Soucoth à Beith Shemesh

vendredi, 10-Nov-2006

        Passer Soucoth à Beith Shemesh c'est se plonger dans un autre monde, dans une ville qui vit au rythme de la Thora.  (1 commentaire)

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        Beith Shemesh est une ville nouvelle qui a sûrement plus de trois mille ans d'âge. On en parle dans la bible, il y a eu des batailles au temps des juges, (Samuel, Samson) et beaucoup plus tard lors de la révolte contre les grecs de Syrie.  

     A vrai dire je n'ai pas eu beaucoup le temps de faire du tourisme, située entre Jérusalem et Ashdod, le grand port du Sud d'Israël, Beith Shemesh date des années cinquante. Située en dehors des grands axes, avec ses HLM version locale, ses rues commerçantes évoquant un souk, les odeurs en moins, la ville évoquait la pauvreté, elle somnolait sous le soleil d'orient.   
   D
ans les années 80-90 elle a accueilli des immigrés Russes et Ethiopiens puis on a construit Ramath Beith Shemesh, en même temps qu'un "canyon", c'est à dire un centre commercial important, aussi sympa que ceux qui égayent les entrées de nos grandes villes.

       Ramath Beith Shemesh c'est autre chose...  C'est une ville moderne, toute en pierre. Imaginez, des maisons en escaliers, avec de belles terrasses, et au rez de chaussée, un immense tapis vert entrecoupé de terrains de jeu pour les enfants.

       La terrasse, elle est indispensable pour soucoth, car vous n'avez pas le droit de faire une souccah sous un toit. Pour faire une souccah, il vous faut soit un jardin, soit une terrasse. C'est évident, car tous les gens religieux font une souccah pour soucoth. Et comme à Ramath Beith Shemesh tout le monde est religieux, chacun possède sa souccah.

       Bon, pour les ignares qui me lisent, (ils ne le seront plus après avoir profité de ma science), la souccah est une petite baraque entièrement construite en végétaux, une baraque d'où l'on peut voir un peu de ciel à travers le toit et qui est construite chaque année en septembre pour la fête de Soucoth.  

        Dans le calendrier hébraïque, l'année était marquée par trois grandes fêtes de pèlerinage où on se rendait jadis à Jérusalem pour faire des sacrifices. C'était Pessah (Pâques) qui évoque la sortie d'Égypte, le début de la saison sèche, le printemps. Puis sept semaines plus tard vient Chavouoth, (Pentecôte) qui évoque le don de la Thora sur le mont Sinaï, les premières récoltes, et l'arrivée de l'été enfin Soucoth, seule fête non reprise dans le calendrier chrétien, qui évoque la vie dans le désert et la construction du temple, la fin des récoltes, et l'arrivée de la saison humide.

       La veille de la fête de Soucoth, devant le centre commercial se tenait sur la place, un étrange marché de Noël, on vendait des «loulavim» (Pluriel de «loulav»), des feuilles et des branches ainsi que le fruit de l'étrog (agrume qui n'est plus commercialisé qu'à cette occasion), et qui sert pour le cérémonial (- l'église à retenu Osana et la fête des rameaux - ). Mais on vendait aussi des guirlandes pour décorer la souccah, vous en avez vu quelques unes sur la photo plus haut.

 

       La fête de Soucoth se conclue par Simh'a thora  «joie de la Thora», c'est ce jour que se termine et recommence le rituel annuel de la lecture des cinq livres de Moïse (Le pentateuque est divisé en 52 chapitres, et chaque samedi on en lit un pendant l'office du matin).

     La population de Ramath Beith Shemesh n'est pas représentative d'Israël, chaque famille s'honore d'un nombre important d'enfants, la présence anglophone y est très sensible. 20 à 30 % de la population viendrait des États Unis, des américains se sont construits de superbes appartement en haut de la ville, mais d'autres se répartissent dans toute la ville. Les francophones sont beaucoup moins nombreux, mais on entend souvent parler français au super marché. Par contre la présence russophone est plus discrète. En général dans le pays, les "sabras", (israéliens de naissance) donne la teinte générale, et les émigrants ne se remarquent plus, on voit partout des religieux mais ils sont très minoritaires.

     Le nombre de synagogue est impressionnant. Nous étions hébergés au deuxième étage en dessous de la rue. Au deuxième étage au dessus de la rue il y avait une synagogue de 'hassidims de langue hébraïque.   En face une autre était fréquentée surtout par des anglophones, même si les discours et les prières étaient en hébreux.   les fidèles entre eux préféraient l'anglais, mais passaient facilement d'une langue à l'autre. A côté une autre synagogue était en construction, mais cela n' empêchait pas les offices de se dérouler dans un chantier.

      Pour 20 000 habitants environ, il devait y avoir plus de 100 synagogues, dont plusieurs fréquentées par des «francophones». Toute la population va à la prière, avec des salles  où se réunissent entre 100 et 500 personnes.  Les synagogues «monumentales» sont l'exception, même si on commence à en construire, les offices ont lieu dans des locaux propres mais qui n'ont pas toujours été conçus pour cela (école, pizzeria par exemple).

        La vie religieuse est omniprésente, les magasins, filtrent la clientèle, " Notre magasin est solidaire du mode de vie des habitants, aussi nous vous demandons d'entrer en tenue décente", et à l'entrée du Super marché un gardien prête une chemise aux femmes venues en débardeur. A la sortie, il contrôle le ticket de caisse de tout le monde...   une tenue décente n'est pas garantie d'honnêteté !  !

         Le vendredi soir, des hauts parleurs diffusent de la musique cinq minutes avant l'entrée du Chabbat, et une sirène clot le chant, à partir de ce moment, tout travail est interdit, pourtant on voit encore une ou deux voitures de retardataires qui se dépèchent de rentrer à la maison. Est-il utile de préciser qu'il est impossible de trouver de la nouriture qui ne soit pas cachère ?   Le samedi, nous sommes dans une ville qui ferait le bonheur du maire de Paris, pas une voiture, mais des enfants qui jouent dans l'herbe.  

 

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  A Sim'ha Thora, dans toutes les synagogues on danse avec les rouleaux de la Thora, a Beith Chemech, on agrémente l'office par un «kiddouch»,  les hommes d'un côté, les femmes de l'autre prennent une copieuse collation, bien arrosée, avec du Whisky, de la Vodka, du Vin, de la bière, de l'anisette (s'il y a des pieds noirs) et aussi du Coca Cola et des jus d'orange, de l'eau gazeuse pour les femmes, les enfants, les jeunes et ceux qui n'aiment pas l'alcool.

     On mange avec des pitas du 'Houmous, de la T'hrina, (purée de pois chiches et sézame), des petites tomates, de la chouchouca, des petites saucisses, des petites pizzas, du guefilte fish (farce à base de carpe et de pain), des harengs, roll mops, salades de toutes sortes, olives, et bien sûr le traditionnel tchoulent, (sorte de goulash de pomme de terre et viande qui a cuit toute la nuit, car on ne touche pas au feu le samedi et on évite les jours de fête).

       Vous l'avez compris, les agapes comprennent aussi bien des spécialités du Proche Orient que de l'Europe de l'Est avec une touche américaine et française, et c'est vraiment israélien... Les desserts étaient nombreux, le "kougel" servi n'avait qu'un lointain rapport avec le délicieux gâteau de mon enfance... , les nombreux gâteaux préparés par les ménagères étaient découpés en petits carrés, il y en avait pour tous les goûts.   Au cours de ces repas, on parle de tout et n'importe quoi, mais très souvent de la Thora, on commente tel ou tel point, on se chamaille sur une interprètation, ou on essaie d'impressionner son voisin par l'étendue de ses connaissances. Si les discussions sont en toutes les langues, des que quelqu'un s'adresse à l'assemblée, il le fait en hébreux.

      Le soir, après la fête, nous avons entendu en face de la maison de la musique, alors, en famille, nous sommes sortis, et nous avons vu autour d'une «shule» (Synagogue), éclairée par la crudité d'une lumière au néon, (comme partout à Beith Shémech) des jeunes filles et des femmes qui regardaient des hommes et des garçons danser.

     Cette séparation des gens pendant la prière, et pendant les fêtes religieuses (repas ou danses hors du cercle familiale)  prend ici un caractère absolu, dans les synagogues traditionnelles il y avait un balcon, d'où les femmes pouvaient assister aux offices et voir tout ce qui se passait, mais ici, les temples monumentaux sont au mieux en construction, les prière ont lieu dans des cubes sans décoration ni beauté, alors, le coin des femmes est généralement séparé de celui des hommes par des rideaux, des voiles chez les uns, des rideaux totalement opaques chez les autres.

     La séparation va très loin, par exemple, l'étude de la thora se fait en groupes séparés, des leçons pour les hommes, des autres pour les femmes. Le niveau n'y est pas nécessairement différend, mais les activités mixtes sont jugées inconvenantes.

     De nombreuses mesures m'aparaissent discrimatoires à l'encontre des femmes. Leur place est réduite dans les synagogues, elles ne peuvent pas être vues, donc on les empêchent de voir ceux qui mènent la prière. Leur tenue vestimentaire est très règlementée car elles seules sont sencées être objet de convoitise sexuelle, et ce depuis la petite enfance.  Elles sont tenues de porter une alliance montrant qu'elles sont consacrées à leur mari, et de se couvrir les cheveux après le mariage, alors que le mari n'est soumis à aucun signe extérieur de mariage. Il y a dissymétrie des droits en matière de divorce et le rabbinat cherche à contourner certaines règles qui donnent à l'ex mari seul le moyen de s'opposer au remariage de son ex.  Cependant, les femmes religieuses ont très souvent une activité professionnelle, et les problèmes de discrimination sexistes en Israël sont comparables à ce que l'on trouve en France.

 

 

 

 

 

 

 

   Ne croyez pas pour autant que les hommes soient dispensés ici des tâches ménagères, les courses sont souvent leur triste sort, et on les voit régulièrement s'occuper des enfants.

  

 

 

 

 

 

      Ces éléments font que la femme juive religieuse a une situation à mi chemin entre celle qui existe dans les pays chrétiens et celle qui prévaut dans les pays islamiques.  

Sont-elles plus malheureuses pour autant ?  l  celles que j'ai rencontrées affirment le contraire.

 

 

    Mais pour revenir à Beth Chémech, on a prié pour la pluie, et, juste après la fête, les premières gouttes sont arrivées... pour la plus grande joie des enfants qui ont pu pour la première fois depuis des mois, remettre leur joli pull over !

 

 

 

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1 commentaire ....  Annah  Beith Chemech  

 

6/11/06 

     Bonjour, charmant site étayé de photos réjouissantes et d'enrichissants commentaires.
     Cela dit, je dois apporter une lumière quant à la condition féminine exprimée.Peut-être que dans certains milieux orthodoxe à l'esprit de guetto subsistent encore de fortes séparations entre hommes et femmes, mais je doute qu'ils s'en plaignent, mais sinon, ds la vie religieuse "normale" on ne ressent que sérénité.

     Il est normal, pour des juifs respectueux du judaïsme, qu'à certains moments, les uns se concentrent ensemble dans la synaguogue, les hommes qui ont besoin de plus de préparations et de profondeur pour prier correctement et avec conviction, et les autres..tout autant, chacun dans sa sphère, personne n'est privé, tous sont invités à la même ferveur. Il est connu, pour tous ceux qui étudient la Torah et la vive au quotidien, nuit et jour, que la femme possède une dimension spirituelle beaucoup plus grande que celle de l'homme, qu'elle est bien plus parfaite et plus achevée, qu'elle répond aux critères requis pour s'attirer toutes les bénédictions de D.ieu, et sa beauté véritable ressort tout à fait par sa discrétion. D.ieu a conféré une grande part de grâce et de beauté à la femme, mais sa vraie beauté reste son âme. Chaque homme le sait ou le devrait, et la pudeur féminine vestimentaire et comportementale est là pour lui rappeler ce fait

      .Lorsqu'une femme est consacrée à son mari, (on le voit à ses cheveux couverts -la plupart du temps tout à fait harmonieusement et en sourires), lui-même a le devoir de pudeur de savoir ne regarder qu'elle. L'homme religieux se couvre aussi, il a une kippa, un chapeau, des Tsitsits, un Talith le Chabbat, lui aussi a des lois à respecter et doit suivre ardamment le précepte qui suit la prière ultime, le "Chema Israel" qui préconise de ne pas "suivre son coeur et ses yeux". On connaît la nature humaine, et qui veut bien être honnête saura que l'attirance d'un homme pour une femme n'est pas inversement proportionnelle.

      Et quand bien même, la femme juive véritable, et bon nombre de femmes ont une pudeur naturelle et des sentiments exclusifs envers leur époux.Les hommes restent comme ils ont été créés,avec un instinct de "recherche avancée" un peu plus prononcé et qu'ils ont le devoir de maîtriser, si les femmes peuvent aider à cela, c'est aussi bien. Une fois leur beauté sanctifiée par la classe d'un beau tailleur, et
d'un maquillage pas trop forcé, c'est à l'homme aussi de savoir ou regarder...ou pas.Leurs signes de femmes mariées les protègent du regard des autres hommes .

     C'est joli. Et les hommes font en sorte, par leur étude de la Torah, par des préceptes moraux basiques, de se conduire en hommes mariés. Voilà pour quelques éclairages. Mais il est difficile de bien tout décrire. Car en fait, il n'est nulle injustice, les femmes juives vivent tout à fait sereinement leur Judaïsme et tous ensemble savent que la Torah est une ode à la femme.
Loin de nous, humiliations ou au mieux, condescendance polie. Non, la femme juive est une princesse, et quand elle le sait, elle devient une reine. Et son mari, du coup...un roi. Mille bises pudiques.
  

   Hannah.