La bienvenue d'André Santini :
Le
maire d'Issy les Moulineaux nous a bien reçu dans la salle des
mariages, ici, tout était calme luxe et volupté, cela changeait
du Cercle Bernard Lazare, qui ne bénéficie pas encore des
recettes fiscales d'une mairie ô combien dynamique qui a eu l' excellente
idée de nous offrir le champagne et d' excellents petits gâteaux
après la conférence ! !
Cette conférence
s'inscrit dans une série d' entretiens avec des personnalités.
Les thèmes seront variés, comme «La fin de la Télé»
(l' ordinateur va-t-il remplacer la TV ? ) , la vision du monde de Christian
Blanc (ex PDG de la RATP, D'Air France etc..).
Aujourd'hui, l'
invité d'André Santini, était
Antoine Sfeir, politologue, et directeur
des "Cahiers de l'Orient".
Il nous a dressé un tableau de l'Europe vue du Proche Orient. Pendant
sa conférence, l' orateur n'a parlé d'Israël que par
une courte allusion. «Depuis l'opération de Suez, Israël
apparaît comme un avant poste occidental au Proche Orient».
J'ai eu le sentiment qu 'aux yeux d'Antoine Sfeir, Proche Orient égal
Proche Orient Arabe. Israël c'est l' étranger.
«Je viens
d'un pays dont les cèdres ont été chantés
par Beaudelaire, Hugo etc... d'un pays où toutes les cloches ont
sonnées le 25 août 1944 (date de la libération de
Paris), un pays où l'on connaît Foch, Joffre, Jeanne d'Arc
et De Gaulle, un pays, à qui votre maire
a manifesté sa solidarité lorsqu'il était victime
d'un rapace.(*) Pour cet honneur que vous me faites, soyez remercié
! »
(*) Je pense qu'il s'agit d'une allusion à la Syrie, et de l'intervention
d'André Santini.
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Ce que représente
l'Europe pour le Proche Orient :
L'Europe est un concept
abstrait pour le Proche Orient, ce vaste ensemble n'est pas perceptible,
les États-Nations, comme la France, L' Allemagne, l' Angleterre,
l' Italie, désépargne ou le Portugal sont eux des réalités
historiques et comprises. En orient, l'État-nation est une nouveauté
par rapport à l' union, les puissances coloniales
ont fait des frontières dans une région qui n'en avait jamais
connu, même au temps des pharaons !
Pourtant, les pays arabes
se précipitent auprès des institutions de l'Europe, mais
uniquement pour y recevoir des avantages. Ils y cherchent une clé
pour pénétrer les marchés des États-nations,
et un guichet pour des subventions.
L'islam est né
dans un désert, entre deux empires, Perse et Byzantin qui se faisaient
la guerre depuis 40 ans quand Mahomet est arrivé. Puis les arabes
ont construit le leur, sous les Abbasides, Bagdad était la capitale
du monde, le Khalif, avait un rôle matériel et spirituel,
et, en dépit des diversités ethniques, il y avait une unité
avec une langue prioritaire : l' arabe, la langue du Coran.
Mais quand il
regardait l'occident, l' arabe ne voyait que des états divisés,
sans véritable aspiration unitaire comparable à la Oumma.
L'islam conçoit mal les différences de mentalité,
comment comprendre la séparation du temporel et du spirituel ?
comment expliquer que le Pape n'a pas le pouvoir du Khalif ? Même
si au temps de Charlemagne, Haroun Al Rachid a réussi à
nouer des relations avec l' empereur franc, ce ne sont que des contacts
personnels dans une mer d' indifférence, l'Islam abasside, dans
sa capitale Bagdad, méprisait les chrétiens considérés
comme des sauvages.
L'arrivée
des croisés n'a pas arrangé les choses, les Européens
se sont présentés comme divisés, Francs, Bavarois,
Gènois, chacun travaillait pour lui-même, ils ont été
ahuris de voir les croisés piller Contantinople en 1204. et
ruiner la perle chrétienne d'Orient.
Un pur produit du colonialisme français.
Pendant que l'islam
s' assoupissait, l'occident prenait son envol, et ceci grâce à
la révolution industrielle, aux progressions des libertés,
aux nations, et au colonialisme. Les français sont les champions
de l' auto flagellation, on dit que le colonialisme
n'a rien produit de bon, et vous avez devant vous un pur produit
du colonialisme français, et hélas, je ne réussis
pas à en avoir honte !
Le colonialisme
s'est confronté avec la Oumma, communauté virtuelle, sans
frontière réelle. En face une Europe opulente, avec des
services de santé et d'éducation, apportant démocratie
et liberté. Et avant tout, une Europe du savoir qui partage sa
science avec le monde entier.
A la fin de la
première guerre mondiale, les Français et les Anglais vont
casser les entités ouvertes que constituaient les provinces turques.
Ils ont agit avec des logiques très différentes. Les anglais
ont cherché le pétrole, les affaires, et la complicité
de monarchies locales, tandis que les français ont essayé
d' imposer leur organisation, leur langue, leur justice, en formant les
élites intellectuelles de la région.
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Après
la seconde guerre mondiale, la jalousie a laissé place à
la rancoeur, et face aux mouvements nationalistes, l'Europe a très
mal réagit. Devant Nasser
qui cherchait à récupérer le canal de Suez, et qui
s'était fait jeter par les Américains, les Européens
n'ont trouvé que la Force (Opération «mercantile»
de Suez). On a traité Nasser
de communiste, mais savait-il seulement ce que veut dire communiste ?
Parce que l'occident a refusé de le soutenir, Nasser
va se tourner vers la Oumma, Oumma
Islamya, et Oumma Arabya, la Nation islamique, et la Nation arabe.
Les américains,
se sont désolidarises des franco-anglais, et sont apparus comme
les champions du monde libre, en même temps,
Israël, qui avait agit avec les anglo français a été
considéré comme une excroissance de l'occident.
Mais la crise entre
l'occident et le monde arabe ne fera que s' aggraver, pendant que les
sociétés arabes semblaient se séculariser, des dictatures
ont pris partout le pouvoir. Le seul espace de
liberté se trouve dans les mosquées,
mais elles sont déjà totalement instrumentalisées
par le wahabisme.
Aujourd'hui,
au Moyen Orient, on regarde l'Europe comme un agrégat d'États,
qui, contrairement à l'Islam a perdu ses références,
on divorce, on se pacs, on se permet tout => les néo conservateurs
américains sont mieux compris ! L'Europe est égoïste,
sans solidarité ni à l' intérieur des États-nations
(Pas de solidarité dans les familles, ni entre familles, abandons
des personnes âgées etc... ), ni à l'extérieur
ou chaque pays parle de sa propre voix.
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Pour
les Wahabistes, l'Europe est à abattre car dégénérée
:
- C'est une société permissive, démocratique,
pure compromission
- Ce sont des gouvernements lâches,
qui abandonnent les minorités pour le pétrole.
- Pour cela les wahabistes menacent notre
société, ils y pénètrent partout grâce
aux "dishes", les antennes parabolliques, outils de leur propagande.
C'est ce risque de choc des
civilisation qui est un danger, les Wahabistes ne représentent
pas tout l'islam, heureusement, tout comme les Européens, les musulmans
sont profondément divisés.
Heureusement que la France s'est désolidarisée
de l'aventure militaire en Irak
On ne peut qu
'être reconnaissant à la France, d'avoir maintenu cette attitude
Gaulienne et de s' être opposée à la guerre d' Irak.
La France a su ouvrir la voie qui évite la guerre des civilisations,
on a pas pu dire que les pays occidentaux sont contre l'Islam.
Cet amalgame total aurait été un risque majeur pour les
chrétiens d' orient.
- L'action de l' Amérique en particulier en
Irak et en Palestine est perçue comme injuste.
- Le droit proclamé par l'Europe est perçu
comme impuissant
- Pour croire en l'Europe, le Proche Orient a besoin
que la force rejoigne le droit.
Les questions :
Le temps imparti
aux questions était très court, et malheureusement, a été
capté par un petit groupe de militants de chocs pro-palestiniens
d' origine européenne, et probablement gauchistes. Ils reprochaient
amèrement à l'Europe d'entre complice des Israéliens
en affamant les palestiniens qui avaient pourtant choisi démocratiquement
le Hamas pour les diriger.
Ânonne
Sfeir s'est joint à leur concert pour plaindre les pauvres
palestiniens, en indiquant que la misère était telle que
les femmes vendaient leur bijoux pour manger, en se posant la question
angoissante, et dans quelques mois, quand cet or sera mangé, que
mangerons nous ? Antoine Sfeir
est partisan d' aider le Hamas, pour éviter une catastrophe humanitaire,
il reconnaît certains gestes positifs venus d'Israël même
s'il se range clairement dans le camp arabe. Il n'a mentionné aucune
responsabilité palestinienne à la crise actuelle, comme
si ce peuple était uniquement passif, et n'avait aucune influence
sur son propre destin.
Toutefois ils s'est
insurgé contre le terme démocratique utilisée par
une militante pour désigner les élections ayant porté
le Hamas au pouvoir. Une élection libre
ne veut pas dire démocratique dit-il, car si on acceptait ce principe,
l'Iran serait un modèle de démocratie vue qu'on y a jamais
autant voté que sous les Ayatollahs.
Une autre passionara a désigné
les israéliens comme responsables de la crise vu qu'ils bougent
unilatéralement les frontières de 1967... je n'ai pu lui
répondre que le 'Hamas se moque des frontières, dans la
logique de la Oumma, pour lui Tel Aviv ou Bagdad, c'est le pays de l'Islam,
et tout le reste n' est que commentaire.
En répondant
à ces dames, Antoine Sfeir
s'est exprimé sur les accords échoués de Camp David,
il a affirmé que d'après des sources sûres présentes
sur les lieux, Arafat était
prêt à signer le compromis de paix proposé par Bill
Clinton. . Lorsqu'Ehud Barak
a manifesté son accord de principe, le premier ministre israélien
a fait remarquer qu'une réponse officielle ne pouvait venir qu'
après avis favorable de la Knesset pour respecter les institutions
du pays, Arafat aurait alors répondu, "Pour moi, c'est la
même chose, si Barak signe, je signerais".
Michel lévy
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