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27-Sep-2024
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Vendredi 6 février 1998 Association Française des victines du Terrorisme
Le soir du 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude ERIGNAC, est abattu de trois balles à Ajaccio, en Corse. Il était marié et père de deux enfants.
En mai 1998, le commando présumé à l’origine du meurtre est repéré grâce aux communications émises sur les téléphones portables de leurs membres.
Dans un premier temps, l’enquête a abouti à l’identification des hommes qui composaient le commando Didier MARANELLI, Pierre ALESSANDRI, Alain FERRANDI et Marcel ISTRIA.
Lors de sa garde à vue, Didier MARANELLI va désigner Yvan COLONNA comme le tueur du Préfet ERIGNAC et donner le nom de deux autres membres impliqués dans l’assassinat : Joseph VERSINI et Martin OTTAVIONI.
Dès lors qu’il est mis en cause, Yvan COLONNA prend la fuite et choisit la clandestinité.
Par ailleurs, Vincent ANDRIUZZI et Jean CASTELA, tous deux impliqués d’après les notes du préfet BONNET, sont mis en examen pour « complicité d’assassinat » en 1999.
Le 11 juillet 2003, la Cour d’assises spéciale de Paris rend son verdict concernant les membres du commando qui ont été mis en cause, à l’exception d’Yvan COLONNA, alors en fuite :
– Alain FERRANDI et Pierre ALESSANDRI sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat.
– Joseph VERSINI, Marcel ISTRIA, Martin OTAVIANI, Didier MARANELLI, Jean CASTELA et Vincent ANDRIUZZI sont condamnés à des peines de 15 à 30 ans de prison pour complicité.
Jean CASTELA et Vincent ANDRIUZZI ont fait appel de leur jugement : la Cour d’assises spéciale de Paris finit par ordonner leur acquittement le 23 février 2006.
Après plus de quatre ans de fuite, Yvan COLONNA est arrêté le 4 juillet 2003 et mis en examen.
Le 13 novembre 2007, la Cour d’assises spéciale de Paris le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité. Un mois après, ses avocats font appel de cette décision, suivis par le parquet.
Il est condamné de nouveau en appel à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme.
Le 30 juin 2010, la condamnation d’Yvan COLONNA par la Cour d’appel est annulée par la Cour de cassation pour vice de procédure.
Le verdict à la réclusion criminelle à perpétuité a été entériné par la Cour de cassation en juillet 2012.
Suite à cette ultime condamnation, les avocats d’Yvan COLONNA ont décidé, en février 2013, de saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour violation du droit à un procès équitable garanti par la Convention du même nom.
Le 8 décembre 2016, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a jugé irrecevable la requête pour violation de sa présomption d’innocence introduite par Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, anéantissant ainsi son espoir d’obtenir la tenue d’un nouveau procès.
Les juges de la CEDH ont jugé qu’Yvan Colonna n’avait pas utilisé tous les recours du droit français pour protéger sa présomption d’innocence.
Par Ghjaseppu Poggioli sur le Journal de la Corse
17 Décembre 2021 Par : Ghjaseppu Poggioli sur le Journal de la Corse
Un objectif : La levée du statut de DPS
Prisonniers politiques, respect du Droit et vengeance d’Etat ? « Des échanges très positifs » : voilà ce que l’on peut lire dans les médias locaux depuis le 9 décembre, date des rencontres à Paris entre la délégation corse et les représentants des groupes de l’Assemblée Nationale. Un objectif : la levée du statut de DPS – Détenu particulièrement surveillé – pour Alessandri, Ferrandi et Colonna, afin de permettre leur rapprochement en Corse. Alors que la délégation s’est assurée de la sympathie et du soutien de bon nombre de députés, quelle va être la réponse de l’Etat ? Décryptage.
Après des années de mobilisations, de manifestations, de votes à l’Assemblée de Corse ou dans les communes de l’île, la position de l’Etat n’a jamais réellement bougé d’un iota quant aux derniers détenus de ce que l’on nomme « le commando Erignac ». En décembre 2014, répondant à une question orale concernant les prisonniers politiques formulée par Jean-Marie Poli – ancien élu Corsica Libera et porte-parole de l’Association Sulidarità, décédé en 2017 – Paul Giacobbi, alors Président du Conseil Exécutif de Corse, soulignait « le blocage permanent du gouvernement à toute avancée significative en la matière, et ce malgré les efforts entrepris par la Garde des Sceaux » (à l’époque Christiane Taubira, ndlr). Depuis la défaite de François Hollande en 2017, si le gouvernement Macron a permis la libération et le rapprochement de nombreux détenus nationalistes, il reste fermé quant à la situation des derniers condamnés de l’affaire Erignac qui sont toujours incarcérés.
Celui que l’on présentait comme « le 1er Macronien de l’île », Jean-Charles Orsucci a pourtant été, il fut un temps, un ardent défenseur des prisonniers politiques.
En 2011, il interpellait l’Assemblée de Corse, par le biais d’une question orale, affirmant que l’Etat ne reconnaissait pas le statut de prisonnier politique. Sans tergiverser, il déclarait à l’époque : « une discrimination existe dans le traitement des dossiers liés au transfert des détenus sur l’île. Cette disparité est inadmissible, au regard de la législation française et des engagements pris par l’Etat. » Une position que le maire de Bonifacio a tenu activement jusqu’à sa candidature aux élections territoriales de 2017. Estampillé alors LREM, son engagement avec Macron l’a forcé à faire un rétropédalage en la matière, déclarant lors d’un meeting qu’il n’y aurait « pas de prisonniers politiques en France » … Une situation pas facile à gérer pour Orsucci, qui confiera plus tard, lors des élections territoriales de 2021, avoir préféré refuser l’investiture LREM, tout en acceptant le soutien du gouvernement, afin d’être dorénavant plus libre concernant certains sujets propres à l’île.
En février dernier, l’occupation pacifique de la préfecture par une vingtaine de militants « hors structures », demandant la levée du DPS, s’était conclue par l’intervention violente des forces de l’ordre. Dénoncée quasi unanimement par la classe politique insulaire, l’Etat avait en réponse annoncé qu’il engagerait des poursuites à l’encontre de ces jeunes Nationalistes, pour « entrée par effraction dans un bâtiment administratif, violences en réunion et destruction de matériel ». Est-ce réellement une coïncidence si ces poursuites, passées sous silence depuis, ressurgissent huit mois plus tard ? Elles interviennent après une session extraordinaire de l’Assemblée de Corse se prononçant en faveur de la levée du statut de DPS, et juste avant qu’une délégation ne se rende à Paris pour faire du lobbying auprès des députés quant à cette question. Un timing d’autant plus étonnant, qu’il coïncide avec le bras de fer que se livrent Etat et Région, quant à l’amende de 94 millions dus à la Corsica Ferries.
Ces faits témoignent à eux-seuls, des années après l’abandon de la lutte armée, de toute la complexité du positionnement de l’Etat, soufflant successivement le chaud et le froid quant aux prisonniers politiques, et allant souvent jusqu’à nier leur existence.
Ce sont en tout cas ces mots que Gilles Simeoni a choisis dans une interview donnée à Corse-net-infos, pour décrire cette journée de lobbying. La délégation, composée d’élus et de membres d’Unità Strategica, coordination des quatre associations de défense des prisonniers, a rencontré des représentants de tous les groupes siégeant à l’Assemblée nationale. Tous se sont prononcés – à titre personnel – en faveur de la levée du DPS avant 2022. Ils ont aussi assuré que leurs groupes respectifs se positionneraient très vite sur cette question.
Christophe Castaner, président du groupe LREM, était l’un des grands absents de cette rencontre. Il était remplacé par Bruno Questel, député de l’Eure d’origine Corse, certainement bien plus enclin à débattre de ce sujet. La Commission statuant sur la levée du DPS devrait se réunir dans quelques jours. La décision reviendra au Premier ministre, Jean Castex.
Alessandri et Ferrandi ont juridiquement droit à une libération conditionnelle depuis 2017. Les avis favorables et répétés à la levée du statut de DPS par différentes Commissions, toujours suivis par la Chancellerie, n’ont jamais été pris en compte. Le Garde-des-sceaux, Éric Dupont-Moretti, ancien avocat d’Yvan Colonna, s’est vu retirer le droit de statuer sur ce dossier le 18 décembre 2020. Fait inédit dans la 5ème. République, un décret gouvernemental avait à l’époque transféré le pouvoir de décision à Jean Castex. Le Premier ministre avait quelques jours plus tard rejeté la demande de levée du statut de DPS pour Alessandri et Ferrandi..
Aujourd’hui, alors que certains groupes issus du FLNC menacent de reprendre les armes, le manque d’avancées significatives force la majorité territoriale à replacer la question des prisonniers au centre de ses échanges avec le gouvernement. Cette question n’en demeure pas moins une épine dans le pied de Simeoni, qui se heurte régulièrement à un blocage catégorique de l’Etat. Le lobbying à l’Assemblée Nationale pourrait néanmoins faire bouger les lignes. Si Gilles Simeoni en semble convaincu, il faut espérer qu’il ne s’agisse pas là encore d’un énième effet d’annonce, et que cette journée d’échanges sera suivie de réelles avancées en faveur des prisonniers.
Par ailleurs, cette situation témoigne aussi, indirectement, de l’éloignement grandissant entre l’édile et la base militante nationaliste. Sinon, comment expliquer ce communiqué de Femu a Corsica, s’indignant du passage devant les tribunaux de ces jeunes militants ayant occupé la préfecture de région, quand il ne s’agissait alors que de convocations au commissariat ? Comment concevoir sinon que, dans la société corse, une telle information, touchant directement une dizaine de familles nationalistes, n’ait pu faire son chemin jusqu’aux oreilles des responsables politiques du parti majoritaire ? C’est en tout cas l’opinion de plusieurs observateurs.
La faible mobilisation pour le premier congrès national de Femu a Corsica – 300 personnes – qui s’est tenu le 12 décembre, après cette dite « victoire pour les prisonniers », telle qu’elle a été annoncée dans la presse, ne peut qu’interroger.
Effectivement, Gilles Simeoni a réalisé quelque chose d’extraordinaire, puisqu’il a réussi l’exploit de réunir toute la classe politique derrière lui. Notre délégation est montée à Paris forte du soutien de pratiquement tous les maires de l’île, de toutes les intercommunalités, des parlementaires, de tous les chefs de groupe élus à l'Assemblée de Corse et même ceux qui ne le sont pas, comme le courant macroniste qui soutient également la démarche. Je crois qu’il ne manque pas une seule voix, et c'est fort de cette union historique que nous nous sommes rendus au cœur de l'Assemblée nationale pour porter notre revendication. Nous avons été très agréablement surpris de l'accueil que nous avons reçu. Nous avons pu échanger avec les représentants des neuf groupes siégeant au Palais Bourbon, et tous les députés rencontrés se sont dit favorables à notre demande de rapprochement, certains engageant même leur groupe dans l’adhésion à cette revendication.
Le groupe communiste, le groupe Modem, faisant partie de la majorité présidentielle, et le groupe La France Insoumise. Les députés LFI sont d’ailleurs allés bien plus loin, en disant que notre motion ne leur plaisait pas parce que c’est une motion à minima, et qu'ils étaient favorables à la libération des prisonniers ! Nous avons bien évidemment acquiescé. Si nous avons pu porter cette revendication devant le législateur français, c'est parce que l'on demandait simplement l'application à minima des lois, et ce n'est pas une décision judiciaire qui empêche leur rapprochement, mais une décision administrative.
Le centre de détention de Borgo n’est pas une maison centrale donc les DPS n'ont pas le droit d'y aller.
Aujourd'hui le gouvernement utilise ce statut de DPS qui a été donné à Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna pour les empêcher de rentrer. Or, c'est un statut qui se renouvelle tous les ans avant le 31 décembre, et s'il n'est pas renouvelé, il tombe.
Aujourd'hui rien ne justifie que ces prisonniers ne soient pas rapprochés en Corse après 22 et 18 ans d’exil carcéral. Je vais même plus loin : ils devraient être remis en liberté. Tous les trois ont fini leur période de sûreté, qui empêche tout rapprochement et tout aménagement de peine. Nous sommes donc aujourd'hui dans une situation où l'État ne respecte pas ses propres lois. Nous espérons maintenant que la pression sur le gouvernement sera suffisante pour que le Premier ministre prenne la bonne décision, sachant qu’en ce qui concerne Pierre Alessandri, il y a même un juge d'application des peines qui a ordonné sa libération. Le Parquet a fait appel, et la Cour d'appel est, comme par hasard, allée contre le juge d'application des peines, ce que l'on ne voit jamais. On a bien compris que l’indépendance de la justice est un leurre. Là, nous sommes dans l'application d'une vengeance d'état, ce qui est inacceptable.
Ce qu’il faut savoir également c'est qu’une commission dite locale se réunit tous les ans et émet un avis quant à la levée ou non du statut de DPS. En ce qui concerne Alessandri et Ferrandi, cette commission émet depuis trois ans des avis favorables pour la levée du statut. Le Premier ministre et le Ministre de la justice, avant la nomination de Éric Dupond-Moretti, sont systématiquement allés à l'encontre de la décision de cette commission. Cela n’arrive jamais. Les avis de cette commission locale, même s’ils ne sont que consultatifs, sont en général suivis à 100%. Nous n'avons pas réussi à trouver un seul exemple du Garde des sceaux allant contre cette commission locale. On voit bien toute l'exception de la non-application de la loi pour les prisonniers politiques corses. La mobilisation continuera à grandir et nous serons à leurs côtés pour, dans un premier temps, les rapprocher – mais là c'est une démarche transitoire et immédiate que nous exigeons – et ensuite obtenir dans de brefs délais leur libération.
De toutes les manières, si ce rapprochement n'est pas mis en pratique dans les 15 jours qui viennent, nous nous donnerons les moyens de continuer notre mobilisation, forts de l'unanimité qu'il y a derrière cette revendication. Je crois qu’à un moment donné, il va falloir que les représentants de l’Etat cèdent. Nous nous battons pour cela, et tant qu'il restera un prisonnier politique dans les prisons françaises, nous serons à ses côtés pour demander et obtenir sa libération.
Alors que le corps d’Yvan Colonna a rejoint la Corse mercredi 23 mars, son codétenu qui l’a agressé mortellement à la prison d’Arles le 2 mars dernier a été auditionné par les enquêteurs. Une agression violente pour laquelle Franck Elong Abe se défend d’avoir agi « seul », « sans rapport avec une entreprise terroriste »
.Marche de soutien à Yvan Colonna à Bastia, en Corse, le 13 mars 2022. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA /AFP
Ouest-France avec AFP. Modifié le 24/03/2022 à 15h37
Je n’ai agi pour le compte d’aucun groupe. J’ai agi seul… Ce n’était pas réfléchi, a déclaré le codétenu qui a agressé mortellement le militant indépendantiste Yvan Colonna, dont la dépouille est arrivée en Corse le soir du mercredi 23 mars, selon plusieurs procès-verbaux d’audition consultés par l’AFP. Franck Elong Abe, Français né au Cameroun et au parcours chaotique, purgeait une peine pour association de malfaiteurs terroristes à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) quand il a attaqué Yvan Colonna dans la salle de sport le 2 mars. Je n’ai agi pour le compte d’aucun groupe, qu’on soit bien clair. J’ai agi seul, assure-t-il dès le départ.
Il n’y a rien en rapport avec une entreprise terroriste, j’ai vu Yvan Colonna et j’ai agi sans penser au reste. Faisant référence aux magistrats devant lesquels il a été présenté, il ajoute se moquer qu’ils fassent l’amalgame (..) entre un acte de foi ou un acte de terrorisme. Vous êtes convaincu qu’il y a un mentor derrière avec des complices, sauf que moi je vous ai dit la vérité, je n’ai pas de mentor. Dès le départ […] je vous ai expliqué que ce n’était pas réfléchi et que je n’étais pas dans le djihad.
Yvan a tenu des propos blasphématoires envers Dieu, a-t-il dit dès sa première audition par les enquêteurs le 2 mars. Lorsqu’ils abordaient le sujet de la religion, Yvan Colonna se faisait le procureur de Dieu, a affirmé Franck Elong Abe. Il faisait des reproches à Dieu, il blasphémait, a-t-il ajouté en accusant le condamné pour l’assassinat du préfet Erignac d’avoir tenu des paroles offensantes cinq ou six fois sur les huit derniers mois.
Je considère que Dieu a frappé Yvan Colonna à travers mes mains. Dieu s’est servi de mes mains pour riposter contre celui qui a blasphémé, a-t-il répété. La veille, avant l’attaque, je ne savais même pas que j’allais le faire. Cela m’est venu d’un coup. Moi j’appelle ça le mektoub, le destin, quelque chose que vous ne maitrisez pas.
Lire aussi : Le corps d’Yvan Colonna accueilli avec une haie d’honneur à Ajaccio
J’aurais attendu tout ce temps pour commettre un acte terroriste avec à la clé au moins 10 ans d’isolement, a-t-il demandé aux enquêteurs avant d’ajouter : Quelqu’un qui aurait prémédité un tel acte aurait réfléchi à tout ça. J’étais dans un état d’esprit d’agir sur l’instant .
Il précise également que normalement il n’aurait pas dû y avoir de détenu dans la salle et qu’à l’heure de l’agression, Yvan devait être au stade, assurant avoir été surpris de le voir à la salle de sport, parce que le Corse travaillait à la prison comme auxiliaire de sport dédié au terrain de sport extérieur. Oui j’ai forcément improvisé et oui j’étais parti pour lui ôter la vie , reconnait-il.
Si un jour on m’avait dit que je devais taper Yvan Colonna, jamais je ne l’aurais cru. S’il y en a bien un que je ne voulais pas agresser […] c’est bien lui, dit-il, ajoutant : Avec lui au moins on pouvait partager certaines choses, notamment courir, jouer aux boules et aux échecs.
Deux jours avant l’agression, il a tenu des propos encore offensants envers Dieu. Je n’appréciais pas et je lui ai dit. Il s’en est excusé.
Ils avaient également des échanges sur d’autres sujets : j’étais contre le vaccin du Covid et lui était pour, dit-il par exemple, ajoutant il pouvait y avoir des sujets sur lesquels nous étions d’accord, comme Poutine, le président russe.
Julia Sereni le Vendredi 25 Mars 2022 à 19:47
https://www.corsenetinfos.corsica/A-Cargese-le-dernier-adieu-a-Yvan-Colonna_a63728.html
Les funérailles d’Yvan Colonna se sont déroulées ce vendredi 25 mars dans son village de Cargèse. Plusieurs milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage au militant nationaliste.
Photos Michel Luccioni (On remarque la majorité masculine, et le drapeau breton)
Sur le chemin de Cargèse, en venant d’Ajaccio, les inscriptions « Gloria à tè » s’affichent, nombreuses, en bord de route. Comme pour baliser le dernier voyage d’Yvan Colonna.
À quelques heures de l’arrivée du convoi funéraire, portes closes et volets fermés marquent le deuil de tout un village. Partout, le visage du militant nationaliste, condamné pour l’assassinat du préfet Erignac, orne les murs. Aux fenêtres des maisons, sur les devantures des commerces, les drapeaux à tête de maure flottent au vent frais. Les rares silhouettes croisées sont vêtues de noir, à l’exception de celles des journalistes, qui ont investi les lieux dès le matin.
Devant l’église latine, quelques bougies subsistent des veillées organisées ces derniers jours. Sur une planche de bois, le profil de jeunesse d’Yvan Colonna est peint au pochoir. C’est ici qu’à 15 heures se dérouleront les obsèques de celui que la presse a surnommé « le berger de Cargèse ».
Dès midi, la foule commence à se réunir sur le parvis de l’église. Un « deuil », une « profonde tristesse », un « moment de recueillement », les mêmes mots reviennent, immuables depuis l’annonce du décès du militant nationaliste. S’il est devenu pour certains « le symbole de la lutte du peuple corse », il est ici, avant tout, « l’enfant du pays ». Soudain, une voix de femme appelle à rejoindre, en haut du village, la place Saint-Jean, où le convoi funéraire est attendu en tout début d’après-midi.
Aux alentours de 14 heures, le convoi arrive. Une halte pour un moment de recueillement, comme l’indiquait l’avis de décès, « dans sa maison et devant ses oliviers, laissés un jour de mai 1999 », date à laquelle Yvan Colonna avait débuté sa cavale de quatre années. Puis le cercueil, couvert du drapeau corse, revient sur la place. Les hommes se relaient pour le porter dans tout le village. La foule suit en silence.
Enfin, le cortège rejoint l’église, où une foule dense l’attend. Le parvis, comme les rues adjacentes, sont noirs de monde. Plusieurs milliers de personnes sont venues. Difficile de dire leur nombre avec précision. Environ 4 000, selon le service de sécurité présent sur place. Parmi elles, des cargésiens, des amis, des membres de la famille, mais aussi de nombreux militants et élus nationalistes comme le président du conseil exécutif Gilles Simeoni, le leader de Core in Fronte Paul-Felix Benedetti ou encore le maire de Porto-Vecchio Jean-Christophe Angelini.
Les obsèques débutent. Un requiem s’élève des hauts-parleurs installés à l’extérieur, l’église étant trop exiguë pour accueillir la foule présente. D'autres chants suivront. La cérémonie, en langue corse, laisse de côté le discours politique pour célébrer « un homme passionné, attaché à sa terre et aux siens ». À l’issue, la foule entonne le Diu vi salvi regina, qu’elle conclut le poing levé. Le cercueil sort de l’église, pour être porté, lentement, jusqu’à la chapelle familiale. Un immense cortège l'accompagne.
Yvan Colonna a rejoint sa dernière demeure. Le silence revient à Cargèse.
Gilles Simeoni a été réélu Président du Conseil exécutif de Corse le 1er juillet 2021.
Gilles Simeoni, né le 20 avril 1967 à Bastia, est le Président du Conseil exécutif de Corse. Il est marié et père de trois enfants.
Originaire de Bastia et de Lozzi, il est le fils d’Edmond Simeoni, homme politique majeur de la scène contemporaine corse, considéré comme le père du nationalisme insulaire moderne.
Titulaire d'une maîtrise de droit et d'un Doctorat en Science politique, Gilles Simeoni a été un membre actif des syndicats étudiants à l'Université de Corse durant sa jeunesse. Avocat de formation, il est également chef de file du mouvement autonomiste corse Inseme per a Corsica, puis du parti politique Femu a Corsica, dont le congrès fondateur est organisé le 15 octobre 2017 à Corti.
Il prête serment le 27 octobre 1994 au barreau de Bastia et devient l’un des avocats pénalistes les plus reconnus de Corse. Il est notamment l’un des conseils emblématiques d'Yvan Colonna.
En 2003, Gilles Simeoni milite à la Ligue des droits de l'homme. Il a été reconnu comme l’un des 30 avocats les plus puissants de France pour l'année 2010 par le magazine GQ.
En 2014, il remporte les élections municipales et devient Maire de sa ville d’origine, Bastia.
Suite à une large victoire de la coalition Pè a Corsica lors des élections territoriales de décembre 2015, il devient ensuite le premier nationaliste élu à la tête du Conseil exécutif de Corse.
Engagé notamment sur les thématiques de développement durable, de reconnaissance de l’insularité, et de coopération européenne et méditerranéenne, il accède en 2017 à la présidence de la Commission des îles de la CRPM (Conférence des régions périphériques maritimes), instance qui regroupe toutes les îles d’Europe. Il développe et co-construit avec différents partenaires européens et méditerranéens de nombreux projets en faveur des territoires insulaires.
La même année, le « Prix du Trombinoscope de l’élu local de l’année » lui est décerné à Paris. Cette distinction est délivrée par un jury de journalistes politiques.
Le 1er janvier 2018, la création de la Collectivité de Corse, issue de la fusion entre la Collectivité territoriale de Corse et les deux départements, donne lieu à de nouvelles élections territoriales. Gilles Simeoni est alors réélu Président du Conseil exécutif de Corse avec 56% des suffrages.
Lors des dernières élections territoriales de juin 2021, il conduit la démarche Fà Populu Inseme, qui arrive en tête du scrutin et obtient la majorité absolue à l’Assemblée de Corse.
Son engagement politique est fondé sur la reconnaissance des droits fondamentaux du peuple Corse, et la construction d’une société corse démocratique, émancipée, ouverte, et solidaire. Depuis son arrivée aux responsabilités, il porte pour principale revendication l’obtention d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice pour la Corse.
Nous accueillons avec satisfaction pour nos amis insulaires, les annonces de Gérald Darmanin, qui ouvre la porte des discussions sur le statut de l'autonomie corse. Les avancées corses doivent encourager une évolution institutionnelle de la France : permettre aux régions qui le souhaitent d'obtenir des compétences négociées avec l'État et de gérer leurs affaires localement.
En finir avec le jacobinisme et le centralisme, pour enfin se diriger vers le fédéralisme qui fonctionne chez nos voisins européens. Alors qu'en Alsace nous organisons des consultations citoyennes démocratiques et pacifiques, en Corse tout s'embrase.
Un mois après les résultats très favorables à une autonomie alsacienne vis à vis du Grand Est, rien ne semble bouger.