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http://www.western-armenia.eu/news/Actualite/2012/La_Situation_du_peuple_kurde_en_Syrie-13.10.2012.pdf
La Situation du peuple kurde en Syrie
Le 13 octobre 2012
Soutien et prise de position
Le Congrès National du Kurdistan (KNK), organisation qui regroupe toutes les forces politiques kurdes à travers la
planète a organisé à Paris une conférence sur la situation du Kurdistan Ouest (Syrie) et le soutien qu’il est possible
d’apporter. La réunion a eu lieu le 13 octobre 2012 dans la salle Victor Hugo de l’Assemblée Nationale.
Des personnalités politiques et des intellectuels du Kurdistan représentants tous les partis et organisations ont été
présents. (NDLR Pour la France uniquement des communistes et écologistes) De même que des membres du haut conseil représentatif des Kurdes du Kurdistan Ouest (Syrie).
Etaient aussi présents des représentants de la communauté Assyro-Chaldéenne, ainsi qu’une délégation du Conseil
National d’Arménie Occidentale et son Président.
Des membres du BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie) ainsi que ceux du Congrès pour une Société
Démocratique, dont le siège est à Diyarbakir, sont venus nous éclairer sur la position des Kurdes du Nord. Enfin,
l’opposition syrienne et des invités français ont compté parmi les intervenants.
Ainsi, le Kurdistan Ouest traverse une période particulièrement difficile mais tout aussi intéressante. Aujourd’hui la
plupart des zones de peuplement kurde en Syrie sont contrôlées par les Kurdes eux-mêmes. Ce qui est une situation
totalement nouvelle, qui se matérialise sous la forme de la libération d’une nouvelle partie du Kurdistan.
Intervention d’Arménag APRAHAMIAN à la tribune :
« Rojbach,
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier, de remercier mes prédécesseurs pour leurs brillantes interventions et
de remercier le Congrès National du Kurdistan de me faire l’honneur d’intervenir dans le cadre de cette réunion consultative.
Ce sera donc dans l’objectif de rechercher des solutions juridiques et politiques pour le peuple kurde et en perspective
pour le peuple arménien et les autres peuples de Syrie que j’interviens auprès de vous.
Si le 20ème siècle a été l’Ere du génocide, en particulier l’élimination de la Cilicie, rappelant ici que le sang des
Arméniens est mélangé au sable du désert de Deir ez Zor, je confirme que le 21ème siècle sera celui des peuples
opprimés.
Sur le plan du droit international, les peuples kurde et arménien ainsi que d’autres sont considérés comme des
peuples anciens c'est-à-dire autochtones, bien plus anciens que l’existence même des Etats dans lesquels ils vivent
aujourd’hui.
Les droits des peuples autochtones ont été reconnus et adoptés par 144 Etats dans le cadre de l’Organisation des
Nations Unies le 13 septembre 2007 et cette base juridique peut être le socle pour l’unité du peuple et des peuples.
Le 10 juillet 2012 à Genève dans le cadre de l’ONU, j’ai dénoncé l’escalade militaire qui peut conduire au chaos,
depuis les choses vont en se détériorant et l’unité de nos peuples reste un exemple unique devant l’Humanité Je soutiens le fait que sur le plan juridique la question constitutionnelle de la Syrie est une question fondamentale sur
laquelle nous allons devoir nous pencher ensemble intégrant la question des droits de l’Homme et des droits des
peuples ».
Je n’oublierai jamais les yeux d’un père kurde qui venait de perdre son fils au combat, en m’embrassant il me dit « tu
es comme mon fils ».
« Vive l’Union des Peuples Anciens ». Spas ! |
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http://www.houshamadyan.org/en/mapottomanempire.html
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Les druzes de Syrie pour la révolution, mais pas pour la rébellion
10/09/2012
Reportage
« Nous sommes frères et le resterons pour toujours » : les druzes de la province d’Idleb soutiennent la révolution de leurs « frères » sunnites, sans pour autant prendre part à la lutte armée contre le régime syrien.
Dans un paysage de montagnes rocheuses parsemées de vergers d’oliviers, où des labyrinthes de chemins caillouteux mènent vers de magnifiques ruines byzantines, 14 villages druzes vivent en bonne entente avec leurs voisins sunnites. Les habitants de cette région du Jabal al-Aala, frontalière de la Turquie, aiment également à l’appeler le « petit jabal druze », en référence au jabal druze, une région du sud de la Syrie, dans la province de Soueida, berceau historique de la minorité druze syrienne. Ils représentent 3 % de la population. Beaucoup d’officiers de l’armée sont druzes, notamment le général qui a conquis le bastion rebelle de Baba Amr à Homs le 1er mars.
« Depuis des années, tout le monde ici, druzes comme sunnites, veut la fin du régime tyrannique de Bachar », explique Abou Ahmad, notable du hameau druze de Qalb Lozeh, connu pour son église byzantine du IVe siècle. « Quand les manifestations ont commencé il y a 18 mois, nous avons souhaité y prendre part et envoyer des délégations dans la ville voisine de Kafar Tkharim, où la révolution était très belle », raconte-t-il, ajoutant : « Les révolutionnaires locaux nous ont dit de ne pas bouger, afin de garder nos villages comme une zone de repli où les populations pourraient venir se réfugier en cas d’intervention de l’armée. » « Personne ici ne soutient Bachar. Il a peut-être quelques rares partisans, mais ils se font plutôt discrets », renchérit Ayham, autre leader local. Des déserteurs druzes vivent ici aujourd’hui, revenus en permission au village et jamais repartis dans les casernes, précise-t-il.
Les villages druzes ont accueilli les nombreux réfugiés qui ont fui les intenses bombardements de l’armée sur les zones rebelles de la province d’Idleb. Ces réfugiés sont hébergés dans les maisons, les écoles, les bâtiments publics. Dans tous les villages sunnites des environs, on confirme cette bonne entente. « Nos relations sont très bonnes, et ce avant même la révolution. Beaucoup de gens d’ici vont s’abriter chez eux », souligne un habitant de Qorqania, hameau proche où les bombes des hélicoptères tombent quotidiennement.
Les villages druzes du Jabal al-Aala ne sont pas non plus épargnés par les bombardements, aériens ou d’artillerie. Pour autant, on ne rencontre pas ici de druzes dans les rangs des rebelles. « D’abord, nous n’avons pas d’armes », affirme Ayham. « Ensuite, nous répugnons à faire couler le sang de nos compatriotes (...), et nous craignons le spectre de la guerre civile », assure-t-il.
(Source : AFP) |
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Les rebelles syriens veulent éviter une guerre avec les Kurdes
Créé le 01-11-2012 à 17h45 - Mis à jour à 17h45
Nouvel Observateur
par Erika Solomon
KASTAL, Syrie (Reuters) - Après une semaine d'affrontements sans précédent dans la province d'Alep (nord), les rebelles syriens et les militants kurdes observaient jeudi une fragile trêve, soucieux de ne pas ouvrir un nouveau front dans la guerre qui s'éternise contre le régime de Bachar al Assad.
Plusieurs dizaines de rebelles et de combattants kurdes du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), ont été tués la semaine dernière dans des heurts qui ont éclaté dans la métropole avant de s'étendre à plusieurs localités situées aux alentours, à quelques kilomètres seulement de la Turquie.
"Nous voulons combattre le régime et nous nous retrouvons à nous battre sur un nouveau front pour lequel nous n'avons ni l'utilité ni le temps", résume un combattant de l'Armée syrienne libre (ASL), venu se réchauffer autour d'un feu dans une montagne surplombant plusieurs villages et champs d'oliviers. "Nous devrions être à Alep, au lieu de quoi nous campons."
Cette vague de violence inédite entre miliciens kurdes et opposants syriens illustre le jeu d'alliances et de rivalités, tant locales qu'internationales, qui compliquent la tâche des rebelles dans leur soulèvement contre le régime de Damas.
"Nous ne sommes pas contre tous les groupes kurdes, mais ces groupes liés au PKK aident le régime en nous attaquant, nous n'avons pas d'autres solutions que d'agir", souligne Mohammed Hamadeh, chef d'une unité rebelle.
MÉFIANCE MUTUELLE
Si Kurdes et rebelles coopéraient avant les affrontements de la semaine dernière, la méfiance a toutefois toujours été de mise entre les deux camps. Les opposants au régime syrien regardent avec suspicion la neutralité adoptée par le PYD dans le conflit qui les oppose à Bachar al Assad. Les Kurdes critiquent de leur côté le refus de l'opposition de les voir acquérir une autonomie locale.
Sur le terrain, les habitants regardent avec de plus en plus de sympathie les miliciens kurdes qui ont selon eux eu le mérite de protéger les populations kurdes contrairement aux rebelles.
"Je n'aime pas le PYD mais ils prennent soin des Kurdes, contrairement aux rebelles dont les zones ont été totalement détruites. Maintenant de nombreux Kurdes regardent différemment le PYD", indique ainsi Baran Afrini, un militant de l'opposition kurde.
Dans les quartiers kurdes d'Alep, les combattants du PYD ont mis en place un mini-Etat qui gère notamment la distribution de nourriture ou la sécurité. Les routes stratégiques menant à la ville sont désormais des enjeux pour les deux camps. Avant les affrontements de la semaine dernière, il y avait un accord tacite permettant aux militants des deux camps d'emprunter ces voies. Kurdes et rebelles veulent désormais avoir la garantie de pouvoir accéder sans danger à leurs bastions respectifs.
"Nous demandons aux militants kurdes de partir de cette montagne et de nous garantir un passage sécurisé dans leurs zones" indique Hamadeh. "Les Kurdes n'ont pour l'instant pas répondu à notre demande."
Face aux affrontements entre Kurdes et opposants, l'armée syrienne tente d'attiser les tensions pour tenter d'accentuer les divisions au sein de la population. Selon certains Kurdes, l'armée s'est ainsi retirée des zones kurdes sans livrer bataille et selon certains témoignages, elle aurait même fourni des armes au PYD.
"Je combattrai pour mon pays et ma religion avant de me battre pour mon ethnie", explique Basel, un militant kurde de l'opposition âgé de 23 ans, qui se retrouve à se battre contre d'autres Kurdes. "C'est comme cela que le régime divise la population. Vous avez des hommes qui devraient être des alliés qui se battent entre eux."
Marine Pennetier pour le service français |
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Guerre en Syrie: la géopolitique du conflit
http://www.huffingtonpost.fr/milad-jokar/guerre-syrie-analyse-geopolitique_b_1985354.html
Publication: 20/10/2012 06:00
Ce billet est la suite du billet Syrie: le départ de Bachar al-Assad changera-t-il quelque chose? de Milad Jokar.
SYRIE - La guerre civile en Syrie est bien plus complexe qu'on ne veut le croire. Il ne s'agit plus d'un simple mouvement démocratique contre une dictature. Cela va même au-delà d'une guerre civile entre une opposition contre un régime. Désormais, il s'agit d'un conflit régional qui déborde chez les pays voisins, le tout entremêlé de conflits sectaires. La Syrie est devenue un théâtre de guerre dans lequel les puissances régionales tentent d'imposer leur influence et défendre leurs propres intérêts géostratégiques et économiques.
syrie conflit
La France aussi se doit de tirer son épingle du jeu. Le gouvernement a fondé son discours politique sur une rhétorique dure qui appelle à ce que Bachar al-Assad "dégage". Car suite aux massacres, le régime a effectivement perdu sa légitimité et ne peut rester au pouvoir. Cependant, la crise est tellement profonde que le départ du dirigeant syrien ne stoppera pas la montée de l'islamisme radicale ni l'infiltration d'Al-Qaïda causée par l'érosion de l'Etat. Par ailleurs, son départ ne stoppera pas le bain de sang causé par cette guerre civile qui est alimentée principalement par le Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie d'un côté, et par l'Iran, la Russie et certains groupes irakiens chiites de l'autre.
La France et ses deux principaux alliés européens, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ont choisi leurs alliés et continuent d'œuvrer pour la chute du régime Syrien pour plusieurs raisons qui sont plutôt d'ordre géostratégique et économique qu'humanitaire. Bien que l'Union Européenne souhaite montrer sa force sur la scène internationale en termes de résolution de conflit, les différents gouvernements de l'EU défendent leurs intérêts et utilisent un discours politique idéalisant en appelant à la paix et la démocratie.
Cependant, d'un point de vue réaliste, il existe trois enjeux stratégiques principaux: l'isolement de l'Iran, le maintien de l'alliance stratégique et économique avec des alliés arabes comme le Qatar, et enfin assurer les besoins énergétiques en gaz vers l'Europe.
Isolement de l'Iran
L'un des piliers de la politique étrangère de la France consiste à isoler l'Iran à cause de son programme nucléaire. La chute d'un allié stratégique de Téhéran tel que Bachar al-Assad serait un coup dur pour la République islamique dans son bras de fer qui l'oppose à l'Europe et les États-Unis. En effet, l'alliance stratégique avec Damas permet à l'Iran de conserver son "axe de résistance" chiite Irak-Syrie-Liban (Hezbollah).
D'une part, ces partenariats permettent à Téhéran de contrer l'isolement infligé par les sanctions européennes et américaines. D'autre part, ils permettent à Téhéran de conserver des "proxies" qui lui servent de levier pour les négociations sur le nucléaire et pour contrer les menaces d'attaques israéliennes. Dans cette optique, la chute de Bachar al-Assad en faveur d'un pouvoir qui accepte d'isoler l'Iran va dans l'intérêt de l'Europe et des pays arabes rivaux dans le Golfe Persique (principalement l'Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats Arabes Unis).
Maintenir l'alliance stratégique et économique avec les alliés du Golfe Persique
La France a privilégié le partenariat avec l'un des principaux rivaux de l'Iran, le Qatar. Déjà sous la présidence de Nicolas Sarkozy, L'Emir Hamad Ben Khalifa al-Thani fut le premier chef d'Etat arabe à être reçu au Palais de l'Elysées en 2007. C'est désormais François Hollande qui continue cette relation spéciale. Depuis son élection, le Qatar est le pays qui a le plus été reçu à l'Elysée avec une visite de l'Emir le 22 août et deux visites plus discrètes du Premier ministre Hamad Ben Jasem al-Thani.
Cette puissance économique investit des milliards dans l'immobilier de luxe, dans le capital des entreprises du CAC 40 (comme Total, Vivendi, Veolia, Lagardère, Suez, LVMH ou encore Bouygues et Vinci pour les différents chantiers du mondial 2022 au Qatar), le sport (avec l'achat du PSG -foot et hand), les médias et dernièrement dans des projets dans les banlieues parisiennes.
L'Europe est en crise économique et ces investissements permettent au Qatar d'influencer la politique de la France. Il en est de même pour l'Allemagne où le Qatar détient 17% du capital de Volkswagen, 10% de Porsche, 9% du géant de construction Hochtief ou encore plus récemment 3% de Siemens.
Les investissements Qataris en Grande Bretagne sont également importants, voir plus. Avec 20% des parts du London Stock Exchange, il est le principale actionnaire de Barclays. Par ailleurs, l'émirat a investit massivement dans les Jeux olympiques, il a financé à 95% le plus haut building de Londres (le Shard) et il fourni à hauteur de 95,5% la Grande Bretagne en Gaz Naturel Liquéfié (GNL), alimentent ainsi les foyers britanniques.
Par conséquent, le Qatar sait mettre en avant sa vision sur le long terme en influençant les gouvernements européens en crise à adopter une ligne dure contre Bachar al-Assad. En appelant à une intervention militaire contre le régime de Damas, le Qatar tire sur la corde afin que ses alliés européens durcissent le ton.
Géopolitique du gaz
L'Europe a des besoins énergétiques en gaz importants. Par conséquent, l'acheminement du gaz qatari vers l'Europe représente l'un des multiples enjeux géostratégiques de la crise syrienne.
Le Qatar partage avec l'Iran le plus grand champ gazier du monde, le South Pars (côté iranien) / North Dome (côté qatari). Il existe des tensions entre les deux pays car l'Iran ne peut pas exploiter le gaz à la même allure que le Qatar, principalement à cause des sanctions et l'Iran voit donc d'un mauvais œil que le Qatar "vide" le champ commun.
L'Iran, l'Irak et la Syrie ont signé il y a plus d'un an un accord pour la construction du gazoduc (le pipelineistan) qui a pour objectif d'acheminer le gaz du Golfe Persique jusqu'en Méditerranée, et ainsi alimenter l'Europe.
De son côté, le Qatar passe par le détroit d'Ormuz et se trouve donc tributaire de l'Iran pour l'exportation de son gaz naturel liquéfié (par méthaniers). L'émirat avait pour projet de construire un gazoduc passant par l'Arabie Saoudite, la Jordanie et la Syrie. Seulement, Bachar al-Assad avait refusé ce projet, préférant signer un accord avec son allié iranien mais surtout pour conserver ses échanges énergétiques sur le long terme avec la Russie.
Par conséquent, l'Europe -qui est en grande partie dépendant du géant russe Gazprom pour ses besoins énergétiques- a intérêt à voir un pouvoir sunnite qui pourrait protéger un gazoduc Qatar-Arabie Saoudite-Jordanie-Syrie afin de diversifier ses sources et diminuer sa facture de gaz. Par ailleurs, ce chemin permettrait à l'Europe d'isoler d'avantage l'Iran en empêchant de s'approvisionner par un "gazoduc chiite" Iran-Irak-Syrie. La pièce maîtresse est donc la Syrie et le Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie sont prêts à alimenter le conflit en armes pour qu'Assad quitte le pouvoir.
Alors que les diplomates des Nations Unis s'accordent pour une solution diplomatique fondée sur une transition politique en Syrie, les intérêts géostratégiques changent la vision des acteurs politiques qui axent leur rhétorique sur une paix qui dépend du départ de Bachar al-Assad.
Suivre Milad Jokar sur Twitter: www.twitter.com/Milad_Jokar
http://mediabenews.wordpress.com/2012/10/09/lart-de-la-guerre-en-syrie-lotan-vise-le-gazoduc/
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Ces réfugiés palestiniens qui soutiennent le régime de Bachar al-Assad
En dépit d'une volonté de neutralité affichée au début du conflit, les réfugiés palestiniens en Syrie sont entraînés dans la spirale de la violence. Des affrontements opposent depuis lundi des rebelles à des Palestiniens alliés au régime de Damas.
Depuis lundi, de violents affrontements opposent rebelles et des militants palestiniens alliés du régime de Bachar al-Assad, dans le camp de Yarmouk, au sud de Damas, où vivent quelque 148 500 Palestiniens. En Syrie, la position de neutralité des organisations palestiniennes, acquises au régime, vole en éclats.
Ces combattant palestiniens sont membres du Front Populaire pour la libération de la Palestine - Commandement général (FPLP-CG) d'Ahmad Jibril, un allié indéfectible et de longue date du régime syrien. Selon l'Observatoire syrien des droits de l’homme, le camp est divisé entre partisans et détracteurs du FPLP-CG, basé à Damas. Des militants ont également rapporté que l'armée régulière est venue prêter main forte au FPLP-CG, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis.
Mercredi, des rebelles syriens ont même annoncé la formation d'une brigade de Palestiniens dans le camp de réfugiés de Yarmouk dont l'objectif est de lutter contre ceux qui combattent aux côtés du président syrien Bachar al-Assad.
"Nous armons les Palestiniens désireux de combattre (...). Nous avons créé Lioua al-Assifah (Brigade Tempête), constituée uniquement de combattants palestiniens", a ainsi déclaré à Reuters un commandant rebelle de la brigade Soukour al-Golan (Les Faucons du Golan).
Les rebelles expliquent, qu'avec la nouvelle brigade, ils attaqueront ceux de Yarmouk, fidèles à Ahmed Djibril. Selon eux, les hommes du FPLP-CG harcèlent les habitants de Yarmouk et s'en prennent aussi aux combattants de l'Armée syrienne libre (ASL).
"Une stratégie de contre insurrection"
Communément appelé le camp de Yarmouk, le quartier n’a plus, depuis longtemps, l'allure d’un campement. Fabrice Balanche, directeur du groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo), évoque "un faubourg tout à fait normal de Damas, qui s’est embourgeoisé car il se trouve intra muros". Il précise que la population de Yarmouk n’est pas à 100 % palestinienne, " il y a également des Syriens, à parts égales".
Il explique que les hommes de Jibril tiennent le quartier, malgré le fait qu’ils ne bénéficient que de très peu de soutien au sein de la communauté palestinienne. "Mais ils ont pignon sur rue à Yarmouk parce qu’ils sont protégés et financés depuis toujours par le régime", explique-t-il. Entouré de quartiers tenus par la rébellion, comme Tadamoun ou Hajar al-Aswad, le FPLP-CG est de plus en plus ouvertement contesté par les opposants au régime syrien depuis le début du soulèvement. "Les rebelles, soutenus par des habitants du quartier acquis à leur cause s’infiltrent à Yarmouk et se heurtent aux hommes de Jibril", raconte Fabrice Balanche.
"Concrètement, le régime sous-traite à Jibril et à ses hommes la sécurité du quartier", analyse-t-il. Et de conclure : "c’est une stratégie de contre insurrection". Une situation similaire a déjà été observée à Alep, où certains quartiers, comme celui de Achrafieh, majoritairement peuplé par des Kurdes, sont tenus par les hommes armés du PKK, qui à l'instar du FPLP-CG, se dit l’allié du régime. "C’est tout à fait comparable, à cela près que le PKK est beaucoup plus représentatif des Kurdes que ne peut l’être Jibril des Palestiniens", précise toutefois le chercheur.
Car en interne aussi, Jibril est contesté. Un épisode notamment est assez révélateur des dissensions entre Palestiniens. En juin 2011, une dizaine de manifestants palestiniens avaient été tués par Israël dans le Golan alors qu’ils tentaient de franchir la ligne de frontière. Des affrontements avaient éclaté peu après leurs funérailles à Yarmouk, les familles des victimes reprochant alors à Jibril d’avoir sacrifié la vie de leurs enfants en les appelant à manifester.
Pris dans l’engrenage
L’épisode de juin 2011 témoigne également de la position délicate dans laquelle se trouvent les Palestiniens en Syrie depuis le début du conflit. Selon l'UNRWA (Office des Nations unies chargé des réfugiés palestiniens), plus de 500 000 Palestiniens vivent en Syrie, pour la plupart descendants de ceux qui s'y sont réfugiés après la création de l'État d'Israël en 1948. Ils sont répartis dans neuf camps qui étaient totalement contrôlés par des organisations palestiniennes acquises au régime. "Au début du conflit, ils avaient déclaré qu’ils resteraient neutres", se souvient Fabrice Balanche.
Mais la neutralité a rapidement été écartée. "Beaucoup de jeunes palestiniens n’ont pas suivi la consigne : ils soutiennent la révolte, et ont rejoint les rangs des rebelles", explique le chercheur. Et sur le front politique, le Hamas a pris parti pour la rébellion, fermant son bureau à Damas.
Ces Palestiniens acquis à la rébellion se heurtent à des factions qui soutiennent Bachar al-Assad, dont le père Hafez avait érigé la Syrie en championne de la cause palestinienne. Le 2 août dernier, 21 civils, dont au moins deux enfants, avaient déjà été tués dans le camp de Yarmouk par des tirs de mortier, dont l'origine est restée inconnue.
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