Mivy décoiffe,
car il a été conçu par un chauve !
réagir ou s'abonner : a  
http://www.mivy.ovh.org/

2-jan-17


Pour me suivre ou commenter sur Facebook,
facebook

Articles sur la Francophonie

lundi, 06-Avr-2009

Pour réagir, ou s'abonner à la liste de diffusion :


Pour naviguer, cliquez sur le nez

Accueil

Résumé :

 
7
La francophonie en Israël : état des lieux.
Par Ugo Rankl pour Guysen Israël News
Lundi 10 avril 2006 à 13:07

La visite du Sénateur André Ferrand, auteur d’un rapport sur l’enseignement du français dans le monde, a été l’occasion de figer un instantané de la francophonie en Israël. Regrets, amertume et quelques motifs d’espoir sont les motifs principaux du tableau.

Pour le Rabbin Jacky Amar, qui fut le premier à prendre la parole au cours d’une table ronde organisée à l’institut Van Leer à Jérusalem, Israël subit une situation inique. En effet, alors qu’un Israélien sur cinq parle le Français, Israël n’est toujours pas membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Cette mise à l’écart d’Israël est d’autant plus douloureusement ressentie que l’Egypte, l’Albanie, où l’utilisation du français au quotidien est parfaitement anecdotique, sont membres de plein droit de la Francophonie. Pour le Rabbin Jacky Amar, les critères qui font qu’un pays est accepté ou exclus de la francophonie sont strictement politiques et cela ne laisse rien présager de bon quant à l’adhésion possible d’Israël à la famille francophone. Il n’est donc pas étonnant qu’Israël étant laissé de côté, l’étude et la pratique du français soient en net recul.

Le Professeur Betty Reutman, de l’Université Hébraïque de Jérusalem, estime que la situation est affligeante et va en se dégradant. Le Français n’intéressant plus, les budgets alloués sont réduits. La fermeture du département de français de l’Université Hébraïque est sérieusement envisagée. Moins d’argent, cela signifie moins de moyens et un manque d’attrait et de motivation pour les étudiants dont le niveau ne cesse de baisser. En outre, selon le Professeur Reutman, les professeurs, souvent de très haut niveau, qui avaient donné un élan nouveau à l’étude du Français dans les années 70, ont vieilli et n’ont pas été remplacés. Il manque aujourd’hui des gens compétents et motivés à l’université pour enseigner la langue et les idées françaises. Pourtant, les étudiants ne demanderaient qu’à se passionner pour ces sujets. Selon le Professeur Reutman, en effet, la pensée contemporaine française continue d’intéresser des étudiants.

Madame Yora Tanzman, Inspectrice Générale de Français, a souligné que dans les textes officiels les langues étrangères prioritairement enseignées en Israël sont l’Arabe et l’Anglais. Le Français pourrait pourtant avoir sa place. Rien n’empêche un élève israélien de choisir cette langue plutôt qu’une autre à l’école. Aujourd’hui, 26 500 collégiens et 6500 lycéens apprennent le Français en Israël. Ils ont à leur disposition 240 professeurs dans l’enseignement laïc et ils sont de plus en plus nombreux à choisir de passer le Français au bac.

Pourtant, la situation est loin d’être satisfaisante. Les tensions diplomatiques entre Israël et la France ont créé un contexte où l’étude du français n’est absolument pas valorisée. Michael Moïse, représentant des étudiants francophones, a souligné les dégâts culturels commis par une diplomatie française qu’il qualifie de « moyenâgeuse ». A cela s’ajoute le problème exaspérant de la non reconnaissance mutuelle des diplômes.

Pour la partie française, le Professeur Tobie Nathan, responsable des services culturels de l’ambassade de France en Israël, a répondu que les problèmes existaient bel et bien mais que la situation était en évolution rapide. Pour qu’Israël fasse partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie, il faudrait d’abord que les autorités de Jérusalem en fassent la demande. Ce qui n’a jamais été le cas jusqu’aujourd’hui. Malgré cela, l’intégration d’Israël à la francophonie a fait de réels progrès. L’université de Tel-Aviv fait ainsi désormais partie de l’Agence Universitaire de la Francophonie.

En outre, selon Tobie Nathan, l’appartenance à la francophonie n’est pas la condition absolue pour que l’étude du Français et les événements culturels inspirés par la culture française connaissent un véritable essor en Israël. Plus qu’une adhésion formelle à une organisation, ce qui compte c’est l’existence d’une infrastructure et d’une volonté. L’ambassade de France vient ainsi de faire l’acquisition d’un très bel immeuble, Boulevard Rothschild à Tel-Aviv, pour y loger ses services culturels. C’est un effort important, par lequel la France entend montrer son attachement aux francophones d’Israël.

Le Professeur Tobie Nathan a également annoncé l’ouverture, à partir du 16 mai prochain, d’une « saison française en Israël » qui sera l’occasion d’événements culturels importants destinés à montrer « une francophonie intéressante, attractive et partie prenante de la modernité. » En mai toujours, une fondation France-Israël va être créée dans le but de rapprocher ces deux sociétés malgré tout ce qui les sépare aujourd’hui.

Pour le Sénateur André Ferrand, qui se déclare un fervent avocat de l’intégration d’Israël à la Francophonie, les conditions n’ont jamais été plus favorables à la réalisation de cet objectif. En effet, la charte de l’Organisation prévoit que l’adhésion d’un nouveau membre doit être acceptée à l’unanimité. Il suffit donc qu’un seul pays s’oppose pour qu’Israël reste à la porte du monde culturel francophone. Mais le Canada a décidé de défendre la cause d’Israël et de convaincre les quelques pays qui refusent encore qu’Israël soit reconnu comme membre à part entière de la Francophonie. Le prochain sommet de l’organisation à Bucarest, au mois d’octobre prochain, pourrait être, selon le Sénateur Ferrand, l’occasion de faire cesser un état de fait injuste et aberrant.

(Ndlr : on sait que le Liban s'est opposé à cette résolution)

 
 
EditRegion8

Courriers

Humour
EditRegion

Qui est le "coupable" du déclin de la langue française comme langue internationale ?

http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=80&t=16731

Bonjour à toutes, et bonjour à tous,

C'est une information entendue ce matin dans les médias français qui me fait vous poser cette question. En effet, peut-être avez-vous appris que notre belle langue française vient de subir un coup de poignard dans le dos porté par une chaîne nationale de la télévision française, "France 3"... Cette chaîne, pourtant uniquement financée par la redevance des téléspectateurs français, a osé commettre le crime le plus impardonnable qui soit : violer ouvertement l'article deux de la Constitution de la République française qui dispose que « La langue de la République est le français » (voir : http://www.conseil-constitutionnel.f...es/constit.htm ).

Les lamentables dirigeants de cette chaîne devraient de toute urgence la débaptiser et l'appeler désormais "la chaîne Isabeau de Bavière" !...

Car ce qu'on décidé les dirigeants de France 3 s'apparente en tout point à ce qu'a osé faire Isabeau de Bavière en signant (ce que mes maîtres de l'école primaire appelaient à juste raison le "honteux traité de Troyes" !...) le 21 mai 1420 le traité de Troyes qui livrait la France aux Anglais !... Rappelons en deux mots ce dont il s'agissait : ce honteux traité de Troyes prévoyait que le roi de France Charles VI (hélas ayant perdu la tête, au point qu'il sera surnommé "le fol"), aurait après sa mort, non son fils, le dauphin Charles (le futur Charles VII, grâce à l'héroïque Jeanne d'Arc qui a réussi à le faire malgré tout couronner comme roi de France en la cathédrale de Reims le 17 juillet 1429, et a commencé à réaliser son but : "bouter les Anglais hors de France") mais carrément le roi d'Angleterre Henri V !...

Qu'a osé en effet faire la chaîne nationale de la télévision française "France 3" ? Eh bien, carrément autoriser que le 24 mai 2008 à Belgrade la chanson qui représentera la France soit chantée pour la première fois... en anglais !!!..

Et dire que celui qui osera porter ce coup de poignard dans le dos à notre belle langue est un chanteur français au nom bien français : Sébastien Tellier (dire que Tellier était le nom de famille de Louvois, le grand ministre d'Etat du roi Louis XIV) qui représentera la France à l'Eurovision avec pour la première fois une chanson en anglais : la chanson "Divine" tirée du dernier album de Sébastien Tellier son dernier album "sexuality"

Et plus grave : pour la première fois depuis sa création en 1956 dans ce grand prix Eurovision de la chanson il n'y aura aucune chanson francophone...

A travers ce grand prix Eurovision de la chanson, sans grande importance culturelle, on voit bien d'année en année le déclin inexorable de la langue française en Europe (et donc dans le monde...).

Évidemment, les paroles des chansons qui ont représentées la France au grand prix Eurovision de la chanson, n'ont jusqu'à présent guère brillé par leurs textes !... Mais, ce qui m'insupporte surtout c'est cette défaite en rase campagne...

Ayant eu le plaisir de découvrir pour la première fois ce concours Eurovision de la chanson pour la première fois en mai 1961, je le trouvais très intéressant, car il permettait de mesurer d'année en année la perte de prestige de la langue française.

Jusqu'aux années soixante-dix la règle était claire : chaque chanteur ne devait interpréter qu'une chanson dans la langue de son pays, l'allemand pour l'Allemagne, l'italien pour l'Italie, l'espagnol pour l'Espagne, le portugais pour le Portugal, etc. Et les chansons anglaises ne gagnaient jamais, car les chanteurs anglais et irlandais n'arrivaient pas à convaincre les différents jury européens...

Et puis, dans les années quatre-vingts (si quelqu'un peut nous dire exactement quand ?) l'Eurovision a autorisé l'emploi de l'anglais en plus de l'emploi des langues nationales ; résultat : à part la France, tous les pays se sont mis progressivement à ne sélectionner que des chansons en anglais !... Seule la France (tel le petit village gaulois d'Astérix) résistait, du moins jusqu'en 2007... En 2008 la France a hélas capitulé à son tour !...

Cette semaine sera très intéressante pour la place actuelle de la langue française dans le monde, car le vendredi 18 avril 2008 il va y avoir un test très important : en quelle langue le pape Benoît XVI va t'il s'exprimer devant l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies à New-York ? Ce ne sera en effet que la quatrième fois qu'un souverain pontife s'y exprimera :

* Paul VI (d'origine italienne) s'y est exprimé le 4 octobre 1965, et il a utilisé la langue française (normal, il l'a fait dans la langue diplomatique du Vatican) ;

* Jean-Paul II (d'origine polonaise) s'y est exprimé à son tour par deux fois le 2 octobre 1979 puis le 5 octobre 1995, et là (trois fois hélas !!!...) il s'est exprimé EN ANGLAIS, à cause des médias internationaux (et pourtant son français parlé était nettement meilleur que celui de Paul VI...).

Je vais un vœu : que Benoît XVI (d'origine allemande) s'y exprime sinon totalement en français (vœu sans doute irréaliste...), mais au moins partiellement en français...

Selon moi, le "coupable" du début du déclin de la langue française est le "Tigre", le vendéen Georges Clemenceau en 1920. Rappelons que jusqu'alors seul le texte en français d'un traité faisait foi, en cas de divergence. Ainsi, la "Triple Alliance" conclue le 25 mai 1882 entre trois nations, pourtant hostiles à la France, deux germanophones (l'Empire d'Allemagne et l'Empire d'Autriche-Hongrie), et une latine (le royaume d'Italie), avait été rédigée en français !...

Je vous suggère de consulter le lien Internet suivant : http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/franco...illes_1919.htm

C'est un article consacré au traité de Versailles qui déclare :

« Le traité de Versailles a été rédigé en français et en anglais, les deux versions faisant également autorité. Le texte portait le titre Conditions de paix - Conditions of Peace. C’était la première fois depuis le traité de Rastatt de 1714 (qui mettait fin à la guerre de Succession d’Espagne) que le français n’était plus le seule langue officielle de la diplomatie occidentale.
Il semble que le représentant de la France, Georges Clemenceau, ait accepté que l’anglais devienne à côté du français la langue de travail de la Conférence de paix. En raison de sa connaissance de l’anglais — il avait épousé une Américaine et séjourné aux États-Unis — Clemenceau avait accédé à la demande de David Lloyd George (Grande-Bretagne) et Thomas Woodrow Wilson (États-Unis); le représentant de l'Italie, Vittorio Orlando, a dû être d'accord. Paradoxalement, le Sénat des États-Unis refusera en novembre 1919 de ratifier le traité de Versailles, mais le statut de la langue anglaise venait néanmoins d'être reconnu au plan international. Par la suite, l’anglais supplantera progressivement le français dans la plupart des documents juridiques internationaux. »

Voilà, c'est clair, net et précis : le responsable du déclin de la langue française serait le "Tigre", le vendéen Georges Clemenceau, qui avait eu la mauvaise idée d'aller aux "States" et d'épouser une Américaine…

Mais, selon-vous, y aurait-il d'autres "coupables" du déclin de la langue française ?...

Roger le Cantalien.

 

 
La f rancophonie en Algérie sur le site de Gilbert Grandguillaume

LA FRANCOPHONIE EN ALGERIE

Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, Crimes et mensonges d'Etats, Histoire secrète, de la guerre d'indépendance à la "troisième guerre" d'Algérie, La Découverte, 2004, 665 pages, 23 €
Référence : Revue Hermès, Francophonie et mondialisation,
Editions du CNRS, N°40, octobre 2004, p.75-79.

L'Algérie est un grand pays francophone et pourtant elle ne fait pas partie de la francophonie. Pour comprendre ce paradoxe, il faut réaliser que la langue française en Algérie est l’objet d’une forte ambivalence, qui présente des aspects sociaux, culturels, politiques et identitaires. L’Algérie a été constituée par la France tout en étant déniée d’une identité propre : « l’Algérie, c’est la France », a-t-on longtemps répété. La langue française est ainsi au cœur d’un nœud complexe. Il faut donc exposer ces problèmes, examiner la situation actuelle et s’interroger sur les perspectives ouvertes.

Les problèmes liés à la francophonie en Algérie.

Le paysage linguistique de l'Algérie est multilingue. Citons d'abord l’arabe, langue du Coran et de l'islam. Dénommé arabe classique, seule langue arabe écrite, considéré comme sacral et affecté aujourd'hui à des usages profanes, il a été en position difficile durant la colonisation.

En effet, la langue française prit sa place dans l'enseignement et les usages officiels. L'ouverture au monde moderne se fit par le français. Par ailleurs, la langue maternelle est représentée par des parlers arabes et par des parlers berbères dans certaines régions, telles que la Kabylie. Bref, en 1962, tout le pays fonctionnait en français : enseignement, administration, environnement, secteur économique.

Du fait de l'extension de l'enseignement avec l'indépendance, la langue française s'est beaucoup plus implantée en Algérie qu’elle ne l’avait fait durant la colonisation. Toutefois le gouvernement algérien voulait réaliser la « face culturelle de l'indépendance » en mettant à la place de la langue française la langue arabe, non pas la langue parlée, mais la langue arabe standard issue de l'arabe coranique : ce fut l'objet de la politique linguistique d'arabisation[i]. En dépit de résistances diverses, cette opération fut menée à son terme dans les années 80 jusqu'à la production de bacheliers en arabe. Le français a continué à être enseigné comme langue étrangère depuis la quatrième année de l’enseignement primaire, mais sa place a été réduite : le tableau suivant donne une idée de cette évolution en ce qui concerne le nombre de maîtres dans l’enseignement primaire selon la langue qu’ils utilisent.
Année

 
Total enseignants
De langue arabe
De langue française
1962-1963
12.696
3.342
9.354
1972-1973
47.459
31.437
16.022
1982-1983
99.648
76.982
22.666
1992-1993
153.479
134.359
19.120
2001-2002
169.993
147.570
22.423

Effectifs enseignants du primaire. Source : Ministère de l’Education nationale, Alger.

En ce qui concerne l'enseignement supérieur, son arabisation fut largement entamée, notamment dans les sciences humaines, mais le secteur économique ( et en partie administratif) a continué à être géré en français (ou à la rigueur en anglais).
Cette politique d'arabisation s'est déroulée de façon conflictuelle, à la différence de ce qui s'est passé en Tunisie et au Maroc, où une option de bilinguisme franco-arabe a été généralement assumée. Ce bilinguisme fut pratiqué dans les premières années de l’indépendance, mais le conflit qui opposait deux couches de la société a visé à éliminer la langue française. Les enjeux en étaient idéologiques, mais aussi économiques : il s'agissait pour les arabisants de prendre les places occupées par les francisants, au besoin en créant chez eux une mauvaise conscience fondée sur le lien langue française - France - colonisateur.

Ainsi cette politique s'est imposée dans un climat d'hypocrisie sociale (la langue française demeurant la langue de la réussite réservée à l'élite), et a conduit à une faillite du système d'enseignement, constatée tant par les personnalités politiques (présidents Boudiaf, Bouteflika), que par des commissions de réforme de l'enseignement (révélant par exemple le taux important d'échecs à l'examen du baccalauréat).

De plus cette politique d'arabisation s'est trouvée discréditée à partir des années 80 par le lien qu'elle a entretenu avec le mouvement islamiste qui a utilisé les enseignants arabisants pour sa propagation. Elle l'a été enfin par le fait que ses promoteurs se sont opposés non seulement à la langue française, mais aussi aux langues parlées[ii], arabes et surtout berbères, ce qui a engendré, de la part des Kabyles principalement, une opposition déterminée à cette politique.

Au mépris de considérations pédagogiques, l’arabisation a été l’instrument d'un clan politique, elle a été un moyen de conquête d'une partie du pouvoir. Elle était en même temps utilisée par le régime en place qui recherchait une légitimité dans la référence à l'islam et dans l'hostilité à la France.

Or ce même pouvoir, considéré dans les années 80 comme autoritaire et corrompu, avait utilisé la langue française pour la gestion du pays : de ce fait celle-ci avait pris aux yeux des masses une connotation oppressive. Mais comme elle bénéficiait par ailleurs d'une image positive d'ouverture à la modernité et de libération des tabous traditionnels, elle s'est trouvée au cœur d'une ambivalence, objet d'attachement et de rejet, sur le modèle de la relation à la France.

L'état de la francophonie en Algérie

Aujourd'hui la langue française tient en réalité une grande place en Algérie. Elle est enseignée à partir de la quatrième année du degré primaire. Il est question de le faire dès la seconde année, et de reprendre la formation d'enseignants de français, qui avait été négligée depuis les années 80.

Elle a sa place dans le secondaire comme langue étrangère, et dans le supérieur, surtout dans les matières scientifiques. Elle est pratiquée dans de nombreuses écoles privées (autrefois interdites). Elle est toujours considérée comme la clé nécessaire pour poursuivre des études (notamment à l'étranger) ou pour trouver un emploi[iii].

Sa connaissance est liée pour les jeunes à l'espoir d'émigrer. Elle est présente dans les foyers par la télévision, les quotidiens publient les programmes de la télévision française, de telle sorte qu'une fraction importante de l'opinion algérienne vit à l'unisson de la vie publique en France. Une bonne proportion de la presse, privée ou publique, est publiée en français. Quant au secteur économique, il ne fonctionne qu'en français ou en anglais. La loi de généralisation de la langue arabe, adoptée en décembre 1996, n'a été suivie d'aucune application. Ainsi, à la différence des années 80, il n'y a plus en Algérie d’impératif politique susceptible d’exclure la langue française ou d’en interdire l'emploi.

Outre sa présence directe, le français est présent en Algérie dans le langage quotidien par son association aux autres langues parlées, dans le cadre de ce qu'on appelle l'alternance codique : une phrase comprenant une alternance d'algérien, de français, de berbère. Le français est devenu un réservoir des langues algériennes : arabes ou berbères, elles prennent des mots français auxquels elles donnent une forme locale : téléphonit-lu, « je lui ai téléphoné », entend-on couramment. C'est donc une nouvelle façon de parler qui se crée en Algérie, à laquelle le français est associé, de même qu'il l'est à la création artistique d’auteurs, de chanteurs ou de comédiens, qui ont recours à trois langues d’expression : le français, l’arabe et le berbère. Une enquête récente de D.Caubet sur la création artistique[iv] donne la parole à certains d’entre eux.


Des perspectives ouvertes


Lors du 9ème Sommet de la Francophonie à Beyrouth en octobre 2002 le président Bouteflika a prononcé devant l’Assemblée un important discours exprimant l’ouverture de l’Algérie au monde extérieur. Il y participait en tant qu'invité personnel du président libanais. De fait cette démarche ne s’est pas doublée d’une adhésion officielle à laquelle l'opinion algérienne n'est pas préparée. Dans le même temps une commission de réforme de l'enseignement a travaillé durant une année (2001-2002 ). Son rapport n'a pas été rendu public mais il s’est avéré qu'une partie importante de ses travaux a été dominée par l'opposition entre partisans et adversaires du français, dans le cadre d'une rénovation de la pédagogie et d'une modernisation de la structure d'enseignement.


Les conflits qui ont suivi ces travaux ont révélé une sensibilité d'une bonne partie de l'opinion à la question linguistique et ont révélé un attachement profond à la langue arabe pour différentes raisons. Pour certains l'échec de l'enseignement est lié à la part trop grande réservée au français dans le milieu social. De plus, l'attachement à la religion, à une forme de vie traditionnelle, la conscience de l’hypocrisie sociale qui entoure la question du français, la méfiance vis-à-vis d'un débridement des mœurs sous l'influence occidentale, font qu'existe un large courant d’opinion attaché à la langue arabe, qui empêche le pouvoir de décider certains changements, comme des mesures pour l'accroissement du français dans les programmes, et encore plus, l'adhésion à la francophonie.

Toutefois il existe aussi - et en partie chez les mêmes - un fort courant moderniste qui estime que la revalorisation de l’enseignement nécessite de donner une part plus grande au français (voire à l’anglais).

Ceci conduit à s'interroger sérieusement sur la place des langues en Algérie. Il est certain que l'arabisation, même mal conduite, répondait réellement à un souhait de la population d'être rattachée par cette langue à l'islam et au monde arabe. Or cette conscience existe toujours, réactivée quotidiennement par les événements de Palestine et d'Irak. C’est pourquoi les circonstances actuelles, qui pourraient conduire à donner une part trop belle au français, et ceci d'autant plus facilement qu'une large part de l'opinion le souhaite, doivent être considérées avec une grande prudence.

En fait l'Algérie a besoin des deux langues de culture, le français et l'arabe, pour des objectifs différents, complémentaires, mais potentiellement antagoniques. Aussi la meilleure solution à envisager dans le cadre de la francophonie serait d'aider l'Algérie à mettre en place un véritable bilinguisme, hors de l'opposition actuelle qui réserve le français au moderne et l'arabe à la tradition. Car c'est une promotion des deux langues qui est nécessaire, dans une coopération pédagogique qui aide l'arabe à se moderniser, et le français à être approprié. C'est seulement à cette condition que la perspective de diversité culturelle pourrait témoigner de sa sincérité, alors qu'une victoire trop facile du français sur l'arabe, à la faveur des déboires subis par la politique d'arabisation, pourrait réserver des lendemains amers.

Un colloque tenu à l'Institut du Monde Arabe[v], organisé par le ministère des Affaires Etrangères (qui vient de mettre en place, en coopération avec l’Algérie, un important programme de formation de professeurs de français), a semblé admettre cette perspective, mais sa mise en œuvre ne pourra se faire que si la francophonie n’est plus perçue comme un nouvel impérialisme linguistique, mais comme un cadre qui veut réserver ses chances à toutes les langues, à plus forte raison à une langue comme l'arabe qui plonge ses racines dans une longue histoire culturelle, dans laquelle l'Algérie reconnaît une part de son identité.

[i] Pour cette question, voir mon ouvrage Arabisation et politique linguistique au Maghreb , Maisonneuve et Larose, Paris, 1983, et pour le suivi récent, ma contribution « Les enjeux de la question des langues en Algérie », in Les langues de la Méditerranée, R.Bistolfi dir., Paris, L’Harmattan, 2003, p.141-165.
[ii] Voir à ce sujet Mohamed Benrabah, Langue et pouvoir en Algérie. Histoire d’un traumatisme linguistique, Paris, Séguier, 1999.
[iii] C’est ce que révèle l’étude « perception et pratique des langues étrangères dans le système éducatif en Algérie », Revue du CENEAP (Centre National d’Etudes et d’Analyses pour la Planification), N°18, Alger , 2000.
[iv] Dominique Caubet, Les Mots du Bled, Création contemporaine en langue maternelle, Paris, L’Harmattan, 2004.
[v] Colloque « Français-arabe, arabe-français : construire ensemble dans une perspective plurilingue », Institut du Monde Arabe, 13-14 novembre 2003, Paris.


Francophonie en Algérie sur le site de Gilbert Grandguillaume

  EditRegion13 EditRegion15
  EditRegion14 EditRegion16