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Derière mise à jour
27-Sep-2024
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Le 27 novembre 1967, le Général de Gaulle a réuni au Palais de l'Élysée la presse mondiale et a tenu une conférence de presse solennelle au cours de laquelle il a développé la position stratégique de la diplomatie française sur plusieurs sujets très importants, en particulier, l'opposition française à l'adhésion de la Grande Bretagne à la communauté européenne, et le recentrage de la diplomatie française vis à vis d'Israël.
Son discours s'articulait autour de quatre thèmes
Le Général de Gaulle est fondamentalement chrétien, et les Juifs n'ont jamais été sa priorité, j'ai eu l'impression en lisant ses mémoires de guerre, qu'il n'était ni judéophile, ni antisémite. Patriote, très fier, il s'est engagé corps et âme pour défendre la France, et la défaite lui a été insupportable. Il m'a évoqué un joueur de l'équipe de France, vaincu par l'équipe d'Allemagne, et qui ne supporte pas l'humiliation. J'ai déduit de ses mémoires, qu'il a fallu attendre 1942 pour qu'il commence à se rendre compte, que les nazis n'étaient pas les allemands de 1914, et qu'en combattant le nazisme, il combattait l'ignoble.
L'implantation juive en Palestine avant guerre n'a pas eu sa sympathie, il parle des terres « acquises dans des conditions plus ou moins justifiables» qui risquaient d'entraîner des frictions et conflits. Les juifs seraient-ils malhonnêtes ?
Mais plus grave, il redoutait que «les juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tous temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur... »
Cette phrase a fait hurler, et le dessinateur Tim a montré l'absurdité de définir les Juifs comme "Dominateurs et sur de lui-même" compte tenu surtout de leur longue histoire faite d'humiliations et de persécutions. DeGaulle a reconnu unpeu plus tard s'être un peu laissé emporter.
Tout aussi grave il imagine que les Juifs pensaient se retrouver "dans le site de leur ancienne grandeur", or si les sionistes étaient heureux de retrouver la terre de leurs origine, les royaumes anciens de Juda ou d'Israël n'ont jamsi été de grandes puissances. Cette notion de grandeur s'applique davantage aux ambitions du Général de Gaulle qu'au peuple Juif, elle est réflexive, voilà ce qu'aurait pensé le général s'il avait été juif.
Il semble à la limite de penser que l'antisémitisme est légitime, dans son discours, il fait un lapsus qu'il tente de corriger. " En dépit du flot de malveillances qu'ils provoquaient, qu'ils suscitaient plus précisément, dans certains pays et à certaines époques... " ... ce serait donc les Juifs qui provoqueraient le flot de malveillance dont ils seraient eux même victime... ils seraient coupables, comme d'ailleurs les femmes violées qui provoqueraient ou susciteraient les envies agressives ! !
De Gaulle justifie entre autre le capital de sympathie envers les juifs par "l'immense souvenir du testament, nourri à toutes les soures d'une magnifique liturgie", et par la pitié qu'inspirerait chez nous "la légende du Juif errant, accrue par les abominables persécutions de la Deuxième guerre mondiale". Faut-il rappeler que le Juif errant de la légende est tout, sauf un personnage sympathique, il serait un cordonnier juif condamné à l'errance perpétuelle pour avoir refusé un instant de repos au Christ portant la croix.
Pour le Général, la France a vue avec satisfaction l'établissement de l'État des Juifs, compte tenu « des abominables persécutions qu'ils ont subi, des travaux constructifs et du courage de leurs soldats, tout en désirant qu'ils parviennent, en usant d'un peu de modestie, à trouver avec ses voisins un "modus vivendi" pacifique· »
Ainsi, si Israël n'avait pas trouvé entre 1947 et 1967 de modus vivendi pacifique avec ses voisins, ce serait uniquement en raison de son manque de modestie, les voisins auraient été prêts à vivre en paix. Israël serait seul responsable de l'état de guerre.
Or pendant cette période, Israël n'avait reçu aucune proposition de paix, les discours arabes sont toujours très lyriques, et souvent très subtils. Il semblerait que Nasser aurait pu signer une paix avec Israël si Israël avait accepté de retourner au plan de partage de l'ONU de 1947. Or dès l'indépendance, Israël avait accueilli les réfugiés de la Shoah, rescapés de camps de concentration, et parfois emprisonnés à Chypres par les anglais.
La fuite des arabes a été compensée par l'arrivée des juifs d'Irak, des pays arabes voisins, et des rescapés de la Shoah. Israël ne pouvait pas risquer sa vie en se repliant sur une frontière indéfendable, et en abandonnant Jérusalem, sa capitale.
De Gaulle prétend s'être appliquer à favoriser la détente au Moyen Orient, pour cela, il refusait de reconnaître la ligne d'armistice de 1948, en particulier à Jérusalem, où les juifs avaient conquis un quartier arabe. C'est donc une politique caressant le monde arabe dans le sens du poil qui a été annoncée.
«nous avions repris avec les peuples arabes d'Orient la même politique d'amitié, de coopération, qui avait été pendant des siècles celle la France dans cette partie du monde et dont la raison ou le sentiment font qu'elle doit être, aujourd’hui, une des bases fondamentales de notre action extérieure. » La France avait perdu l'Algérie, en trahissant les harkis, et tous ceux qui avaient cru en elle, elle n'avait rien sauvé, même pas l'essentiel, la langue française qui aurait pu sesrvir de pont pour reconstruire un avenir commun sur des bases nouvelles. C'était l'humiliation de trop, après la défaite de 1940. La France n'était plus admirée.
Cet espoir a été une chimère, seul le Liban conserve des liens privilégiés avec la France, même si la langue française tend à disparaître au profit de l'arabe et de l'anglais.
Les puissances montantes étaient en extrème orient, et non dans le monde arabe trop belliqueux et trop divisé. De Gaulle a misé sur le mauvais cheval.
Sur le fond, De Gaulle voulait éviter l'embrasement de la guerre, et ses conséquences. Il voyait deux causes au risque de violence :
Il semble être persuadé qu'un accord de paix serait possible, que les arabes accepteraient de ne plus menacer Israël, si une solution était trouvée au problème des réfugiés arabes.
Il demande aux deux protagonistes de ne pas entamer les violences, il ne croit pas Israël sérieusement menacé, surtout que la France s'est engagée à le défendre en cas d'attaques, et considère que le blocus du détroit de Tyran par l'Egypte est un incident fâcheux crée par l'Égypte.
Des négociations étaient menées par l'ONU et les grandes puissances , pour faire lever le blocus égyptiens et éviter le conflit armé. Beaucoup croyaient, et peut-être De Gaulle lui-même que Nasser bluffait, et qu'il espérait, en agitant une menace laver le double affront des guerres de 1948 et de 1956, et obtenir d'Israël le retour de réfugiés, ou des concessions territoriales. Les plus optimistes pouvaient peut-être penser qu'une paix véritable aurait pu sortir de cette crise.
Pour cela il fallait éviter le drame, et «le drame est venu», en pleine négociation internationale, Moshé Dayan a déclaré qu'il était trop tard pour une intervention militaire, et trop tôt pour voir les résultats d'une action diplomatique... et le lendemain l'aviation Israélienne détruisait au sol l'aviation égyptienne. L'Egypte claironnait sa victoire en même temps, trompant son allié Jordanien qui s'est lancé dans une aventure militaire malheureuse, alors que l'armée Syrienne se faisait repousser au delà du Golan.
De Gaulle a été consterné. « On sait que la voix de la France n'a pas été entendue. Israel, ayant attaqué, s'est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s'y manifeste une résistance contre lui, qu'à son tour, il qualifie de terrorisme. »
De Gaulle est persuadé que cette guerre est l'opportunité attendue depuis longtemps par les dirigeants israéliens, qui ainsi espèrent agrandir leur territoire pour faire face à l'afflux d'immigrants juifs qu'ils attirent de leur mieux. Les arabes de Palestine qui n'ont pas fui vont vivre sous une occupation qu'ils n'accepteront pas, et ce sera source de violence.
« À moins que les Nations Unies ne déchirent elles-mêmes leur propre charte, , un règlement doit avoir pour base l'évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque des États en cause par tous les autres. »
Ensuite, selon le Général, on pourrait étudier un tracé précis des frontières, et Jérusalem devrait avoir un statut international.
« la France est d’avance disposée à prêter son concours politique, économique et militaire, pour que l’accord soit effectivement appliqué. »
Puis De Gaulle met un bémol dans son idée, en expliquant que cet accord qu'il appel de ses voeux ne pourra pas se réaliser aussi longtemps que les États Unis, qu'il ne cite pas ne se seront pas dégagé du Viet Nam. D'ailleurs il pense que si l'Asie du Sud Est voyait renaître la paix, l'orient le copierait, à la faveur de la détente entraînée par un pareil événement.
Nasser bluffait-il ou avait-il vraiment l'intention d'attaquer Israël avec l'aide de l'URSS ? S'il bluffait, de Gaulle avait raison, Israël aurait eu tort d'attaquer.
Nasser avait demandé le départ des casques bleus qui devaient en principe séparer les forces égyptiennes et Israéliennes autour de la bande de Gaza (à l'époque égyptienne).
J'avais été très étonné à l'époque de leur départ précipité. Je m'étais imaginé qu'ils protégeaient la frontière, et qu'ils s'opposeraient à toute aggression, d'où qu'elle vienne. Je croyais, qu'ils étaient mandatés par l'ONU, pour éviter un conflit, donc qu'ils ne pouvaient partir que sur ordre de l'ONU.
En fait non, ils ne protégeaient rien ni personne, il suffisait qu'un agresseur leur demande de partir pour qu'ils obéissent.
Après avoir cherché sur le web, je n'ai pas trouvé d'éléments solides indiquant que Nasser bluffait. Grâce aux armes soviétiques, et aux armées Syriennes et Jordaniennes, il espérait infliger une défaite militaire aux Israéliens, ce qui aurait peut être conduit à un retour au plan de partage de 1947, voir à la disparition d'Israël et à l'exil de ses habitants juifs, comme le préconisait la direction palestinienne.
J'ai tendance à penser qu'Israël a eu raison de prendre les devant, et de s'éviter une épreuve dont il ne se serait peut-être pas remis.
Les Israéliens ont-ils misé sur le bellicisme arabe afin d'agrandir leur territoire ?
J'aurais tendance à penser comme le général de Gaulle. Ils ont été trop heureux du prétexte fourni par Nasser pour étendre leur emprise sur tout le Sinaï, sur la Cisjordanie et sur le Golan. J'étais étudiant à l'époque, et en mai 68, l'UEJF pensait "Les israéliens occupent les territoires arabes, comme les ouvriers occupent les usines" ils les libéreront en échange de la paix.
Mais les arabes réunis à Khartoum le premier septembre 1967, ont déclaré qu'ils ne voulaient ni discussion, ni reconnaissance, ni paix. Lors de sa conférence de presse du 27 novembre, de Gaulle connaissait le triple non arabe, il n'en a pas tenu compte.
Les nationalistes israéliens ont tiré les conséquences, du refus arabe attendu, et il n'a pas fallu beaucoup les pousser pour qu'ils décident de peupler de juifs les territoires conquis qu'ils ont appelé "libérés". Comme de Gaulle l'avait prévu, les arabes Palestine ne l'ont pas accepté, cela a entraîné violence et répression, et à ce jour, le problème n'est toujours pas réglé.
De Gaulle avait il raison de croire en la voie internationale ?
Malheureusement, il avait tort. Le départ honteux des casques bleus de la frontière de Gaza aurait du le faire réfléchir sur le sérieux des garanties internationales.
Les casques bleus sont utiles quand les deux belligérants les acceptent et sont d'accord pour leur confier un rôle d'observateur et d'arbitre, mais ils ne protègent en aucun cas d'une agression massive.
On a pu s'en rendre compte, alors qu'après la guerre entre Israël et le Hezbolah, l'ONU avait confié à la marine allemande, le soin de contrôler la frontière maritime, du Liban afin de s'assurer que la milice chiite ne reçoive pas d'armes. Les marins près des côtes ont été très efficaces, aussi le gouvernement libanais, contrôlé en bonne partie par le Hezbollah, a demandé aux allemands de s'éloigner des côtes, ce qu'ils ont fait, et ainsi ils n'ont plus pu effectuer leur mission.
L'actualité de ce discours ?
Ce discours reste la base de la diplomatie française au Proche Orient, et n'a mené nul part. Aujourd'hui, les menaces sont tout autres, le monde bouge très vite, et j'ai tendance à penser que la diplomatie française ne réussit pas à s'adapter.