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Derière mise à jour
27-Sep-2024
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Qui étaient donc les Pharisiens, les Esséniens, les Sadducéens, les Zélotes qui se disputaient au temps de Jésus ? Comment le peuple juif allait il survivre à la disparition de son état et de son temple ? Le Sauveur allait-il le secourir ? Mais comment le reconnaître ? C'est dans ces temps troublés et dramatiques que le judaïsme rabbinique et le christianisme sont nés d'un même tronc, d'une même culture, comme deux frères qui rapidement allaient devenir des frères ennemis. Le retour aux sources actuel de l'Église, fait réapparaître cette fraternité qui n'aurait jamais due disparaître, et les convergences, comme les divergences peuvent être constatées en toute amitié
Les aînés de Talant m'ont invité à leur présenter le schisme qui a donné naissance au christianisme, sujet délicat, historique, dont les remous se font encore sentir aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous présenter le diaporama qui va illustrer la conférence.
Il y a divers façon de parler de phénomènes historiques. Le schisme au sein du judaïsme antique a donné naissance, dans la douleur au christianisme.
Pour l'historien, est considéré comme vrai un événement attesté par deux éléments indépendants l'une de l'autre. La stèle de Mesha, qui est au Louvre, écrite par le roi de Moab parle de la maison de David, comme la bible. Donc les historiens croient en l'existence de David. Par contre Moïse n'est pas un personnage historique, et encore moins Adam, car aucun témoignage autre que la Bible ou son dérivé le Coran n'en parle. Jésus est un personnage historique, car il est cité par quelques rares contemporains, comme Flavius Joseph, Tite Live, et Philon d'Alexandrie. (*)
Pour l'homme de religion, la vérité est révélée, la source vient du Sinaï, des Évangiles, ou du Coran.
Les deux approches peuvent être parallèles, c'est à dire qu'elles ne convergeront jamais. Il n'est pas raisonnable de chercher à les concilier, nous sommes dans deux mondes parallèles.
Toutefois, les croyances, mêmes non fondées ont un impact certain sur le cours de l'histoire, les croyances sont vraies.
L'exposé évoque l'histoire qui n'est bien documentée qu'à partir de la fin de la monarchie des Rois de Jérusalem, mais rapidement les conquêtes des grands empires voisins ont poussé l'élite de Judah à l'exil à Babylone puis en Perse où l'identité religieuse s'est renforcée. C'est pour cela que les juifs existent toujours, alors que les philistins, qui n'avaient pas de religion à défendre, et qui ont subi le même sort ont disparu.
Les Perses ont favorisé le retour d'exilés, et la domination grecque, égyptienne, syrienne, romaine ont poussé les Rabbis à mieux définir la loi orale, et à renforcer l'identité juive. La confrontation avec les plus grandes civilisations de l'époque ont été autant dévastatrices que fécondes.
Jésus a vécu sous l'occupation Romaine, après le règne du tyran-bâtisseur Hérode, et avant le grand cataclysme de la révolte juive qui a provoqué la destruction du temple de Jérusalem.
La population désemparée cherchait un sauveur, il y avait des mouvements politico-spirituels qui s'affrontaient tout en restant en dialogue permanent.+ Les Esséniens qui ont servi de modèle au régime monacal, les saducéens l'élite hellénisée qui dirigeait le temple et les faibles restes du pouvoir politique, les pharisiens qui se consacraient à l'étude, et les zélotes nationalistes violents. Tous respectaient la torah à la lettre, mais chacun jouait sa partition.
Jésus a recherché, à purifier le comportement des gens, il a combattu les excès, l'hypocrisie, et a eu une attitude humaine. Il aimait le peuple d'Israël, la terre d'Israël, la loi d'Israël. Il ne s'adressait qu'aux Juifs, à ses frères. Parmi ses apôtres Judas a le mauvais rôle, pourtant dans la théologie chrétienne, Jésus devait mourir afin que par sa mort le monde soit sauvé, Judas, choisi par Jésus pour cela, l'a sacrifié comme il s'est sacrifié pour que le destin puisse s'accomplir.
Les premiers chrétiens croyaient que Jésus était le messie annoncé par les prophètes. Ils n'envisageaient pas d'abandonner leur peuple et leur culture. Mais ils ont été rejeté par les Rabbis, car Jésus n'était plus représenté comme le messie, ce qui aurait pu être discuté, mais comme la parole incarnée de Dieu, un Dieu fait homme, ce qui était inconcevable. En outre ils n'ont pas soutenu les révoltes contre les romains, ce qui les a fait passer pour des traîtres. En même temps les grecs convertis croyant en Jésus, ne se sentaient pas Juifs, et redoutaient l'influence des Rabbis, ils leur ont imposé de choisir entre être juifs ou chrétiens.
Autant les évangiles selon Matthieu semblaient inspirés du Talmud, celles selon Jean sont paradoxales, les juifs sont caricaturés, et Jésus devient un Dieu. Alors que les Rabbis excommuniaient et maudissaient les judéo-chrétiens, les pères de l'église bâtissaient la théologie de la substitution, en expliquant que le véritable peuple d'Israël, ce ne sont pas les juifs, mais les chrétiens. Le pire d'entre eux qui avait fondé une secte puissante avant d'être excommunié, Marcion imaginait que le Dieu que vénérait Jésus n'était pas le bon ! et que la plupart des évangiles devaient être jetées au panier ! (il a été excommunié)
Les mauvaises lectures des évangiles, l'invention au XVI ième siècle de la notion de peuple déicide, avaient participé à diffuser l'antisémitisme dans le monde chrétien. Après la Shoah, Jules Isaac, historien reconnu, co-auteur des manuels scolaires "Mallet et Isaac", a démontré que l'enseignement du mépris avait rendu possible la Shoah.
Fort de ses convictions, et de ses recherches, il est allé trouver le pape, Jean XXIII. Et ensemble ils ont modifié profondément l'approche de l'église. Dans la déclaration Nostra Ætate, qui était dans la lignée du concile de Trente, le concile affirme que ni les Juifs du temps du Christ, ni les Juifs d’aujourd’hui ne peuvent être considérés comme plus responsables de la mort de Jésus que les chrétiens eux-mêmes.
La fraternisation est en marche, puisse t-elle ne jamais s'arrêter.