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27-Sep-2024
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Par Public Sénat publié le 10/02/2021
La commission de l’aménagement du territoire du Sénat a auditionné Hubert du Mesnil, président de la société Tunnel euralpin Lyon-Turin, pour faire le point sur ce projet européen qui a près de 30 ans.
C’est un projet qui date de 1994. Il est censé voir le jour en 2030, mais les retards semblent difficiles à éviter. La commission du développement durable et de l’aménagement du territoire du Sénat a auditionné ce mercredi Hubert du Mesnil, président de la société Tunnel euralpin Lyon-Turin (TELT), sur l’état d’avancée du projet Lyon-Turin.
Financé à 40 % par l’Europe, 35 % par l’Italie et 25 % par la France, « c’est l’un des mégas projets européens d’infrastructure de transport », souligne Jean-François Longeot, sénateur du groupe centriste et président de la commission. Sur les 57 kilomètres de longueur du tunnel, une dizaine de kilomètres du tunnel de base ont déjà été creusés.
De quoi permettre de supplanter à terme la ligne historique du tunnel ferroviaire du Fréjus, qui date de 1871 et qui n’est que « monotube ». Sur cette ligne de montage, les trains ne dépassent pas les 30 ou 40 km/h. Le futur tunnel permettra lui aux trains voyageurs de rouler à 220 km/h et à 120 km/h pour le fret. L'idée est de mettre les camions sur les trains et de réduire ainsi la pollution. L’objectif de report modal est d’atteindre 50 % de train, contre seulement 8 % du trafic qui passe sur le train aujourd’hui contre plus de 90 % sur la route. Quant au temps de trajet, le Paris-Lyon-Turin gagnera deux heures.
Mais beaucoup de questions se posent sur le calendrier et le coût. La ministre des Transports italienne a affirmé que la mise en service en 2032 semble « plus raisonnable », souligne Jean-François Longeot. Quant à la Cour des comptes européenne, elle a estimé en juin que le chantier avait un important retard, « qu’elle chiffre à une quinzaine d’années »… Quant au coût, qui est de 8,3 milliards d’euros, la Cour des comptes a pointé un « important dérapage, avec une augmentation qui atteindrait 85 % », note le sénateur du Doubs.
Malgré ces alertes, Hubert du Mesnil s’en tient pour le moment à ce qui est prévu. « L’objectif fixé par l’Europe, l’Italie et la France, c’est 2030. Il a été dit qu’on n’y arriverait pas. Moi je ne sais pas si on arrivera ou pas. On essaie de tenir ce calendrier. Le calendrier est tendu. On est en train de prendre un peu de retard, car la crise sanitaire crée des difficultés, mais elle ne bloque pas le chantier » répond Hubert du Mesnil. « La ministre italienne a dit qu’il se pourrait qu’on dépasse 2032. Pour le moment, nous restons sur 2030. […] Notre devoir, c’est de faire tout ce qu’on peut » pour tenir l’objectif, ajoute-t-il. Lors de la négociation, l’année prochaine, du nouveau contrat de financement sur les années qui viennent, « on rediscutera alors le calendrier. Faut-il garder 2030 ou décaler de deux années ? Je laisse les responsables de l’Europe, de l’Italie et de la France décider ».
Même prudence sur le coût. « Le projet est estimé à 8,3 milliards d’euros depuis que nous l’avons lancé. Il n’a pas changé d’estimation depuis que nous l’avons lancé » dit le responsable. « Est-ce qu’on tiendra jusqu’au bout ? Je ne fais pas de pronostic. On fait tout ce qu’on peut pour maintenir ce chiffre. Il n’est pas juste de dire que ce projet a flambé », estime Hubert de Mesnil.
Reste une incertitude sur les voies d’accès, côté Italie et France, qui sont des projets à part entière. Si les choses sont réglées côté Italie, la France traîne des pieds. La France a d’abord dit « on voit après pour les accès, quand le tunnel sera fini », mais le pays « a évolué », avec « la possibilité d’avoir un programme phasé d’aménagement plus rapide », souligne le président de TELT. Mais l’Europe, qui tient au projet, pousse la France à avancer sur les voies d’accès, dont un retard serait préjudiciable pour le tunnel. Comme le rappelle Hubert du Mesnil, « c’est une volonté européenne qui est durable, qui date depuis 30 ans ».
Plusieurs milliers de personnes manifestent ce samedi après-midi en Savoie contre la construction d'une ligne de train grande vitesse à l'appel de groupes écologistes. Ils estiment le projet néfaste pour l'environnement
Entre 2000 et 4000 manifestants se sont rassemblés ce samedi dans la vallée Maurienne en Savoie pour protester contre la construction de la ligne ferroviaire grande vitesse Lyon-Turin. Une action menée à l'appel de plusieurs organisations écologistes, dont le collectif Soulèvements de la Terre.
Plusieurs groupes écologistes, le parti Europe-Écologie Les Verts, ATTAC Savoie et Vivre et Agir en Maurienne, se sont mobilisés et ont déposé ensemble une requête pour permettre à la manifestation d'avoir lieu, mais elle a été rejetée vendredi par le tribunal administratif de Grenoble. Les manifestants ont malgré tout bravé l'interdiction.
Autre signe du soutien des écologistes à la manifestation, le maire EELV de Grenoble Éric Piolle a fait le déplacement en vallée de Maurienne pour soutenir les opposants au projet ce samedi.
Pour les partisans du projet, la nouvelle ligne à grande vitesse doit permettre de réduire le temps de trajet des voyageurs, Turin devenant accessible en 1h47 de train contre actuellement 4h30 en voiture.
Les responsables du projet assurent par ailleurs chercher à augmenter le trafic ferroviaire avec un système de circulation à double-sens et par là décourager les habitants à emprunter leur voiture.
La nouvelle ligne "permettra de délester les routes alpines d'un million de poids lourds et de réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre d'environ un million de tonnes d'équivalent CO2", soit "l'équivalent produit par une ville de 300.000 habitants", affirme la société franco-italienne Telt, en charge du tunnel.
Cet argument écologiste ne fait cependant pas mouche chez les opposants au projet. Les groupes à l’origine du rassemblement de ce samedi estiment en effet que le projet représente en réalité un coût important pour l’environnement.
« Cette ligne "va éventrer les montagnes avec 260 km de tunnel, avec l’artificialisation de 1500 hectares de terres agricoles» , dénonce notamment la cheffe de file des députés LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot ce samedi sur TF1, évoquant un "écocide".
Les opposants au projet affirment que le forage des massifs alpins représente une menace du fait du drainage lié à la construction du tunnel, représentant "60-125 millions de m3 d'eau annuellement", ce qui entraîne le risque de tarissement des sources de la région.
S’y ajoute l’inquiétude liée à la production de millions de tonnes de déchets issus des forage des galeries.
Par ailleurs, les opposants au projet rappellent qu'il existe déjà une ligne ferroviaire reliant les villes de Dijon à Turin en passant notamment par Chambéry. Dans le journal Reporterre, environ 150 élus Verts et Insoumis ont signé en décembre 2022 une tribune préconisant d'accroître l'utilisation de cette ligne déjà en fonctionnement.
"Nous demandons l’arrêt du projet Lyon-Turin qui a pour seule logique de transporter toujours plus de marchandises toujours plus loin et de maintenir ce culte énergivore et destructeur", écrivent-ils à l’époque.
"Tant que le trafic ferroviaire de marchandises entre la France et l’Italie n’aura pas été relancé, pas un arbre ne doit être abattu, pas un mètre carré de terre agricole ne doit être artificialisé et pas un mètre cube d’eau ne doit être drainé", affirment-ils encore.
"Nous sommes pour le transport ferroviaire", souligne encore le porte-parole de la coordination des opposants au projet Lyon-Turin Daniel Ibanez ce samedi sur BFMTV.
"Utilisons d'abord la ligne existante", appelle-t-il lui aussi, assurant que "ce n'est pas l'infrastructure qui fait que vous avez des marchandises qui circulent, il faut qu'il y ait une service à la hauteur". Il demande notamment qu'un "fret ferroviaire performant" soit mis en place. "Ce sera la démonstration qu'il n'y a plus besoin d'une nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin", estime-t-il.
Les forces de l'ordre attendaient ce samedi jusqu'à 5000 militants en vallée de Maurienne dont quelque "400 éléments radicaux", environ 3000 personnes étaient présentes en fin d'après-midi selon le ministre de l'Intérieur.
Initié dans les années 1990, le projet de ligne ferroviaire entre Lyon et Turin est au point mort côté français, paralysé par les divisions entre opposants et partisans et la lenteur de l'exécutif, désormais chargé de trancher sur le meilleur tracé.
https://www.francetvinfo.fr/ Publié le 17/06/2023
Des manifestations contre le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, le 8 décembre 2022, dans le val de Suse, en Italie. (FABRIZIO DI NUCCI / NURPHOTO / AFP)
Comment gagner du temps en reliant Lyon à Turin en train ? La question agite la classe politique et les populations frontalières depuis 1991. Mis sur les rails en 2002, le projet de voie ferrée transalpine longue de 271 km, dont près de 60 creusés sous le massif du Mont-Cenis, suscite de grandes tensions entre "pro" et "anti". Une mobilisation prévue samedi 17 juin en vallée de la Maurienne par des opposants – une dizaine d'organisations parmi lesquelles Les Soulèvements de la Terre et les No-Tav italiens – a été interdite par la préfecture, qui craint des "débordements". Car si le projet est ancien, le débat sur sa pertinence s'est ravivé, alors que son calendrier de mise en service reste incertain. On vous explique ce qui coince.
Ce projet titanesque permettant de faire circuler des trains de fret et de voyageurs entre la France et l'Italie est composé de trois parties : la plus longue portion (140 km) en France, un tronçon d'environ 45 km en Italie et un segment franco-italien de 84 km, dont l'essentiel sera creusé dans la roche. Or, le tracé français, entre Lyon et l'entrée du tunnel, n'est toujours pas connu et les partisans du projet pressent le gouvernement de prendre une décision.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/savoie/lyon-turin-cinq-choses-a-savoir-sur-ce-projet-ferroviaire-considere-comme-le-chantier-du-siecle-en-savoie-2796726.html
Le ministère des Transports avait confirmé mi-janvier à l'AFP sa préférence pour le scénario dit "grand gabarit", le plus coûteux....
Le rapport du Conseil d'orientation des infrastructures (COI) rendu quelques jours plus tard, désoriente les partisans français du Lyon-Turin. Le COI, lui-même divisé, plaide alors pour un report à 2045 de l'ouverture de la nouvelle ligne ferroviaire. Le plan : recentrer la priorité sur la modernisation de la ligne existante entre Dijon et Modane (Savoie)...
... Sans tracé établi, la question du calendrier ne risque pas de se préciser. Pour les partisans de la ligne, une livraison finale en 2045, avec sa portion française, comme l'envisage le rapport du COI, n'a pas de sens, alors que le tunnel creusé sous les Alpes et la partie italienne du parcours doivent être livrés en 2032."Ouvrir un tunnel de base avec des accès italiens terminés, mais en repoussant aux calendes grecques ceux de la France, le tout en prétendant à tort que les accès actuels seraient largement suffisants, me paraît incompréhensible et donc inenvisageable", a déclaré le président de l'association de soutien au Lyon-Turin La Transalpine, Jacques Gounon, cité en mars dans Le Moniteur.
En France, où le transport est le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre, le fret ferroviaire ne représentait que 10,7% du transport de marchandises en 2021, selon le ministère de la Transition écologique. La loi Climat et résilience prévoit de doubler le recours au rail. Alors que le plan vert européen et l'urgence climatique appellent aussi à favoriser le ferroviaire, la question de savoir comment favoriser l'essor du fret fait l'objet de débats enflammés.
Sur ce point, l'avis du COI a donné du poids à la piste de la modernisation de la ligne Dijon-Modane, prônée par une partie des opposants à Lyon-Turin. Dans un communiqué du 25 février, l'ONG Les Amis de la Terre, l'association Vivre ensemble en Maurienne ou encore La France insoumise estiment que "la ligne existante Ambérieu/Chambéry/Modane est en mesure d'assurer un report modal massif pour 16 millions de tonnes par an, ce qui équivaut au poids transporté par un million de poids lourds". Soit l'objectif affiché par la société franco-italienne Telt, gestionnaire du tunnel.
Fin 2022, quelque 150 élus Verts et LFI ont signé une tribune publiée par Reporterre préconisant la montée en puissance de cette ligne qu'ils jugent sous-exploitée. A l'inverse, les élus favorables à la nouvelle ligne considèrent que ce Dijon-Modane ne sera jamais à la hauteur des ambitions de développement du fret. Dans le même temps, des maires estiment que l'explosion du transport de marchandises empoisonnera la vie des habitants. Cité par le média savoyard La Vie nouvelle, le maire de Brison-Saint-Innocent, Jean-Claude Croze, assure que les élus locaux craignent "pour les nuisances qu'entraînera cette ligne, avec des passages à niveau constamment fermés et une ligne historique sur le lac dont on ne sait pas si elle peut absorber ce genre de trafic, du point de vue de la sécurité".
Au regard des tergiversations françaises, le COI a noté dans son rapport de janvier que l'évaluation environnementale du projet, établie en 2011, "doit être également reprise et mise à jour sur la base du scénario retenu". Comment évaluer les impacts environnementaux du projet sans en connaître le tracé ?
De même, comment évaluer son coût sans une vision précise du calendrier ? L'estimation du coût global du projet était déjà passée de 12 milliards d'euros en 2002 à 26,1 milliards d'euros en 2012, selon la Cour des comptes (lien PDF). Le coût du seul tunnel a été réévalué de 5,2 à 9,6 milliards d'euros, soit une hausse de 85%, dans un rapport de la Cour des comptes européenne (lien PDF) publié en 2020. Pour les voies d'accès, les investissements côté français sont estimés "à environ 10 milliards d'euros (valeur 2020 hors inflation)", d'après l'entourage du ministre des Transports. En juillet 2022, le président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France), Jean Castex, avait pour sa part avancé le chiffre de 15 milliards d'euros.
Alors que ces questions restent en suspens, des députés LFI et écologistes ont annoncé mercredi le lancement d'une "commission d'enquête populaire" pour, notamment, auditionner les acteurs impliqués. Objectif : la publication, d'ici six à huit mois, d'une évaluation du potentiel de la ligne déjà existante et de "la légalité du tracé" de la nouvelle, avec ses tunnels, ainsi que du respect des procédures et des réglementations par les services de l'Etat. En présentant cette initiative, la patronne des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, a fustigé "un projet complètement démesuré, en termes de montants financiers et de coût environnemental".
Publiés sur France Info TV suite à l'article ci dessus.
Arguments : ces travaux sont nécessaires
L'Etat manque d'autorité
Les écolos n'ont pas les pieds sur terre
https://www.lepoint.fr/politique/la-dissolution-des-soulevements-de-la-terre-officialisee-par-le-gouvernement-21-06-2023-2525482_20.php
Le Midi Libre 17/06/2023
Depuis de nombreuses années, les écologistes s'opposent à cette ligne ferrorviaire entre Lyon et Turin. Ce samedi 17 juin 2023, malgré une interdiction, ils vont être des milliers à manifester en Maurienne (Savoie).Un mauvais souvenir. Des milliers de personnes sont attendues ce samedi en Savoie pour protester contre le chantier ferroviaire entre Lyon et Turin, malgré l'interdiction de manifester décidée par les autorités. Alors que près de 2 000 personnes sont présents sur place depuis vendredi, répondant à l'appele de dizaine d'organisations dont les Soulèvements de la Terre et les No-Tav italiens, le gouvernement redoute des violences similaires à celles observées fin mars à Saint-Soline, dans les Deux-Sèvres.
En effet, pour motiver la confirmation de cette interdiction de manifester, le tribunal admnistratif de Grenoble, saisi par les organisateurs du rassemblement pour contester l'interdiction, esitmait que la "configuration du parcours (...) ne garantit pas (...) la sécurité" du cortège. Le tribunal a également mis en avant un "risque d'intrusion des sites particulièrement sensibles" et de l'éventuelle présence de "manifestants radicaux".
Sur place, les opposants semblent en tout cas plus motivés que jamais, et sont prêts à braver l'interdit. "C'est un succès, quoi qu'il arrive, même s'ils nous empêchent de manifester ça sera un succès parce que le message est passé, explique à BFMTV un habitant de la vallée exproprié de sa maison à cause du chantier et membre d'un collectif local d'opposants. Ça fait 20 ans qu'on essaye de communiquer, qu'on n'y arrive pas".
Et si les locaux sont effectivement plus engagés que jamais, ce sont surtout des radicaux, notamment venus de l'étranger comme à Sainte-Soline, qui font craindre des débordements. En effet, les autorités prévoient "un peu moins de 5 000 participants, dont de nombreux ressortissants italiens et suisses", avec "plus de 400 radicaux susceptible de provoquer de graves troubles à l'ordre public".
Résultats, elles ont prévu un large dispositif de sécurité : près de 2 000 policiers et gendarmes ont ainsi été déployés dans cette vallée frontalière de l'Italie. De même, 107 interdictions administratives de territoire - destinées à bloquer l'accès d'un étranger en France lorsque "sa présence constitue un danger grave" - ont été prises, selon le ministère de l'Intérieur.
Des "centaines d'armes, d'objets contondants et d'artifices" ont d'ailleurs été déjà saisis, explique ce samedi matin la gendarmerie sur Twitter.
Pour rappel, à Sainte-Soline, le bilan faisait état de 200 blessés chez les manifestants, dont 40 grièvement touchés (deux s'étant retrouvés plongés dans le coma), et 47 gendarmes touchés. A contriario, en avril, un rassemblement dans le Tarn contre un projet autoroutier s'était déroulé sans affrontements.
Journal du Dimanche Elodie Falco
Plus de 2000 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour encadrer la mobilisation à l'encontre du projet de ligne Lyon-Turin, accusé par ses détracteurs de nuire à l'environnement. Ce grand rassemblement a été émaillé de violences, avec une soixantaine de blessés, militants et forces de l'ordre confondus.
Le collectif Les Soulèvements de la Terre a dénombré une « cinquantaine de blessés graves, de six hospitalisations dont deux pronostics fonctionnels engagés » du côté des manifestants. © OLIVIER CHASSIGNOLE / AFPDans la vallée de la Maurienne, des échauffourées ont éclaté samedi entre les forces de l'ordre et les manifestants venus protester contre le projet de ligne de train à grande vitesse reliant Lyon à Turin, et nécessitant de creuser plus de 250 kilomètres de galeries souterraines à travers les massifs alpins. Sur le réseau social Twitter, le ministre de l'Intérieur a dressé le bilan de cette journée de mobilisation, organisée en dépit de l'arrêté d'interdiction pris par le préfet de Savoie. « 96 ressortissants étrangers, connus des services, ont été refoulés à la frontière. Plus de 400 objets dangereux ont été saisis lors des contrôles en amont », a annoncé Gérald Darmanin, avant de faire part de son soutien aux « 12 gendarmes blessés » dans les heurts.
Dans un communiqué, le collectif Les Soulèvements de la Terre, une des dizaines d'associations locales et internationales présentes, a dénombré une « cinquantaine de blessés graves, de six hospitalisations dont deux pronostics fonctionnels engagés » du côté des manifestants.
« Nous déplorons une fois de plus la réponse du gouvernement par la force à une journée de contestation joyeuse et déterminée, qui s'inscrit dans 30 ans de lutte contre un projet inutile et destructeur », écrit l'organisation menacée de dissolution depuis les violences survenues à Sainte-Soline.
Vidéos à l'appui diffusées sur Twitter, la gendarmerie nationale avait indiqué être la cible de tirs de mortiers dès le milieu de l'après-midi. « Il y a eu la constitution d'un black bloc d'environ 300 personnes qui ont jeté des projectiles sur les unités de force mobile », a confirmé François Ravier, préfet de Savoie, dans une conférence de presse tenue en fin de journée.
Les protestataires avaient aussi envahi une voie ferrée, alors que la circulation des trains était interrompue par la SNCF dans ce secteur en raison des événements.
D'autres manifestants ont momentanément bloqué l'autoroute A43, avant d'être délogés par les autorités. En outre, cinq bus italiens transportant près de 290 militants ont été contrôlés à la frontière puis refoulés.
Par Angélique Négroni dans "Le Figaro" 20/6/2023
Le collectif écologiste radical dénonce en réaction «une dissolution très politique» et «inquiétante».
Les jours du collectif Les Soulèvements de la Terre (SLT) sont désormais comptés. Ce mercredi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, va présenter en Conseil des ministres le décret de dissolution de ce mouvement écologiste, tenu pour responsable de diverses manifestations violentes survenues ces derniers mois en France.
En réponse ce mardi à une question du député Renaissance, Thomas Rudigoz, qui dénonçait les nouveaux débordements ayant émaillé le rassemblement contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin le week-end dernier, le ministre de l'Intérieur a déclaré «qu'aucune cause ne justifie qu'on blesse des policiers et des gendarmes».
Cela fait déjà deux mois que Gérald Darmanin (Ministre de l'intérieur) attend ce décret. Dans la foulée de la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), orchestrée par Les Soulèvements de la Terre et qui avait dégénéré le 25 mars dernier, le ministre avait annoncé une sanction contre «SLT». La procédure contradictoire de dissolution avait été rapidement engagée.
À lire aussi : Pourquoi Les Soulèvements de la Terre n'ont toujours pas été dissous
Le dossier qui justifie cette mesure avait été constitué et transmis à l'organisation visée. Répondant aux attaques, cette dernière avait adressé dans les dix jours au ministère de l'Intérieur dix pages de contre-arguments. Bien qu'enclenchée rapidement, la procédure avait été interrompue.
Le blocage venait de Matignon. Tenue de mettre à l'ordre du jour du Conseil des ministres la dissolution des Soulèvements de la Terre, Élisabeth Borne (Premier ministre) a tardé à le faire. De source proche de ce dossier, on avait indiqué que la première ministre rechignait à prendre cette mesure.
« On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte »
Les soulevements de la Terre
Le blocage est donc désormais bien levé. Le sort de «SLT» figurant sur la liste des sujets abordés en Conseil des ministres ce mercredi, Gérald Darmanin va, au cours de cette réunion, présenter le décret. Ce dernier pourrait être aussitôt publié au Journal officiel. Réagissant à cette annonce, les responsables des Soulèvements de la Terre ont dénoncé une «dissolution très politique et particulièrement inquiétante».
Que va t-il se passer concrètement pour ce collectif, tenu par des anciens activistes écologistes qui ont combattu le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans le bocage nantais ? Son site internet pourrait être bloqué et, lors des prochaines manifestations, son nom devrait disparaître des tracts et des banderoles.
En revanche, interdire toute action de ses militants pourrait virer au casse-tête. Car «SLT» n'est pas une association. Elle fédère diverses structures, locales ou nationales, au gré de ses actions.
Pressentant que ce décret pourrait tomber, le mouvement avait d'ailleurs, depuis plusieurs jours, inscrit sur son site le message suivant : «Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissous car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte». Malgré tout, et pour contester cette sanction, une manifestation devrait se tenir ce mercredi à Nantes devant la préfecture.
Ce décret intervient après deux nouvelles manifestations qui ont donné lieu à chaque fois à des violences. Le 11 juin près de Nantes, à l'appel du collectif, des militants ont saccagé des exploitations agricoles lors d'une manifestation itinérante contre l'exploitation du sable à des fins industrielles. Samedi dernier, dans la Vallée de Maurienne, «SLT» avait mobilisé les militants contre le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin. Au cours de cette opération marquée par des échauffourées, plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés. Ces deux actions ont de toute évidence décidé Matignon à agir.
En parallèle de cette décision politique, la justice s'est également emparé du dossier. Hasard du calendrier, quatorze personnes ont été placées en garde à vue ce mardi dans le cadre d'une enquête portant sur l'action violente survenue en décembre dernier dans les Bouches-du-Rhône et visant une cimenterie du groupe Lafarge. Plusieurs militants écologistes s'étaient introduits par effraction dans l'usine de La Malle qu'ils avaient saccagée. L'action avait été soutenue par les Soulèvements de la Terre.
Dans une note émanant des services de renseignements, «STL» est décrit comme une structure dangereuse qui normalise la violence. Bien que récente, l'organisation «joue un rôle majeur dans la conception, la diffusion et l'acceptation de modes opératoires violents, favorisant et valorisant ainsi le processus de radicalisation d'une partie de la mouvance écologiste et d'ultragauche», peut-on notamment lire dans ce document.
Ce qui repousse partout, ne peut être dissous
Ce 21 juin, en conseil des ministres, le gouvernement vient d'enclencher la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre.Après nous avoir jeté ses grenades mutilantes au visage, il prétend que nous n’aurions plus le droit d’exister ensemble, ni de nous organiser. Il prétend maintenant dissoudre un soulèvement par tous les moyens - même des arrestations au domicile de militant-e-s comme ça a été le cas le 20 juin.
Depuis les sinistres bureaux de la place Beauvau, cette dissolution se veut être un couperet. Elle se voulait être la fin d’une histoire. Et pourtant le bruit qui court à travers le pays, là où les espoirs bourgeonnent encore, dit tout autre chose. Des chuchotements contagieux, des éclats de solidarité innombrables nous rappellent que les pires attaques produisent parfois des renversements inattendus.
Et si cette dissolution était en réalité un appel ministériel à rejoindre un grand mouvement de résistance ? Un réseau déjà fort de 110 000 membres déclarés, de 180 comités locaux, fort d'autant de personnes engagées dans la vie publique, dans des collectifs et syndicats. Un mouvement prétendument interdit mais collectivement inarrêtable visé par le pouvoir mais ancré dans les territoires, présent dans les lieux de travail et d'études, les granges et arrières-salles, jusqu'au sein même des administrations. Le gouvernement prétendait nous faire disparaître, en réalité nous serons chaque jour de plus en plus visibles.
D'ores et déjà plus d'un millier de personnes ont affirmé vouloir attaquer ce décret, toute personne voulant se joindre à cette action en justice historique peut remplir ce formulaire
Face à la persistance de cette menace, nous vous proposons un grand jeu. Un jeu on ne peut plus sérieux, un jeu qui constitue un réseau de résistance. Nous allons ensemble, dans les jours et semaines qui viennent, continuer à faire apparaître les Soulèvements de la Terre de 1 000 manières dans l’espace public : devant les bistrots et centres sociaux, à la pause café, par des réunions ouvertes, des antennes internationales, des inscriptions sur les murs, des fanions et des fêtes, des désarmements et des pieds de nez. Malgré la dissolution, les Soulèvements ressurgiront au débotté sur des chantiers ou au cœur d’un site industriel, déborderont de rues bondées de clameurs contre l'ordre marchand, s’enracineront dans des jardins pirates, des maisons du peuple ou des fermes communes. À vous, à nous de trouver.
Ces surgissements commencent dès ce soir avec des rassemblements de soutien organisés dans déjà plus de 100 villes de France à 19h, devant les préfectures
Nous, participant.es de partout aux Soulèvements, vous appelons donc à rejoindre les plus de 180 comités locaux qui se sont formés ces derniers mois, les centaines de résistances territoriales, de luttes locales, et les sections syndicales déjà existantes qui ont revendiqué publiquement leur appartenance au mouvement. La parole des Soulèvements de la Terre leur appartient, elle vous appartient.
Nous allons ensemble continuer à soutenir nos blessé.es. Nous allons poursuivre les luttes de terrain partout et converger à plus nombreux-ses encore.
Deux prochaines échéances sont déjà posées cet été, deux temps d'action essentiels pour le partage de l'eau en plein été et en pleine sécheresse historique :
Par delà ces quelques proches repères, nous allons forger partout les complicités nécessaires pour enrayer concrètement l’avancée du bitume, l’assèchement des sols, l'intoxication de l'eau et la dissolution des liens.
Nous allons nous retrouver. Vous êtes, nous sommes, les Soulèvements de la Terre.
En solidarité face à la mesure de dissolution, différents médias s'engagent à proposer des espaces pour relayer les informations sur les déclinaisons du mouvement à travers le pays dans les semaines et mois à venir. Voici les premiers : basta!, Cerveaux Non Disponibles, la Relève et la peste, Contre-attaque, Le Média, Partager c'est sympa, Lundi Matin, Dijoncter.info, Terrestres, Politis ...
Ces différents canaux, créés en solidarité par des soutiens ou des orgas, hébergeront les multiples voix décentralisées qui se revendiquent aujourd’hui être les Soulèvements de la Terre :
Une adresse mail d'ami.es du mouvement qui s'engage à collecter la manière dont différents organisations et luttes locales existantes comptent le décliner localement :
lesamiesdessoulevements@cryptomail.ch
Des appuis et antennes-relais internationales des Soulèvements de la Terre sont annoncées en Italie, Suisse, Belgique, Espagne et aux Etats-Unis par un certain nombre d'organisations et médias face aux menaces de censure par le gouvernement français
Des équipes juridiques en soutien continueront à suivre les procédures engagées : antirep-bassines@riseup.net, legal-lutteslocales@riseup.net
Enfin, pour nous aider à faire face à la répression qui touche le mouvement, n'hésitez pas si vous en avez les moyens à nous soutenir financièrement et à partager cet appel à dons le plus largement possible