7-déc-24 |
Pour naviguer, cliquez sur le nez |
||||||||||||||||
|
Il existe une lutte sourde en Israël pour que le pays devienne vraiment ce qu'il rêve d'être, pour les uns une démocratie occidentale exemplaire, pour les autres le pays où la Thora est reine. Les deux visions sont incompatibles. La proposition Rotem qui aurait donné au rabbinat le pouvoir d'admettre ou non les nouveaux émigrants en leur accordant un "brevet" de judaïsme n'est qu'un épisode de cette longue bataille. | |||||||||||||||
|
Qui est juif pour l'état d'Israël ? Les juifs ne se posaient pas trop la question de savoir qui l'était vraiment ou non pendant la guerre, ou à la naissance d'Israël, tous étaient soumis au même danger, et la Palestine avait trop besoin de ses fils pour faire la fine bouche. Pendant cette période noire, qui aurait pu avoir la folie de se prétendre juif alors qu'il ne l'était pas ? et lors de la guerre d'indépendance, qui aurait refusé un volontaire de plus ? Un juif, c'était donc, selon Jean Paul Sarthe celui que les autres considéraient comme tel, ou celui qui se prétendait tel. Israël et l'Arménie sont deux pays à forte diaspora, et les deux pays considèrent leur diaspora comme un réservoir de citoyens potentiels, ils se sont dotés d'une "loi du retour" qui donne la nationalité aux membres du peuple qui décident de "retourner vivre au pays", même si "l'exil" dure depuis... disons un certain temps ! ! . Des difficultés n'ont pas tardé à apparaître. Un juif Polonais s'était converti au catholicisme avant guerre. Il est devenu prêtre à Warsovie. Pendant l'occupation, et l'extermination de ses anciens coreligionnaires, il s'est montré héroïque et à sauvé le plus de monde possible. Dès 1946 il est parti en Palestine, il a combattu dans les rangs de la Haganah, puis l'indépendance arrivée il a demandé son intégration à l'état d'Israël en vertu de la loi du retour. Je suis juif, ma mère est juive, Israël accepte des juifs athées, pourquoi n'accepterait-elle pas des Juifs catholiques ? clamait-il. Mais l'administration a refusé de concevoir un juif catholique, alors il a déposé une requête devant la cour suprême. Le procès a été long, et les juges ont décidé qu'on ne pouvait pas être Juif et catholique ou musulman en même temps, toutefois, vu ses nombreux service, la nationalité israélienne lui était accordée, mais pas en application de la loi du retour. L'Etat d'Israël a défini la judaïcité par une loi votée 16 mars 1970 est juif toute personne née d’une mère juive ou qui s’est convertie au judaïsme sans appartenir à une autre religion. Mais le problème n'a pas été résolu, qu'est-ce qu'une mère juive ? L'état a considéré qu'elle l'était si un de ses parents était Juif. Donc, pour bénéficier de la loi du retour, il suffisait parfois qu'un seul grand parent soit juif pour être admis. Ce qui n'a jamais convenu au judaïsme orthodoxe. De nombreux israéliens sont juifs vis à vis de la loi, mais ne le sont pas aux yeux de la majorité des rabbins. Les juifs russes en Israël ont modifié la donne Les dernières années de l'empire soviétique ont vu arriver en Israël une masse très importante d'immigrés d'origine soviétique, Russes et Ukrainiens pour la plupart, mais aussi du Caucase, ou des pays baltes. Beaucoup d'entre eux étaient des conjoints de juifs, voir des conjoints de personnes dont le père ou la mère étaient juifs, et qui ignoraient tout de la culture ou de la religion juive. Ces gens, sans religion, se sont rapidement comportés comme de bons citoyens israéliens. Bons soldats, efficace dans les affaires ou à l'université, ils ne pouvaient pas être considérés comme juifs par le rabbinat, car leurs mères n'étaient pas juive, et ils ne manifestaient aucune envie de suivre les lois religieuses.
|
|
||||||||||||||
Courriers Humour |
Les divers tendances du judaïsme religieux Selon la tradition Juive, D ieu a donné la Thora à Moïse sur le Mont Sinaï, où il est resté quarante jours sans boire ni manger, et pendant ces quarante jours, D ieu lui a donné la loi orale qui permet d'interprêter et de comprendre la loi écrite. La loi orale a été transmise de père en fils, jusqu'à la fin du second temple, où les rabbins craignant qu'elle ne soit perdue ont décidé de la rédiger, ce fut le Talmud, les conclusions du Talmud ont été explicitées, et rédigées progressivement, les règles et prescriptions ont été codifiées dans le Shoulh'an Aroukh (שולחן ערוך) rédigé au XVI i ème et XVII ième siècle. L'intrusion de la modernité a provoqué un mouvement puissant au XIX ième siècle, et l'apparition de communautés pensant que la codification scrupuleuse des conclusions du Talmud avait fossilisé la Thora, qu'ils considéraient comme une parole vivante devant être lue à l'aide des lumières de la modernité.
Pour un Juif orthodoxe, un converti devient un Juif à part entière et est soumis aux 613 commandements. S'il mangeait du porc ou travaillait le shabbat serait en faute, et n'aurais pas part au monde futur, alors qu'un "juste des nations", y aurait droit avec le même comportement. D'où la volonté de s'assurer que ceux qui entrent dans l'alliance d'Abraham obéiront bien aux commandements décrits dans le Shoulh'an Arouh'. Ici, pas d'ambiguïté : la Halakha considère qu'une conversion effectuée dans un but autre que l'adhésion à la foi juive et la volonté d'accomplir ses obligations est nulle et non avenue. Confirme la revue Kuntrass citée par le Rabbinat du Québec. Par contre les mouvements non orthodoxes considèrent que vouloir appartenir au peuple d'Israël, en connaître l'histoire et la culture, et s'engager à vivre et à élever ses enfants en bon juifs suffit. En conséquence, les conversions «libérales» ne sont pas reconnues par le rabbinat officiel israélien ou français entièrement acquis aux thèses orthodoxes. Depuis quelques années on assiste à un retour vers une orthodoxie de plus en plus rigoureuse, surtout en matière de conversion, d'où un repli vers des conversions libérales, et un nombre croissant de juifs qui ne sont pas reconnus comme tel par le rabbinat.
|
|
||||||||||||||
Le monopole des orthodoxes sur le judaïsme religieux reste une question brûlante. L'État d'Israël a toujours laissé le monopole de la parole religieuse et des conversions au judaïsme orthodoxe, par ce qu'il est très largement majoritaire dans le pays, et surtout par ce que le système électoral est tel qu'aucun gouvernement n'a pu être formé sans une participation des partis religieux orthodoxes. Ainsi l'enseignement confessionnel a été très largement été, et la démographie jointe à une éducation à sens unique ont sensiblement renforcé au cours des ans la force d'un judaïsme très conservateur et scrupuleusement attaché à respecter toutes les règles accumulées au cours des siècles passés. En 2005, un décision de justice reconnait une conversion finalisée à l'étranger Dans son arrêt, la Cour suprême précise «au regard de la Loi du retour, sera considérée comme juive une personne venue en Israël en tant que non juive et qui a entrepris une conversion au sein d'une communauté juive reconnue à l'étranger, où elle s'est rendue (pour achever sa conversion) après avoir étudié le judaïsme dans le cadre du courant réformé ou conservateur en Israël». Les communautés libérales étant reconnues à l'étranger, Israël reconnaissait les conversions non orthodoxes. Il suffisait aux israéliens, qui le souhaitaient d'aller se faire convertir à l'extérieur pour échapper aux fourches caudines du Grand Rabbinat Orthodoxe. Il existe d'autres conflits importants mettant en cause le poids déterminant du judaïsme orthodoxe : la gestion des lieux saints par exemple, ou la séparation stricte hommes-femmes heurtent la diaspora libérale. Certaines scènes à la limite de la violence ont eu lieu quand des femmes rabbins ont voulu mener des prières devant le mur occidental. Une autre question plus importante aux yeux des israéliens concerne le mariage civil, toujours impossible en Israël malgré des promesses électorales jamais respectées. Les israéliens qui ne veulent ou ne peuvent pas se marier selon les règles rabbiniques (ou islamiques ou chrétiennes) doivent le faire à l'étranger. Le rabbinat ayant aussi le monopole sur les enterrements, certaines familles endeuillées voient parfois leur chers disparus être enterrés loin de leurs conjoint. En arrière plan, on voit la montée d'un intégrisme juif qui évoque l'islamisme des musulmans, certains rabbins prennent des positions anachroniques et l'enseignent dans leurs Yeshiva. Par exemple, Yossef Elitzur, co auteur avec Itzhak Shapira d'un livre controversé "La Thora des Rois" parle de la conquête de la terre sainte, et assimile les cananéens de l'époque aux palestiniens d'aujourd'hui. Cet auteur a été poursuivi par la justice pour incitation à la violence, sa Yeshiva implantée dans les territoires a été détruite car construite sans autorisation. Le conflit prévisible entre ceux qui veulent actualiser les textes anciens, y compris ceux qui font frémir, et les partisans d'un état démocratique et laïque ne fait que s'accentuer, et se manifeste sur de nombreux points de friction.
|
|
|||||||||||||||
La tentative de David Rotem pour intégrer au judaïsme les russophones Le député David Rotem, appartient au parti "Israël Beténou" «notre maison», ce parti réputé très à droite et laïque dont le président est Avidgor Liebermann, et très largement soutenu par la communauté russophone, David Rotem, lui même diplômé en droit par l'université de Jérusalem a suivi une partie de sa scolarité dans l'enseignement religieux, et porte la kippa, signe d'appartenance au judaïsme orthodoxe modéré. Il propose au Grand Rabbinat de faciliter la conversion des israéliens d'origine Russe par la décentralisation. Les rabbins locaux auraient compétence pour le faire afin de désengorger le Grand Rabbinat qui ne peut suffire à la tâche. Ainsi les mariages et enterrements poseraient moins de problèmes. Toutefois l'amendement Rotem donne le pouvoir aux rabbinats locaux et retire toute compétence aux tribunaux civils, or ces rabbins dépendent hiérarchiquement parlant du rabbinat orthodoxe d'Israël, et ne peuvent agir contre les directives reçues. En conclusion, la justice israélienne, donc l'État se désengage des conversions qui seraient entre les mains des rabbinats orthodoxes qui eux même ne reconnaissent pas les décisions des diverses tendances libérales américaines ou européennes. En conséquence, les enfants d'une dame convertie par des "conservatives" aux USA ne seraient plus considérés comme membre du peuple juif et ne pourraient plus émigrer en Israël en fonction de la loi du retour. Le projet de loi a été adopté en première lecture par la commission des lois, avec l'appui du parti orthodoxe Shass, et Yaadouth Hatora, mais a aussitôt provoqué une levée de bouclier aux Etats Unis, Rabbi Steven Wernick au nom du mouvement "Conservative" aux USA a déclaré que cette décision nous ramènerait vingt ans en arrière. L'IRAC, Centre Religieux Israélien d'Action du Mouvement Israélien pour un Judaïsme Progressiste s'est aussitôt mobilisé, et a mobilisé toute la communauté américaine, une pétition a été lancée, avec le slogan "Keep Israël a Home for all Jews", ces turbulences pouvaient affecter le soutien de la communauté Juive Américaine à la politique de Natanyahu, qui en ces temps difficile ne pouvait pas se payer le luxe d'une crise supplémentaire pour un sujet dont l'urgence ne sautait pas aux yeux. Aussi, après avoir un peu hésité, le premier ministre a-t-il décidé de reporter le débat afin de permettre un projet plus consensuel. Quoi qu'il en soit, le flou actuel, les hésitations et fausses excuses ne pourront pas durer éternellement. Devant le poids grandissant des mouvements orthodoxes, et leur radicalisation progressive, l'État et sa justice seront amenés à se défendre, ou à se soumettre il y aura d'autres batailles. Israël restera une démocratie, c'est à dire, un pays dirigé par les représentants du peuple, et il s'acheminera nécessairement vers plus de laïcité afin d'intégrer toutes les minorités y compris les arabes, ou alors il sera dirigé par la Thora, c'est à dire par des rabbins cooptés entre eux, avec des citoyens de première zone, ceux qu'ils reconnaîtront comme juifs, et les autres qui seront considérés comme des étrangers dans leur propre pays. Michel Lévy
|
|
|||||||||||||||
Quelques articles sur le sujet : http://www.akadem.org/sommaire/module_8311.php Un prêtre catholique émigre en Israël http://jssnews.com/2010/03/21/un-changement-de-la-loi-du-retour-qui-pourrait-etre-tres-dangereux/ http://www.jpost.com/JewishWorld/JewishNews/Article.aspx?id=184563 http://www.jpost.com/JerusalemReport/Article.aspx?id=185033 http://www.terredisrael.com/wordpress/?p=23608 http://www.facebook.com/pages/Stop-the-Conversion-Bill-Keep-Israel-a-Home-for-ALL-Jews/101763583207358
|