Le point de vu
islamique |
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Nourredine Aoussat a traduit l'intervention du Cheikh Sayeed
Tantaoui d'Al-Azhar prononcée au cours de la visite du ministre de l'intérieur
Nicolas Sarkozy, venu chercher le soutien d'une haute autorité religieuse
de l'islam. Cependant le Cheikh Tantaoui qui n'est pas le « Pape »
des musulmans a aussitôt été désavoué par les savants de l'Académie
de recherches islamiques d'Al-Azhar, ainsi que par l'actuel et l'ancien
Mufti d'Egypte, dont nous vous proposons de lire les réactions traduites
également par notre collaborateur.
I. La traduction intégrale de l'intervention du Cheikh
d'Al-Azhar
« La prestigieuse institution d'Al-Azhar souhaite
la bienvenue à Monsieur le ministre de l'intérieur français. Elle
souhaite aussi la bienvenue à la délégation qui vous accompagne. Je
souhaiterais que vous transmettiez les salutations de cette prestigieuse
institution d'Al-Azhar au Président Chirac ainsi qu'au peuple français.
J'ai l'honneur de porter à votre connaissance,
Monsieur le ministre, quelques explications sur la chari'a :
La première explication est que la chari'a islamique
est fondée sur le fait de donner à chaque ayant droit, son dû.
La deuxième explication, est que la question du voile,
en ce qui concerne la femme musulmane, est une obligation divine. Si
jamais elle fait preuve de négligence quant à l'observation de cette
prescription. Allah la jugera en lui demandant de rendre des comptes à ce
sujet. Aucun musulman qu'il soit gouverneur ou gouverné ne peut s'y
opposer. Nous ne permettons pas aux autres (lighayrina litt :
« autres que nous ») d'intervenir dans nos affaires en tant
que pays musulman. Cependant, si la femme musulmane réside ailleurs que
dans un pays musulman, (comme la France par exemple), et que les
responsables de ce pays, décident d'adopter des lois opposées au port du
voile , c'est leur droit le plus absolu.
Je répète, c'est leur droit, et je ne peux m'y
opposer en tant que musulman. Car ce ne sont pas des musulmans. Dans ce
contexte précis, lorsqu'une femme musulmane se conforme aux lois d'un
pays non musulman, du point de vue de la chari'a islamique, elle se trouve
dans le statut de personne contrainte. Et le Saint Coran, qui est la
référence de la Oumma (nation musulmane) dit à ses adeptes :
« Allah vous a seulement interdit la bête morte, le sang,
la viande de porc et tout animal sur lequel on aura invoqué un autre nom
que Allah ». Dieu affirme : « Quiconque en
consomme toutefois par ce qu'il est contraint (par nécessité), non par
insolence non plus par transgression, nul pêché ne lui sera imputé.
Allah est celui qui pardonne, Il est Miséricordieux » (sourate
2, verset 173)
Tout comme je ne permets pas à un non musulman
d'intervenir dans mes affaires de musulman, je ne me permets pas également
en tant que musulman d'intervenir dans des affaires non musulmanes ».
Fin de la déclaration du Cheikh d'Al Azhar.
II Réactions aux propos du Cheikh Tantaoui
Avant de se lancer dans une quelconque interprétation
des propos du Cheikh Tantaoui, ou de se perdre en conjectures
quant à leurs conséquences, il convient de prendre connaissance de
l'avis des ulémas d'Al-Azhar qui étaient présents à cette rencontre.
Etaient donc présents à cette rencontre des savants
de l'Académie de recherches islamiques - qui est une des institutions d'Al-Azhar
- le Docteur Sofi Abu Taleb, le Dr Abd Assabour Marzouq, le Dr Taha Abu
karicha, le Dr Nasr Farid Ouassil, le Dr Mohammed Ra'fat Othmane, le
Cheikh Ibrahim Alfayoumi, le Dr Ahmed Attayeb, le Conseiller Djamal Eddine
Mahmoud, le Dr Mohammed Ibrahim Alfayoumi, et le Cheikh Fawzi Azzafzaf ,
ainsi que le Dr Ali Jumâa, Mufti d'Egypte.
A travers des déclarations effectuées aux
journalistes au terme de la rencontre, nombre des savants présents ont
fait part de leur déception vis-à-vis de la position exprimée par le
Cheikh d'Al-Azhar qui accorderait à la France « le droit »
d'interdire le port du voile à l'école. Ainsi, le Dr Abd Assabour
Marzouq a affirmé : « que les membres de l'académie ont été
surpris par la déclaration de Cheikh Al-Azhar. Il n'y pas eu d'accord préalable
(entre le Cheikh et les membres de l'académie). Par conséquent le Cheikh
d'Al- Azhar ne représente que sa propre personne. Quand le Cheikh d'Al-
Azhar prétend que la France a le droit d'adopter une loi qui interdirait
le port du voile., ces propos n'engagent que lui, et en aucun cas Al-Azhar »
Dr Abd Assabour Marzouq poursuit en soulignant que les membres de l'Académie
n'ont pas souhaité exprimer leur réprobation des propos du Cheikh d'Al-Azhar
au cours de la rencontre, uniquement « par respect de l'éthique
du débat (adab al hiwâr). Il nous a été dit surtout qu'une rencontre
était prévue entre nous et le ministre, mais qui n'a en fait jamais eu
lieu. »
Quant au Dr Ali Jumâa, Mufti d'Egypte et membre de
l'Académie de recherches islamiques, il a précisé de son côté :
« Il n'y a aucun désaccord sur le fait que le voile est une
obligation religieuse musulmane. Le voile qui n'est en aucun cas un signe,
remplit une fonction bien stipulée dans le Coran et la Sunna. Le port du
voile ne revêt pas de forme particulière. Il appartient donc à la femme
de se voiler de la façon qui lui sied. ». Le Cheikh a également
souligné que la plus grande preuve qui démontre que le voile n'est pas
un signe religieux, est tout simplement le fait que la musulmane le porte
même dans les pays musulmans.
Le Cheikh a insisté en précisant : Ce projet
de loi est contraire à l'esprit de la laïcité française. La France ne
devrait pas porter atteinte aux principes de liberté auxquels elle croie,
par l'instauration de nouvelles lois ».
Toujours selon le Mufti d'Egypte : « Certes,
nous sommes d'accord avec le Cheikh d'Al-Azhar quand il affirme que
nous n'avons pas à intervenir dans les affaires intérieures de la France
en tant que pays non musulman. Cependant, on se doit de donner à nos frères
français, un conseil : Le voile est une prescription obligatoire de
la religion musulmane, et il n'y a aucun différend entre Al-Azhar et
l'Académie de recherches islamiques et Dar-Al-Ifta (le Conseil
jurisconsulte) sur cette question. On se doit aussi de préciser que la décision
de la France est interprétée comme un refus de l'autre. Nous appelons
tous ceux qui sont attachés à la démocratie et aux principes de liberté
prônés par la révolution française, de veiller à leur respect. Ces
principes concernent tous les citoyens y compris les citoyens français de
confession musulmane »
Le Mufti d'Egypte considère quant à lui que : « la
France n'a pas réussi à arracher un accord officiel d'Al-Azhar, qui
soutiendrait sa décision d'interdire le voile. ».
Enfin, le Dr Nasr Farid Ouassil, ancien Mufti d'Egypte,
a déclaré que : « Nous ne pouvons accepter que l'on présente
le voile comme un signe religieux. Le voile n'est ni plus ni moins qu'une
obligation. » Commentant les propos du Cheikh d'Al-Azhar, le Dr
Nasr Farid Ouassil a noté que : « Si la France était amenée
à contraindre les musulmanes à enlever leurs voiles, dans ce cas précis,
l'islam reconnaîtrait alors le caractère contraignant de la situation.
Il conviendrait donc d'en tenir compte. Cependant, nous devons rappeler à
la France qui est un pays laïc, que la laïcité ne saurait être
« oppressive » à l'endroit des religions. Sa décision
d'interdire le port du voile est par conséquent contraire aux principes mêmes
de laïcité. ».
Il est donc indéniable que l'ensemble des savants,
membres des différentes institutions d'Al-Azhar, soutiennent que le port
du voile est une prescription musulmane obligatoire. Il n'est pas permis
à la musulmane de négliger l'observation de cette prescription.
Cependant, dans le cas précis où une loi en dépit de tout, la
contraint à enlever le voile, il lui est conseillé de ne pas prendre ce
risque périlleux, et ce malgré sa détermination à observer cette
prescription divine.
L'Islam démontre ainsi sa faculté d'adaptation en
fonction de la situation, afin d'épargner à ses fidèles des désagréments
réels. Cela n'enlève rien toutefois au caractère « répressif »
de cette future loi qui constitue une grave atteinte à la liberté
religieuse. En contraignant une citoyenne à enlever son voile, le législateur
ne manquera pas d'occasionner des souffrances jusque dans son for intérieur.
Une loi qui provoque de telles souffrances, est-elle une loi juste ?
Première hypothèse : s'assurer que « la tenue vestimentaire » -couvrant notamment les cheveux- adoptée par nombre de musulmanes, était bien une prescription de l'Islam ? Effectivement Tantaoui est compétent pour le confirmer, c'est ce qu'il a fait d'ailleurs. Que de kérosène et autres substances liquides gaspillés, à nos frais, pour ramener une info déjà disponible et au surplus qui aurait pu être redonnée par téléphone ou par mail. Deuxième hypothèse : rallier à la position actuelle du gouvernement français sur ce sujet une sommité de l'Islam ? pour confondre les musulmans hexagonaux récalcitrants ? Pourquoi pas, mais notre Cheikh - je parle de Tantaoui bien sûr !- est-il compétent pour ce genre de choses ? Rien n'est moins sûr. D'abord, on peut douter sérieusement de l'impact de l'avis d'un savant musulman sur des citoyens imprégnés de démocratie, pour ne pas dire du refus de toute forme d'autoritarisme dans la gestion d'une question collective. Des français quoi ! Ensuite la pluralité des sensibilités présentes dans la composante musulmane française interdit à quiconque, ou qu'il soit, de donner des avis recevables par la totalité des musulmans de France. Et puis c'est bien la représentation nationale, en France, qui produit la loi, et non les discussions -si intéressantes soient-elles- échangées au détour d'un voyage officiel. Si Sarkozy ne l'ignore pas, qu'espérait-il alors ? Je ne trouve même plus d'hypothétique réponse… Ce qui est sûr, c'est que notre Cheikh peut certainement rappeler que les musulmans lorsqu'ils sont soumis à la contrainte, sont exonérés des obligations habituelles d'un contexte « normal ». Certes mais Nicolas Sarkozy ne peut pas transformer, à grand renforts d'avis religieux, la France en ce qu'elle n'est pas : un régime autoritaire et impérial du 2ème siècle ! Comment donc les propos de Tantaoui pourraient -ils apporter quelque gage à l'action du gouvernement LAIQUE, DEMOCRATIQUE ET SOCIAL de ce territoire si lointain vu d'Egypte. « Je remercie le grand imam d'Al Azhar d'avoir déclaré que, dans un Etat laïc et non musulman, c'est le devoir de chacun de respecter la loi » a cru bon d'ajouter notre ministre de l'Intérieur ( intérieur étant pris ici dans sa signification extensive, c-à-d qui dépasse les bornes). Reconnaissance obséquieuse là encore pour pas grand chose. Ou coquetterie de langage pour noyer la baleine que s'est fixé pour proie notre ministre des cultes. A quoi bon poursuivre l'examen rigoureux de ce nouvel épisode d'une série qui n'a que trop duré et qui va finir par lasser les plus abrutis d'entre nous ? L'observation de la bêtise en action a certes un coté divertissant. Dans notre situation, pour qui est responsable, elle prend une tournure préoccupante. Qu'est-ce qu'il leur prend à nos dirigeants ? Lever le voile sur l'indigence de leur vision et de leur gouvernance ne suffit plus ? Voudraient-ils nous démontrer qu'ils peuvent, persévérant dans le non sens et dans leur strip-tease obscène, tenir la dragée haute au plus stupide d'entre nous ? au plus fou ! ? ? Car le plus désarmant dans cette histoire est que le malaise qui va nous gagner tous, à terme, n'est pas celui qu'on pense. Comment, avec la plus grande charité possible, continuer à taire l'énormité des postures de nos responsables politiques ? |
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Faut-il
rendre l'école publique islamique dans les banlieues à forte minorité
musulmane ? le MRAP semble penser que oui, car si élèves l'exigent, ils
peuvent pratiquer une sorte de chantage, vous faites l'école qui me
convient, si non je change de crémerie !
Deux points de vue différents : je vous laisse réfléchir ! Plus bas celui de la Ligue des droits de l'homme très proche du MRAP, visiblement le péril islamiste est totalement ignoré. |