Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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Dernière mise à jour 20-Nov-2025
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Impressions d'Israël

Trois semaines à Beth Shémesh, j'ai vécu en famille, dans l'ambiance paisible d'une vie religieuse, si éloignée de la guerre qui guette et qui n'est jamais bien loin. Je vous présente quelques photos, des images qui représentent des aspects de la vie quotidienne, d'un pays si attachant et si décrié, que j'espère contribuer à vous le faire aimer.

Nous étions en Israël chez notre fille le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a déclenché la guerre; nous sommes revenus deux ans plus tard, alors que Trump a réussi à imposer un cessez-le-feu bien fragile, mais qui tient à peu près jusqu'à présent.

Première surprise à Orly, tous les panneaux sont écrits en français, anglais et chinois. On est bien dans l'absurdité administrative. Si le français et l'anglais sont évidents, pourquoi le chinois ? A Orly, quasiment tous les vols vont vers la France, l'Europe, et le bassin méditerranéen. Le Chinois a sa place légitime à Charles de Gaulle, mais à Orly, l'arabe aurait été plus utile.

Nous avons passé un peu plus de trois semaines en famille, notre séjour a surtout été marqué par le mariage de Nathan, notre petit fils. Pour des questions de santé, nous n'avons pas pu voyager comme nous l'aurions souhaité. Nous sommes donc restés cantonnés à Beth Shémesh, avec une ou deux escapades vers la mer, une visite à Ashkelone, et un shabbat à El Ad. Pour cela, je ne peux vous parler que de mes impressions, et je ne vous ferai aucune révélation !

Beth Shémesh est restée fidèle à elle même, mais la ville est devenue beaucoup plus propre. en effet, on a quasiment supprimé les grandes poubelles à ciel ouvert où les chats sauvages venaient se régaler, pour les remplacer par des container enfouis profondément dans la terre. La population a toutes les couleurs de la religiosité, et le noir domine très largement comme toujours. La langue française perd du terrain, on l'entend moins, même si dans les magasins, il y a presque toujours un francophone. Par contre l'anglais reste prégnant. Une bonne partie de Ramath Beth Shémesh-א (Les hauts de Beth Shémesh -a) est habitée par des juifs d'origine américaine. Les discours dans les synagogues sont parfois en anglais, et on n'entend plus le français.

Il y a probablement aujourd'hui plus de 300 synagogues dans une ville qui doit bien dépasser 160 000 habitants.

 

A l'entrée des synagogues, on trouve des livres, les livres de prière bien sûr, mais aussi le 'houmache c'est à dire les cinq livres de Moïse, parfois commentés, toujours en hébreu, mais aussi avec la traduction anglaise dans certaines synagogues. J'y ai trouvé aussi des collections complètes du Talmud en plusieurs exemplaires, des Choulh'an Aroukh, c'est à dire le code de tout ce qui est autorisé et interdit, compilé au XVII ième siècle... et actualisé !

En dehors des offices, la synagogue sert aussi de maison d'étude, où des fidèles de tous âges viennent consulter et réfléchir, seuls ou en groupe. Vous remarquez au fond, l'armoire monumentale où sont rangés les parchemins de la Torah (5 livres de Moïse). J'ai ajouté un point rouge, pour vous montrer l'endroit où l'officiant mène la prière, on devine une grande table oblique sur une estrade.


Les Yeshivas, sont des écoles religieuses, où on étudie la torah, depuis les livres de Moïse, jusqu'aux écrits des rabbins contemporains. Au premier plan, sur la photo plus haut, on voit des collections du Talmud. Chaque juif a le devoir d'étudier, il reste un élève toute sa vie, même le professeur.

Mon gendre fréquente une petite synagogue de tendance Habad, le samedi, il y a une petite cinquantaine de fidèles, dans une salle pouvant en contenir le double. J'ai fais quelques infidélités à cette communauté, et j'ai vu de véritables temples avec des centaines de places, toutes occupées pour la prière du vendredi soir.

Pour traverser la rue, il y a des signaux sur les trottoirs, peints à l'attention des enfants :

Certaines pelouses sont desséchées, car les tuyaux du goutte à goutte n'ont pas été réparés, mais la ville reste verdoyante


Carrefour s'est installé en Israël, et près de chez ma fille, le groupe français a racheté un super marché. A l'autre bout de la place, il y a un autre super marché, plus grand et moins cher. La concurrence est donc rude, mais Carrefour tâche de montrer son caractère français en vendant du bon pain, et des vrais croissants. En Israël, on vend au kilo des viennoiseries de taille modeste, parfumées au cacao, au pavot, à la crème sans ou avec lait, avec des raisins secs, des amandes etc... en général les petits pains sont brillants de sucre. Donc un croissant sans sucre est un plaisir pour un palais français. A part, cela, il n'y a que très peu de produits français, de la farine, des laitage Yoplait ou Danone de rares fromages hors de prix par exemple.

Je n'ai pas changé d'avis sur l'urbanisme de la ville, Beth Shémesh est une immense banlieue, avec plusieurs centres commerciaux dispersés. On vient d'en inaugurer un bien grand pas très loin de chez ma fille, avec un super marché "Rami Lévy". J'ai trouvé dans le centre cette vitrine qui m'a plu :

« De l'expérience de Noé, des chaussures personnalisées. C'est important pour la santé, confortable, et bon marché ! » En auriez-vous douté ?

Au centre du quartier, il y a un magasin qui s'appelle "Mini Mah'ané Yéhouda", le Mah'ané Yehouda est le marché de Jérusalem, qui est très riche en odeurs et en couleur.

Les épices sont du Ras el Hanout, ingrédients traditionnels de la cuisine marocaine. J'ai remarqué le choix de la calligraphie cursive de l'hébreu, qui tend à imiter l'écriture arabe. Quand le marchand m'a vu, il m'a accosté directement en français, disons que je ne ressemblais pas aux hommes en noir qui peuplent la ville, et il m'a pris pour un nouvel émigrant, donc un futur client, et avec une gentillesse toute commerciale, il m'a aussitôt offert un petit verre de whisky.

Un jour, on m'a demandé d'acheter des corn-flakes, alors pour ne pas me tromper, j'ai photographié le paquet :

Sur le paquet, il est clairement écrit en hébreu : "Corn-flakes pour les championnes" et dans le rayon, je n'ai trouvé que des corn-flakes pour les champions ! ! sauf dans un gros pack tout enveloppé de plastique. Alors j'ai commencé à le défaire... quand je me suis rendu compte, qu'il avait écrit champion sur le recto, et championne sur le verso du même paquet ! !

Du côté économique, Beth Shémesh semble prospère, il n'y a pas plus de mendiants qu'avant-guerre, et le plus surprenant, c'est que le Shekel , la monnaie locale n'a pas souffert de la guerre, au contraire elle s'est même réévaluée par rapport à l'euro. Pourtant le prix de l'immobilier est délirant, un appartement ici coûte plus cher qu'en France.

De ma formation d'économiste j'ai gardé un goût immodéré pour les statistiques, et j'en fais sur n'importe quoi quand je me promène. Ainsi, j'ai compté les voitures par marques lors de balades en ville, et j'en ai rencontré plus de 300 en deux jours. Manifestement, les asiatiques dominent le marché. Les chinois avec la marque Chery commence à arriver. J'ai lu un article disant que l'état-major de l'armée avait ordonné à tous les officiers de Tsahal de se débarrasser de leurs voitures Chery, marque chinoise, qui seraient équipées clandestinement de dispositifs permettant de les télécommander à distance ! Côté français, Renault et Citroën ont été vus 8 fois et Sköda trône avec 10 autos.

La ville s'est agrandie, et de nouveaux parcs sont apparus entre les nouveaux quartiers.

La population a pris de l'âge, cela fait plus de vingt ans que ma fille habite le même quartier, et je constate que le nombre de bébé et petits a sensiblement diminué. Ce n'est peut être pas une chute de la natalité, mais les bébés sont devenus des ados, des hommes et des femmes. Le quartier vieilli, et ce n'est pas une spécificité locale.

Dans le hall d'entrée, on a mis des tableaux, un miroir, et les trottinettes ou vélos d'enfant ont remplacé les landaus, et poussettes.

Mais rassurez-vous, les enfants sont toujours là, même s'ils ont grandi

Le nombre de jardin équipés pour les enfants est impressionnant. Il faut dire que vu le climat, les enfants vivent souvent dehors, l'hiver est très court.

Nous avons fait la course avec le soleil, pour arriver un soir à Bath Yam, avant la nuit qui tombe très tôt et à une vitesse impressionnante. J'avais amené mon maillot de bain, et effectivement l'eau était très bonne... mais... il y avait plein de vent et de superbes vagues qui masquaient le courant. La Méditerranée ici ressemble un peu à la côte landaise, alors je me suis contenté d'admirer le spectacle.

Des dizaines de jeunes gens volaient sur les vagues, et s'envolaient emmenant avec eux la planche qui leur permettait de "surfer". Un malheureux a laissé tomber sa planche, et à vingt mètres au dessus des flots, il ressemblait à un pantin désarticulé. Le soleil a tenu ses promesses, et nous avons assisté au couché du Roi.

La ville de Bath Yam a placé un monument en l'honneur des glorieux sportifs

Pourtant, le pays sort d'une guerre, et je ne suis pas sûr qu'elle soit vraiment terminée, la lecture des réseaux sociaux ne me rend pas optimiste. Dans la vie de tous les jours à Beth Shémesh on ne voit rien, et au sein de ma famille, nous ne parlons pas politique. Pourquoi ? par ce qu'entre particuliers, nous n'avons aucun poids sur les événements, les dirigeants se moquent de nos avis respectifs. Alors pourquoi risquer de peiner ceux qu'on aime en développant des idées pouvant leur déplaire ?

Toutefois nous avons vu la trace de la guerre, sur l'autoroute entre l'aéroport et Beth Shémesh de magnifiques forêts ont brûlé. Entre deux phrase, on a deviné les innombrables alertes à l'arrivée des roquettes et de la peur qui sommeille en chacun.

Nous avons tous spontanément, et sans nous concerter, décidé que l'affection entre nous était bien plus important que des débats compliqués. Tout le monde souhaite la paix, et tout le monde m'a semblé fataliste, "Il n'y a pas de solution" me dit-on régulièrement. Point de vue qui me laisse sans réponse, et que je ne peux pas admettre.

C'est à Kfar Habad, à côté de l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, que Nathan, notre petit fils s'est marié avec Hanna. Dans cette bourgade, le mouvement Habad a reconstitué le siège social du mouvement Loubavitch qui se trouve à Brooklyn aux États Unis.

Ce fut une belle fête, qui s'est prolongée pendant une semaine, chez les uns et chez les autres. Nathan a 22 ans.. Le même âge que Mivy, l’honorable site internet que vous avez le plaisir de consulter. Aussi, j'ai le plaisir de vous présenter le jeune marié, tel que je l'ai vu pour la première fois en compagnie de son cousin, Nathan est le rouquin !

Michel Lévy