Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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Derière mise à jour 07-Déc-2024
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La victoire des Talibans

"Personne n’aime les missionnaires armés" disait Robespierre en 1791, les Afghans n'ont pas apprécié les droits de l'homme que les soldats occidentaux apportaient à leurs femmes.
La débandade apparente des États Unis met en évidence la détresse des Afghans qui nous ont fait confiance, et cache les enjeux géo-stratégiques. Les États Unis ont bien protégé ce qui est l'essentiel à leurs yeux.

L'Afghanistan, un pays tribal en guerre depuis si longtemps...

L'Afghanistan est le carrefour de l'Asie Centrale, coincé entre la Chine, l'Iran, le Pakistan, et les républiques Ouzbek, Turkmènes et Tadjik qui faisaient parties de l'URSS.

C'est avant tout un pays de hautes montagnes, isolé, tribal, habité par de redoutables guerriers qui ont réussi en 1842 à infliger une défaite militaire cinglante aux anglais qui voulaient agrandir l'empire des Indes. Il est habité par tribus musulmanes  Ouzbeks, tadjiks, Hazaras, et surtout Pachtounes. Les Pachtouns sont des indo-européens ayant de nombreuses pratiques juives, venues de la nuit des temps, probablement un souvenir de la route de la soie, qui allait de Constantinople à Pékin.

Les Soviétiques ont tenté de s'y imposer en 1979, espérant faire de ce pays une République Soviétique au côté du Tadjikistan et autres... mais la guerre a duré dix ans, et s'est terminé par un échec dû à la résistance des tribus Afghanes armées souvent par l'occident, qui n'a pas fait attention à leur idéologie prônant une application stricte des mœurs pré-moyenâgeuses islamiques, et un retour au Djihad contre tous les infidèles, dont nous faisons partie. .  

Qui sont les Talibans ?

Le mouvement Taliban, élèves d'écoles religieuses, s'est développé dans des camps de réfugiés au Pakistan, pendant la guerre civile, et le combat contre l'URSS. Tès rigoristes, ils ont imposé leur vision de l'islam, qui est conforme avec la tradition afghane. Elle préconise un statut très humiliant pour les femmes, qui ne doivent pas être vues par d'autres hommes que leur mari, ce qui leur interdit toute vie sociale. Elles ne pouvaient quitter leur domicile qu’accompagnées d’un “mahram”, un chaperon masculin de leur famille. La lapidation des femmes adultères est pratiquée, les homosexuels sont condamnés à mort etc...

Les Talibans avaient pris le pouvoir, imposé une régression sociale, et laissé la porte du pays ouverte aux pires terroristes... c'est alors que les États Unis ont décidé d'intervenir Libération l'expliquait en 2002 ainsi :

Une présence occidentale contestée

Les États Unis, la Grande Bretagne, l'Allemagne, la France sont intervenus officiellement pour protéger la population Afghane menacées par les islamistes.
Des efforts intenses ont été entrepris d'une part pour consolider l'État Afghan, en le soutenant militairement, financièrement, et en formant une élite locale capable de le moderniser. On a favorisé l'accès de femmes aux universités, et on a autorisé l'accès féminin à des postes éminents, comme professeur, journalistes ou juges.

Toutefois, les occidentaux n'ont jamais réussi à trouver un gouvernement afghan digne de confiance, les dirigeants étaient corrompus, et préféraient se servir plutôt que servir. Les luttes de clans au sein du pouvoir se traduisaient par la distribution de prébendes pour acheter le calme. Les soldats sur le terrain, mal payés, peu motivés se se  rendaient coupable d'exactions sur les villageois. On a découvert des régiments qui n'existaient que sur le papier  ! !   l'argent versé par les USA pour leur entretien tombait dans la poche des dirigeants.

En conséquence, les américains qui fournissaient en armes et en argent l'armée nationale, sont insensiblement passés pour des occupants, et le régime en place pour un régime fantoche de collaborateurs. La défiance est allé si loin, que le président Hamid Karzaï lui même s'est rallié aux Talibans, en affirmant que "les américains nous dupent depuis longtemps".

Pendant vingt ans, les américains et leurs alliés ont traqué les Talibans dans la montagnes, en perdant régulièrement du terrain. La France s'était désengagée dès 2011 après avoir perdu 89 soldats. La France, n'a plus souhaité participer à une guerre dont elle ne voyait pas l'intérêt.

Une reconquête éclaire

Le quinze Août 2021, le président Jo Biden décide unilatéralement, sans concertation avec les anglais et les allemands qui le suivaient dans cette aventure, ni avec le gouvernement Afghan, ni même avec les rebelles Talibans, de retirer ses troupes d'Afghanistan provoquant une panique généralisée dans le pays.

Aussitôt les Talibans se sont sentis des ailes, et en une dizaine de jour on reconquis tout le pays y compris Kandahar et Kaboul les principales villes du pays. Seule la vallée du Panshir tenue par le fils du commandant Massoud leur résiste... soit 150 000 habitants d'ethnie Tadjik d'un côté quarante millions de l'autre majoritairement Pachtouns. Il faut savoir qu'il y a environ quarante millions d'autre Pachtouns de l'autre côté de la frontière au Pakistan, qui fournissent aide et djihadistes.

La conquête Taliban a prouvé la faiblesse de l'armée Afghane qui disposait d'armes ultra sophistiquées dont elle ne savait pas toujours se servir, et qui devait probablement être infiltrée par de nombreux soldats acquis aux Talibans. On peut penser que la majorité des Afghans considérait les occidentaux comme des envahisseurs, et se sentaient proches de ceux qui combattaient pour l'islam et l'indépendance. Les Talibans étaient riches, 84 % de la production mondiale de drogues à base d'opium venait de chez eux. Bien entendu la débandade des armées régulières leur a fourni des armes modernes, y compris des hélicoptères des avions et des munitions en surnombre.

La conquête militaire islamiste n'a pas provoqué de crimes de guerre massifs comme en 1996, les talibans les imputent à des actes de vendetta entre clans Pachtouns.

Les erreurs américaines

Ils ont cru pouvoir apporter les Lumières à une société tribale, clanique et ataviquement plus attachée à la charia qu’à la liberté. En vingt ans de présence, les burqas n’ont jamais disparues du paysage, ni les écoles coraniques, ni les mariages forcés de filles de douze ans, ni les amputations des voleurs, ni les flagellations publiques des femmes « impures », ni les lapidations d’épouses adultères.

Ils n'ont pas réussi a avoir une politique cohérente, car selon un rapport de l'armée américains, diffusé le 17 août, «Aucune agence n'avait la mentalité, l'expertise et les ressources nécessaires pour mettre au point et gérer la stratégie de reconstruction de l'Afghanistan» et elles n'ont jamais réussi à se coordonner entre elles. Pire  ils ont «maladroitement imposé des modèles technocratiques occidentaux aux institutions économiques afghanes; formé les forces de sécurité à la manipulation de systèmes d'armes sophistiquées qu'elles ne pouvaient pas comprendre et encore moins entretenir; imposé un État de droit formel à un pays dans lequel 80% à 90% des décisions se prenaient de façon informelle. [...]

Dépourvus de ces connaissances du contexte, les responsables américains ont souvent donné tout pouvoir à des hommes d'influence qui s'en sont pris à la population ou ont détourné l'aide américaine afin de s'enrichir, eux et leurs alliés, et de prendre le pouvoir. [...] (Ainsi), les projets qui visaient à atténuer les conflits les ont souvent exacerbés au contraire, et même, involontairement, ont financé les insurgés.»

L'argent distribué généreusement par Washington pour obtenir des résultats rapides, indispensables compte tenu des calendriers électoraux, a été utilisé sans stratégie, et a alimentés la corruption. Aucun audit n'a jamais été effectué pour vérifier si l'argent a bien été utilisé pour les buts prévus, ni pour en mesurer l'efficacité.

Le rôle des puissants

Les voisins de l'Afghanistan ont en commun la volonté d'exclure les États Unis de la région, et une certaine méfiance vis à vis des talibans.

Et si les États Unis sortaient gagnants ?

Le 29 février 2020, les États Unis ont signé un accord de paix avec les Talibans, à Doha capitale du Qatar, principal financier des Talibans. Cet accord permettra de finaliser l'oléoduc «TAPI» apportant le pétrole et le gaz du Turkmenistan à l'Inde en traversant l'Afghanistan et le Pakistan. Cet Oléoduc appartient à des capitaux Américains et Japonais il contre les ambitions russes. (Voir revue de presse)

Les Talibans, seront obligés de respecter ces accords de paix, car ils n'auront pas le choix. Les États Unis détiennent le stock d'or de l'Afghanistan et les réserves de la banque centrale sont gelés à l'étranger, les USA disposent de tous les moyens imaginables pour étrangler l'économie Afghane. Sans les billets verts, une large part de l’économie, essentiellement informelle, continuera. Mais c’est comme jeter du sable dans les engrenages : ça va progressivement coincer. L'aide internationale peut être bloquée en prenant pour prétexte la politique misogyne des Talibans.

Dès à présent, les Talibans font des efforts pour être présentables, ils promettent que tous ceux qui le veulent pourront librement quitter l'Afghanistan, et qu'aucune présence militaire étrangère n'est nécessaire. "Nous avons changé" affirment-ils à qui veut bien les entendre.  Ce n'est pas complètement faux, vu que DAESH combat directement les Talibans, en semant la mort : un abominable attentat à l'aéroport de Kaboul, a tué 89 personnes dont 13 soldats américains.

En contrôlant l'énergie en Asie Centrale, en écartant la Chine, la Russie et l'Iran, en se dégageant d'une guerre inutile, les États Unis conserveront les moyens de contrôler l'Afghanistan, c'est à dire le cœur de l'Asie centrale... 

 Il faut savoir changer pour que rien ne change.

Michel Lévy

Pendant ce temps, ceux qui ont cru en nous sont au desespoir.