Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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Dernière mise à jour 30-Nov-2025
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Zohan Mamdani maire de New York

D'origine indienne, musulman chiite, américain depuis 2018, Zohan Mamdani est un jeune homme brillant, riche et issu d'une famille cultivée. Son élection est un affront pour Donald Trump, car il représente tout ce que le président déteste. Il a fait des promesses sociales financées par des impôts sur les plus riches, et aura beaucoup de mal à les tenir. Et c'est ici qu'est la danger, en cas d'échec, il pourrait accuser ses ennemis d'en être la cause. Élu par les jeunes athées, les religieux en particulier les religieux juifs sont très inquiets de son antisionisme. Il faut souhaiter sa réussite.

Les États-Unis ont vécu depuis très longtemps dans un bipartisme, il y avait les démocrates et les républicains, élus grâce à des campagnes très coûteuses, qui ne laissaient pas leurs chances aux ennemis du système. Les crédos libéraux étaient partagés, les démocrates du Sud, descendants des sudistes, appartenaient au même parti que les démocrates du Nord, plus sensibles aux questions de société, et au problèmes sociaux. Les républicains étaient partisans de la liberté individuelle, du libre échange, et d'un capitalisme sans complexe.

Or l'irruption de Trump, et sa réélection triomphante a été un choc très violent pour la société. On a vu un président Républicain tourner le dos aux principes traditionnels du parti et rétablir des droits de douane. Il a tenté de détricoter toutes les lois protectrices de la nation. Le parti Républicain qui était libéral (au sens économique du terme) est devenu un parti nationaliste, dirigé par un chef fantasque dont les revirements brutaux et inattendus suscitent des réactions très fortes dans l'opinion. Chez les démocrates, le consensus mou est rompu. Le parti se scinde entre les démocrates socialistes dont Bernie Sanders est la figure emblématique, et les démocrates libéraux qui ont toujours tenus les rênes du parti. Ils devront pourtant se réunir s'ils veulent reprendre un jour le pouvoir ! !

On assiste en ce moment, à une série retentissante de victoire du parti démocrate dont le plus symbolique est la prise de New York par Zohan Mamdani, et de Seattle par Cathie Wilson, par des démocrates-socialistes. Tandis que les démocrates modérés ont gagnés le poste de gouverneur de Virginie, et du New Jersey.

Mais qui est Zohan Mamdani ?

Il est un beau jeune homme, 34 ans, au sourire enjôleur, il a eu un succès fou auprès des électrices. On dit que les chiens ne font pas des chats, ses parents sont des personnalité intéressantes et brillantes.

Sa maman Mira Nair, est une productrice et réalisatrice indo-américaine, spécialisée dans des films abordant la société indienne, que ce soit dans les domaines économiques, sociaux ou culturels, et s'adressant à un public international. Son premier film long-métrage Salaam Bombay! (1988) est acclamé à présent comme un classique. Le film a reçu cette année là, plus de 25 prix internationaux y compris l’Oscar pour le meilleur film en langue étrangère et la Caméra d’Or au Festival de Cannes. (*). Elle est de religion Hindou, et son premier mari était juif.

Son papa Mahmood Mamdani est musulman, chiite né à Mumbai en Inde. Il a grandi en Afrique, où il s'est fixé. Docteur en sciences politique de l'Université d'Harvard aux États Unis, il est Recteur de l'université de Kampala en Ouganda, et enseigne à l'Université de Colombia. Ses cours concernent l'esclavage, le colonialisme, les races, le capitalisme racial, la souveraineté, les institutions, et le droit constitutionnel (*)

Zohan Mamdani est né en Ouganda. Aux États-Unis il a étudié dans les universités les plus prestigieuses et les plus coûteuses. Il n'est citoyen américain que depuis 2018, ce qui rend sa victoire encore plus spectaculaire mais qui montre aussi, malgré ses études brillantes, qu'il n'a pas encore totalement assimilé la culture américaine. Il a un charisme remarquable, contrairement à ses concurrents politiques, et maîtrise parfaitement les nouvelles technologies de communication.

Le programme de Mamdani

Mamdani a eu un programme très favorable aux gens modestes, pas toujours réaliste, pour cela on peut le qualifier de "populiste", mais au fond quelle est la différence entre populaire et populiste ? Il se démarque en cela non seulement de Donald Trump, mais aussi de ses concurrents démocrates comme lui, mais bien plus timorés voir absents sur le plan social : Le programme peut se résumer ainsi : « affordability », c’est-à-dire rendre New York « abordable » pour tous ceux qui ne sont pas riches, c'est à dire la majorité des habitants.

Mais ce qui ne figure pas dans son programme, c'est son lien avec l'islam politique, et son hostilité totale à Israël.

Mamdani ne pourra pas respecter son programme, et rétropédale très vite.

Mamdani et Israël et la communauté Juive

Mamdani s'est toujours défendu d'être antisémite. Avant les élections, il n'a cessé d'être aimable et de se faire photographier en compagnie de rabbins, et des représentants juifs. Il a bien sûr côtoyé les 'hassidim de Statmar, qui comme lui détestent l'état d'Israël, mais il a tenu à souhaiter une bonne année à la communauté à l'occasion de Roch Hachana.

Toutefois, il a toujours milité dans des organisations antisionistes, Il a prétendu qu'il était favorable à globaliser l'intifada, il a affirmé que lorsqu'un new-yorkais sentait sur sa nuque la botte d'un policier, cette botte a été lassée par l'armée israélienne. Durant ses meeting, ce sont les passages anti israéliens qui ont le plus galvanisé les foules. Il s'entoure de personne ayant les mêmes idées, par exemple, pour le remplacer à l'assemblé de l'état de New York, Aber Kawa qui a déménagé aux États-Unis l'année dernière. titulaire d'une maîtrise en « Théologie islamique de la libération », et militant palestinien radical.

La communauté juive de Park East, avait invité "Néfesh be néfesh", âme pour âme, une association sioniste préconisant l'Alya, (immigration en Israël) peu de temps après l'élection de Mamdani,. Une manifestation très violente a été organisée devant la synagogue avec le slogan "Nous devons leur faire peur ! " (*) Les manifestants ont notamment entonné les slogans suivants :

Dora Pekec, porte-parole de Mamdani, a expliqué jeudi au Times of Israel que « le maire-élu a découragé l’usage du langage utilisé lors de la manifestation d’hier soir et il continuera à le faire ».

Depuis l'élection de Mamdani, les ventes d'armes de poing auprès de la communauté juive ont augmenté de 14 %. (*)

Qui a voté pour Mamdani ?

Les New-Yorkais se sont rendu aux urnes, en bien plus grand nombre que d'habitude, deux millions de votants sur cinq d'inscrits. D'habitude, il y a 25 % de taux de participation, et aujourd'hui, c'est 40 %.(*).

Il a obtenu 50.4 % des suffrage. D'après un sondage en sortie des bureau de vote (*). Divers sondages donnent environ 84 % des votes pour Mamdani parmi les 18-29 ans, 65 % pour les 30-34 ans alors que les plus de 65 ans ont voté majoritairement pour Andrew Cuomo, son concurrent malheureux. Un sondage donne 80 % des jeunes femmes pour Mamdani, alors que pour les autres tranches d'âge, elles ont préféré Cuomo.

Son engagement pour la cause palestinienne et son programme social, lui a valu 92 % des votes des musulmans, mais ils ne représentent que 4 % des électeurs. En plus, la communauté asiatique, 5 % de l'électorat s'est mobilisée pour Mamdani, ses origines indiennes ont probablement joué.

La religion a été un facteur déterminant, 76 % des athées ont voté pour lui. La communauté juive a été profondément divisée, les jeunes athées ont voté Mamdani qui récolte 32 % du vote juif. La majorité et surtout les religieux ont favorisé Cuomo.

Andrew Cuomo a été handicapé par sa vie sexuelle, plusieurs collaboratrices l'ont accusé d'harcellement, par sa gestion de la crise du Covid, et par le climat de crainte qu'il faisait régner parmi ses collaborateurs. A côté, Mamdani arrivait, pur et propre, n'ayant jamais eu l'occasion d'exercer le pouvoir.

Le rejet de la politique de Donald Trump qui menace les émigrés, reste malgré tout, le principal vecteur de la victoire de Mamdani.

 

La menace antisémite n'est pas l'apanage de la gauche

Le rejet de la ligne du Parti républicain de soutien à Israël reste minoritaire, il est de plus en plus visible. Le nationaliste blanc Nick Fuentes, qui anime une émission intitulée « America First » (l’Amérique d’abord) sur la plateforme Rumble, après avoir été interdit de YouTube, est l’incarnation la plus extrême de ces « idées sinistres ». Autrefois considéré comme radioactif par les trumpistes, il a récemment été invité par Tucker Carlson, un des podcasteurs les plus écoutés du pays, pour une longue interview très cordiale. Le militant raciste de 27 ans a donc pu expliquer aux millions d’auditeurs de Carlson que la « juiverie organisée » était l’obstacle principal à l’unité des États-Unis. Nick Fuentes tient d’habitude des propos encore plus directs, comme « les juifs sont responsables de toutes les guerres » et « la plupart des Noirs doivent être en prison » (*)

Quel avenir pour la communauté juive ?

La communauté juive de New York sort de son âge d'or, elle était le seul endroit de diaspora où la judéité était une chose normale et acceptée. Cette très grosse communauté riche d'un à deux millions d'âmes est éclatée. Les religieux, les anciens sont affolés, en effet les juifs de diaspora sont solidaires d’Israël, non pas qu'ils soutiendraient la politique du gouvernement israélien du jour quel qu'elle soit, mais par ce que le public confond juif et israélien, et que nous bénéficions de la bonne image de ce pays, et souffrons de sa mauvaise image, que cela nous plaise ou non.

Les jeunes n'ont pas l'expérience de l'antisémitisme, ils sont souvent laïques et détachés de la religion, qui elle même a été forgée au cours de siècles de persécutions. Ils n'ont vu dans Mamdani que le projet social, et l'opposition à Donald Trump dont les positions contre l'avortement, contre la liberté universitaire, contre les étrangers est tout à fait contraire à la manière de pensée libérale des jeunes de New York. Israël mène une politique qui ressemble plus à l'idéal de Trump qu'à celui des démocrates. Les hommes en noir qui ont un énorme poids au sein du gouvernement Netanyahu militent pour exclure du judaïsme les libéraux, réformé et autres qui forment la majorité des jeunes de New York. D'un autre côté, ils voient la montée d'un néo-nazisme chez certains admirateurs de Trump, ce qui n'est pas non plus rassurant.

Tout ceci explique un désintérêt pour le sionisme, et le vote Mamdani.

Le principal risque vient d'ailleurs.

Mamdani propose un projet social et économique qui pourrait satisfaire la population, très affectée par le prix exorbitant du logement, par les insuffisances du système de santé ou de transport. Alors, il apparaîtra comme un chef qui militera pour atteindre ses objectifs.

Dans l'hypothèse ou pour des raison économiques, ses promesses n'étant pas tenables, il échouerait. Quelle serait sa réaction ?

Un dirigeant porté au pouvoir par une dynamique identitaire mais incapable de gouverner selon ses promesses se retrouve mécaniquement tenté par une issue unique : désigner un coupable. René Girard l’a montré : lorsqu’un récit victimaire ne peut plus produire de solutions, il produit des ennemis. (Solange Vigneron commentaire d'un article d'Eber Haddad)

Et quel serait l'ennemi qui aurait pu empêcher la réussite de jeune élu si brillant ? on a toutes les raisons de penser que que ce sera les sionistes, vu les milliards dépensés par le Qatar, l'Iran et autres pays pour discréditer Israël et les juifs.

Aujourd'hui, il est bien trop tôt pour se réjouir ou pour pleurer, Mamdani n'est que le maire de New York élu, et nous le savons intelligent et opportuniste. Il n'a pas encore pris ses fonctions, et nous pouvons toujours espérer qu'il nous réservera de bonnes surprises.

Alors, je lui souhaite une bonne réussite, et ce sera le meilleur moyen pour assurer la paix dans la cité.

Michel Lévy