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07-Déc-2024
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Article écrit en janvier 2007
En 2001, j'ai participé à un voyage en Europe de l'Est. Mivy plonge dans le sentimental, et je voudrais vous faire partager ce que j'ai ressenti à Vienne. C'est une réflexion sur les préjugés qui nous collent à la peau.
Dix jours de folie en Europe de centrale au printemps, et voilà le programme concocté par Emile Miara, le président de l'Association Culturelle Israélite de Chaville en juin 2001. Emile avait potassé tous les livres, et tous les guides, afin que nous puissions « faire », tout ce qu’il fallait « faire ». : « Champs Elysées » de Budapest, l’Opéra de Bratislava, le Château de Schönbrunn à Vienne, la vielle ville de Prague et beaucoup d’autres merveille.
Par crainte de vous lasser, et surtout d’attraper la crampe du dactylo, (maladie professionnelle redoutable, nécessitant quinze jours de vacances supplémentaires pour s’en remettre) vous n’aurez qu’un aperçu de nos aventures.
La frontière Autrichienne n’est qu’à dix kilomètres de Bratislava, c'est une toute petite distance pour ce qui fut la capitale d'un immense empire. Nous sommes arrivé à Vienne le vendredi, et avons déjeuné en haut d’une tour panoramique, dans un parc, (Donauturm) nous nous serions cru en Suisse. Notre hôtel était situé nous a-t-on expliqué dans le deuxième arrondissement, dans l’ancien quartier juif, une bonne idée pour dormir le vendredi soir.
En promenant, j’ai apperçu l’ombre d’un Schtraïmel, vous savez, la toque de fourrure de Rabbi Jacob, me prenant pour Nestor Burma, je l’ai suivi, et naturellement je suis arrivé sur une Shule importante, vers laquelle convergeait d’autres Schtraïmels avec des têtes par dessous, et des barbes sous les têtes. Sur d’autres, têtes, trainaient négligemment des kippas, j’en ai même vu une sortir du tramway.
Un policier armé surveillait l’édifice... tout content d’avoir vu où était la shule, je m’en suis retourné à l’hôtel, à temps pour rejoindre le groupe qui allait passer à table. Chose sacrée un vendredi soir.
Le lendemain, Edith et moi avons abandonné nos compagnons de route, pour aller à pied à l’office, vers la grande shule, l’entrée était bien gardée, policier en arme, plus un service d’ordre à l’israélienne; passeport exigé, questions d’usages : « Personne ne vous a remis de colis » etc... enfin, j’ai été sage et nous avons été admis à l’intérieur. Notre organisateur avait bien fait les choses, il avait donné la liste de notre groupe au service d'ordre, ainsi on ne pouvait entrer que si on s'était annoncé à l'avance. A Paris j’aurai refusé d’entrer dans une synagogue avec un tel comité d’accueil, je pense qu'un lieu de culte doit être ouvert en tous les sens du terme.
Cette synagogue est la seule de Vienne qui ait échappé à la nuit de Cristal en 1938, malheureusement, elle a été bombardée en 1945 ! et reconstruite à l’identique grâce à la Deutschebank et à ses consoeurs autrichiennes.
Nous avons eu droit à un très bel office achkenaze, un cœur de quatre hommes, et un ‘hazan de chez ‘hazan . Les livres venaient de Zürich, solidarité germanophone oblige. Les membres de cette vénérable institution ne sont pas ponctuels, il y avait environ 150 personnes vers 10 heures, mais à midi, ce sont plus de 300 qui se sont dirigées vers un somptueux kiddouch assis. Edith et moi avions pensé qu’il s’agissait d’un repas communautaire : il y avait même du Tschoulent (Tafina askenaze rarement très bonne) !
Au moment de tourner les talons, la femme du rabbin s’est précipité vers nous, pour nous inviter, comme elle ne parlait pas français, elle a fait venir son mari, qui sans aucun accent nous a cordialement invité à se joindre au Kiddouch. Il avait fait ses études au lycée français de Vienne. C'est ainsi que nous avons partagé un bon moment avec les fidèles de Vienne. En discutant, le rabbin nous a assuré qu'à Vienne, la situation des juifs est enviable, il y a plusieurs communautés autre que la sienne, ‘Hassidique, Agoudat Israël, et même une association libérale à la recherche d’un local. L'antisémitisme n'y est pas sensible, même si le danger terroriste venu d'orient est omni présent. Le service d'ordre à l'entrée était là pour le rappeler.
Mais c’est le soir que nous avons vécu la soirée la plus impressionnante de notre voyage. Notre guide nous avait annoncé des surprises... et nous avons été surpris ! !
Ils nous avaient promis un repas musical à la campagne, au bout de quelques kilomètres notre car sest arrêté sur un parking bien rempli, avec d'autres autocars, et un tas de voitures. La soirée intime commençait bien.
Nous étions attendu dans une grande auberge rurale, qui sentait bon la bière et la cochonnaille. Un violoniste et un accordéoniste faisaient chanter des autrichiens germanique à souhaits, ils se dandinaient avec d'énormes choppes de bière à la main. Le bruit était si fort que nous ne nous entendions à peine parler.
Très mal à l'aise, nous pensions aux élections précédantes ou Heider, un homme politique réputé proche de l'extême droite avait fait un excellent score, que faisions nous au millieu de ces culottes de peau ? ? nous nous demandions ce que nous allions pouvoir manger, alors on nous a apporté un énorme plat de charcuterie avec des pommes de terre.
Notre groupe n’était pas très religieux, quelques uns ne mangeaient pas de viande, quelques autres mangeaient de tout, et la plupart refusaient le porc.
Imaginez notre tête, au milieu du bruit... nous nous sentions 60 ans en arrière, pauvres petits juifs perdus parmi les barbares. Notre guide nous expliqua que les saucisses étaient faites avec de la volaille, mais pouvions nous le croire ? Le car étant parti nous étions prisonniers, jusqu'à 23 heures, en serrant les dents et les fesses, en attendant que cela se passe.
Les autrichiens chantaient en se balançant... on entendit même un solo digne de l’opéra, et moi, j’étais assis , les yeux rivés sur ma charcuterie douteuse.
Je me demandais, "Qui sont-ils ? " "Comment leurs parents se sont-ils conduits pendant la guerre ? ". Nous nous sentions profondément juifs en milieu hostile, nous étions en 2001, depuis bientôt un an une révolte cruelle sévissait au Proche Orient, les palestiniens tuaient le plus de juifs possible en Israël, avec des attentats fièrement revendiqués dans les gares, les restaurants, les autobus, et la presse unanime condamnait systématiquement Israël pour ses réactions nécessairement «disproportionnées». Nous nous sentions tous victimes et détestés par le monde entier, et voilà, nous étions là, assis, sans pouvoir fuir, plongés dans les années 30 devant des saucisses inquiétantes, écoutant chanter les fils de nos persécuteurs.
Les musiciens passaient de table en table, vers nous, et nous étions fermés, anxieux, glacés. Nous étions invités à la table des ogres.
L’animateur de notre groupe, Émile, est un comique né, nous l’avions vu parler à des japonais guindés, qui deux minutes plus tard étaient pliés en deux, il récidiva avec les Autrichiens et l’atmosphère commençait à se détendre, puis, l’orchestre parti au fond de la salle, après une valse ou deux, on entendit jouer « Hava Naguila », puis le « Casatchok » on vit des danses russes au fond de la salle.
Cinq minutes plus tard György notre guide hongrois, nous présenta un homme qui souhaitait nous parler. A peine nous avait-t-il dit deux mots, que tout le groupe du fonds s’est joint à lui, trente israéliens russes nous sont tombés dans les bras !
Ils avaient tous ressenti la même chose que nous, composé en majorité de femmes de la cinquantaine, ils habitaient Jérusalem. Une femme m'a dit dans un anglais approximatif, "Vous savez, ce qui se passe chez nous, c'est tout de la faute des arabes, nous nous voulions la paix ! " Comment lui exprimer qu'elle ou moi, on était ensemble ? on ne rêvait que fraternité ? et que les bombes de Jérusalem explosaient aussi dans mon coeur ? ?
Les musiciens, devant notre nouveau groupe, qui devenait imposant, s’essayèrent au seul air juif de leur répertoire : « Ah, si j’étais riche... » puis des mélodies israéliennes... Le public autrichien m'a semblé interloqué devant cette coalition de cinquante juifs ... nous sentions le clash venir, car l’histoire cruelle récente fait que chaque groupe se méfie... pour les uns les autrichiens sont antisémites par nature, et pour les autres, les juifs sont revanchards. L'Autriche à souffert d'une mauvaise image sous Heider, on l'a dit mal dénazifié, et les clients habituels nous voyaient peut-être comme leur mauvaise conscience, nous nous imaginions qu'ils nous considéraient comme une menace pour leur bien être psychologiques. Allaient-ils réagir ? ?
Le guide glissa quelques mots à l’oreille, des musiciens, et ils jouèrent une valse très connue sur Paris, une synthèse de génie : la valse comme à Vienne, et Paris notre ville, et toute la salle se mit à chanter "Toi Paris tu m'as pris dans tes bras"
Tous le groupe a repris, et la maillonaise aussi, aucun autrichien ne peut résister à une valse ! ! toute la salle s’est mise à chanter et à danser. Une heure plus tard, chaque groupe de fêtard est rentré chez lui, au départ d’un groupe d’une trentaine de viennois tout le monde a chanté spontanément: « Ce n’est qu’un au revoir, mes frères... ».
Les israéliens avaient eu le temps de nous exprimer toute leur angoisse devant la situation actuelle, et nous avons pu leur manifester toute notre sympathie et solidarité, cela nous a fait du bien à nous tous.
Cette expérience est restée inoubliable, on a vu des préjugés s'effondrer grâce à la chanson, j'aurais pu naître catholique et autrichien, ou musulman et palestinien, ne serais-je pas la même personne ?
«Prendre conscience de ses préjugés, afin de mieux les combattre» , merci à Vienne, aux joyeux fêtards de la taverne, et aux saucisses de volailles pour cette superbe leçon.
Vienne est une ville impériale, ou tout respire la volonté de puissance, on sent toute la lourdeur de l’empire des Habsbourg, qui se prétendaient aussi Roi de Bourgogne. Le style de la ville est omogène, et pour cause, les empereurs ont fait recouvrir même les églises gothiques par des façades à leur goût !
C’est une ville magnifique en tous les sens du terme, superbe, ordonnée et puissante. Alles y et faites un tour au musée, il est d’une richesse époustouflante.
A côté, Prague c’est l’anarchie. Des maisons et des tours, les unes plus belles que les autres, de toutes les époques, et de tous les styles. La fin dramatique de la communauté d’avant guerre est révoltante, les allemands voulaient faire du quartier juif le musée d’un peuple disparu. Il a déporté à Theresenstadt (Terezin actuellement), la plupart des juifs, ce camp « modèle » servait de leurre pour la croix rouge, et de transit pour les juifs qui partaient ensuite pour Auschwitz.
On trouve cette croix bizarre située sur le pont Saint Charles, une légende veut qu’un juif ayant craché sur un crucifix, le tribunal l’ait condamné la communauté à verser une grosse amande, et qu’avec cet argent, on ait obligé les juifs à écrire le texte ci-contre autour de l’objet du « sacrilège ».
Les synagogues et musées juifs se blottissent dans un petit carré, où se trouvent la plus ancienne synagogue d’Europe, et le vieux cimetière où est enterré le Ma<haral de Prague, le haut Reb Löw.
Il existe à nouveau une communauté vivante, mais nous ne l’avons pas remarqué., pas plus que le Golem d’ailleurs. Si vous voulez voir ce dernier, allez vite à Prague, il s’y cache encore la nuit.
Le fantôme de l’empire Austro-Hongrois nous attendait à Budapest, accompagné d’un guide adorable, francophone, et francophile nous avons respiré le spleen de la Hongrie. La Capitale magyar semble écartelée entre plusieurs quartiers parfois très loin les uns des autres.
Buda, avec le château, les hauteurs et la classe. Pest la plaine et l’animation. De cet ensemble, nous avons ressenti un grand malaise, due à une histoire dramatique. Les Mongoles ont massacré la plupart des habitants au moyen âge, les Turcs ont dominé la ville obligeant les rois à se faire couronner à Bratislava
Ce n’est qu’en 1697 qu’Eugène de Savoie a réussi à vaincre les turcs, avant, la ligne de front partageait la ville en deux, elle recevait de part et d’autre des boulets de canon. Après une courte période de prospérité au XIX ième siècle, ce fut la déchirure de 1919 avec une frontière repoussant hors de Hongrie le tiers des Magyars. Le fascisme d’avant guerre, puis l’invasion Nazie, et le communisme ont achevé d’accabler le peuple.
Les Hongrois ont toujours choisi le mauvais camp, se plaignait György.
Depuis 1989, Budapest se refait une beauté, on réaménage les espaces verts, on redore les statues, (Ah, ces beaux moustachus si fiers de leurs grands sabres, dont toutes les grands mères de notre groupe sont tombées amoureuses), on ravale les façades ... on redonne à la ville le faste qu’elle avait au temps de l’empire d’Autriche-Hongrie.
Parmi les monuments restaurés figure la Grande Synagogue. Dohàni construite vers 1900, elle fut et reste dédiée au culte réformé. De nos jours, ce grand bâtiment de toute beauté est multi – fonction ; école, centre communautaire, musée etc ... les visites sont payantes la semaine, le chabbat, le temple retourne à sa vocation cultuelle.
La Shule orthodoxe est en plein travaux de restauration voir de rénovation, car les embellissements en cours en feront un temple probablement plus beau qu’à l’origine. On le visite sans payer. Dans le quartier on trouve plusieurs boutiques ainsi que des restaurants servant de la nourriture cachère.
La synagogue orthodoxe dessert une communauté bien vivante, le désordre intérieur le prouve (livres traînant un peu partout par exemple), le désordre est tellement plus hmain…
Profitant d’un des rares moment de liberté Edith et moi sommes allé au marché, où l’on trouve avant tout les maigres productions du pays en ce mois de mai, et de l’artisanat à l’attention des touristes.
Nous avons eu la chance d’acheter une jolie nappe à une charmante francophone, ce qui est rare dans la région, (pas les gens charmants, mais les francophones ! ) en la payant, nous avons remarqué qu’elle vendait aussi des napperons de Chabbat en velours, d’une qualité tout à fait exceptionnelle.
Comment ce savoir faire religieux s’est il maintenu au delà de l’ère communiste ? La vendeuse nous a alors parlé du travail de sa mère, qui avait renoué avec une tradition ancestrale probablement grâce à l’arrivée de touristes. Elle avait demandé au rabbin de corriger ses textes. La présence de touristes israéliens a du prendre le relais d’un marché local anémié par la guerre et l’assimilation.
Les israéliens sont nombreux, partout. Après l’anglais et l’allemand, les inscriptions pour étrangers sont en Italien, en français, en espagnol, en japonais, en russe et en Hébreux. On trouve des livres et des cassettes vidéo en cette langue. A Prague, j’ai même vu une Pizzeria afficher «ici on accepte les chekels »
Bratislava, capitale de la Slovaquie, est un peu plus grand que Dijon, elle possède son musée d’art juif dans l’ancienne shule. Il y aurait à nouveau une communauté active sur place. La ville semble charmante, et prospère, cependant nous avons vu la queue devant le consulat des États Unis pour les demandes de visa. La présence Française s’y fait sentir :
Nous étions à deux pas de la bataille d’Austerliz, un boulet de canon est toujours fiché dans la mairie, et Napoléon s’accoude sur un banc en face de l’ambassade de France ! Vous voyez ci-contre, Napoléon et son fan’s club.
Vos avis et commentaires......
le 11/1/07 par Moischel Bercand...
Cher Moischele,
J' ai beaucoup aimé ton article dur Vienne et tes impresssions....
A n'en point douter tu dois être thoraiquement vrai un bon sépharade français et
le yiddisch ne doit pas être ta langue maternelle
quant a ton ladino ce doit être celui de Marthe Villalonga....
Qu'Il me pardonne mais que ta supériorité française me fait mal...
et pourtant j'aime beaucoup ton style, tes analyses mais à Vienne ou mon fils fréquentait le lycée francais, les professeurs, Unger Baum et les autres étaient plus autrichiens que tu es francais...
C'est cela : oublier que lors des rafles on a beau crier que l'on est francais ou autrichien, les malfrats ne savent qu'une chose: que tu es juif...
J'aurais aime te montrer Vienne, Mein Wien, où les gens ne sont pas plus antisémites ou pas moins qu' à Bouilly ou à Aix en Othe.
J'aurais aimé te montrer le cimetière et son administrateur (Kohut) dont la femme est morte so us les balles de quelques terroristes arabes à la synagoggue et alors tu ne t'étonnerais pas de la présence des molosses israeliens à la Schul.
J'aurais aimé te montrer le cimetière au bout de la Simmeringerstrasse avec le Viertel des Hassidim et autres célèbres Viennois bien vue, le coin des Drucker bons bourgeois de la ville qui ne faisaient pas encore de télévisoin, le coin des juifs Georgiens où les femmes viennent hhurler leur douleur sur la tombe de leurs maris en leur reprochant d'être parti sans avoir réglé la note d'éléctricite..
Et enfin la tombe au fond de mon oncle Janek BERKAN petit juif polonais qui comme moi a adoré Vienne en vendant de la viande plus ou moins koscher sur le marché de la Wienzeile...
Vienne c'est tout autre chose que ce qu'ils t'ont montré..
Deux mots: écris moi écris moi
Moischele
Michel
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