée comme pécheresse) réclamant la mort du Premier ministre Ariel
Sharon. Cette cérémonie s'est tenue dans le cimetière antique de Rosh
Pina et autorisée par certains rabbins. "C'était un appel aux anges
de la destruction, pour qu'ils tuent Ariel Sharon", a déclaré à
Ynet Michaël Ben-Horin, l'un des participants.
Deux
incidents plus grave se sont produits :
è Des
routes ont été coupées paralysant le pays, pour les ouvrir, la police
a été amené à arrêter les fautifs qui étaient parfois des enfants. Les
enfants refusant de décliner leur identité se sont trouvés en prison.
L'exploitation des enfants militants n'est donc plus une spécialité
palestinienne !
è
Une
altercation à Gaza (à Moussaoui) entre des lanceurs de pierre palestiniens
et des militants d'extrême droite venus soutenir les gens du Goush Katif,
s'est terminée par le quasi lynchage d'un arabe qui a échappé de peu
à la mort. (Il faut aussi rappeler
que pendant cette période le Djihad et le Hamas ont commis plusieurs
crime, et que personne ne trouve cela scandaleux... ce qui est
un scandale !)
è Pire,
un déserteur fanatique a attaqué à Shfar'am (village druze et
arabe de Galilée) un bus, a tué le chauffeur et trois passagers
avant d'être arrêté et lynché par la foule. On peut penser
qu'il espérait provoquer une insurrection arabe capable d'empêcher
le désengagement en radicalisant l'opinion juive.
è
Mais
le plus grave est l'appel constant à la désobéissance et à la sédition,
de ceux qui mettent leur lecture de la Thora au dessus des lois de la
République. Cela
engendre une radicalisation de l'opinion contre les religieux, et un
risque de division au sein du peuple d'Israël, que personne ne souhaite
au fond dans le pays.