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27-Sep-2024
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L'état d'urgence a été déclaré dans le sud-est de l'Australie, où plusieurs brasiers menacent la population et les habitations.
L'Australie continue de brûler. Le Premier ministre Scott Morrison a fait appel, samedi 4 janvier, à 3 000 militaires réservistes pour lutter contre les feux de forêt, qui dévastent le pays depuis déjà quatre mois. "Cette décision permet d'avoir plus d'hommes sur le terrain, plus d'avions dans le ciel, plus de navires en mer", a déclaré le chef du gouvernement, critiqué pour sa gestion de la crise.
L'état d'urgence a été décrété dans le sud-est de l'île-continent, la région la plus peuplée. Alors que les conditions météorologiques menacent d'aggraver la situation, franceinfo revient sur cette saison catastrophique des incendies en Australie.
Depuis le début de la saison des incendies en septembre, 24 personnes, dont trois pompiers volontaires, ont perdu la vie. Deux nouvelles victimes ont été découvertes sur l'île Kangourou, samedi matin, précise le Guardian (en anglais). Il s'agit d'un pilote d'avion de 78 ans de son fils, un chirurgien de 43 ans. Leurs corps ont été découverts dans une voiture brûlée, sur l'autoroute. Les enquêteurs supposent qu'ils ont été pris au piège par les flammes alors qu'ils tentaient de s'enfuir.
Un homme a par ailleurs été tué, samedi, alors qu'il tentait de sauver des flammes la maison d'un ami. Les autorités australiennes, qui redoutent que le bilan humain s'aggrave, dénombrent en outre six personnes disparues.
L'Australie est actuellement ravagée par plus de 200 brasiers, selon le Guardian (en anglais). Depuis le début de la saison des incendies, en septembre, les flammes ont détruit près de 6 millions d'hectares de broussailles et de forêts. Soit l'équivalent de deux fois la Belgique, un peu plus que la surface cumulée des régions Bretagne et Hauts-de-France. Quelque 1 500 maisons ont par ailleurs été réduites en cendres, selon les autorités.
Plus de 150 foyers étaient encore actifs, samedi, en Nouvelle-Galles du Sud et une cinquantaine dans l'Etat de Victoria, poursuit le Guardian. Les feux causent d'importantes coupures d'électricité dans ces deux Etats, où plusieurs messages d'alerte ont été émis. L'un d'entre eux concerne un feu qui pourrait atteindre la périphérie de Sydney par le sud-ouest.
Une conjonction de facteurs (sécheresse exceptionnelle, températures très élevées et vents importants) a donné lieu à une saison des incendies particulièrement dévastatrice en Australie, pointe Le Monde. La Nasa a ainsi comptabilisé près de 65 000 feux de broussailles en Nouvelle-Galles du Sud l'année dernière, contre 13 000 en moyenne, lors des dix-huit années précédentes. Le nombre d'incendies a donc été cinq fois plus élevé en 2019 que lors d'une année ordinaire.
La tâche des pompiers australiens est compliquée par les conditions climatiques extrêmes. Des centaines de feux étaient attisés, samedi, par des vents violents et des températures dépassant les 40 °C. "Les prévisions [concernant le pire des scénarios] que nous avions faites ce matin, malheureusement, se réalisent", a déploré la Première ministre de Nouvelle-Galles du Sud, lors d'un point presse.
Le thermomètre a ainsi affiché 44 °C à Canberra, un record historique, selon un porte-parole des services météorologiques australiens. Sydney a également enregistré des températures sans précédent, avec 48,9 °C relevés à 15 heures à Penrith. Cette commune de la banlieue ouest est ainsi devenue "l'un des points les plus chauds de la planète", samedi, selon le Sydney Morning Herald (en anglais). Les températures doivent toutefois baisser dimanche.
L'état d'urgence a été décrété dans le sud-est de l'Australie, région la plus peuplée de l'île-continent, face à l'avancée des incendies. Les autorités ont ordonné vendredi à 100 000 personnes d'évacuer, dans trois Etats. "Nous avons littéralement vu partir des dizaines de milliers de personnes", a témoigné le chef des pompiers de Nouvelle-Galles du Sud.
Des dizaines de milliers d'Australiens ont quitté leurs domiciles, transformant en villes-fantômes des stations touristiques habituellement animées en cette saison. Les autoroutes reliant les villes du littoral à Sydney et d'autres grandes villes étaient engorgées par de longues files de voitures, vendredi soir. Dans la petite ville balnéaire de Mallacoota, la marine a évacué le même jour un millier d'habitants et de touristes cernés par les flammes. Certains étaient réfugiés sur le front de mer depuis la Saint-Sylvestre.
Quelque 480 millions d'animaux (des mammifères, des oiseaux et des reptiles) sont morts depuis septembre, à cause des incendies en Nouvelle-Galles du Sud, assure une étude de l'université de Sydney. "Beaucoup de ces animaux ont sans doute été tués directement dans les flammes, précise l'université sur son site, tandis que les autres sont morts par la suite, faute de nourriture et d'abri, et en raison de la prédation des chats sauvages introduits et des renards roux."
Cette estimation s'appuie sur une étude réalisée en 2007 pour l'ONG WWF, qui s'interrogeait alors sur les conséquences de la déforestation en Nouvelle-Galles du Sud. Ces chiffres ne prennent toutefois pas en compte les populations d'insectes, de chauves-souris et de grenouilles. Le bilan des feux sur la faune pourrait donc être encore plus lourd.
La situation des koalas est particulièrement préoccupante, rappelle le Guardian (en anglais). Au moins 30% des marsupiaux de Nouvelle-Galles du Sud sont morts parce que "jusqu'à 30% de leur habitat naturel a été détruit", selon la ministre de l'Environnement. Cet Etat accueille une part importante de la population des koalas, classés espèce vulnérable.
Le coût des incendies est à ce stade impossible à évaluer. Un premier indicateur donne le vertige : 5 259 demandes d'indemnisation ont déjà été déposées, pour un montant global de 321 millions de dollars australiens (près de 200 millions d'euros), détaille Bloomberg (en anglais), jeudi 2 janvier.
Selon un chercheur de l'université de Tasmanie interrogé par la BBC (en anglais), le coût des incendies dans le secteur de la santé pourrait également atteindre plusieurs centaines de millions de dollars australiens. "Environ un tiers de la population australienne a été affectée, avec une exposition prolongée ou ponctuelle [à la fumée des incendies] et parfois des conséquences extrêmes sur leur santé", a-t-il assuré.
Des millions d'hectares de forêts, de steppes, de maquis sont partis en fumée dans l’un des plus grands incendies de notre époque. Un demi-milliard d’animaux sont brûlés vifs. C’est la terreur et le désespoir pour les animaux emblématiques de ce pays-continent. Les kangourous courent, mais les flammes les ont déjà encerclés. Les koalas se déplacent très doucement, ils brûlent sans pouvoir fuir. 18 humains déjà victimes.
L'Australie brûle.
Yahvé, le dieu de la Torah est occupé à autre chose. Il a vu Moshe manger un steak avec un yaourt. Crime abominable! Yahvé a sorti son registre rouge et a inscrit Moshe pour l'enfer.
L'Australie brûle
Dieu, le dieu des Évangiles est trop occupé. Son auguste regard a capté Philippe qui vient de mentir à son ami. Dieu a sorti son registre rouge et a inscrit Philippe pour l'enfer.
L'Australie brûle.
Allah, le dieu du Coran est trop occupé. Il vient de voir Ahmed qui boit une bière, adossé à un palmier dattier.
Allah a sorti son registre rouge. Il vient d'inscrire Ahmed dans la liste pour l'enfer.
Le Monde
David Camroux, chercheur franco-australien à Sciences Po, analyse les nombreux reculs pour l'environnement depuis l'arrivée au pouvoir du conservateur Tony Abbott.
Propos recueillis par Audrey Garric Dans le Monde Publié le 31 janvier 2014 à 19h58 - Mis à jour le 03 février 2014 à 10h08
C'est le dernier exemple en date du peu de crédit que le gouvernement australien actuel accorde à l'environnement : Canberra a approuvé, vendredi 31 janvier, le rejet, dans les eaux de la Grande Barrière de corail, de déchets de dragage provenant des travaux d'extension d'un port d'exportation de charbon. Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, la Grande Barrière a déjà perdu plus de la moitié de ses coraux au cours des vingt-sept dernières années sous l'effet de facteurs météorologiques (tempêtes), climatiques (réchauffement) et industriels.
Lire : En Australie, la Grande Barrière de corail accueillera des déchetsDavid Camroux, chercheur franco-australien au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, analyse la relation conflictuelle et difficile qu'entretient l'Australie avec la question environnementale.
David Camroux : L'arrivée au pouvoir de Tony Abbott et de conservateurs à la tête des Etats fédérés marque un important recul pour l'environnement en Australie. Vendredi, les autorités de Tasmanie ont demandé le retrait de la liste du patrimoine mondial de l'humanité de 74 000 hectares de forêt primaire afin de pouvoir les exploiter. Il y a quelques jours, le gouvernement d'Australie-Occidentale lançait un « plan requins », visant à tuer tout squale de plus de 3 mètres nageant à moins d'un kilomètre des côtes.
Juste après son élection, en septembre, le premier ministre conservateur Tony Abbott a également supprimé le ministère des sciences, ainsi que l'Autorité du changement climatique [chargée de conseiller le gouvernement sur la lutte contre le changement climatique] et la Commission du climat [organisme indépendant chargé d'informer le public sur le changement climatique]. Surtout, il a annoncé la suppression de la taxe carbone instaurée par sa prédécesseure travailliste Julia Gillard en 2012. Elle avait pour objectif de réduire les rejets de CO2 dont l'Australie est un des plus grands émetteurs en obligeant les 500 plus gros pollueurs à acheter des permis d'émission.
Tony Abbott a été élu après une campagne contre les taxes de manière générale, et la taxe carbone en particulier. C'est un climato-sceptique revendiqué, qui qualifiait en 2009 de « connerie absolue » l'attribution du changement climatique à l'activité humaine.
Il a aussi été sensible au lobby très fort de l'industrie minière et pétrolière. Depuis quelques années, l'Australie connaît un boom minier : elle exploite de nombreuses mines géantes de charbon, de cuivre et de minerai de fer. Son économie dépend de plus en plus de l'exploitation de ces matières premières très polluantes, essentiellement exportées en Chine. Résultat : elle est le seul pays de l'OCDE à avoir échappé à la récession en 2008 et son taux de chômage ne dépasse pas 5 % de la population. Le gouvernement veut donc limiter les contraintes qui pèsent sur les entreprises afin de maintenir la croissance du pays. L'Australie sacrifie de plus en plus l'environnement sur l'autel des intérêts économiques et politiques.
Enfin, Tony Abbott tient un discours nationaliste et de repli sur soi : il souhaite s'occuper des problèmes du pays tandis que le rôle moral de l'Australie dans le monde n'a pas d'importance. Pour preuve, son ministre de l'environnement, Greg Hunt, qui n'a pas de compétence ou de sensibilité écologique, ne s'est pas rendu à la dernière conférence de l'ONU sur le climat qui s'est tenue à Varsovie en novembre.
Les premiers ministres travaillistes ont souhaité avancer sur la question environnementale, contrairement aux conservateurs. Après des années d'immobilisme sous le gouvernement du conservateur John Howard (1996-2007), le premier ministre travailliste Kevin Rudd a été élu en 2007 sur un programme écologiste assez fort. Il avait même obtenu le soutien de l'ancien vice-président américain Al Gore pendant sa campagne. Il a lancé l'adhésion de l'Australie au protocole de Kyoto, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et c'est lui qui a promis de mettre en place une taxe carbone ainsi qu'une taxe sur les ressources minières. Mais l'industrie minière, qui a mené une très forte campagne contre ces projets, a réussi à avoir sa tête.
Sa successeure, Julia Gillard, arrivée au pouvoir en 2010 avec une faible majorité, avait besoin du soutien des Verts au Sénat pour gouverner. Sous leur pression, elle a fini par mettre en œuvre une taxe sur l'exploitation des ressources non renouvelables, mais dans une version moins ambitieuse que le projet de Rudd. Elle a également lancé la mise en place de la taxe carbone.
Les clivages sur l'environnement s'accentuent. La plupart des gens sont climato-sceptiques et récusent l'influence humaine sur les événements climatiques extrêmes qui frappent le pays (sécheresses, inondations). Le fait que 70 % des médias australiens appartiennent à l'empire de l'homme d'affaires australo-américain Rupert Murdoch, lui-même climato-sceptique, joue un rôle dans cette défiance.
Il existe également un clivage entre la ville et la campagne. D'un côté, une partie de la population qui vit dans des zones agricoles intensives ou d'exploitations de bois rejette le discours écologiste qu'elle associe aux « écolos bobos et citadins ». Une partie des Australiens profitent aussi de la manne minière et ont vu une augmentation de leurs salaires, même pour des emplois peu qualifiés. D'un autre côté, il y a une inquiétude croissante des associations écologistes et de certains habitants qui craignent la destruction de leur environnement.
La population est également divisée sur la question de l'exploitation du gaz de schiste. Le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud a interdit cette exploitation pour ne pas porter préjudice à la production de vin, sous la pression conjointe des écologistes et des agriculteurs. Mais les réserves les plus importantes se trouvent dans le Queensland, où l'opposition est faible.
Libération Par Laure Andrillon, Envoyée spéciale dans le comté de Sonoma (Californie) — 1 novembre 2019 à 19:36
Healdsburg, au nord de San Francisco, fait partie des villes touchées par le Kincade Fire. Photo Noah Berger.
Brenda Gillean est assise à même le trottoir, juste en face de chez elle. «C’est pour faire sécher mon vernis au soleil», explique-t-elle, les mains posées bien à plat sur ses genoux. Et pour mieux admirer sa «petite maison verte», qu’elle n’en revient pas de retrouver debout, ce jeudi. Cette habitante de Healdsburg, qui vit depuis trente-huit ans dans le comté de Sonoma, au nord de San Francisco, vient de passer cinq nuits dans un vieux camping-car garé sur le terrain de sa fille, à une heure de là. Samedi dernier, elle a reçu l’ordre d’évacuer son domicile pour se mettre à l’abri du Kincade Fire, un incendie déclaré trois jours plus tôt. Attisé par des vents de plus de 100 km/h, le feu menaçait, selon l’agence des pompiers de l’Etat, Calfire, de détruire 90 000 bâtiments.
Cette femme de 58 ans a attrapé son chat, quelques vêtements, deux photos, avant de rejoindre, comme tout son voisinage, le «convoi des déplacés». En quarante-huit heures, 185 000 personnes ont dû trouver refuge dans la région, avant que, jeudi, les 5 000 pompiers mobilisés ne parviennent à contenir le brasier hors des zones les plus habitées. «Revenir chez moi est un mélange de soulagement, d’inquiétude, de culpabilité, raconte Brenda. Je retrouve ma maison, d’autres ailleurs l’auront perdue.» L’incendie, contenu vendredi à 68 %, a dévoré plus de 31 000 hectares et détruit 350 bâtiments.
Comme beaucoup dans le coin, elle n’en est pas à son premier feu. Elle raconte, un peu honteuse, que lorsque le Tubbs Fire a frôlé sa commune en 2017, elle n’a pas suivi le conseil d’évacuer, «jugeant que ce n’était pas nécessaire, et ne sachant de toute façon pas trop où aller». Le tragique Camp Fire, qui a rayé de la carte la ville de Paradise il y a un an, tuant 85 personnes, a changé la donne. «Pour nous tous, ça a été une leçon très claire, résume Brenda. Si on te dit de partir, tu pars.» A peine rentrée, elle sait qu’il lui faudra «repartir un jour, peut-être même cette année». Une douzaine de feux sont encore actifs en Californie, et la situation empire dans le Sud pendant qu’elle s’améliore dans le Nord.
A quinze minutes de là, la route vers les collines est encore coupée. Derrière le barrage d’un véhicule de l’armée, la chaussée est toute rose d’avoir été aspergée de retardant. Seules quelques biches reviennent sur leurs terres, interrompant de temps en temps le silence pesant. Les vignobles sont lacérés de saignées noires. Une maison en bois est intacte, sa voisine est en ruine, une tôle toute gondolée éparpillée autour de sa cheminée.
«Cette fois-ci, nous étions mieux préparés», affirme Elece Hempel, qui a géré le flux des donations pour les huit centres d’hébergement d’urgence de Petaluma, située au sud de l’incendie. Pendant que les familles quittent l’abri au compte-gouttes, elle sépare les denrées périssables de «ce qui pourra être utilisé la prochaine fois» : lits de camp, masques, aspirine. «On sait que ce type d’évacuation massive est en train de devenir la nouvelle norme», poursuit-elle réaliste. L’une des salles municipales sera d’ailleurs utilisée comme lieu de stockage, «pour ne pas avoir à recommencer de zéro à chaque fois».
A Santa Rosa, la capitale du comté de Sonoma, la Croix-Rouge a accueilli 1 000 personnes dans un centre pour vétérans et un gymnase adjacent, à deux pas du camp de base des pompiers, d’où s’échappe un ballet incessant de camions et de silhouettes en combinaisons jaunes. David O’Neill, un retraité bénévole de 62 ans, est venu exprès de San Diego et s’inquiète d’apprendre que de nouveaux départs de feu touchent la Californie du Sud. «Il suffit que le vent tourne, et l’aide se trouve au mauvais endroit», explique celui qui dit «avoir fait Chico», au cœur du Camp Fire, comme s’il avait fait la guerre.
Jeudi soir, 350 personnes doivent rester dans l’abri, même si, de ce côté du comté, l’ordre d’évacuation a été entièrement levé. Nombre de seniors sont encore assoupis sous des couvertures, leurs fauteuils roulants garés les uns à côté des autres pour ne pas gêner le passage. Faute d’électricité, leur maison de retraite ne peut pas encore les accueillir et des infirmières viennent faire les soins sur place en attendant.
Dans un coin, un jeune Mexicain charge son portable et ceux de son frère, son père et son cousin. Eux ont préféré rester sur le parking, «intimidés», dit-il, «car ils ne parlent pas anglais». «Ou parce qu’ils ne se sentent pas les bienvenus», ajoute Zahyra Garcia, une activiste du North Bay Organizing Project qui lutte contre le «racisme environnemental». Elle encourage les bénévoles à faire le tour des parkings pour proposer leur aide à ceux restés terrés dans leur voiture. Lors du Tubbs Fire, son organisation s’est aperçue que beaucoup de Latinos s’étaient installés sur la plage de Bodega Bay plutôt que de se rendre dans les centres d’hébergement. Elle rappelle que «cette communauté est souvent celle qui n’a pas le choix de vivre ailleurs que dans des zones particulièrement enclines aux incendies». Celle aussi qui tarde souvent à évacuer, de peur de rater un jour de travail en fuyant plus tôt que leur patron.
Devant un centre qui s’apprête à fermer, à Petaluma, la seule tente qui n’a pas encore été démontée est celle d’une compagnie d’assurances pour agriculteurs venue proposer des «devis gratuits» aux évacués et distribuer des stylos dont personne ne sait que faire. Une famille qui s’apprête à rentrer chez elle les observe, un kit de survie noir à la main. De ceux que l’on vend tout prêts en supermarché. De ceux qu’ont désormais tous les Californiens.
Laure Andrillon Envoyée spéciale dans le comté de Sonoma (Californie)
9 septembre 2019 / Estelle Levresse (Reporterre)
Reporterre, le quotidien de l'écologie
Plus de 15 millions d’hectares de taïga brûlés en huit mois. 2019 s’annonce comme la pire année en matière d’incendies en Russie depuis 2001, année des premières statistiques du système de surveillance à distance de l’Agence fédérale des forêts. Le record précédent de 2003 — 15,99 millions d’hectares — étant déjà presque atteint début septembre, quatre mois avant la fin de l’année (15,93). Selon Greenpeace, 1,3 million d’hectares étaient toujours en feux début septembre.
L’Organisation météorologique mondiale estime que la température observée au mois de juin dans les zones sibériennes — supérieure d’environ dix degrés Celsius à la normale de la période 1981-2010 — a favorisé le déclenchement de ces incendies.
Un pic a été atteint en juillet avec 5,1 millions d’hectares en feu, les incendies s’étendant sur cinq régions du pays : les régions de Krasnoïarsk et d’Irkoutsk, la Yakoutie, les régions de Transbaïkalie. et de la Bouriatie.
Le service Copernicus de surveillance de l’atmosphère de l’Union européenne a observé un nombre « inhabituellement élevé » d’incendies dans le cercle arctique notamment en Sibérie à partir de mi-juin jusqu’au mois d’août. La plupart concernaient la Sibérie, l’Alaska et le nord du Canada, engendrant des « niveaux d’émissions exceptionnellement élevés ».
Très fréquents en Sibérie chaque année, les incendies ont connu cet été une médiatisation inédite du fait des fumées toxiques qui se sont dispersées sur des milliers de kilomètres pendant plusieurs semaines.
« D’habitude, les vents dominants sont plutôt des vents d’Ouest, qui dirigent les fumées vers des régions peu peuplées de Yakoutie du Nord ou de la région d’Irkoutsk. Cette année, la direction des vents a changé et plusieurs grandes villes comme Krasnoïarsk, Novossibirsk ou Tomsk ont été plongées dans le brouillard », explique Alexandre Onoutchine, directeur de l’Institut Soukatchev, institut de recherche sur les forêts basé en Sibérie. Les fumées ont même atteint les villes de l’Oural Ekaterinbourg et Tcheliabinsk.
La ville sibérienne de Novossibirsk sous les fumées des feux de forêt, le 25 juillet 2019. Selon Greenpeace, en 2010, les fumées — propagées jusqu'à Moscou — avaient causé la mort prématurée de 50.000 personnes.
Les photos et les vidéos publiées sur internet des habitants souffrant de cette pollution de l’air ont provoqué une vague de mobilisation dans toute la Russie et au-delà. Les autorités fédérales russes, qui tardaient à réagir, ont finalement ordonné fin juillet l’intervention de l’armée pour venir en aide aux pompiers sur place.
Le 21 août, l’Agence fédérale des forêts annonçait la stabilisation des incendies. « En Sibérie, 1,12 million d’hectares brûlent actuellement, dont 1 million sur des territoires reculés. » [1] L’organisme évaluait alors à environ 7 milliards de roubles (959 millions d’euros) les dégâts économiques causés par les incendies de forêt depuis le début de l’année en Russie.
« Si le temps change et que les précipitations diminuent, sans mesures de lutte contre les incendies renforcées, il faut s’attendre à ce que la fréquence des incendies augmente à nouveau », prévient Alexandre Onoutchine, qui met en cause les lacunes du système de prévention et de lutte contre les incendies de forêt en Russie.
« Auparavant, il existait un système de protection centralisé : on pouvait transférer des forces, des ressources, des moyens d’une région à l’autre si besoin. Maintenant, c’est très compliqué, regrette-t-il. La responsabilité est dévolue au pouvoir local. Chaque région gère ses propres ressources dans son coin et il est très compliqué légalement de mutualiser les moyens. »
Pour le directeur de l’Institut de recherche, il faut absolument instaurer un système de gestion durable des forêts sur le long terme et augmenter les crédits budgétaires destinés à la prévention et à la suppression des incendies .
Autre aspect de la législation forestière très critiquée : la possibilité pour les autorités — depuis 2015 — de définir des « zones non prioritaires », situées dans des endroits peu habités, loin des populations et des infrastructures, où elles décident de ne pas agir si le feu ne constitue pas une menace pour les habitants et si les coûts estimés des opérations de lutte contre les incendies dépassent ceux des dommages.
Pour Anton Beneslavsky, expert dans les feux de forêt au sein de Greenpeace Russie, la définition de telles zones de contrôle est bien une mesure nécessaire dans les territoires isolés, mais elle est trop souvent décrétée dans des zones inappropriées. En outre, le coût des dommages est pour lui sous-évalué, ne prenant en compte que la perte d’exploitation forestière.
« À cause de cette loi, on laisse les incendies prendre de l’ampleur et causer de graves dommages, estime-t-il. Dans la lutte contre les feux, on sait très bien que les toutes premières heures sont cruciales. Si vous stoppez le feu rapidement, vous pouvez le contenir à une petite échelle, sinon c’est impossible. Ensuite, les dépenses pour l’éteindre augmentent de façon exponentielle. »
Face à l’ampleur et à l’intensité croissantes des incendies en Sibérie, les experts du climat et les associations écologistes alertent sur leurs conséquences environnementales à long terme et la réaction en chaîne qu’ils provoquent : l’amplification du réchauffement climatique.
En brûlant, les forêts de Sibérie rejettent de grandes quantités de CO2 dans l’atmosphère ainsi que des particules de cendre et de suie. Transportées par le vent jusqu’en Arctique, ces particules noires se mélangent à la glace, qui devient grise. Or, le gris absorbe davantage la chaleur que le blanc. La glace se réchauffe et elle fond plus vite. Les incendies rendent également le pergélisol — couche du sol gelée en permanence — plus exposé aux rayons du soleil, amplifiant le risque de dégel et de libération de méthane, autre gaz à effet de serre.
Autre conséquence irrémédiable, les dégâts causés en matière de biodiversité. « Quand plusieurs millions d’hectares de forêts brûlent simultanément, c’est terrible pour la faune. Bien sûr, les gros animaux peuvent s’échapper, mais toute la microfaune est tuée. C’est la base de la pyramide de la biodiversité qui est détruite », se désole Anton Beneslavsky.
En Russie, les forêts couvrent plus de 800 millions d’hectares, soit un cinquième de la surface totale des forêts de la planète. « Il n’y a pas que l’Amazonie qui joue un rôle majeur dans la régulation du climat et pour la préservation de la biodiversité. L’écosystème sibérien, celui du Canada, du Congo, etc. sont aussi importants, affirme l’expert de Greenpeace. Si l’on perd l’un de ces écosystèmes, on ne sauvera pas le climat. »
Le Monde
Publié le 28 août 2019 à 12h22 - Mis à jour le 28 août 2019 à 12h26
Les incendies qui ravagent la forêt tropicale en Amérique du Sud sont nettement visibles depuis l’espace.
Depuis maintenant plusieurs semaines, la forêt amazonienne est ravagée par des incendies d’une ampleur inédite. Sur le terrain, les feux ont encore progressé lundi. Quelque 1 659 nouveaux départs de feu ont été recensés au Brésil par l’Institut national de recherche spatiale (INPE) en vingt-quatre heures, plus de la moitié en Amazonie. Selon un article paru le 26 août dans la revue Science, la déforestation est clairement à l’origine de ces incendies. Vue du ciel, et même de l’espace, on réalise d’autant plus l’étendue des dégâts.
Sur cette image diffusée par la NASA, on peut voir en orange les feux dans la forêt amazonienne et en blanc apparaissent les villes. La forêt est, elle, en noir. Cette image a été produite par des satellites d’observation de la NASA entre le 15 et le 22 août. JOSHUA STEVENS / AFPDans cette photo diffusée par Greenpeace, on voit une zone de l’Amazonie après un incendie à Novo Progresso dans l’Etat de Para au Brésil, le 23 août. VICTOR MORIYAMA / AFP
Une vue aérienne de l’Amazonie à Porto Velho dans l’Etat de Rondonia montre une parcelle déforestée partir en fumée, le 24 août. La déforestation, par l’exploitation des ressources forestières ou par les feux de forêt, réduit la quantité d’eau qui s’évapore et rend le climat plus sec dans une région dont les températures devraient augmenter d’environ 3,3 °C d’ici la fin du siècle. UESLEI MARCELINO / REUTERS
Le Parisien Par Ch.G. Le 26 août 2019
L'Amazonie n'est pas la seule région de la planète touchée par d'importants feux de forêt. Plusieurs pays du centre et du sud de l'Afrique font actuellement face à une situation similaire.
Une carte en temps réel des incendies sur l'ensemble de la Terre, fournie par la Nasa (l'agence spatiale américaine), permet de visualiser la gravité de la situation. Les feux de forêt dans cette zone du continent africain sont plus denses et nombreux qu'en Amazonie. Angola, République Démocratique du Congo, Zambie, Congo et Tanzanie sont les pays les plus exposés.
Selon l'agence spatiale européenne, 70 % des terres brûlées chaque année sur la planète se trouvent en l'Afrique subsaharienne. Et dans le bassin du Congo, les incendies n'ont rien d'inhabituel : ils sont le fruit d'une méthode d'agriculture ancestrale perpétuée par les paysans locaux. Il s'agit de la « culture sur brûlis », une technique populaire en Afrique centrale qui consiste à enflammer des parcelles sèches, puis laisser reposer des cendres de bois sur le sol pour le rendre plus fertile.
« Ce ne sont pas des accidents. C'est le résultat d'un grand nombre de petits incendies, une différence notable avec la situation au Brésil. Ils sont provoqués par des agriculteurs modestes dans le cadre d'une agriculture familiale traditionnelle », détaille Guillaume Lescuyer, chercheur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) de Montpellier.
« Les températures très élevées et le manque de pluie ont favorisé la sécheresse. Et les agriculteurs se servent de cette sécheresse afin de mettre en place des cultures vivrières par la suite. C'est la méthode dominante pour ces agriculteurs en zone rurale », précise-t-il.
D'après le chercheur, la zone touchée par les flammes concerne essentiellement la partie la plus sèche d'Afrique centrale, contrairement aux « forêts humides et denses avec des arbres de 50 m », qui ne prennent pas feu à cette période de l'année.