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27-sep-24


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Hebron était capitale des enfants d'Israël avant Jérusalem, c'est là qu'Abraham père des juifs, chrétiens et musulmans est enterré, des musulmans islamisent tous les personnages et lieux bibliques, est-ce une raison pour rendre impossible une paix se basant sur deux pays pour deux peuples ?
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Le gouvernement d'Israël décide d'inscrire Le tombeau des patriarches à 'Hebron, et celui de Rachel à Bethléhem parmi les sites faisant partie du patrimoine historique israélien.

Cette décision a été souhaitée par les partis religieux et nationalistes de la coalition au pouvoir à Jérusalem, aussi bien pour des raisons pratiques : il fallait faire des travaux, que pour des raisons politiques, certains ont jugé indispensable d'affirmer fortement les liens de l'Etat d'Israël avec le passé juif du pays.

 

 

 

Ce que 'Hebron représente pour le Judaïsme et l'Islam

La caverne de Ma'hpela à 'Hébron a été achetée par Abraham aux enfants de 'Het (Hittites) pour y enterrer Sarah son épouse. Son tombeau est là, ainsi que celui d'Isaac, de Jacob, Rébecca, et Léa. Rachel repose près de Bethléhem.
Tous font partie des pères fondateurs des religions monothéistes : Le judaïsme d'abord, puis naturellement le christianisme qui en est issu, et enfin l'islam qui se revendique d'Ismaël.

L'islam reconnaît tous les personnages bibliques et leur prête parfois une histoire différente de la tradition judéo-chrétienne. Par exemple, ce serait Ismaël et non Isaac qui aurait été échappé de peu au sacrifice humain. Pour l'islam les patriarches étaient tous musulmans, ainsi que Jésus (Issa dans la tradition islamique). Le mot Islam veut dire soumission, les patriarches et les prophètes étaient soumis à Dieu, ( Le sacrifice d'Ismaël n'est-il pas la preuve de la soumission la plus absolu à la volonté Divine ? ), donc ils étaient musulmans. CQFD.

Hébron fait partie des quatre villes saintes d'Israël : Jérusalem, Tibériade, Safed et 'Hebron. Cette grande ville, comme Jérusalem est disputée entre les trois religions issues d'Abraham, le patriarche commun.

En lisant les articles publiés par COL et Alain Bockel (Les accords de 'Hebron de 1997) paru dans «Persee» on apprend une histoire riche et tourmentée :
Un grand édifice fut construit à l’époque du second temple (il y a 2000 ans) par le roi de Judée Hérode afin de permettre aux Juifs de se rassembler et de prier sur la tombe de leurs pères.

Une église byzantine a été construite sur les fondations Hérodienne, elle est transformée en mosquée lors de la conquête arabe en 637. Les croisés chassent l'importante communauté juive de la ville, et construisent à l'emplacement de la mosquée une assez belle église gothique en 1100, celle ci est reconvertie en mosquée après la reconquête arabe en 1187, les mamelouks, puis les ottomans à partir de 1517 complètent le monument en lui donnant l'aspect de forteresse qu'on lui connaît aujourd'hui.

Les Juifs réadmis à 'H'ébron après la reconquête musulmane, sont autorisés à monter jusqu'à la septième marche qui leur permet de contempler les lieux saints par une petite ouverture. La communauté renforcée par des judéo-espagnols après 1492 se maintient tant bien que mal jusqu'au XXième siècle. L'arrivée de nouveaux émigrants et la montée simultanée des nationalismes juifs et arabes dans les années vingt a fait de 'Hebron le coeur de la tension intercommunautaire.

Le lecteur remarquera s'il clique sur les articles complets en marge des divergences entre COL et Persée sur l'antiquité du bâtiment actuel.

Col présente une vision juive de 'Hebron

Interbible donne une vision chrétienne de la ville
Vision diplomatique d'Alain Bockel avec vue historique sur 'Hebron (long à charger ! )

Peintures

Courriers

Humour

 

A gauche, le tombeau d'Isaac, au milieu de «l'Espace musulman»
A droite, le tombeau de Sara notre mère, dans «l'Espace juif» . Ces monuments sont à la vertical des tombes, car les vraies sont dans le caveau de Ma'hpela, au sous sol. Dans le caveau on y verrait même l'emprunte du pied d'Adam le Premier.

 

 

 

Les tensions inter communautaires

'Hébron a été à la tête de la révolte arabe contre l'arrivée des juifs au XX ième siècle, Cela s'est traduite par des manifestations antisémites, et des massacres dès 1929. Vivant au milieu d'affrontements, la communauté juive restante de la ville a vécu de façon précaire jusqu'en 1931. A la suite de nouvelles manifestations arabes, les autorités mandataires britanniques décidèrent d'évacuer la population juive afin de la protéger. Rattaché à la Jordanie après la guerre d'indépendance 'Hebron a été interdit aux juifs jusqu'à la conquête de 1967.

En réinvestissant l'ancien quartier juif (construit au XV ième siècle), en installant une "ville nouvelle" à Quiriat Arba, des israéliens, quasiment tous religieux tenaient à marquer leur retour dans la ville qui fut le berceau de leur histoire. Cette situation évoque le Kossovo, berceau de la nation Serbe mais peuplé d'Albanais.
Les efforts d'implantation pacifique ont rapidement échoués, les altercations entre nouveaux arrivants et autochtones se sont multipliées, des paroles on est passé aux mains, puis aux coups et aux meurtres. La violence a atteint son paroxysme quand un israélien, Barouh' Goldstein a perdu la tête et a assassiné vingt sept musulmans en prière dans la mosquée des patriarches. On trouve cent fois ce crime sur le Web, mais on a du mal à trouver trace des victimes juives assassinées peu de temps auparavant par d'autres arabes dans la même ville.

Cela n'a pas calmé les tensions, comme on pouvait s'y attendre, les agressions réciproques ne se comptent plus.
Pour séparer les combattants, les israéliens ont fini par exclure les arabes de la route menant à l'entrée juive de la mosquée qui domine le tombeau des patriarches.
Le long de cette rue qui fut un souk animé, il ne reste que des commerces fermés, abandonnés et tagués. Sur la photo prise sur le web on voit des étoiles peintes, moi, j'ai surtout vu des inscriptions en arabe, comme je ne connais pas cette langue, je ne peux pas vous en donner le contenu.

A l'extérieur, de la mosquée Ibrahimi, du tombeau des patriarches,deux malheureux marchands de souvenirs attendent les rares clients présents. (Nous étions en plein hiver, et il faisait froid ce jour là).

Je n'ai pu voir que la partie juive du monument qui domine la caverne de Mah'pelah où sont enterrés les patriarches. La caverne proprement dit a été murée par les musulmans.
Le second étage de la grande mosquée est divisé, les juifs vont prier d'un côté de la salle, et les musulmans de l'autre. Des monuments en forme de tombe indiquent les emplacements où reposent les patriarches et matriaches. Elles sont parfois à cheval sur les deux côté de la salle, si bien que musulmans et juifs peuvent se recueillir tout près les uns des autres.
La tombe de Sara par exemple a un côté musulman et un côté juif. J'ai pu apercevoir un bout de la partie musulmane, derrière une cloison en verre blindé.

Un soldat armé protège une porte condamnée menant vers la partie musulmane. Les musulmans ont une autre entrée, pour aller d'un bout de la salle à l'autre, il faut sortir et passer un barrage.

 

 

Israël décide d'inscrire le tombeau des patriarches à 'Hebron et celui de Rachel à Beth léhem dans le patrimoine archéologique d'Israël.

Cette décision a été prise en tenant compte de plusieurs éléments

  • Israël se considère comme l'État des juifs, et estime devoir assurer le respect et la sécurité des lieux saints juifs, il n'accepte pas que les patriarches soient considérés comme musulmans. En fait, il n'étaient ni juifs, ni chrétiens ni musulmans, ces trois religions n'existaient pas encore à l'époque.

  • Le bâtiment nécessite des travaux d'entretien, et on ne peut guère compter sur la bonne volonté des musulmans pour entretenir la partie juive.

  • Il y a peut-être aussi un désir d'affirmer que la Judée fait partie de la Terre d'Israël
Cette décision a été très mal accueillie

  • Pour les musulmans, il n'y a pas de lieux saints juifs, Ibrahim était musulman.
    Cette rhétorique se retrouve paradoxalement reprise par des chancelleries qui veulent se concilier les bonnes grâces des arabes. L'agence Russe Novstni n'hésite pas à titrer : "Deux mosquées portées au patrimoines israélien : Moscou désapprouve" .
    Le caractère exclusivement islamique de ces lieux est revendiqué fièrement aussi par le premier ministre Turc Erdogan qui affirme : « Ni la mosquée Al Aqsa, ni le tombeau du prophète Ibrahim, ni la tombe de Rachel n'ont été et ne seront jamais des sites juifs, mais uniquement musulmans. » . (Faut-il préciser à mes amis chrétiens qu'avec la même logique Erdogan pense probablement, même s'il ne l'a pas encore, dit que le tombeau d'Issa (Tombeau de Jésus - Le Saint Sépulcre) n'a jamais été et ne sera jamais chrétien, mais seulement musulman ? )
    C'est le lien entre les Juifs et leur histoire qui est nié, ces musulmans contestent la légitimité de la présence juive sur la terre d'Israël.

  • Pour les nationalistes palestiniens et les diplomates occidentaux, ces sites sont sur le futur territoire souverain de Palestine -
    C'est donc à l'autorité Palestinienne d'en assurer l'entretien et le libre accès à tous. Israël est un État qui ne représente pas une religion, sa demande de souveraineté au nom de la religion n'est pas légitime.
    L'Autorité Palestinienne, dans le cadre d'un éventuel accord de paix, compte bien exploiter touristiquement ce filon, et ne saurait en laisser la manne aux israéliens. Une présence militaire israélienne pour en assurer la sécurité serait source de tension, et empêcherait de fait la Palestine d'y exercer son droit souverain. En un mot cette décision est l'équivalent d'une annexion supplémentaire d'un des morceau du territoire palestinien, et ce morceau est le moteur d'un futur développement touristique.

Je vois dans ces deux propositions un manque de confiance et de respect réciproque qui s'auto-justifient. C'est par ce que des musulmans ne reconnaissent pas l'histoire juive qu'Israël veut tout régenter; et c'est par ce qu'Israël veut tout s'accaparer, que les arabes insistent sur le caractère islamique d'Abraham père des croyants.

 

"Les toilettes d'Hevron" dans l'actualité internationale vue par...
L'agence Russe parle des tombeaux des patriarches comme des mosquées
Erdogan l’indomptable : «la tombe de Rachel n’a jamais été juive» Le débat négationniste turc est intéressant à lire !
Arméniens et Juifs sont également méprisés et niés.
Potin de Palestine défend le patrimoine palestinien
 

 

Les initiatives israéliennes provoquent des émeutes.

Suite à la décision d'inscrire le tombeau des patriarches au patrimoine israélien, des palestiniens ont lancé des pierres sur les fidèles juifs en contrebas, ce qui a provoqué l'irruption de la police qui les a délogé, et ô miracle aucun manifestant, et aucun policier n'y a perdu la vie, il n'y a eu que des blessés légers des deux côtés.

Comme d'habitude, les prétextes évoqués par les musulmans sont fantaisistes : « Les manifestants ont jeté des pierres parce que des colons (israéliens) avaient fait part de leur intention de pénétrer dimanche ou lundi à Al-Aqsa pour prier", a expliqué à l'AFP Adnane Husseini, un responsable du Comité islamique suprême de Jérusalem. » Dans un communiqué, les Emirats arabes unis ont dénoncé «les attaques sauvages» par «des colons et des forces d'occupation» israéliens sur l'esplanade des Mosquées, accusant l'Etat hébreu de chercher à «judaïser la Ville sainte».

Devant ces violences, les autorités ont interdit l'entrée des moquées aux hommes de moins de cinquante ans. Mais cela n'a pas calmé l'opinion, car d'autres signaux négatifs ont été envoyés aux arabes de Jérusalem, par exemple Elie Ishaï, ministre du parti Shass (Religieux sépharade) annonce la construction de 1600 logements destinés à un public juif orthodoxe dans un terrain vierge situé au Noird de la ville, dans une zone revendiquée par la Palestine. De même, le maire voulait détruire des maisons arabes à Silwan pour construire un parc archéologique. (Décision annulée par la justice).

La décision de construire 1600 logements a été prise juste au moment ou un négociateur américain arrivait pour essayer de faire redémarrer le processus catastrophe de négociation pour aboutir à une paix basée sur deux États pour deux Peuples.
Le résultat a été immédiat, Joe Biden, le plus israélophile des proches d'Obama s'est vexé, et les palestiniens ont refusé d'ouvrir des négociations, même indirecte, tandis que les manifestions reprenaient de plus belle. Les territoires palestiniens viennent d'être bouclés pour le week end pour la première fois depuis bien longtemps (13 mars 2010). Les travaillistes parlent de lâcher la coalition, l'agence MENA fait remarquer que l'urgence aujourd'hui est le danger iranien, et que les mesures actuelles isolent dangereusement Israël.

Les partis religieux pensent que ce n'est pas grave, car la puissance divine est de leur côté.

Je suis particulièrement inquiet du poids croissant de l'irrationnel dans les prises de décision israéliennes et dans les discours venus du monde islamique.
Côté israélien, on parle d'exclure le parti Shas, donc d'exclure Elie Ishaï et ses amis, pour les remplacer par Tsipi Livni, qui dirige le parti centriste, le "Modem" israélien, ce qui mènerait à un gouvernement plus pragmatique.
Mais du côté islamique, dans un contexte de guerre froide sunnites-chiites, les risques de sur enchère sont élevés. La faiblesse américaine devant l'Iran et les islamistes ne risque pas de renforcer les réalistes.

Michel Lévy


 

 

 

La tribune reprend la nouvelle de l'AFP montrant le point de vue fantaisiste des manifestants.