Il faut sauver le soldat Enderlin
!
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Une justice anti-justice,
une tentative de hold-up
L’objectivité
consiste à ne considérer que les objets présents
dans une situation ; en matière de justice, à ne considérer
que les faits et à faire abstraction des sujets, des individus
impliqués, de leur identité, de leur influence et de leurs
intérêts.
En
instrumentalisant le procès Karsenty comme cela a été
fait, en y autorisant l’intrusion du pouvoir exécutif et
de ses intérêts, et en admettant que le tribunal y accuse
notre agence, sans qu’elle n’ait été assignée
ni représentée, le pouvoir chiraquien espère pouvoir
annoncer l’authentification publique de la plus grande imposture
de l’histoire de l’audiovisuel en faisant l’économie
du vrai débat.
Semblable tentative n’est envisageable
que dans un Etat dans lequel les instances exécutives jouissent
d’un pouvoir exagéré et échappant à
tout contrôle. Entendez maintenant, en un instant, l’inimaginable
:
Le
soupçon de mise en scène de l’assassinat de Mohamed
A-Dura, de la part d’Abou-Rahma et d’Enderlin, vient d’être
écarté par la justice française sans qu’aucun
des 200 indices et des plus de 20 preuves de l’imposture, figurant
dans les quelque 11'000 pages et 280 heures d’enregistrements audio
et vidéo des enquêtes de l’armée israélienne
et de notre Metula News Agency n’ait été examiné
ni débattu par ladite "justice". J’écris
bien : au-cun !
Aucun
expert n’a été appelé à la barre, aucune
de nos accusations n’a été discutée selon les
règles en usage dans un prétoire, aucune de nos images n’a
été contestée, aucun témoignage sonore ou
écrit pris en compte, aucun soldat israélien interrogé,
aucun reporter-cameraman questionné. Les deux documents filmiques
que les parties civiles assurent posséder, et qui établiraient
la preuve indiscutable de l’authenticité du reportage et,
partant, de notre fourvoiement, Les 27 minutes de rushes figurant dans
la déposition légalisée d’Abou-Rahma et les
Images de l’agonie de l’enfant, que Charles Enderlin prétend
posséder, n’ont pas été soumis aux juges.
Pourquoi donc ? Pourquoi
les parties civiles se priveraient-elles de montrer ces deux documents
qui, en l’espace de quelques minutes – bien mieux que le certificat
de bonne vie et mœurs accordé par Chirac à Enderlin
– établiraient, une fois pour toutes, que le reportage de
France 2 est authentique et que nous sommes effectivement des agités
ou des agitateurs, indignes en tous cas d’exercer cette profession
? De plus, les parties civiles pourraient ensuite, selon leur bon vouloir,
faire condamner, presque automatiquement, tous les supports médiatiques
qui ont reproduit des éléments de notre enquête. Ceci,
c’est encore sans mentionner l’économie que le service
public ferait faire, en frais de justice, au contribuable français
et sa participation au désengorgement des cours de justice.
La raison est
évidente, elle se trouve dans la question : les images de l’agonie
de Mohamed n’existent pas, car le "Mohamed" de FR2 n’est
pas mort. Quant aux 27 minutes de rushes, elles ont été
vues par suffisamment de paires d’yeux respectables pour que l’on
n’ait pas à avancer des conjectures : elles ne contiennent
aucune prise de vue de l’"assassinat" qui n’ait
déjà été présentée aux téléspectateurs
de la planète le 30 septembre 2000, et certainement pas 27 minutes
sur l’infanticide, comme Talal Abou-Rahma l’a déclaré
sous serment à Me Raji Surani, trois jours plus tard.
Le seul fait de chercher
à obtenir le blanchiment de la chaîne publique par la justice
sans présenter ces deux documents filmiques, et en s’abstenant
de répondre aux preuves amassées, par cartons entiers, par
les deux entités ayant enquêté sur l’Affaire,
procède d’une tentative dolosive d’instrumentaliser
la justice afin qu’elle homologue un crime. C’est ce que je
nomme "une tentative de hold-up".
Un crime, vraiment ?
Beaucoup
ont contesté la comparaison qui se fait de plus en plus entendre
entre l’Affaire A-Dura et l’Affaire, raccourci par lequel
on fait généralement allusion à la condamnation du
capitaine Alfred Dreyfus à la dégradation publique et au
bagne à perpétuité. D’aucuns la jugent exagérée,
moi, je la trouve avantageuse pour le service public, les faussaires et
ceux qui instrumentalisent la justice de leur pays pour les sauver de
l’opprobre et des condamnations qu’ils méritent.
Qu’y a-t-il de
commun et qu’y a-t-il d’incomparable dans ces deux affaires
? Il est temps qu’on le définisse ! Les points communs, d’abord
: elles partent toutes deux d’une accusation mensongère,
d’une mise en scène, visant à stigmatiser l’ensemble
de la nation juive par référence au comportement prétendument
indigne de certains de ses représentants en uniforme. Elles impliquent
toutes deux un caractère atavique traditionnellement appliqué
aux Israélites par leurs pires contempteurs : la trahison de sa
"patrie d’adoption" pour Dreyfus, et le plaisir à
humilier les non-Juifs, la propension à la lâcheté,
particulièrement à s’en prendre à plus faibles
qu’eux, et, encore plus particulièrement, aux enfants non-Juifs.
Elles impliquent toutes deux l’ingérence du pouvoir exécutif
français aux côtés des faussaires. Leurs tenants ont,
dans les deux cas, essayé de faire avaliser leur crime par une
justice partiellement consentante.
Qu’en est-il
des différences, maintenant ? A l’époque de l’Affaire,
la presse était partagée entre les journaux dreyfusards
et les antidreyfusards ; aujourd’hui, tous les media généralistes
français font écran devant Charles Enderlin afin de lui
épargner l’épreuve de la vérité. Pas
un seul Zola non plus, un Français connu, qui ait le courage de
s’opposer à cette imposture. C’est la peur, au contraire,
qui prédomine la profession entière et les intellectuels,
qui font ce qu’ils peuvent pour prendre leurs distances avec le
vrai débat. Pas un confrère de l’Hexagone, dans cette
dynamique, pas un philosophe, qui ait demandé à l’armée
ou à notre agence de consulter les conclusions de nos enquêtes,
pas un seul qui ait réfuté, en connaissance de cause, la
moindre de nos hypothèses.
Les différences
les plus significatives entre les deux cas, c’est, premièrement,
que, dans l’Affaire A-Dura, les Juifs ont poussé –
selon la déposition de l’unique témoin, Talal Abou
Rahma – leur "perversité atavique" jusqu’à
viser l’enfant durant 45 minutes sans interruption et finir par
le tuer, alors qu’Alfred Dreyfus s’était "contenté
de trahir". L’autre différence consiste en ce qu’à
notre connaissance, l’Affaire n’a pas entraîné
mort d’homme, et que sa victime principale, après avoir été
déshonorée, a purgé une peine de bagne à l’Ile
du Diable qu’il ne méritait pas. La Controverse de Nétzarim,
quant à elle, a fait de nombreuses victimes, à commencer
par les 13 morts des émeutes d’octobre. Ce n’est pas
la Ména qui établit cette relation de cause à effet
mais la commission d’enquête Or, qui considère que
la diffusion en boucle du reportage de Rahma et Enderlin a constitué
l’un des facteurs les plus importants à avoir poussé
les Arabes israéliens à la violence. Il y eut ensuite les
deux malheureux réservistes israéliens, littéralement
déchiquetés par la foule de cannibales dans le poste de
police de Ramallah, aux cris de "vengeance pour Mohamed A-Dura".
Il y eut Daniel Pearl, décapité devant le portrait du soi-disant
enfant-martyr. Puis tous les morts de l’Intifada, à un degré
ou un autre, que personne ne pourra jamais établir, mais dont l’antagonisme
a, assurément, été chauffé à blanc
par la mise en scène de France 2.
Voilà les raisons qui
m’amènent à penser que cette affaire est plus grave
que l’Affaire. Voilà ce qui m’amène à
penser que la société française et son système
de gouvernement n’ont pas évolué sur le dossier de
l’antisémitisme et de l’ingérence de l’exécutif
dans tous les rouages de l’Etat. Et que s’ils ont évolué,
c’est probablement à reculons.
Impunité et désastre
Certes, au plan
de la communication intérieure, l’ingérence du président
de la République dans le débat judiciaire a – très
provisoirement – sauvé le service public du désaveu.
Mais à quel prix !
Cela faisait plusieurs années déjà
qu’à Métula, nous pressentions la griffe de Jacques
Chirac derrière les moult décisions arbitraires qui ont
protégé Enderlin et son employeur de la lumière aveuglante
de la vérité. Comment expliquer autrement, aussi, que Mademoiselle
Chabot ait délaissé, durant plus d’une semaine, toutes
ses obligations de responsable de l’info à FR2 pour se répandre
sur les media tricolores en diabolisations de la "petite" Ména
? Ceci éclaire également le vocabulaire outrancier et inapproprié
qu’elle a utilisé à notre encontre (mais en se gardant
de jamais nous mentionner nommément), allant jusqu’à
prétendre que nous sommes des "négationnistes"
et des "révisionnistes" (sic). Faute d’être
munie d’ordres clairs venant de très haut, assortis de l’assurance
qu’elle ne serait jamais abandonnée seule sur le champ de
bataille, Arlette Chabot n’aurait en aucun cas entrepris cette croisade.
De même, la sémantique dont elle a usé, ne vient pas
naturellement à l’idée d’un responsable de l’information
de la plus grande chaîne de télévision publique de
France.
Puis il
y eut la farce de conférence de presse que Chabot organisa dans
les locaux de France Télévisions, et les vigiles armés
qu’elle disposa tout autour, dans le seul but d’empêcher
nos journalistes de venir y poser les questions auxquelles FR2 ne peut
pas répondre. C’est peut-être l’endroit de signaler
à ceux qui nous lisent qu’en six ans d’existence –
y compris la phase de rodage – la Metula News Agency, ni aucun de
ses collaborateurs, n’ont jamais été accusés
de quoi que ce soit par aucune police ou aucune justice. Surtout pas en
France, où une semblable accusation nous permettrait de déverser,
aux pieds du tribunal, les kilos de preuves et de témoins à
charge, pour Rahma, Enderlin et FR2, qui encombrent notre jardin.
Certes, le jugement
– sans juger – contre Karsenty et les dénis de justice
ultra-petita contre la Ména ont permis de repousser l’échéance.
Mais pas d’arrêter l’élan de la vérité
en marche. Et le prix de cette victoire à la Pyrrhus est lourd
à gérer pour la société française.
Que d’institutions corrompues pour obtenir ce succès transitoire
et si fragile… De FR2, qu’on oblige à fouler aux pieds
les provisions de la Charte des journalistes de France Télévisions,
au CSA, qui s’est fait porter pâle, en décidant de
ne rien décider quant aux nombreuses et grossières infractions
à ses règles, contenues dans les actes et les zigzags de
la grande chaîne publique. Et le Conseil d’Etat, saisi par
des citoyens en colère, après la démission de l’organe
dirigé par Dominique Baudis, qui a pris, sur cette affaire, l’une
des décisions les moins pertinentes depuis sa création.
A deux doigts de la cote "ridicule absolu".
Et maintenant l’infraction
de Jacques Chirac, faisant l’éloge d’un faussaire,
fauteur de guerre, dans une lettre adressée à un tribunal
français… Que de bonne terre corrompue
et empoisonnée pour rien, faute de trouver le courage de reconnaître
ses fautes. Mais reconnaître ses fautes n’est décidément
pas français. Plus le pouvoir corrompt d’autres piliers de
la démocratie, plus il transforme un minable bidonnage mal fait
de grande surface, et plus il enfonce le pays dans la contrevérité
et ses insupportables contraintes. Et plus le jus du scandale, lorsqu’il
éclatera - et il éclatera ! -, éclaboussera d’institutions
et de têtes, et forcera à faire le ménage. Ca va être
gai !
Soit, le tribunal
qui nous a diffamé et le président de l’Etat, qui
a mélangé les pouvoirs et les devoirs, sont protégés
par l’impunité et nous sommes dans l’incapacité
regrettable de les assigner en justice. Mais tôt ou tard, un subalterne
ira à la faute et nous permettra d’allumer la lumière
au milieu de ce long tunnel, tant, sur la tête des voleurs, il y
a toujours un chapeau qui brûle.
Terroriser les petits media
Dernier volet
de cette petite mise au point. Il concerne l’effet détestable
– que personne d’autre n’a relevé – de
la stratégie de défense juridique des antidreyfusards :
épargner à tout prix le vecteur des preuves, la Ména,
et ses correspondants, mais s’en prendre, avec la rage des escrocs,
aux media corpusculaires
Histoire d’y semer la terreur ! Les gaullistes
et les post-gaullistes se sont toujours occupés à noyauter
la presse, lors, les web, blogs et autres journaux du Net les emm…
au point de leur faire perdre le sommeil.
Quelques
milliers d’euros d’amende et de dommages infligés à
Karsenty ont déjà suffi à faire rentrer les libres-penseurs
dans le rang. Les sites qui, il y a peu, se battaient pour publier un
article de la Ména, les media juifs français, RCJ, Radio
J, etc. nous fuient comme si nous avions la gale. Exactement comme les
media généralistes. Ils s’affirment ici comme des
miauleurs sans envergure, des organes surtout concernés par leur
petit statut sans intérêt et incapables de discernement et
de réaction, lorsque leur pays et leur communauté traversent
un réel danger. Idem au sujet des institutions juives, elles me
rappellent… bon, on parlera d’elles à une autre occasion.
Chirac n’aura
donc pas tout perdu, ceci dit sans la moindre trace de sarcasme. Karsenty,
condamné pour avoir repris des textes de la Ména accusant
une TV publique de bidonnage. Lurçat, prévenu pour avoir
appelé à manifester contre FR2, la Voix de son maître.
Et Gouz, pour exactement le contraire : pour avoir repris un communiqué
de notre agence qui rappelait, en gros, qu’en démocratie,
ce n’est pas la rue qui doit juger les journalistes et leur remettre
des "Prix de la désinformation". Ce à quoi il
faut maintenant ajouter que ce n’est pas non plus le rôle
de l’Elysée !
C’est désormais
le règne de la terreur. On ne peut plus, en France, défendre
Israël contre les crimes rituels dont la télévision
d’Etat l’accuse, sans risquer la correctionnelle. Alors on
lève vite les deux mains le plus haut possible, et on tourne la
tête dans le sens inverse, pour ne rien voir. Ce ne sont pas des
porte-parole de ce calibre qui auraient empêché qu’on
envoie Dreyfus à l’Ile du Diable. N’est pas Zola qui
se rend sans combattre…
Quelqu’un peut-il sérieusement affirmer
que, face à d’aussi éclatants résultats, ce
régime n’en fera pas taire d’autres ?
Ce que Jacques Chirac
n’a pas saisi, c’est que, en dépit de ce repli assez
piteux, la planète bat réellement au rythme du village global.
Il fait que la France se recroqueville, qu’elle recule. Il lance
une "CNN à la française", sans se rendre compte
que ce qui rend la vraie CNN intéressante, c’est son indépendance
absolue vis-à-vis du gouvernement. Tout comme c’est le cas
des autres grands "Networks" américains, qui possèdent
chacun son identité et ses orientations politiques
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