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Derière mise à jour
27-Sep-2024
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Source : Maureen Attali dans :
Rosh Hashana (ou Roch Ha-Chanah) est prévu aux dates suivantes :
Roch Ha-Chanah dure deux jours et est célébré le 1er et le 2 du mois de Tichri dans le calendrier hébreu.
Aussi écrit : Rosh Hashanah ou Rosh Hashana
Roch Hachana, littéralement « début de l’année », ouvre le cycle des 5 fêtes célébrées au mois de Tichri (septembre-octobre) et est observée le 1er jour de ce mois. La fête trouve son origine dans la Torah 1, mais n’a pas toujours marqué le Jour de l’an. Cette signification s’est imposée progressivement au cours de l’Antiquité, en même temps que son association avec le Jugement divin.
La première mention du 1er Tichri se trouve dans Lévitique, intégrée dans un calendrier où l’année commençait au mois de Nissan, au printemps. Suivant ce décompte, Tichri était le septième mois de l’année. Le jour de la nouvelle lune, qui marque le premier jour du mois dans le calendrier hébraïque, apparaît dans la liste des fêtes à célébrer par les Israélites :
Lévitique 23,23-24 : « Le Seigneur adressa la parole à Moïse : "Parle aux fils d’Israël : Le septième mois, le premier du mois, c’est pour vous un repos, la commémoration par l’acclamation avec réunion sacrée" ».
Pour autant, la signification de la fête n’est pas explicite. Celle-ci est définie comme un sabbaton, c’est-à-dire un jour où les activités profanes sont suspendues. Il en outre question d’un mémorial mais les événements à commémorer ne sont pas précisés. Ce n’est que dans l’Antiquité tardive que des rabbins y verront un « mémorial du commencement » en souvenir du premier jour de la Création2.
La « clameur » ou l’ « acclamation » (en hébreu teruah) parait constituer l’élément central de la définition originelle de la fête puisque, contrairement à la dimension commémorative, il est repris dans le second passage de la Torah qui ordonne l’observance de la fête.
Nombres 29,1 : « Le septième mois, le premier du mois, vous aurez une réunion sacrée. Vous ne ferez aucun travail pénible. Ce sera pour vous un jour d’acclamation ».
L’expression « Jour d’acclamation » est donc le plus ancien nom attesté de la fête. En quoi consistait donc cette « acclamation », également mentionnée parmi les modalités d’observance de la fête de Kippour ? 3 Le mot terouah est employé dans la Torah et dans le reste de la Bible dans différents contextes : il désigne un son produit par un instrument à vent nommé chatsotserah, en général traduit par « clairon » ou « trompette » et utilisé comme signal 4, notamment lors des batailles comme dans l’épisode de la prise de Jéricho 5. Le même terme est aussi employé pour évoquer les cris poussés par une foule, qu’il s’agisse des soldats au combat 6 ou, à l’inverse, des manifestations de joie en présence de Dieu ou du roi 7. On en déduit donc que la fête était à l’origine marquée par des manifestations bruyantes, associant vraisemblablement les cris aux instruments à vent. C’est pourquoi, au tournant de notre ère, les communautés juives d’expression grecque lui donnent le nom de « fête des Trompes » 8. Par ailleurs, la pratique consistant à signaler une fête par une sonnerie n’était pas réservée qu’à Roch Hachana et à Kippour puisqu’au temple de Jérusalem, le sabbat était également annoncé de cette façon 9.
La date du 1er Tichri semble avoir gagné en importance après le retour à Jérusalem des juifs exilés à Babylone. En effet, d’après les livres bibliques correspondants, c’est ce jour-là que reprit le sacrifice quotidien à Jérusalem en 539 avant notre ère, après 50 ans d’interruption10 ; c’est également à cette date qu’est placée la lecture publique de la Loi par le scribe Esdras 11.
Dans la Bible, la formule Roch Hachana, qui signifie « début de l’année », n’est employée qu’une seule fois et sans lien avec la fête12. C’est seulement dans la Mishna, un recueil rabbinique composé vers 200 de notre ère, qu’elle est pour la première fois explicitement associée à la date du 1er Tichri dans les sources juives.
Pour autant, il ne s’agit pas d’un nouvel an unique mais d’un marqueur calendaire spécifique pour le décompte des années civiles ainsi que pour certaines prescriptions à caractère agricole.
Mishna Roch Hachana 1,1 : « Il y a quatre jours de l’an [...] : Le 1er Tichri est le nouvel an pour le décompte des années, pour les années sabbatiques et années jubilaires, pour les plantations et pour les légumes. »
En effet, dans l’Antiquité, plusieurs types de décompte des années pouvaient cohabiter. Certains exégètes postulent que le nouvel an était originellement fixé en automne dans les royaumes de Juda et/ou d’Israël 13 jusqu’à ce que l’influence assyrienne et babylonienne ne conduise à lui préférer un nouvel an printanier14 tout en conservant la possibilité de point de départ multiples 15. Quoi qu’il en soit, c’est à l’époque hellénistique et romaine que le 1er Tichri est explicitement associé dans les sources juives à un début d’année. Au début du Ier siècle, Philon d’Alexandrie précise que la « fête des Trompes », qu’il connait aussi sous le nom de « Hiéroménie », a lieu au commencement de l’année16. A la fin du siècle, l’écrivain Flavius Josèphe signale qu’il existe chez les juifs deux calendriers distincts, le calendrier cultuel établi par Moïse, qui débute au mois de Nissan, ainsi qu’un « ancien ordre » toujours en vigueur pour les affaires séculières et qui débute en automne 17. Cette évolution de la signification du 1er Tichri est consommée dans l’Antiquité tardive puisque, selon les rabbins, en l’absence de précisions, Roch Hachana désigne par défaut le seul le 1er Tichri18.
Privilégiée dans les livres prophétiques, la connotation guerrière du terme teruah prend une signification additionnelle dans le livre biblique de Sophonie, puisque cette « clameur » marquera le jugement des pécheurs lors du Jour du Seigneur.
Sophonie 1,14.16-17 : « Il est proche, le grand jour du Seigneur,
il est proche, il vient en grande hâte.
On criera amèrement au jour du Seigneur,
le brave lui-même appellera au secours.
Jour de sonneries de cor et de cris de guerre
contre les villes fortes et contre les hautes tours d’angle.
Je jetterai les hommes dans la détresse,
et ils marcheront comme des aveugles,
car ils ont péché contre le Seigneur ».
L’association du 1er Tichri au jugement divin est développée à partir de l’époque hellénistique. Dans le Livre des Antiquités bibliques, dont on place la composition au Ier siècle avant notre ère 19, c’est à cette date que les fidèles se présentent devant Dieu qui prend alors connaissance des décès et des naissances. Dans la Mishna, il s’agit du jour où Dieu juge chacun des habitants de la Terre 20 :
Mishna Roch Hachana 1,2 : « A quatre reprises dans l’année le monde, est jugé […]. A Roch Hachana, le monde entier défile devant Lui comme du bétail, ainsi qu’il est écrit "Lui qui leur modèle un même cœur, lui qui est attentif à toutes leurs œuvres" » 21.
Cette évolution de la signification de la fête est complète dans le Talmud de Babylone 22, où le 1er Tichri reçoit la dénomination alternative de « Jour du jugement (yom ha-din) ». D’autres passages bibliques sont invoqués en référence, notamment cet extrait des Psaumes,
Psaumes 81,4-5 : « Sonnez du cor au mois nouveau,
à la pleine lune, pour notre jour de fête.
C’est là pour Israël une loi,
une décision du Dieu de Jacob. »
Selon les rabbins, le mot hébreu mishpat, ici traduit par « loi », prend dans le contexte du Psaume sa signification la plus commune de « jugement » 23. C’est pourquoi le1er Tichri marque le début d’une période de 10 jours – nommés Techouva, le « retour » – pendant laquelle Dieu procède au jugement des individus24. Néanmoins, la confiance de fidèles en leur Dieu fait de la fête une occasion de réjouissance :
Talmud de Jérusalem, Roch Hachana 1,3 : « Au Jour du jugement, on porte des vêtements blancs, on se rase, on mange, on boit et on se réjouit dans la certitude que Dieu accomplira des miracles pour Israël ».
Dans l’Antiquité, le calendrier juif était déterminé de manière empirique : le début du nouveau mois était proclamé suite à l’observation de la nouvelle lune, ce qui pouvait engendrer des approximations. La Mishna rapporte ainsi qu’à l’époque du Temple, il arriva qu’on fit une erreur sur la proclamation du 1er jour du mois de Tichri et donc de Roch Hachana parce que les témoins venant attester de l’apparition de la nouvelle lune étaient arrivés trop tard. Les sages décidèrent alors l’extension de la fête à deux jours au lieu d’un à partir du soir du 29 Elul, une période conçue comme un « long jour (en araméen, yoma arikhta) » afin d’éviter de laisser passer le nouvel an sans le solenniser 25.
Cet usage d’une célébration de la fête pendant deux jours au lieu d’un a été conservé après la fixation définitive du calendrier26. Il semble en réalité avoir été d’origine babylonienne et ne serait imposé en Palestine qu’à la fin de l’Antiquité voire au début du Moyen Age.
Définie dès l’origine comme une fête chômée, Roch Hachana était marquée par des sacrifices au temple de Jérusalem 27. Dès l’époque de la compilation de la Mishna, son rite principal est déduit de sa définition biblique comme « Jour » ou « mémorial de la clameur ». En effet, les rabbins se sont appuyés d’une part sur les passages bibliques où teruah faisait allusion au son d’un instrument et, d’autre part, sur ceux où le même mot, désignant un cri de guerre, était évoqué en même temps que le son produit en soufflant dans une corne28. C’est ainsi que le fait pour l’officiant de souffler dans une corne nommée chofar – la plupart du temps une corne de bélier – est devenu le principal rite de la fête29.
Au cours du temps, ce rite a été paré de multiples significations 30. Les modalités de son accomplissement sont longuement débattues et détaillées dans le traité du Talmud consacré à la fête. En effet, les passages bibliques correspondants font allusion à plusieurs types de sons tirés de la corne : une longue sonnerie s’achevant brutalement, une série de trois sonneries brèves et une succession de 9 sonneries saccadées. L’usage s’est imposé de combiner ces 3 types en un cycle de 30 sons successifs, lequel est répété trois fois pendant l’office avec souvent 10 sons additionnels portant le total à 100. Le moment de la sonnerie du cor est l’un des plus solennels de toute la liturgie synagogale.
Les différentes sonneries sont encadrées par la récitation de versets bibliques portant sur la royauté divine et la Rédemption. L’office de Roch Hachana intègre également des prières de supplications ainsi que la lecture de passages de la Bible en lien avec la fête en plus d’extraits de la Genèse et du Premier Livre de Samuel.
On a coutume de manger un morceau de pain et de pomme trempés dans du miel pour symboliser les vœux de bonheur que l’on formule pour l’année à venir. La nourriture consommée lors des repas de fête a une forte signification symbolique qui varie avec les communautés.
Dans beaucoup d’entre elles s’est imposée la coutume, inaugurée par les Kabbalistes31, d’un véritable seder de Roch Hachana, élaborée sur le modèle de celui de Pessah, comprenant, en plus de la pomme et du miel, une tête d’animal – en général de poisson – un fruit nouveau, de la grenade, ainsi que des aliments dont le nom est censé faire allusion à la prospérité, lesquels varient selon les traditions et les langues.
A l’époque moderne est apparue la coutume de se rendre, l’après-midi de la fête, à un point d’eau courante pour y jeter symboliquement ses péchés32. Ce rite a été élaboré à partir de l’exégèse d’un verset du Livre de Michée, un prophète biblique :
Michée 7,19 : « De nouveau, il nous manifestera sa miséricorde,
il piétinera nos péchés.
Tu jetteras (en hébreu, tashlikh) toutes leurs fautes
au fond de la mer. »
Certains fidèles récitent donc ce passage accompagné d’autres textes pénitentiels au bord du point d’eau, parfois en vidant leurs poches.
Maureen Attali
Mardi 14 Aout 2018 | 16h32 Vue : 12607 fois
Rabbi Yéhochoua Ben Kor'ha disait: Le Chofar n'a été créé que pour le bien d'Israël. C'est au son du Chofar que la Torah a été donnée à Israël: "II y eut un son de cor très intense" (Exode 19).
C'est au son du Chofar que s'est écroulée la muraille de Jéricho, "Dès que le peuple entendit le cor retentir, il poussa un grand cri de guerre et la muraille s'écroula sur elle-même" (Josué 6).
C'est le son du Chofar qui retentira à l'époque messianique, "D-ieu fera retentir la trompette ... " (Zacharie 9). C'est le Chofar qui annoncera le rassemblement des exilés: "En ce jour résonnera la grande trompette" (Isaïe 27), c'est pourquoi il est dit: "Crie à plein gosier, ne te ménage point! Comme le Chofar, fais retentir ta voix" (Isaïe 58) (Tana Débé Eliyahou).
La Tora nous ordonne de sonner le Chofar : au septième mois le premier de ce mois, il y aura pour vous une convocation sainte ... ce sera un jour de Térou’a (fanfare) pour vous (Nomb. 29, 1).
Le Rambam dit à ce propos (Halakhote Téchouva, chap. 3) : « bien que la sonnerie du Chofar soit une ordonnance de la Tora, on peut y voir un véritable appel aux fidèles : réveillez-vous de votre torpeur, de votre insouciance, fouillez vos actes, faites retour vers Dieu, souvenez-vous de votre Créateur ! Vous tous qui avez oublié la Vérité, détournés d'elle par les vanités de l’époque ; vous qui pendant toute l'année vous occupez de choses vides de sens, sondez vos âmes, redressez votre mode de vie, améliorez vos activités! Que chacun abandonne ses mauvaises habitudes et ses pensées frivoles ! »
Pour le Rav Saadia Gaon, le Chofar répond à dix buts différents :
C'est ainsi que la Tora désigne le premier Tichri : la Térou’a est en effet, la partie essentielle de la Mitsva, encadrée par une Téki’a (son prolongé et droit) avant et après.
L'idée essentielle de cette Térou’a, c'est de briser les cœurs, de les remuer jusqu'au repentir et à la pénitence. Car celui qui regrette vraiment ses fautes, pleure et se lamente, son corps est secoué par les sanglots ! "Heureux le peuple connaissant la Térou’a, cheminant, Éternel, à la lumière de Ta face." Psaume 89).
Térou’a est un terme employé par la Tora pour qualifier la sonnerie du Chofar. Dans le langage Rabbinique, ce terme peut, selon les cas, qualifier l’ensemble de la sonnerie du Chofar, ou simplement une partie bien spécifique de celle-ci.
Le verset précise : "connaissant la Térou’a ", et non " écoutant ou sonnant la Térou’a ", nous invite à approfondir et à connaître le sens véritable de la Térou’a.
Rabbi Isaac dit : Pourquoi sonne-t-on du Chofar à Roch Hachana? "Pourquoi sonne-t-on ? Parce que D-ieu l’a ordonné !" (Traité Roch Hachana).
- Bien que la sonnerie du Chofar à Roch Hachana soit une ordonnance divine dont la signification profonde nous échappe, elle suggère à l'homme de se secouer de sa torpeur, de se réveiller, d'examiner ses actions, de "retourner" vers Dieu, et de se rappeler à son Créateur (Maïmonide, lois du repentir).
Selon la tradition, on doit entendre neuf sonneries, et voici pourquoi : dans la Tora, le mot Térou’a apparaît 3 fois; deux fois à propos de Roch Hachana (Lévit. 23,24; Nomb. 29, 1), et une fois à propos du Yom Kippour de l'année jubilaire (Lévit. 25, 9).
Or selon la tradition, chaque Térou’a est précédée et suivie d'une Teki’a, et d'autre part, toutes les sonneries du septième mois ont le même caractère. Aussi bien celles de Roch Hachana chaque année que celles de Yom Kippour de l'année jubilaire sont donc obligatoirement formées de 9 notes : Teki’a, Térou’a, Teki’a trois fois. Au cours des siècles, des doutes ont surgi sur la nature exacte de la Térou’a. Ce mot signifie « soupir, sanglot, pleurs, sanglots suivis de pleurs? Le sanglot et les pleurs qui suivent, sont appelés Térou’a selon la tradition ; car sous le coup de la douleur, on soupire, on sanglote puis on éclate en pleurs!
Le premier mode est appelé Chévarim (sons courts et répétés), le second mode Térou’a (sons saccadés, évoquant les pleurs). La réunion des deux, donne Chévarim Térou’a.
Le programme des sonneries est donc, depuis l'époque talmudique : Teki’a/Chévarim/Térou’a/Teki’a/ Teki’a/Chévarim/Teki’a/ Teki’a/Térou’a/ Teki’a. Au total 30 sons successifs.
Ces sonneries du Chofar, qui ont lieu après la lecture de la Tora, avant Moussaf, sont appelées sonneries dans la position assise, par opposition avec celles qui accompagnent la prière de Moussaf, pendant laquelle la communauté reste debout. Les premières, on peut les entendre à la rigueur étant assis (pourvu que le sonneur soit debout). Dans la répétition de Moussaf, on sonnera encore le Chofar après chacune des trois bénédictions appelées Malkiyote, Zikronote et Chofarote : 3 fois, 3 fois, 3 fois.
L'usage s'est répandu en Israël d'entendre un total de 100 sonneries le Roch Hachana. Certains se basent, pour ce nombre 100, sur les cent lamentations que la mère de Sisséra, selon la tradition, aurait proférées sur son fils qui tardait de rentrer du combat (Juges. 5, 28).
Dans ce passage précisément, on emploie l'expression Tévav, et le mot Térou’a du Lévitique qui est traduit par Onkelos Yévava (gémissement). Aussi nous apprenons la signification de la Térou’a par les paroles de la prophétesse Déborah dans son Cantique.
Nos Sages ont trouvé une allusion à ce chiffre cent dans le texte même du cantique de Déborah: du début du verset 28 à la fin du verset 29, il Y a 101 lettres, chacune exprimant le désespoir de la mère. Toutefois les paroles de cette mère (verset 29 notamment) expriment la consolation qu'elle trouve dans l'idée que son fils, vainqueur, exerce sa cruauté sur l'ennemi : ... « Sans doute, ils enlèvent, ils partagent le butin; une jeune fille, deux jeunes filles par guerrier; pour Sisséra, les étoffes richement teintes ... qui brillent au cou des captives! »
Quel rapport entre les 100 voix du Chofar et les lamentations de la mère de Sisséra?
Et si rapport il y a, pourquoi 100 sonneries et non 101 ? C'est que la voix du Chofar vient intercéder auprès du Très Haut, en faveur des descendants d'Isaac, qui fut prêt à se sacrifier pour Lui, alors que les larmes de la mère de Sisséra sont des larmes hypocrites, empreintes de la cruauté quasi inhumaine de cette femme ! La mère du guerrier qui pleure pour son fils ne doit-elle pas avoir une pensée miséricordieuse pour d'autres mères qui elles aussi pleurent pour un enfant tombé au combat ? Mais elle, la mère de Sisséra, n'a de pensées que pour le butin, les prisonniers que son fils est en train de partager avec ses guerriers (On trouve une manière de s'exprimer analogue dans le Cantique de la Mer Rouge, (Exode 15,9). « Il disait, l'ennemi: courons, atteignons, partageons le butin ... ».
Les Séfaradim ajoutent une sonnerie à la fin de la prière avant ‘Alénou Léchabéa’h. La dernière Téki’a, à la fin de toutes les séries de sonneries, est prolongée plus que les autres: c'est pour troubler le génie du Mal disent nos Sages, afin qu'il ne vienne pas accuser Israël après la prière, lorsque les fidèles se rendront chez eux pour prendre le repas de fête, faisant croire qu'ils ne craignent plus la rigueur du jugement)!
C'est cette pensée qui adoucit son chagrin! Que viennent donc dire les 100 voix du Chofar, évoquant le souvenir d'Isaac, pour annihiler toutes ces lamentations hypocrites : toutes, sauf une qui malgré tout exprime la douleur d'une mère !
Nous sonnons donc le Chofar 100 fois et non 101 fois !
Le Maguid de Doubno nous rapporte une histoire Un homme se promenait dans une forêt pleine de bêtes féroces avec pour toute protection un arc et des flèches.
Chaque fois qu'il apercevait quelque chose au loin, il s'imaginait que c'était un ours ou un lion et lançait une flèche dans cette direction. Il se rendit vite compte que ce n'étaient que de vieux arbres desséchés. Il n'eut bientôt plus qu'une seule flèche et il prit alors la précaution de la conserver soigneusement. Si un danger se présentait en face, il pourrait encore tirer et peut-être cette flèche lui sauverait-elle la vie. Cette flèche est comme le Chofar. Tant que nous étions à Jérusalem, nous étions protégés de toutes parts: le Temple, l'autel, les sacrifices, et le Grand Prêtre .... Nous étions soutenus et sûrs de trouver la force de demander pardon. Il n'en est plus ainsi et à présent que toutes ces protections ont disparu, il ne nous reste plus que le Chofar.
"Dans notre monde interconnecté, nous sommes tous dans le même bateau. Toute pensée de dissociation est un mirage ", a déclaré Christine Lagarde, directrice du Fonds Monétaire International (FMI). Elle avait raison.
Et tout comme les marins sur le bateau de Jonas ont découvert qu'il était coupable de leurs périls, le monde pointe un doigt pour nous blâmer, nous les juifs, des mers orageuses sur lesquelles notre navire mondial navigue aujourd'hui. Tout comme Jonas a finalement assumé sa mission, nous devons assumer la nôtre et nous unir afin de fournir un modèle d'une méthode pratique d'union. Ceci est notre obligation envers l'humanité aujourd'hui, et le plus tôt nous la remplirons, le mieux ce sera pour nous et pour le monde.
Les fêtes juives représentent plus que des réunions de famille ou des gueuletons. La plupart des gens ne se rendent pas compte de leur profonde importance spirituelle et de leur pertinence accrue dans nos vies actuelles.
Les fêtes juives sont une trajectoire de la destinée de la nation, un électrocardiogramme de notre rythme cardiaque battant à l'unisson. Les symboles des fêtes juives transmettent de l'information qui serait autrement perdue dans le labyrinthe de l'histoire ou bien déformée au-delà de toute vraisemblance. Mais nos fêtes délivrent des messages non seulement sur notre passé, mais aussi sur notre présent et notre avenir.
En tête des fêtes juives, en automne, vient le Nouvel An juif, Roch Hachana (Tête [Début] de l'année). Il désigne un éveil spirituel. Cette fête marque le moment où une personne ressent le désir de découvrir le sens de la vie.
Adam (le mari d'Eve et, pendant un bref moment, résident du jardin d'Eden), était la première personne à contempler la signification de la vie. Nous célébrons le jour où il a commencé à y réfléchir comme le début de l'année, le début du calendrier juif, connu sous le nom de Roch Hachana.
En d'autres termes, Rosh Hachana n'est pas seulement un jour du calendrier; il est une étape importante du développement spirituel. En ce jour, nous nous remémorons notre traversée spirituelle de l'année précédente, et cherchons à apporter des corrections pour l'avenir.
Rosh Hachana symbolise notre aspiration à des valeurs plus élevées, de bienveillance, de partage, et d'attention réciproque les uns envers les autres. L'essence du judaïsme est l'unité et l'amour fraternel, exprimés dans les paroles: "Ce que vous haïssez, ne le faites pas à votre ami", et "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." La tradition de manger une tête de poisson symbolise notre décision d'être en tête pour mener les autres et nous-mêmes vers l'union.
La grenade, avec ses nombreuses graines juteuses, nous rappelle que nous aussi, nous sommes comme des semences, et qu'il est temps pour nous de mûrir spirituellement par l'unité. Les graines représentent également nos désirs égoïstes, que nous devons apprendre à satisfaire de manière plus équilibrée, comme réaliser nos aspirations en contribuant à la société.
La pomme à Rosh Hachana symbolise la «transgression» primordiale de désunion. Nous la trempons dans du miel qui symbolise l'adoucissement (la correction) grâce à notre unité rétablie. Pour atteindre cette unité et raviver notre amour fraternel, nous devons nous élever au-dessus de notre égoïsme et l'équilibrer en établissant des liens positifs entre nous.
Les jours saints commencent à Roch Hachana et se terminent le jour de Yom Kippour. Roch Hachana est aussi le début des dix jours de repentir. Ce temps de réflexion est notre chance pour changer ; il nous donne accès à nos âmes lorsque nous choisissons de prendre le contrôle de nos vies et d'être en tête, et non à la queue en suivant passivement les exigences de la vie.
C'est parce que le noyau du judaïsme est l'amour envers autrui, qu'il est coutumier de mettre un accent particulier sur notre attitude envers les autres au cours de ces jours. Cependant, ce comportement symbolique représente un changement majeur dans notre approche de la vie en général, celui de passer de l'amour de soi à l'amour des autres. Une fois que nous y parvenons, nous émergeons purifiés à la fin de Yom Kippour, et une année d'amour fraternel et d'attention mutuelle peut alors vraiment commencer.
Bonne année!