Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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L'informatique et moi


20 avril 2005

      Entre l'informatique et moi, c'est une longue histoire d'amour, d'amour un peu vache parfois, mais on assiste pas à la conception d'un bébé et à sa croissance jusqu'à l'âge adulte sans s'y attacher

J 'ai commencé mes études  par la fréquentation assidue d'écoles diverses et variées,  bisontines, parisiennes, colmariennes, saviniènes pour enfin réussir en 1958, avec brio, le concours d'entrée au collège des Jacobins à Troyes où j'ai commencer à préparer une brillante carrière technique. 

 La classe de quatrième était mixte, en tous les sens du terme, des filles en majorité et quelques garçons, qui bien sûr ne se mélangeaient pas. L'orientation en fin d'année devait diviser la classe en trois, les futurs sténo dactylo, les futurs aides-comptables, et celles qui visiblement n'avaient guère d'avenir dans les études,  allaient apprendre la couture afin de trouver un emploi en usine, ainsi que toutes les sciences indispensables aux futures ménagères si la vue d'un patron (aux deux sens du  terme) leur donnait des boutons - accessoires indispensables pour une couturière  - .  

 Mes professeurs  ont pensé que je serais mieux parmi les aides comptables,  je ne fus donc pas le seul garçon de la classe, nous étions quatre pour une vingtaine de demoiselles, que nous côtoyions sans les fréquenter.  Par contre, nous avons commencé à apprendre le dure métier de la comptabilité. Si une dactylo devait écrire sans faire de faute d'orthographe, tâche impossible pour votre serviteur, un comptable devait compter sans faire d'erreur, tâche au moins aussi difficile. Pour y arriver, nous avions des cahiers d'exercice, avec des additions de vingt à trente nombres de six, huit,  ou dix chiffres. Nous devions remplir des tableaux croisés en moins de cinq ou dix minutes, et les listes s'allongeaient au fur et à mesures que les colonnes se multipliaient. Parallèlement, nous avions des cours de calcul mental : c'était un véritable jeu : comment multiplier 456 par 99 ?   on multiplie 456 par 100, et on retire 456...  fastoche ! au fur et à mesure que le temps passait, la gymnastique devenait de plus en plus compliquée...  mais on y arrivait.

Et les machines dans tout cela ? les premières que j'ai eu à manipuler, en classe de troisième étaient toute mécanique, sans électricité. Sur le site Maths et Calculs dont vous trouverez le lien à droite, vous avez un exemple de ce qui existait, (c'est de ce site que provient la photos) nous avions aussi des machines à clavier de type "Facit".

Les machines Facit, fabriquées en Suède ressemblaient à la précédante, mais elles étaient "carrossées", des boutons remplaçaient le picots. Pour additionner il fallait tourner la manivelle, pour multiplier, on tournait, puis on avançait le tableau de bord et on retournait, pour diviser, c'était plus complexe, on tournait en avant, en arrière... certains réussissaient même à calculer des racines carrées, mais ils étaient des magiciens comme la mascotte de la marque Facit que nous avions. Cette mascotte nous rappelait notre prof de math M Andriot, qui était haut comme trois pomme, mais avait une voix de tonnerre, et  avait  un don pédagogique extraordinaire. 

 Toutefois, lentement, dès le début des années 60, les machines de type Odhner cédèrent le pas  aux calculatrices mécaniques, puis électriques de ce type :  il suffisait de frapper un nombre, puis de rabattre la poignée, d'entrer une fonction et un second nombre, de rabattre la poignée,  et le zinzin se mettait en marche. Au bout de quelques interminables seconde de cliquetis, soit la machine explosait, soit le café était prêt,  soit le résultat s'imprimait sur un papier, le dernier cas était le plus fréquent.  Vous trouverez tous les modèles de machine à calculer de l'époque sur l'excellent site de Christophe Mery

  Le gouvernement en 1964 a ouvert une passerelle entre l'enseignement technique et l'université, permettant aux heureux titulaires du Brevet Supérieur d'Études Comptables d'entrer à la faculté de Droit. J'ai aussitôt profité de cette aubaine, et me suis inscrit en première année de droit & sciences-économiques à l'Université de Dijon.    
      J'ai eu alors le bonheur de découvrir d'autres formes de calcul, des statistiques, des intégrales, des suites plus ou moins monotones...  et pour résoudre nos équations, nous  disposions de règles à calcul.  (*)

Je croyais à l'époque en une stabilité relative des technologies, si bien qu'avant de partir pour la coopération, en 1969, je me suis acheté une machine à écrire, elle m'a servi à rédiger un mémoire de fin d'année, et je pensais avoir fait un bon investissement pour les années à venir. Mais aujourd'hui qui utilise encore une machine à écrire ?

Quand je suis entré dans la vie active,  on se servait de machines entièrement électriques avec des rubans papier, elles faisaient les quatre opérations, le bruit d'une cafetière, et distribuait généreusement des bandes interminables de papier. 

Mon premier employeur en 1970,  un important promoteur de Metz,  mis à ma disposition une toute première machine à  calculer électronique.  
       Elle ressemblait à celle ci contre : 
-  Affichage : douze tubes néon à sept segments, plus un indicateur de signe et de dépassement.
- Dimensions : 14 x 22,3 x 5,6 cm
- Poids : 1,650 kg (Source : Noël Jouenne

 Elle était encore plus volumineuse, car le modèle ci dessus a été fabriqué en 1971, elle devait faire 20 x 30 x 10 cm environ, et elle a coûté 5000 F, ce qui correspondait à deux mois de salaire de l'époque soit à peu près 4600 € .   En 1973, les calculatrices valaient encore 540 F chez Manufrance soit 430 € le prix d'une unité centrale d'ordinateur entrée de gamme. 

    «La moitié de la France attend le téléphone, et l'autre moitié la tonalité»

J'ai rejoint Dijon, en 1971, où j'ai obtenu le même jour une adorable petite fille et un emploi à la Direction Régionale des Télécommunications de Bourgogne Franche Comté.    J'étais prévisionniste, et je devais prévoir par commune, par quartier le nombre d'abonnés au téléphone probable dans les 3, 5 et dix ans à venir.  Il y avait deux centraux téléphoniques électro-mécaniques d'une capacité maximum de 10 000 ligne chacun, pour une agglomération, dépassant 200 000 habitants. Tous les dijonnais avaient un numéro de téléphone de six chiffres commençant par 30 ou 32. 

J'avais trouvé une méthode simple de prévision pour le téléphone résidentiel. Le nombre d'abonné devait dépendre du nombre de ménages. A terme chaque ménage aura "Le" téléphone. 
      L'évolution du pourcentage de foyer équipé suivait une courbe logistique, la même que pour les épidémies. En effet, les gens se "contaminent".  Les premiers abonnés  ont une vision "point à point", ils se constituent un réseau très sélectif compte tenu du coût. Des snobs et des technophiles les imitent rapidement, le téléphone est un signe de classe mais n'est pas très utile.  Téléphoner à qui, si on est le seul à pouvoir le faire ?

Lentement, les snobs font des envieux, et petit à petit de proche en proche, le désir et le besoin se répand à travers chaque couche sociale... la croissance la plus rapide aura lieu lorsque les couches populaires seront elles - même contaminées. Ce qui est arrivé.

Vers 1975, la demande a explosé, les délai de raccordement dépassaient deux ans, et les centraux ne pouvaient plus acheminer les appels tant la saturation était forte.

Lors d'une élection présidentielle, un candidat avait badigeonné la ville du slogan suivant :  «La moitié de la France attend le téléphone, l'autre moitié la tonalité ! ».       Un fait divers symbolise ces années là, un technicien s'était cassé une jambe en tombant d'une échelle à Nevers, (les répartiteurs avaient plusieurs mètres de haut), et le central était bloqué si bien qu'on a du aller chercher de l'aide en se déplaçant, car aucun appel ne pouvait plus sortir du central qui explosait sous les appels.

Prévoir le nombre d'abonnés

Les prévisions nécessitaient des calculs abominables : Répartir des prévisions de population, en déduire des estimations de logement, ou réciproquement en fonction des données disponibles, s'assurer des cohérences globales, tenir compte de l'évolution du nombre moyen d'habitant par logement, observer le pourcentage d'abonné par mini zone, faire évoluer ces pourcentage dans le temps, boucler sur des estimations globales...  des pages et des pages de calcul. Seulement, voilà, j'avais une fâcheuse tendance à me tromper dans mes additions, et pire, à être dyslexique. En résultat, si le total en bas de la page sept  était 8345, par miracle, il devenait 8435 en haut de la page suivante, et comme je réajustait le tout à partir de ce nouveau chiffre, rien n'était juste et je passais des heures à recompter.... à recompter.... et à tout recommencer et là c'était à la page trois que j'inversais des chiffres  !  

Mon chef s'irritait de cette situation, et prenait à la légère les résultats de tant et tant de sueur, chaque fois que j'essayais d'attirer son attention sur un point théorique lié à la méthode, ou sur un risque important : le modèle laissait prévoir de forts mécontentements dans telle ou telle zone, il me rétorquait "vérifiez vos calculs d'abord", vérification faite, l'information était juste, mais le chiffre précis avait bougé, car j'avais trouvé quelques erreurs de ci de là... alors, il me répondait en triomphant, vous voyez bien que vous avez tort !   cette pression et ce stress n'arrangeait pas les chose, et plus j'étais anxieux, plus je me trompais... ma situation psychologique devenait intenable, et c'est alors qu'est apparu le Télétype.

Silence dans les rangs, LE télétype va cracher !  Cette magnifique machine était une machine à écrire électrique reliée à un ordinateur distant. Notre ordinateur  et ses périphériques occupait une très  grande salle  au CNET (Centre National d'Études des Télécommunication) à Issy les Moulineaux. Des liaisons reliaient mon bureau à Dijon, et l'ordinateur d'Issy les Moulineaux. (En 2020 le CNET a été démoli et remplacé par un nouveau quartier huppé).

Pour se servir de cet engin, il fallait tout simplement  en reprenant le principe d'Einstein, être génial, c'est à dire utiliser un peu d'inspiration et beaucoup de transpiration. Excel n'existait pas, il fallait tout programmer soi même. On programmait tout en "basic".

J'entrais Edit, et j'étais en mode d'édition... avec une pensée émue pour mon Édith... je tapais Run, et la série de commande sauvegardée s'exécutait. C'est à dire qu'au bout de quelques seconde, la machine crépitait toute seul, et m'envoyait toute une série d'injures dont certaines était grivoises : "illegal input" par exemple.     Le télétype était particulièrement bruyant, si bien que le menuisier de la direction m'a confectionné un coffre censé limiter le bruit. A cet époque, il y avait toutes sortes de métiers aux PTT, des cuisiniers, des mécaniciens, des électriciens etc....  aujourd'hui tout est sous traité. 

Le coffrage  limitait le bruit, un peu, mais pas assez si bien que plus le temps passait, plus je devenais allergique. Le bruit de la machine qui imprimait à la vitesse fantastique de 45,5 bits par seconde, comme un telex, me rentrait dans la tête, et me rendait un peu fou. Vous comprendrez maintenant un peu d'où viennent les idées fantastiques que l'on trouve sur Mivy. Aujourd'hui on vend des liaisons à 70 000 000 de bits !  

Mais les résultats étaient là, une fois que le programme a été péniblement mis au point, tous mes calculs étaient justes !  !  En plus j'ai eu du temps libre, la machine travaillait pour moi, j'en ai profité pour passer un nouveau diplôme à la fac, et j'ai même obtenu une promotion  !  !       Vive l'informatique  !  !

Quelques années plus tard, de nouveaux telex sont arrivés, jusqu'à présent, on pouvait préparer son message à l'avance avant de l'expédier à la vitesse fantastique de 45,5 bauds. On utilisait un papier perforé...  pas très performant.  La nouveauté sur le "Civi", et le "Sagem", c'est leur écran. Les nouvaux terminaux étaient équipés d'écran, et on pouvait préparer son message avec un véritable traitement de texte. C'était sommaire, mais cela fonctionnait. Je m'en suis servi pour taper les compte rendu de réunion...  avant même le premier micro ordinateur.

Enfin, le tout premier micro ordinateur est arrivé au bureau...  génial, mais il avait un tout petit disque dur, et toutes nos données devaient être enregistrées sur des disquettes souples de cinq pouces conternant 360 Ko. Seulement, elles étaient livrées non formatées.
Dès que j'ai pu disposer de cette petite merveille, j'ai formaté ma première disquette... l'ordinateur m'a demandé si je voulais formater "C", j'ai répondu "Oui", et l'ordinateur a formaté le disque dur, qui était propre comme un sous neuf, complètement vide de programmes !  !    je ne savais pas que la disquette s'appelait du nom poétique de "A" !
Heureusement, nos informaticiens étaient là pour réparer les dégats...

 

Michel Lévy

Règle à calcul

En 1614, John Napier d'Angleterre un mathématicien théologien publie sa découverte sur les logarithmes. Ainsi tout nombre peut être généré sur une base donnée à l'aide d'un exposant. Le logarithme dans la base 10 de 100 est 10 exposant 2. Sur la même base, le logarithme de 37 est 1,5682.

Napier s'est aperçu que le logarithme de M fois N égale le log de M plus le log de N, une vérité qui transforme des problèmes complexes de multiplication en simples additions. Pour multiplier (ou diviser) deux grands nombres, il suffit de chercher leurs logarithmes dans les « tables de Napier », de les additionner (ou soustraire) et enfin trouver leur nombre correspondant.

Quelques années plus tard, cette découverte donne naissance à la règle à calcul.

De nombreux modèles font leur apparition au cours des siècles. La règle à calcul est utilisée sur notre continent jusqu'à la fin des années soixante

Le calcul mental

 

Machines à calculer