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2 octobre 2020
Par ELAINE GANLEY
PARIS (AP) – Le président Emmanuel Macron, essayant de débarrasser la France de ce que les autorités appellent une «société parallèle» de musulmans radicaux prospérant en dehors des valeurs de la nation, a présenté vendredi une série de mesures dans un projet de loi qui perturberait l’éducation , les finances et autres moyens d’endoctrinement des personnes vulnérables.
Macron a inventé le terme «séparatisme» pour décrire le monde souterrain qui prospère dans certains quartiers de la France où des musulmans avec une vision radicale de leur religion prennent le contrôle de la population locale pour inculquer leurs croyances.
Macron a souligné dans un discours que stigmatiser les musulmans français serait tomber dans un «piège» tendu par les radicaux. Il a reproché à la France elle-même d’avoir organisé la «ghettoïsation» d’une population qui pourrait facilement devenir la proie de la prédication de ceux dont le but est de substituer leurs lois à celles de la nation, et a rappelé que la laïcité est le «ciment» de la France.
Il a pris la parole aux Mureaux, une ville ouvrière à l’ouest de Paris, après avoir rencontré le maire, François Garay, qui est largement crédité de projets de construction qui aident à intégrer la population musulmane dans le courant dominant. Il a déclaré que 70 personnes de la région des Yvelines, où se trouve la ville, se sont rendues en Syrie et en Irak.
Macron a prononcé son discours alors qu’un procès est en cours à Paris pour les attaques meurtrières de janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo et un supermarché casher par des extrémistes islamiques d’origine française. La semaine dernière, un Pakistanais a poignardé deux personnes près des anciens bureaux de Charlie Hebdo en colère après la publication de caricatures du prophète Mahomet. Macron a noté les deux cas.
Le président a présenté un plan en cinq points visant à bouleverser le monde qui permet à ceux qui promeuvent une marque radicale d’islam de prospérer, notamment via des associations ou des écoles à domicile qui plongent les membres et les étudiants dans une idéologie radicale.
La France a la plus grande population musulmane d’Europe occidentale avec jusqu’à 5 millions de membres, et l’islam est la deuxième religion du pays.
Le projet de loi, qui serait soumis au parlement au début de l’année prochaine, obligerait tous les enfants à partir de 3 ans à fréquenter les écoles françaises et autoriserait l’enseignement à distance uniquement pour des raisons médicales. Les associations, qui reçoivent un financement de l’État, seraient rendues responsables de leurs dépenses, de leurs dirigeants parfois invisibles et seraient obligées de rembourser les fonds mal utilisés.
Macron a qualifié les écoles françaises de «cœur de la laïcité (où) les enfants deviennent citoyens».
Les autorités affirment que le vecteur pour inculquer aux musulmans une idéologie extrémiste était autrefois la mosquée mais, aujourd’hui, le principal vecteur est l’école.
Les mesures proposées concernent néanmoins les mosquées, qui, selon Macron, font parfois l’objet de prises de contrôle hostiles, ainsi que les imams pour garder les maisons de prière et les prédicateurs hors du contrôle des personnes qui utilisent la religion à leurs propres fins.
«Dans quelques jours, vous pourrez voir des islamistes radicaux… prendre le contrôle des associations (qui dirigent des mosquées) et de tous leurs finances. Cela ne se reproduira plus », a déclaré le président français.
« Nous allons installer un système anti-putsch, très robuste, dans la loi », a déclaré Macron sans donner plus de détails.
Le projet de loi, qui doit être envoyé aux chefs religieux pour examen ce mois-ci, prévoit également de mettre fin progressivement à la pratique de longue date d’importer des imams d’ailleurs, notamment de Turquie, d’Algérie et du Maroc, et de former plutôt des imams en France pour y assurer. suffisent. Une organisation musulmane qui sert de relais officiel aux dirigeants français doit participer au projet.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a mis en garde contre le mélange de tous les musulmans de France avec la «question du séparatisme».
«Pour ceux qui laissent croire que l’islam est l’islamisme, et inversement, il y a bien une distinction entre la religion musulmane et l’idéologie islamiste», écrit Chems-Eddine Hafiz dans un commentaire du journal Le Monde.
Cependant, le recteur a apporté son soutien à l’initiative – à condition qu’elle ne soit pas utilisée comme un gadget de communication.
«Depuis près de 40 ans, une ghettoïsation s’est progressivement installée, d’abord urbaine, puis sociologique, avant de devenir idéologique et identitaire», écrit Hafiz, le recteur de la mosquée de Paris dans son commentaire.
Les autorités disent qu’il existe toutes sortes de «séparatismes», mais Macron a déclaré que les autres sont «marginaux» tandis que l’islam radical est un danger pour la France car «cela se traduit parfois par une contre-société».
Pour Macron, une version perverse de la religion a pénétré la société française, y compris les services publics, de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle au système de transport. Il a déclaré que certains chauffeurs de bus interdisaient aux femmes en jupe courte de monter à bord.
La loi proposée interdirait également les «certificats de virginité» fournis par les médecins à certaines femmes musulmanes avant le mariage. Macron, qui a fait de l’égalité des sexes une priorité de sa présidence, a déclaré que les documents étaient offensants pour la dignité des femmes.
Il a admis que le combat qu’il propose serait long parce que «ce qui a pris des décennies à construire ne sera pas abandonné en un jour»
Ouest-France Publié le 17/10/2020 à 19h11
Des fleurs déposées devant le collège du Bois d'Aulne, à Conflans Saint Honorine, le 17 octobre 2020 pour rendre hommage à Samuel Paty le professeur d'histoire-géographie assassiné Photo Charles Platiau/Reuter
Samuel Paty, âgé de 47 ans et père de famille, enseignait l’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne. Il a été décapité par un jeune Russe à proximité de l’établissement, quelques jours après avoir donné un cours sur la liberté d’expression. Ce cours a fait polémique auprès de certains parents d’élèves. Ouest-France vous explique pourquoi.
Lors de sa conférence de presse du samedi 17 octobre, le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a indiqué : « un débat avait été organisé avec une classe de 4e sur la publication des caricatures de Mahomet », dans le cadre d’un cours prononcé le 5 octobre sur la laïcité et la liberté d’expression. « Le support [de cours] montrait à titre d’exemple deux des caricatures publiées par Charlie Hebdo. Il s’agissait, pour la première, de la une au lendemain de l’attentat du 7 janvier 2015 et, pour la seconde, d’un dessin représentant le prophète nu et accroupi, légendé : « Mahomet, une étoile est née ».
>Selon Rodrigo Arenas, coprésident de la fédération de parents d’élèves FCPE, « la victime avait invité les élèves musulmans à sortir de la classe » avant de montrer ces dessins. Un témoignage corroboré par celui de Noredine, parent d’un élève de 13 ans qui se trouvait dans la classe de ce professeur. Il a indiqué à France Inter : « apparemment, il n’a pas fait ça méchamment. Il leur a dit : 'Je vais montrer une image. Je vous conseille de sortir pour pas être vexés, pour ne pas être choqués. Mon fils m’a dit qu’il avait fait ça pour préserver les enfants, pour ne pas les vexer. »
Peu après les faits, de nombreux parents d’élèves sont venus voir l’enseignant pour expliquer « qu’il avait fait une erreur, mais de rien du tout. Ça arrive à tout le monde », complète Noredine. Citée par Le Parisien , une autre mère de famille indique : « Mon fils m’avait évoqué la polémique naissante. Les élèves en ont beaucoup parlé, ça a pas mal jasé car des parents s’étaient plaints de cet enseignement. C’était l’affaire de la semaine ». « Ça a été LE sujet de discussion sur Snapchat et dans la cour de récré pendant deux jours, et puis on est passés à autre chose », indique aussi Samia au Monde .
Certains parents étaient beaucoup plus vindicatifs. Jean-François Ricard a indiqué que « dès le 7 octobre au soir, le père d’une des élèves publiait sur son compte Facebook un récit des faits faisant état de la diffusion d’une image du prophète nu et un appel à la mobilisation contre l’enseignant en vue de son exclusion. » Le père de cette élève indiquait son propre numéro de téléphone et demandait à ses lecteurs d’écrire aux diverses autorités de l’État pour faire pression. Le lendemain, accompagné d’une autre personne, il était reçu par la principale de l’établissement, « exigeant avec virulence le renvoi du professeur, sous peine de mobilisation et de manifestation. » « En soirée, le même parent d’élève publiait une vidéo accompagnée d’un texte sur son compte Facebook dans lequel il désignait nommément le professeur, donnait l’adresse du collège et incitait à «dire stop» », a poursuivi Jean-François Ricard. (Ndlr c'est le procureur de la République)
L’affaire ne s’est pas arrêtée là. La polémique s’est poursuivie au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. Le parent d’élève, accompagné de sa fille, souhaitait porter plainte pour « diffusion d’image pornographique ». Sa fille, qui affirmait avoir assisté au cours, a assuré que le professeur avait demandé aux élèves musulmans de lever la main et de sortir. Convoqué devant les policiers le 12 octobre, Samuel Paty a contesté cette version et indiqué, comme en témoignait Noredine, qu’il avait proposé à ses élèves de ne pas regarder les caricatures, « dans l’hypothèse où ils auraient pu être heurtés », une version confirmée, donc, par le procureur. L’enseignant a ensuite déposé plainte pour « diffamation publique », avant de donner aux policiers une version écrite de son cours. Il a surtout indiqué que la fille du plaignant n’était pas présente le jour du cours, et qu’elle aurait interprété les propos de ses camarades, selon France info.
Le 12 octobre, le père de l’élève met en ligne une vidéo. Il réitère sa version des faits et une interview de sa fille est menée par une troisième personne, qu’on ne voit pas à l’écran et qui s’avèrera être Abdelhakim S., un militant islamiste très actif qui avait accompagné le père au collège et fait partie des neufs gardés à vue. Il indique dans cette vidéo « que le président Macron avait attisé la haine des musulmans. Il demandait l’exclusion de l’enseignant et menaçait de manifester devant le collège et l’inspection académique », selon le procureur.
Quatre jours jours plus tard, Samuel Paty était assassiné. L’enquête devra notamment déterminer s’il y a un lien entre la polémique liée à ce cours et le crime commis.
Les élèves et parents d'élèves du collège du Bois de l'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, étaient sous le choc ce samedi au lendemain de la mort de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité aux abords de l'établissement, quelques jours après avoir montré en classe une caricature de Mahomet.
Louant son engagement et sa bienveillance, ils n'expliquent pas comment un cours d'éducation civique que le professeur avait déjà donné les années précédentes, ait pu se transformer en campagne dénigrante sur les réseaux sociaux et attiser la haine au point d'amener au meurtre.
Samuel Paty a été tué vendredi par un jeune homme de 18 ans d'origine tchétchène qui souhaitait punir l'enseignant qui avait montré en classe des caricatures du prophète Mahomet, selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard. Au moins neuf personnes sont en garde à vue dans cette affaire.
À l’origine : des vidéos mises en ligne par un père d'élève, dont la demi-sœur avait rejoint le groupe Etat islamique en Syrie en 2014, dénonçant la présentation par le professeur de deux caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression quelques jours plus tôt, selon le procureur antiterroriste.
"On ne peut pas imaginer qu'on puisse en arriver là", a dit à Reuters Cécile Ribet-Retel, membre d'une des associations de parents d'élèves du collège. "Cela questionne sur le rôle des réseaux sociaux."
Ces mêmes images - notamment la une de Charlie Hebdo au lendemain des attaques de janvier 2015 - avaient pourtant été montrées l'année précédente en classe pour alimenter un débat sur la liberté d'expression, sans que cela ne crée de vague, selon Clémence, 13 ans, qui avait assisté au cours l'an passé.
"C’était un prof très drôle. Il faisait des blagues. Il était très impliqué dans ses cours. Et parlait avec beaucoup de joie", dit la jeune fille, munie d'une gerbe de fleurs blanches qu'elle est allée déposer devant les portes de l'établissement, où se trouvait d'autres bouquets ainsi que des pancartes à l'effigie : "Je suis Samuel" ou "Je suis enseignant".
Valentin, 14 ans, voyait Samuel Paty une fois par semaine pour des cours de soutien en individuel et le décrit comme quelqu'un de "très gentil", "très conciliant". "Il s’exprimait bien", dit-il.
La crise commence le 7 octobre, lorsque le père d'une élève publie sur son compte Facebook une vidéo dans laquelle il crie sa colère contre le professeur qui a, selon lui, diffusé en classe une caricature représentant le prophète Mahomet nu, a expliqué le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard.
Il rencontre le lendemain la direction de l'établissement pour réclamer le renvoi du professeur, puis publie le soir même une autre vidéo dans laquelle il donne cette fois, le nom de l'enseignant ainsi que l'adresse du collège. Il dépose ensuite une plainte pour diffusion d'images pornographiques.
Une autre vidéo intitulée "l'Islam et le prophète insulté dans un collège public" est publiée le 12 octobre. Le père de l'élève y relate une nouvelle fois les faits.
Une autre personne, que l'on ne voit pas, précise que le président de la République attise la haine envers les musulmans. Cet homme, qui est actuellement en garde à vue, tout comme le père de l'élève, est connu des services de police, précise le procureur.
Certaines vidéos sont relayées par la Grande Mosquée de Pantin. Abdelhakim Sefrioui, membre du conseil des imams de France, apporte son soutien au père de l'élève sur Twitter.
Face aux propos tenus sur les réseaux sociaux, l'enseignant, de son côté, porte plainte pour diffamation.
En attendant, la direction du collège - qui dit avoir reçu plusieurs appels menaçants à la suite des publications des vidéos - tente de calmer la situation.
Elle organise une rencontre avec les parents pour apaiser les tensions et confirme que le professeur avait bien proposé aux élèves qui auraient pu être choqués par les images de sortir de classe.
La vie du collège en avait été bouleversée. "Les élèves ne parlaient que de ça", témoigne Sabrina Pruvost, la mère de Valentin. Alarmé par la viralité des vidéos, le coprésident au niveau national de l'association de parents d'élèves FCPE, Rodrigo Arenas, avait alerté le 9 octobre la mairie qui lui a dit avoir prévenu l'Education nationale.
Selon un membre de la mairie de Conflans-Sainte-Honorine, qui n'a pas souhaité être nommé, la situation s'était calmée depuis mardi au sein de l'établissement.
Une journée après l'attaque, des centaines de personnes sont venues témoigner leur soutien. Chahinez Senouci, mère d'un élève, avait l'habitude de croiser Samuel Paty à des réunions.
"C’était un professeur qui était très attentionné. Il faisait attention à ce que ses élèves suivent bien tout. Ça a été un énorme choc", dit-elle.
Ausias : Le cadre actuel très ambitieux en principe de la 1/2 heure d' EMC par semaine fait partie de la LOI de refondation de l'école de 2013, après plusieurs décrets ministériels sur l'éducation (ou l'enseignement) civique et moral ou moral et civique ou d'éducation civique.
Pourquoi les profs d'Histoire-géo se sont retrouvés enseigner la morale l'éthique les droits et devoirs réciproques les "principes" républicains sans avoir eux-même aucune formation dans ces matières ?
Je vous confirme qu'il n'y a pas de "CAPES" d'EMC ni bien sûr d'agrégation. Les concours s'appellent toujours "d'Histoire et de Géographie".
Bref l'enseignement essentiel pour la République de la morale et du civisme ne va pas plus loin que quelques heures par an et des grands discours. Et donc si vous mettez autour d'une table 5 profs enseignant l'EMC vous aurez 5 conceptions différentes et inconciliables de la laïcité ou de la liberté d'expression. "En même temps" (comme dirait Macron) c'est l'exercice de la liberté d'expression non ?
20 Minutes 19/10/2020
FAKE OFF Contrairement à ce qu’affirme une rumeur virale, Samuel Paty n’encourait pas de sanctions pour avoir montré une caricature de Mahomet à ses élèves dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression
Depuis l’assassinat, vendredi 16 octobre, de Samuel Paty, le professeur d’histoire-géographie décapité à Conflans Sainte-Honorine (Yvelines) après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves lors d’un cours sur la liberté d’expression, le choc et l’effroi ne sont pas les seuls sentiments dominants sur les réseaux sociaux.
La colère y gronde en effet contre la hiérarchie de Samuel Paty, à la faveur d’un message relayé par différents internautes. « Voici Charline Avenel… macroniste pur jus. C’est la rectrice de Versailles qui s’apprêtait à sanctionner le professeur décapité… sous la pression des parents musulmans », affirme par exemple un post Facebook montrant une photo de la fonctionnaire en question, avant de rappeler les conditions de sa nomination en 2018.
« Charline Avenel, recteur de l’Académie de Versailles qui allait sanctionner Samuel Paty face à la pression des islamistes à Conflans-Sainte-Honorine », s’indigne pour sa part un utilisateur de Twitter relayant le même cliché.
Et ces réactions sont loin de s’être limitées aux réseaux sociaux puisque la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire visant notamment à savoir si Samuel Paty a été « abandonné par sa hiérarchie ».
Or, malgré ce que prétend cette rumeur, aucune sanction n’était prévue contre l’enseignant pour son utilisation des caricatures en classe.
Comme l’indique une note des agents du renseignement territorial, citée par nos confrères de CheckNews, du Parisien ou encore du Point, et que 20 Minutes a également pu consulter, Samuel Paty devait seulement faire l’objet d’un « rappel » des règles de laïcité et de neutralité par un inspecteur d’évaluation de la vie scolaire (EVS) début octobre, quelques jours après son utilisation des caricatures, qui avait suscité l’indignation de certains parents d’élèves.
Une indignation entretenue par le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui – mis en garde à vue dans le cadre de l’enquête en cours –, présent aux côtés du père d’une collégienne lors de sa rencontre avec la principale du collège du Bois d’Aulne.
Dans la foulée, Abdelhakim Sefrioui affirmait, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par le père de famille : « A la fin de notre entretien, on a compris qu’il n’y allait rien avoir [comme sanction] de la part de l’établissement. […] Mais elle nous a fait savoir qu’elle allait remonter l’information. Nous sommes partis de là-bas avec la ferme intention de mobiliser pour une action devant l’établissement et devant l’inspection académique. Mais dans l’après-midi, l’inspection académique a contacté le parent d’élève et lui a exprimé son étonnement de savoir que ça s’est passé comme ça dans le cours de ce voyou et qu’ils allaient sévir. »
C’est à partir de cette dernière affirmation de Abdelhakim Sefrioui, citée dans un article du Point du 17 octobre, que de nombreux internautes ont commencé à s’indigner que Samuel Paty ait encouru une sanction de sa hiérarchie.
Or, dans un communiqué publié dimanche 18 octobre, l’académie de Versailles, en plus de retracer le même déroulé des événements que dans la note des services de renseignement territorial, contredit les propos d’Abdelhakim Sefrioui : « M. Sefrioui dit que l’inspection académique serait prête à "sévir" contre M. Paty. C’est évidemment faux. Il serait absurde et paradoxal de donner crédit aux paroles de cette personne. L’institution a toujours été en soutien total à l’égard de M. Paty. A aucun moment, il n’a été dit ni même sous-entendu, ni pensé que l’institution allait "sévir" contre M. Paty. »
Et l’académie de Versailles de préciser que la principale du collège avait soutenu Samuel Paty dans son dépôt de plainte pour diffamation contre Abdelhakim Sefriou, mardi 13 octobre.
Un élément que n’a pas manqué de rappeler ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, lors de son passage sur Franceinfo dimanche. Tout en apportant une indication supplémentaire quant au soutien hiérarchique reçu par Samuel Paty : « Même pendant le week-end [précédant le dépôt de plainte], l’inspecteur en charge de ça […] téléphonait au professeur pour le soutenir, pour parler avec lui de ce qu’il y avait à faire. »
Forum Quelques commentaires sur cet article (62 commentaires, 202 partages)
Marie : Attention, un rappel par un inspecteur, c'est loin d'être un soutien au professeur, mais bien une menace pour lui demander de rentrer dans le rang ! Ce peut tout à fait être le prélude à une sanction ! Seulement, le collègue n'est pluslà pour témoigner, et l'inspecteur et la rectrice racontent bien ce qui les arrangent
Yoga59 : Même un rappel c'est trop, cela veut dire que l'on reconnaît même un peu la légitimité de ces personnages. Comme d'habitude, l'éducation nationale n'a aucun courrage.
Wislander : Pour avoir eu deux parents professeurs, je ne crois pas une seconde que le rectorat s'apprêtait à aider le professeur. Le rectorat est une machine à enfouir les problèmes sous le tapis pour la "paix" sociale.
Chremes Rien que d'avoir organisé une médiation, il y a problème; La liberté d'expression ne se négocie pas
DG61 " Le professeur a été soutenu" A lire l'article, j'ai plutôt le sentiment qu'il a été lâché par sa hiérarchie et par l'inspection académique. S'il a été recadré au cours d'une réunion, c'est bien qu'il a été désavboué, non ? Vous imaginez l'humiliation ressentie de devoir présenter des excuses à sa classe ? Quand il du aller porter plainte contre le déferlement de haine qu'il subissasit, il était tout seul. Pourquoi ses supérieurs ne l'ont-ils pas accompagné s'ils le soutenaient , Qu'ont-ils fait concrètement our assurer sa sacurité ? Quand je pense aux moments de grande solitude qu'il a du traverser dans ses derniers jours, je ressent beaucoup de tristesse.
JMP Dans un premier temps on l'a juste obligé à s'excuser devant ses élèves !
C'est beaucoup plus blessant qu'une sanction non méritée !
Il ne fallait pas de vagues et bien c'est réussi !
Lamentable !
Mais bien-sur le rectorat ne prendrait jamais de sanction ! Collège François Villon à Mulhouse, un professeur d'arts plastiques a été suspendu pour quatre mois le lundi 12 janvier 2015. Il était reproché à l'enseignant d'être à l'origine de tensions autour de l'étyablissement après avoir présenté des cadricatures à sa classe le lendemain des attentas contre la rédaction de Charlie Hebdo. A l'époque des parents d'élèves avaient menacé de bloquer la sortie de l'établissement si des sanctions à l'encontre de l'enseignant n'étaient pas prises avant 16 h. Le Recteur avait alors suspendu le professeur pour 4 mois, la suspension maximale qu'il était autorisé à prinoncer dans ce cas «pour faute professionnelle grave» le jour même, en attendant q'une enquête et un conseil de discipline soient réalisés, on est bien dans le bis répétitat !
Résumé du forum : Personne ne croit en la bonne foi de l'administration, les "posts" pensant que la visite de l'inspecteur est une sanction recueillent 80 approbations, autant que celles décrivant l'administration comme lâche, et auto-protectrice (pas de vagues).
Le malheureux intervenant proposant une auto censure
est massivement désavoué.
Le procureur de la République Jean-François Ricard s'est exprimé lors d'une conférence de presse ce mercredi. (capture écran vidéo)
Par Actu17 le 21 octobre 2020 ( Résumé de la conférence de presse du procureur, illustrée par des petits films montrant le procureur expliquant les faits, l'article est conforme aux déclarations du procureur)
Le procureur de la République antiterroriste Jean-François Ricard a tenu une conférence de presse ce mercredi (21/10) en début d’après-midi afin de communiquer de nouvelles précisions sur l’enquête concernant l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
Le mode opératoire et les motivations du terroriste ont pu être éclaircis. Les enquêteurs ont également retracé les derniers jours de l’assaillant et les personnes avec qui il a échangé.
Seize personnes au total ont été placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête. 9 d’entre elles ont été levées. Sept personnes dont deux mineurs, âgés de 14 et 15 ans, ainsi que Brahim C. et Abdelhakim Sefrioui, ont été déférés pour « complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », du chef de « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste » et « d’association de malfaiteurs terroristes en vue de commettre des crimes d’atteinte aux personnes ». Une information judiciaire a été ouverte.
Le terroriste a bien eu besoin que des élèves lui désignent la victime, Samuel Paty, alors que Abdoullakh Anzarov (L'assassin) se trouvait devant le collège depuis 14 heures. « Si l’auteur des faits bénéficiait du patronyme de l’enseignant, du nom du collège et de sa localisation, il ne disposait pas des moyens permettant de l’identifier. Cette identification n’a été possible que par l’intervention des collégiens, dont deux mineurs », a détaillé le magistrat.
L’assaillant a proposé entre « 300 et 350 euros » aux collégiens. Jean-François Ricard a évoqué une présence « directe et prolongée » des adolescents qui a permis l’identification de l’enseignant. Certains des élèves ont accepté de rester avec Abdoullakh Anzarov jusqu’à l’arrivée de Samuel Paty. Les deux adolescents mis en cause ont donné une description physique de ce dernier. De son côté, le terroriste leur a expliqué, pour justifier sa demande, qu’il avait l’intention de « filmer le professeur, de l’obliger à demander pardon pour la caricature du prophète, de l’humilier, de le frapper ».
En outre, l’assaillant et les collégiens se sont mis « à l’écart » pour se « dissimuler » des caméras de surveillances et d’une patrouille de police qui passait. A l’arrivée du professeur peu avant 17 heures, qui sortait du collège pour rentrer chez lui, le terroriste leur a versé le reste de l’argent et s’est lancé à la poursuite de sa victime.
Le procureur antiterroriste a indiqué que la polémique lancée sur les réseaux sociaux à l’encontre de Samuel Paty, « enclenchée par Brahim C. », le père d’une élève du collège, « reposait sur des faits factuellement inexacts ». L’enquête a montré que la fille de Brahim C. « n’a pas participé au cours d’éducation civique de Samuel Paty » lors duquel il a montré des caricature du prophète Mahomet. Elle était absente pour maladie ce jour-là. Cette dernière a ensuite été exclue pour 48 heures du collège, pour des faits liés à des problèmes de comportement, qui n’avaient pas de rapport avec ce cours et cet enseignant.
Le 7 octobre, Brahim C. a publié trois messages sur les réseaux sociaux, dans lesquels il raconte les faits, selon la version de sa fille, laissant ses coordonnées. L’homme faisait un lien entre l’exclusion de sa fille et le cours de Samuel Paty. Le lendemain, Brahim C. a publié une vidéo sur Facebook, reprise sur Youtube ensuite, où il a mentionné le nom de l’enseignant ainsi que celui du collège. Le professeur était bien désigné comme une cible, à l'aide d'une réinterprétation des faits.
« Il est clair que le professeur a été désigné comme cible sur les réseaux sociaux, par les deux hommes », Brahim C. et Abdelhakim Séfrioui. Le parent d’élève Brahim C. et le terroriste ont eu par la suite « plusieurs contacts » a confirmé le magistrat : « la procédure a permis la mise au jour de plusieurs contacts écrits et téléphoniques entre Brahim C. et Abdouallakh Anzorov à compter du 9 octobre et ce jusqu’au 13 octobre ».
Brahim C. a reconnu avoir été contacté par Abdelhakim Séfroui, le 5 octobre, après la publication d’un message sur les réseaux sociaux. Un contact a été établi depuis le 25 septembre entre les deux hommes. Puis 53 contacts, entre le 8 et le 16 octobre. Le père de famille a réfuté toute idée de violence à l’encontre du professeur.
« Le contexte de la diffusion de ces messages, a aussi été précédé entre le 9 et le 11 septembre, par trois communications de différents organes d’Al-Qaïda. Elles avaient pour objet d’appeler notamment au meurtre de celui qui diffusait ces dessins. L’attaque d’Anzorov s’inscrit dans ce contexte d’appel au meurtre », a déclaré Jean-François Ricard.
Par ailleurs, deux autres personnes sont accusées d’avoir aidé le terroriste et font partie des personnes qui ont été déférées. L’un de ses amis, Azim E., 19 ans, est soupçonné d’avoir accompagné le tueur, la veille de l’attaque, à Rouen pour l’achat d’un couteau. C’est l’arme qu’il a utilisé pour décapiter Samuel Paty. Le second mis en cause est âgé de 18 ans. Il a accompagné Abdouallakh Anzorov dans la coutellerie, puis a conduit en voiture le terroriste dans deux magasins d’Osny (Val-d’Oise), où il a acheté deux pistolets AirSoft.
Un hommage national sera rendu à Samuel Paty à 19h30 ce mercredi soir à La Sorbonne, en présence de président de la République Emmanuel Macron.
Fatiha Agag-Boudjahlat Sur RTL
Fatiha Agag-Boudjahlat, également connue comme Fatiha Boudjahlat, née le 29 décembre 1979 à Montbéliard, est une enseignante professeur d'histoire et de géographie et essayiste française, cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Vive la République.
Bonjour Fatiha, vous venez de Toulouse, et vous enseignez dans un collège classé ZEP. Fatiha Boudjahlat, au fur et à mesure que l'enquête avance, on en apprend plus sur ce qui s'est passé dans et autour du collège, qu'est-ce qui vous met le plus en colère ?
L'immense solitude qu'a du ressentir mon collègue, le manque de solidarité de ses collègues, s'ils avaient fait front, il y aurait eu d'autres effets, la réaction de la principale, je sais que Libération a démenti et le ministre Blanquer l'idée de sanction. Je sais qu'un inspecteur ne se déplace pas sans un rapport écrit d'une principal et sans qu'il n'y ait une faute relevée et pas corrigée.
Quelle est la faute exacte du principal du collége de Conflan Saint Honorine ?
Qu'auriez vous dit vous, à ce père d'élève, à cet imam s'ils étaient en face de vous ?
Il y a quelque chose qui fonctionne, c'est l'autorité, l'autorité elle s'incarne. Ce père a refusé de rencontrer l'enseignant, cela prouve bien qu'il éait dans une démarche militante, agressive, virulente. S'il avait dit, cela s'arrête maintenant votre fille a menti. Cela s'arrête maintenant, où je le signale à mes supérieur, je le signal au commissariat et cela ne fonctionnera pas.
Elle ne pouvait pas savoir que cela allait déborder sur les réseaux sociaux.
Mais vous parlez d'autorité c'est à dire qu'elle a fait preuve de lâcheté ou que l'éducation nationale a fait preuve de lâcheté ?
Globalement, j'ai beaucoup réfléchi depuis plusieurs jours, l'éducation nationale est le temple des lâchetés. Je ne comprends pas pourquoi on couvre la faute de cet inspecteur qui allait sanctionner cet enseignant. lui rappelant les règles de la laïcité. pourquoi on couvre cette principale, je ne comprends pas cette démarche.
On a failli il y a ce temple de la lâcheté et il y a cette attitude générale qui consiste pour les chefs d'établissement de dire "nous sommes médiateurs", et on met sur le même niveau, un enseignant qui n'a fait que respecter les programmes qui sont fixés par la loi, et qui sont accessibles sur le site du ministère de l'éducation nationale et les parents et les enfants. Et maintenant, les chefs d'établissement se font passer pour des juges de paix, des médiateurs. Elle n'avait pas à organiser cette médiation, elle avait à respecter et à rappeler la loi.
Comment réagissez vous quand un élève se prend à vous ? vous avez déjà eu des cas j'imagine.
Six ans à Marseille, aussi à Toulouse, déjà quand le climat scolaire est serein, quand l'établissement est bien tenu, les tentations et les tentatives sont déjà réduites. Mais lors de la minute de silence de Charlie, j'ai un élève qui avait refusé de la faire, de façon très véhémente, très fier de lui. Je lui ai dit simplement, pas de soucis, vous prenez votre table, vous la retournez contre le mur, vous n'existez plus pour moi, vous êtes exclu du deuil de la nation, vous êtes exclu de la classe.
Il l'a faite la minute de silence, cela a soulagé les autres qui avaient envie de la faire, mais qui sentait cette contrainte par les pères. Mais je peux vous dire, quand je lui en ai parler quelques mois plus tard, il trouvait lui-même son attitude ridicule, car en fait, il ne faisait que se conformer à ce qui'l pensait que ses parents apprécieraient. C'est cela les enfants. !
Vous vous sentez vous en mission ?
Je vais vous dire, je suis en mission, par ce que je dois beaucoup à l'école de la république, à mes enseignants. Je suis fille d'immigré, pauvre, je dois tout à l'éducation, je dois aussi beaucoup au courage de ma mère.
Quand on dit qu'on est en mission, c'est un peu gênant, par ce que j'ai l'impression qu'on bascule dans le culte des martyres. On aime les martyres, et on ne les soutient pas de leur vivants. On les soutient post-mortem, cela ne m'intéresse pas. Quand on précarise une profession, quand on fait appel à autant de contractuels, Quand on recrute en Seine Saint Denis des instituteurs qui ont eu 4/20 aux examens. On prolétarise une profession et les gens se disent mais pourquoi je... ? ce ne sont pas des moine missionnaires, les profs, c'est aussi un métier. Et puisqu'on est moins considéré on a moins envie de se mettre en danger.
C'est une question qu'énormément de journalistes posent et je me dis, ce n'est que lorsqu'on parle de l'islam qu'on pose cette question. Et cela veut déjà dire quelque chose. Moi, je n'ai pas peur, car on est comme ça dans la famille, j'ai un frère qui à 15 ans est intervenu pour empêcher le viol par un type beaucoup plus baraqué que lui, voilà on a ce courage dans la famille, ce n'est pas à moi d'avoir peur, c'est à eux d'avoir peur !
Je précise que vous êtes seule fille parmi sept garçons dans votre famille, et que vous avez été élevé par votre, maman, elle vous a élevé toute seule ?
Elle nous a élevé toute seule, elle a été d'un grand courage. Elle a toujours eu un discours positif sur la France. Elle a été naturalisé il y a quelques années. On a tous des idées différentes sur la pratique religieuse. Mais on a pu ainsi un climat où on peut débattre, on a pas eu une chape de plomb générale qui s'impose quand on discute.
Comment vous l'enseignez vous la liberté d'expression ? Ils ressemblent à quoi vos cours ? Vous les montrez vous les caricatures ?
Vous faites bien de le demander, car le professeur ne faisait pas un cours sur les caricatures. Il faisait un cours sur la liberté d'expression, la liberté de conscience (la plus difficile), la liberté de la presse. Car la démocratie ne se réduit pas au vote, il faut la liberté et le pluralisme de la presse, la liberté d'expression. Je fais un cour scolaire, les élèves ont des cours, ils apprennent, ils ont des interros, ils récitent leurs leçon, ils ont de bonnes notes, et cela ne change rien dans leur vie.
Cela fait quelques années que je met en place des projets qui sont longs avec l'aide du conseil départemental de la Haute Garonne qui a une vraie démarche, et l'année dernière on avait préparé un film débat "peut-on critiquer la religion au nom de la liberté d'expression" C'est pas un café du commerce, c'était un débat longuement travaillé sur différents supports dont les caricatures de Mahomet dont je rappelais le contexte, c'était un concours pour prouver que les dessinateurs s'auto censuraient,
Et les réactions des élèves
La première réaction, c'est que les élèves ont du mal à comprendre les caricatures, car le second degré c'est difficile, quand je leur montre la caricature de Cabu qui dit "c'est dur d'être aimé par des cons", ils disent "Ah ils traitent tous les musulmans de cons", Non ! regardez il y a le mot intégriste dans la même page et en même temps ils respectent la loi religieuse musulmane en cachant le visage de Mahomet. En même temps, je leur montre l'oeuvre d'art un crucifix plongé dans un bol d'urine le "Pisschrist" qui a été saccagé dans un musée par un groupe de catholiques qui ne supportaient pas cela. Je leur montre les caricatures sur Trump, les caricatures grimant Macron en Louis XVI, celui à qui on a coupé la tête. Il faut dédramatiser la caricature, et la liberté d'expression, c'est quand ce gratte.
Avez vous le sentiment d'être soutenu par Michel Blanquer ?
J'ai une grande estime pour Jean Michel Blanquer dans ce domaine, et je suis convaincu qu'il a toute son administration contre lui. Et que dans les territoires c'est tout à fait l'inverse. On a crée des équipes "valeur de la République". Equipes mobiles. Au moment de l'hommage à Carcassonne à Arno Beltram, pendant la minute de silence un élève s'est levé et a hurlé Allah Akbar. Il a été reçu par les proviseur, la famille a été reçue, pour comprendre, ils se sont déplacés. Mais la plupart du temps, il ne faut pas faire de vague. On nous demande de ne pas faire de bruit, ne contrariez pas, car le client est roi, et les parents sont les clients.
Retranscrit par Mivy, il manque les deux dernière minutes que vous pourrez écouté et qui sont un peu hors sujet.
L'Union 17/10/2020
Abdoullakh Abouyezidovitch A., "né le 12 mars 2002 à Moscou" avait la nationalité russe, était d'origine tchétchène et bénéficiait du statut de réfugié. Il a été abattu par des policiers, identifié comme étant le responsable de l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty entre son domicile et son collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, vendredi.
L'agresseur de 20 ans, qui habitait à Evreux (Eure) et avait un titre de séjour délivré le 4 mars dernier et valable jusqu'en mars 2030, "était inconnu des services de renseignement", selon le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard.
"Sur un plan judiciaire, il n'a jamais été condamné tout en étant connu pour des affaires de dégradation de biens publics et de violences en réunion, alors qu'il était encore mineur", a précisé le procureur.
Abdoullakh A. a été abattu par des policiers alors qu’il « courait dans leur direction en tirant à cinq reprises avec une arme de poing », a expliqué le procureur Jean-François Ricard.
Selon son récit, trois policiers ont riposté, entraînant la chute de l’assaillant. « Alors qu’il tentait de se relever et de donner des coups de couteau aux policiers, il était neutralisé par les forces de l’ordre », a-t-il raconté, indiquant que son corps présentait « neuf impacts » de balle.
Les policiers ont retrouvé sur lui « un couteau de type poignard, une arme de poing de type Airsoft et cinq cartouches de gaz compatibles avec cette arme ».
Par ailleurs, « un second couteau d’une longueur totale de 35 centimètres, ensanglanté, était découvert à une trentaine de mètres du lieu du crime », a indiqué M. Ricard.
Le 22 octobre 2020 sur le site de l'Élysée
Mesdames, Messieurs,
Ce soir je n’aurai pas de mots pour évoquer la lutte contre l’islamisme politique, radical, qui mène jusqu’au terrorisme. Les mots, je les ai eus. Le mal, je l’ai nommé. Les actions, nous les avons décidées, nous les avons durcies, nous les mènerons jusqu’au bout.
Ce soir, je ne parlerai pas du cortège de terroristes, de leurs complices et de tous les lâches qui ont commis et rendu possible cet attentat. Je ne parlerai pas de ceux qui ont livré son nom aux barbares, ils ne le méritent pas. De noms, eux n’en n’ont même plus. Ce soir, je ne parlerai pas davantage de l’indispensable unité que toutes les Françaises et tous les Français ressentent. Elle est précieuse et oblige tous les responsables à s’exprimer avec justesse et à agir avec exigence. Non.
Ce soir, je veux parler de votre fils, je veux parler de votre frère, de votre oncle, de celui que vous avez aimé, de ton père. Ce soir, je veux parler de votre collègue, de votre professeur tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner, assassiné parce qu’il avait décidé d’apprendre à ses élèves à devenir citoyens. Apprendre les devoirs pour les remplir. Apprendre les libertés pour les exercer. Ce soir, je veux vous parler de Samuel PATY.
Samuel PATY aimait les livres, le savoir, plus que tout. Son appartement était une bibliothèque. Ses plus beaux cadeaux, des livres pour apprendre. Il aimait les livres pour transmettre, à ses élèves comme à ses proches, la passion de la connaissance, le goût de la liberté. Après avoir étudié l’Histoire à Lyon et avoir envisagé de devenir chercheur, il avait emprunté la voie tracée par vous, ses parents, instituteur et directeur d’école à Moulins, en devenant « chercheur en pédagogie » comme il aimait à se définir, en devenant professeur. Aussi ne pouvait-on trouver meilleur endroit que la Sorbonne, notre lieu de savoir universel depuis plus de huit siècles, le lieu de l’humanisme, pour que la nation puisse lui rendre cet hommage.
Samuel PATY aimait passionnément enseigner et il le fit si bien dans plusieurs collèges et lycées jusqu’à celui de Conflans-Saint-Honorine. Nous avons tous ancré dans nos cœurs, dans nos mémoires le souvenir d’un professeur qui a changé le cours de notre existence. Vous savez, cet instituteur qui nous a appris à lire, à compter, à nous faire confiance. Cet enseignant qui ne nous a pas seulement appris un savoir mais nous a ouvert un chemin par un livre, un regard, par sa considération.
Samuel PATY était de ceux-là, de ces professeurs que l’on n’oublie pas, de ces passionnés capables de passer des nuits à apprendre l’histoire des religions pour mieux comprendre ses élèves, leurs croyances. De ces humbles qui se remettaient mille fois en question, comme pour ce cours sur la liberté d’expression et la liberté de conscience qu’il préparait depuis juillet encore l’été dernier à Moulins à vos côtés et des doutes qu’il partageait par exigence, par délicatesse.
Samuel PATY incarnait au fond le professeur dont rêvait JAURÈS dans cette lettre aux instituteurs qui vient d’être lu : « la fermeté unie à la tendresse ». Celui qui montre la grandeur de la pensée, enseigne le respect, donne à voir ce qu’est la civilisation.
Celui qui s’était donné pour tâche de « faire des républicains ».
Alors, reviennent comme en écho les mots de Ferdinand BUISSON « Pour faire un républicain, écrivait-il, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit […] et lui donner l’idée qu’il faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi, ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef, quel qu’il soit » « Faire des républicains », c’était le combat de Samuel PATY.
Et si cette tâche aujourd’hui peut paraître titanesque, notamment là où la violence, l’intimidation, parfois la résignation prennent le dessus, elle est plus essentielle, plus actuelle, que jamais. Ici, en France, nous aimons notre Nation, sa géographie, ses paysages et son histoire, sa culture et ses métamorphoses, son esprit et son cœur. Et nous voulons l’enseigner à tous nos enfants.
Ici, en France, nous aimons le projet tout à la fois terrien et universel que porte la République, son ordre et ses promesses. Chaque jour recommencer. Alors, oui, dans chaque école, dans chaque collège, dans chaque lycée, nous redonnerons aux professeurs le pouvoir de « faire des républicains », la place et l’autorité qui leur reviennent. Nous les formerons, les considérerons comme il se doit, nous les soutiendrons, nous les protégerons autant qu’il le faudra. Dans l’école comme hors de l’école, les pressions, l’abus d’ignorance et d’obéissance que certains voudraient instaurer n’ont pas leur place chez nous. « Je voudrais que ma vie et ma mort servent à quelque chose » avait-il dit un jour. Comme par prescience.
Alors, pourquoi Samuel fut-il tué ? Pourquoi ? Vendredi soir, j’ai d’abord cru à la folie aléatoire, à l’arbitraire absurde : une victime de plus du terrorisme gratuit. Après tout, il n’était pas la cible principale des islamistes, il ne faisait qu’enseigner. Il n’était pas l’ennemi de la religion dont ils se servent, il avait lu le Coran, il respectait ses élèves, quelles que soient leurs croyances, il s’intéressait à la civilisation musulmane.
Non, tout au contraire, Samuel PATY fut tué précisément pour tout cela. Parce qu’il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classes, la liberté qui se transmet et se perpétue à l’école.
Samuel PATY fut tué parce que les islamistes veulent notre futur et qu’ils savent qu’avec des héros tranquilles tels que lui, ils ne l’auront jamais. Eux séparent les fidèles, des mécréants.
Samuel PATY ne connaissait que des citoyens. Eux se repaissent de l’ignorance. Lui croyait dans le savoir. Eux cultivent la haine de l’autre. Lui voulait sans cesse en voir le visage, découvrir les richesses de l’altérité.
Samuel PATY fut la victime de la conspiration funeste de la bêtise, du mensonge, de l’amalgame, de la haine de l’autre, de la haine de ce que profondément, existentiellement, nous sommes.
Samuel PATY est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d’enseigner, à être libres, car nous continuerons, professeur.
Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent. Nous offrirons toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse sans discrimination aucune.
Nous continuerons, professeur. Avec tous les instituteurs et professeurs de France, nous enseignerons l’Histoire, ses gloires comme ses vicissitudes. Nous ferons découvrir la littérature, la musique, toutes les œuvres de l’âme et de l’esprit. Nous aimerons de toutes nos forces le débat, les arguments raisonnables, les persuasions aimables. Nous aimerons la science et ses controverses. Comme vous, nous cultiverons la tolérance. Comme vous, nous chercherons à comprendre, sans relâche, et à comprendre encore davantage cela qu’on voudrait éloigner de nous. Nous apprendrons l’humour, la distance. Nous rappellerons que nos libertés ne tiennent que par la fin de la haine et de la violence, par le respect de l’autre.
Nous continuerons, professeur. Et tout au long de leur vie, les centaines de jeunes gens que vous avez formés exerceront cet esprit critique que vous leur avez appris. Peut-être certains d’entre-eux deviendront-ils enseignants à leur tour. Alors, ils formeront des jeunes citoyens. À leur tour, ils feront aimer la République. Ils feront comprendre notre nation, nos valeurs, notre Europe dans une chaîne des temps qui ne s’arrêtera pas.
Nous continuerons, oui, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, parce qu’en France, professeur, les Lumières ne s’éteignent jamais. Vive la République. Vive la France.