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L'ambassade à Jérusalem ?
  Des réactions disproportionnées !


Vendredi, 09-Avr-2021
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trefle


Article et annexe en PDF

Voir revue de Presse ici

La promesse de Donald Trump de déplacer l'ambassade des États Unis à Jérusalem n'est pas à proprement parler un scoop, mais l'excès des réactions qu'elle suscite montre bien qu'il est plus facile de s'attaquer à un homme ou à un pays qu'à un mythe.
 

Le cinq décembre 2017, Donald Trump a annoncé qu'il réalisait ce que lui même et ses prédécesseurs s'étaient engagés à faire, à reconnaître l'évidence, la capitale d'Israël est à Jérusalem, il a dans la foulée demandé à ses services d'étudier le transfert physique de l'ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.

J'ai joint en annexe ma traduction intégrale du discours de Donald Trump, ainsi que le texte original en anglais, afin qu'en cas de doute vous puissiez connaître exactement les mots utilisés, car la traduction d'un amateur peut comporter des erreurs.

Ce qui ressort de ce discours :

  • Le ton utilisé est diplomatique, on y ressent aucune agressivité, ni aucun repproche, même voilé ni contre ses prédécesseurs, ni contre les protagonistes du conflit.
  • Le Président ignore les tiers, aussi bien les voisins arabes, que les Russes, les Perses, les Turcs, les Français où autres puissances plus ou moins lointaines se sentant investies d'une mission plus ou moins divine de médiation.
  • Donald Trump reconnait l'État d'Israël et le Peuple Palestinien et il demande à Dieu de les bénir en même temps que le peuple Américain. Il ne fait aucune allusion à un éventuel État Palestinien, et ne mentionne aucun organisme pré-étatique comme l'autorité Palestinienne.
  • Il ne cautionne ni ne combat une solution au conflit israélo palestinien sur la base de deux états. Ce sera à l'Etat d'Israël et aux représentants du peuple Palestinien d'en décider.
  • Il reconnait le droit souverain de l'État d'Israël de fixer sa capitale là où le désire, donc à Jérusalem, et affirme que les limites et frontières seront à négocier. il ne cautionne absolument pas le slogan de la droite nationaliste Israélienne : "Jérusalem capitale éternelle du peuple juif, une et indivisible "
  • Il connait l'hostilité arabe a cette reconnaissance, et est convaincu que l'hypocrisie consistant à faire semblant de croire à des fictions (exemple : le gouvernement de Tel Aviv) explique les echecs successifs des négociations. La langue de bois ne peut déboucher sur un accord.
  • Fort de l'électro-choc attendu par sa déclaration, il va dépêcher un de ses hommes pour réactiver le dialogue dans un climat nouveau, qui, il espère permettra enfin à la paix d'avancer.

Les réactions arabes ont été violentes

L'autorité Palestinienne a décrété une journée de la colère.

La colère est une réaction spontanée et violente. C'est un émotion simple qui traduit l'insatisfaction. Elle est vécue à l'égard de ce qu'on identifie, à tort ou à raison, comme étant "responsable" de notre frustration. On éprouve donc de la colère envers "l'obstacle" à notre satisfaction. C'est sur cet aspect que la colère se différencie fondamentalement de la tristesse (qui elle aussi traduit une frustration).

Selon l'importance de l'insatisfaction , elle va du mécontentement à la fureur. La rage, par exemple, est déclenchée en partie par l'impuissance à se soustraire à la situation non désirée. La révolte est spécifique aux situations où on perçoit une injustice.

Donc Donald Trump a mis les arabes en colère et ce n'est pas bien.

  • « M. Trump, Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans » a déclaré Erdogan, le nouvel Ottoman.
  • La Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, a mis en garde dimanche soir contre « une démarche aux conséquences graves » et les risques d'escalade.
  •  L'Iran, proclame «qu'il ne tolérera pas une violation des lieux saints musulmans ».
  • Le roi Salmane d'Arabie saoudite a averti Washington qu'une telle décision risquait de provoquer « la colère des musulmans »
  • Le roi marocain, président du "Comité Al-Qods" (Jérusalem en arabe) issu de l'Organisation de la coopération islamique a, dans un message au président américain, fait part de la "grande inquiétude des Etats et peuples arabes et musulmans" sur l'intention de l'administration américaine "de reconnaître Al-Qods comme capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis".
  • M. Abbas, de son côté, a mis en garde Donald Trump contre les « conséquences dangereuses d'une telle décision sur le processus de paix, la sécurité et la stabilité dans la région et dans le monde » Mahmoud Abbas a «réaffirmé notre position ferme qu'il ne peut y avoir d'Etat palestinien sans Jérusalem-Est pour capitale »
    Jérusalem est "la capitale éternelle de l'État de Palestine", a-t-il déclaré. "Par ces décisions déplorables, les États-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu'ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu'ils ont joué au cours des dernières décennies",
  • "Avec la reconnaissance par l'administration américaine de Jérusalem occupée comme la capitale de l'occupant, et avec le déménagement de son ambassade, toutes les lignes rouges sont franchies" , a lancé Ismaël Haniyeh le président du Hamas qui lance un appel à une nouvelle «intifada»  C'est une "d'agression flagrante à l'encontre du peuple palestinien". Il a appelé les Arabes et les musulmans à s'en prendre aux intérêts américains dans la région et à se détourner d'Israël.
  • «Toute action qui saperait l'effort (d'une paix négociée au Proche-Orient) doit être évitée», a de son côté prévenu la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini
  • Le président français Emmanuel Macron a qualifié de "regrettable" l'annonce du président américain Donald Trump et appelé à "éviter à tout prix les violences". Lors d'une conférence de presse à Alger, il a souligné "l'attachement de la France et de l'Europe à la solution de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux États".
  • «Je ne peux taire ma profonde inquiétude», a déclaré le pape François qui ne peut qu'accorder un intérêt tout particulier à la ville qui abrite les lieux les plus saints des trois grandes religions monothéistes, y compris le Saint-Sépulcre.
  • Le gouvernement Trudeau réprouve timidement la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et d'y déménager éventuellement l'ambassade des États-Unis.

Les menaces ont été fortes, et les émeutes spontanées organisées avec soin dans les territoires paletiniens et à Jérusalem Est n'ont eu le succès escompté, il n'y a pas eu ni d'intifada, ni de troubles très sérieux.  Elles ont été filmées, mais leur diffusion a été bloquée par le mort opportune de Johnny Halliday qui a capté toute l'attention des diffuseurs d'informations en France.

 


Sur le dessin, on voit le Président Macron et le premier ministre israélien, au fond le portrait de trois disparus, décédés ces jours ci, le chanteur Johny Halliday, l'académicien Jean d'Ormession, et... le processus de paix !

Que reproche t-on vraiment à ce discours ?

1)  Les diplomates occidentaux pensent que cette reconnaissance implique l'acceptation de l'annexion des quartiers arabes, ce qui est contraire à la légalité internationale. .

La vieille ville, et les quartiers arabes qui ont été conquis sur la Jordanie en 1967 ont été formellement annexés par Israël, et le gouvernement d'Israël clame à qui veut l'entendre que Jérusalem est la capitale unifiée et éternelle du peuple juif.
Reconnaître cette capital signifierait implicitement accepter la domination israélienne sur toute la ville, y compris sur les quartiers arabes.

On peut répondre que la reconnaissance des Etats Unis n'impliquent aucune frontière, donc ne s'opposent pas à une rétrocession des quartiers arabes à un futur état palestinien.

2) Cette reconnaissance est anticipée, elle doit avoir lieu après la signature d'un accord fixant les limites des souveraineté israéliennes et palestiniennes.

On peut répondre que la plupart des pays ont reconnu l'État de Palestine alors que toutes les négociations ont échoué. Pourquoi accepter des décisions unilatérales pro arabe, et refuser des décisions unilatérales pro israélienne ?

3) Cette décision va tuer le  processus de paix, et disqualifier les États Unis en qualité de médiateur.

On peut répondre que le rejet des États Unis est une posture diplomatique. Poutine n'a probablement pas assez de poids ni d'argent pour pouvoir vraiment influencer les négociations, les européens trop divisés n'inspirent confiance à personne, et les Chinois, autres médiateurs possible préfèrent les affaires et évitent de faire peur en jouant trop visiblement leur rôle de grande puissance. Puis-que médiateur il faut, une fois l'orage passé, les États Unis reprendront leur rôle.

4) Le discours de Trump ne propose rien aux arabes de Palestine, si ce n'est les meilleures pensées du président. Cela renforce leur frustration et ne conduit pas vers la paix.

On peut répondre que c'est exact, ce discours élude le coeur du problème, les opposants à Trump et à Israël ont trouvé une réponse : Proclamer Jérusalem Est capitale de la Palestine. Israël subit régulièrement des insultes de ce niveau, lorsque par exemple, l'UNESCO nie toute relation entre le peuple juif et Jérusalem. Est ce pour cela que les israéliens sont partis manifester leur haine contre les musulmans ?  On-t-il lancé des roquettes sur leurs voisins ?   L'opposition à un projet politique doit se manifester par un autre projet politique et non par de la violence.

5) Cette reconnaissance soude le monde arabe, alors qu'il semblait se diviser devant la menace iranienne. Ces remous donnent du poids aux plus extrémistes et rend beaucoup plus difficile la situation diplomatique du prince héritier d'Arabie.

On peut répondre qu'une paix ne peut se baser sur un mensonge, les arabes qui veulent faire la paix avec Israël ne doivent pas se cacher derrière leur petit doigt. S'ils acceptent la présence du voisin israélien, ils ne peuvent trouver scandaleux que Jérusalem soit (aussi) la capitale de l'État des juifs.

6) Pour le Hamas, Il n'y a pas d'Etat d'Israël, donc il ne peut y avoir de capitale nommée Jérusalem, donc la reconnaissance américaine est nulle et non avenue.

On peut répondre que les agitations actuelles en raison de la décision de Trump ne sont qu'un prétexte, il ne saurait y avoir de processus de paix avec des "partenaires" comme le Hamas ou le Hezbolah, les frontières ne sont qu'un prétexte. On peut négocier avec celui qui défend ses intérêts, pas avec celui qui veut vous tuer.

7) Le déplacement de l'ambassade de Tel Aviv à Jérusalem sera très triste pour le personnel de l'ambassade. On fait la fête à Tel Aviv alors qu'on prie à Jérusalem.

On peut répondre que cela enrichira la vie nocture de Jérusalem, et que cela apportera un peu d'air frais à la ville qui en a bien besoins.

Michel Lévy