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Derière mise à jour
27-Sep-2024
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Le véritable nouvel an est en automne, c'est la rentrée, et c'est à ce moment qu'on tient compte des expériences de l'année écoulée pour démarrer sur de bonnes bases. Le nouvel an juif aussi, c'est la conception de l'année qui vient. La prière est ponctuée les sonneries du Chofar, alternance de pleurs, de sanglots, et d'acclamations, on s'assure un avenir glorieux en assumant son passé.
Le vendredi 18 septembre au soir commencera l'année 5781, cela fait déjà 5781 ans que la création du monde est finie, que Dieu s'est retirée, en nous laissant seuls dans un monde inachevé.
Le Nouvel an, est passé du printemps à l'automne
Logiquement, le printemps c'est le renouveau,
et le jour de l'an, fête la renaissance de la nature, et la tradition biblique commence l'année un peu avant Pâques,
(Lévitique, 23, 5 - Au premier mois, le quatorze du mois, vers le soir, la Pâque sera offerte au Seigneur ).
En France aussi, on fête le renouveau, et on a même dit que jadis, l'année en France commençait le premier avril - ce n'est probablement pas vrai, mais c'est si frais, si printanier qu'on a envie d'y croire.
Pourtant, depuis au moins 2000 ans, la tradition juive fixe la nouvelle année en automne, à la fête de Roch Hachana, la tête de l'année.
On parle bien dans la bible d'une mystérieuse fête des sonneries, le septième mois, en automne
Nombres 29,1 : « Le septième mois, le premier du mois, vous aurez une réunion sacrée. Vous ne ferez aucun travail pénible. Ce sera pour vous un jour de Terouah ».
Le mot terouah veut dire cris de joie, acclamation, et c'est le nom donné à une sonnerie du corps, qui est resté dans le rituel, mais avec une toute autre signification.
Le septième mois est le mois de Tichri qui vient de l'Akadien, et veut dire commencement, c'est bien à Babylone que le calendrier juif a été fixé.
Ce n'est que dans la Michna, vers l'an 200 que cette fête de la Terouah est appelée Roche hachana,
Mishna Roch Hachana 1,1 : « Il y a quatre jours de l’an [...] : Le 1er Tichri est le nouvel an pour le décompte des années, pour les années sabbatiques et années jubilaires, pour les plantations et pour les légumes. »
Et en France ? Le nouvel an officiel est le premier janvier, au début de l'hiver, mais dans la vie pratique, c'est bien la rentrée de classes qui inaugure le nouvel an. C'est à ce moment qu'on établit les projets, et qu'on tente de repartir sur de nouvelles bases, on a une année à construire.
Quand les feuilles jaunissent on voit apparaître les bourgeons, gage d'une nouvelle génération. Il n'y a pas d'interruption dans la ronde des saisons.
Peu de temps après Roche Hachana, on termine la lecture de la torah, et aussitôt on la recommence, le Roi est mort ! Vive le Roi ! il n'y a pas de pose dans le règne du temps.
C'est pour cela que nous ne fêtons pas la nouvelle année comme l'avènement d'un nouvel être, on ne fait pas la fête pour célébrer la naissance. Au contraire, on fait le bilan, et on essaie de réparer nos erreurs. On doit tout faire pour se faire pardonner, on doit corriger tous les torts volontaires ou non que nous avons provoqué. En gros, on se prépare, on fait Techouva, on retourne vers l'innocence que nous n'aurions jamais du perdre. Et ainsi, on va entreprendre la longue marche souterraine, qui va lentement nous conduire vers la Libération, vers Pâques, alors là lumière reviendra avec le printemps, et la vie explosera.
Le Shofar, c'est l'oliphant de Roland à Ronceveaux, une corne de bélier. La tradition juive veut qu'il soit simple, une corne de bélier éventuellement déformée, mais sans décoration.
Il nous rappelle la guerre, il jouait le rôle de sirène pour annoncer l'ennemi, mais aussi la victoire, la prise de Jéricho, le bélier c'est la ligature d'Isaac. Lorsque la torah a été donnée sur le mont Sinaï "Le son du Chofar allait en s'amplifiant" en résumé, ce son fait peur, il évoque la violence, l'inatendu, et la splendeur redoutable de la force divine.
A Roch Hachana, sauf le samedi, pendant la prière du matin, on entend cent et une sonneries... en fait on répète les mêmes suites plusieurs fois. En général, c'est Tekiah, Chevarim, Térouah, Tekiah et à la fin de la cérémonie un seul Tekiah Guedola une grande sonnerie, qui permet de juger le souffle du sonneur, le son doit être très long
Tékia
Celui qui sonne le shofar est "Maître de la Tekia" (Baal Tekiah). Tekiah a plusieurs sens, selon les sources on peut lire "souffle", "explosion", C’est le son du couronnement. Aujourd'hui c'est le Shofar qui nous annonce, à nous et au monde entier, que Dieu est notre Roi.
Chevarim
Chevarim évoque les larmes, trois sons, c'est le rappel, le souvenir
Téroua
Teroua, ce sont des sanglots, les regrets, et Roch Hachana, est appelé Yom Teroua. De la on a tiré que la fête des trompête, n'était pas une fête joyeuse, mais un appel à se mieux conduire
Toutesfois, aussitôt après avoir sonné Téroua, on resonne Tekia et à la fin une Tekia Gedola ! une grande Tekia pour montrer que nos larmes et nos peines sont finies, et qu'on peut sonner le triomphe de la justice et du bonheur.
Les 'hassidim de Pologne, à la fin de Kippour, sûrs d'avoir été pardonné chantaient un psaume sur l'air de la Marseillaise ! Le triomphe de leur mérite a été reconnu, ils en sont sûr, car ils ont jeuné, ils se sont penché sur le passé, et se sont engagé à mieux se conduire, alors, ils chantent la gloire, et qui donc est plus glorieux que Napoléon ? ?
C'est par l'épreuve qu'on atteint la sérénité et le bonheur
Roch Hachana, tête de l'Année est Yom Teroua, mais il se termine par une Grande Tekia. C'est le jour des pleurs, qui se termine par une grande joie.
Nous vivons des moments complexes, parfois tragiques, mais toujours dérangeants, nous sommes plus ou moins confinés, seuls avec nous même, puissions nous en profiter pour nous retrouver, et enfin le jour béni ou nous pourrons enlever nos masques, nous embrasser, alors nous allons nous éclater dans une immense Tekia !
Que la nouvelle année vous soit douce comme la pomme trempée dans le miel.
Michel Lévy