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07-Déc-2024
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Le meurtrier de Sarah Halimi ne sera pas jugé. Mercredi 14 avril, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi des parties civiles, qui demandaient de reconnaître la responsabilité pénale de Kobili Traoré, l’homme qui avait frappé et défenestré sa voisine de 65 ans le 4 avril 2017, à Paris. Un collège d’experts a de nouveau conclu à « l’abolition » du jugement du meurtrier, reconnu comme « psychotique » et pris d’une « bouffée délirante », ce qui coupe court à tout procès.
Cet arrêt de la Cour de cassation a soulevé l’émoi dans une partie de l’opinion publique, notamment au sein de la communauté juive, le caractère antisémite du meurtre ayant, lui, été reconnu. Plusieurs personnes ont fait le parallèle avec une autre affaire, celle d’un homme condamné à de la prison ferme après avoir jeté un chien par la fenêtre, à Marseille, et qui était sous l’emprise d’alcool et de cocaïne pendant les faits. En quoi ces deux affaires sont-elles différentes au regard de la justice ? Explications.
L’article 122-1 du Code pénal impose de ne pas juger les personnes dont le discernement serait « aboli » au moment des faits. Pour déterminer si un « trouble psychique » a effectivement conduit à une telle « abolition », le juge peut s’appuyer sur des expertises psychiatriques et la jurisprudence. Lorsque l’abolition est reconnue, il n’y a pas de procès. Il en va différemment si l’accusé a connu non pas une abolition mais une « altération » du discernement, un qualificatif qui maintient la responsabilité de la personne. La distinction entre les deux termes est fine, mais importante : un procès doit ici avoir lieu (avec une éventuelle réduction de peine à la clé). Là encore, c’est aux experts et à la jurisprudence d’éclairer la décision du juge.
Faut-il juger les fous ? L’héritage de Foucault en question
Publié le 19/04/2021 à 12:24 Journal Marianne
Propos recueillis par Thibaut Solano Publié le 19/04/2021 à 12:2
C'est acté depuis mercredi 14 avril : l'affaire Sarah Halimi n'ira jamais jusqu'à une cour d'assises. Ainsi en a décidé la Cour de cassation. Le tueur de la retraitée a en effet été déclaré « irresponsable pénalement ». Selon les différentes expertises rendues au cours de l'instruction, Kobili Traoré était en proie à une bouffée délirante au moment de la commission de son crime, après avoir consommé du cannabis. Depuis, de nombreuses voix s'élèvent pour critiquer un « déni de justice ». Emmanuel Macron lui-même a pris la parole ce lundi dans les colonnes du Figaro pour réclamer un changement législatif : « Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors « comme fou » ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale. Sur ce sujet, je souhaite que le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi ». Plusieurs parlementaires ont d’ores et déjà élaboré des propositions de loi dans ce sens.
Mis en cause pour avoir été le premier, en collégialité, à rédiger une expertise allant dans le sens d'une irresponsabilité pénale, ciblé y compris par des féministes qui écrivent son nom sur des affiches collées à Paris, l'expert psychiatre Paul Bensussan a décidé de prendre la parole, en exclusivité pour Marianne.
Marianne : Quand et comment êtes-vous intervenu dans le dossier Sarah Halimi ?
Paul Bensussan : Le Professeur Frédéric Rouillon, le Docteur Elisabeth Meyer-Buisan et moi-même avons été désignés en collégialité pour effectuer l’expertise psychiatrique de Kobili Traoré. En avril 2018, Madame Ihuellou, magistrat instructeur, nous demandait l’examen psychiatrique et médico-psychologique du sujet, ainsi que l’étude de l’entier dossier. Nous avons rencontré Monsieur Traoré à deux reprises, en mai et juin 2018 à l’UMD Henri Colin (Unités pour Malades Difficiles, où sont internés les patients psychiatriquement dangereux) et rendu notre rapport le 11 juin 2018.
Quelles ont été vos conclusions ?
Il n’y a eu aucune dissension au sein du collège. Nous avons conclu (à l’instar des autres experts) à une bouffée délirante aiguë, ici marquée par l’apparition soudaine d’un délire de persécution et de possession de nature satanique. Décrite par Magnan en 1866, la bouffée délirante survient typiquement chez un patient exempt de tout trouble psychiatrique (on parle de « coup de tonnerre dans un ciel serein »). Elle constitue fréquemment un mode d’entrée dans un trouble schizophrénique. Ce trouble est l’un des cas les plus consensuels d’irresponsabilité pénale. Il se caractérise par l’apparition soudaine d’idées délirantes et/ou d’hallucinations et/ou d’un discours incohérent et/ou d’un comportement grossièrement désorganisé pendant plus d’un jour et, par définition, moins d’un mois. Ce délire aigu engendre des bouleversements émotionnels et une note confusionnelle, toutes modifications que nous avons retrouvées dans les auditions de l’entourage de Monsieur Traoré.
Dans les heures qui ont précédé son passage à l’acte, il était halluciné, soliloquait en répondant à des voix imaginaires, inquiétait tout le monde, y compris ses parents, ses voisins maliens qu’il avait séquestrés et qui avaient appelé la police… Il était allé la veille à la mosquée, avait consulté un exorciste, pensait que son beau-père voulait l’empoisonner ou le « marabouter », que l’auxiliaire de vie (d’origine haïtienne) de sa sœur appliquait sur lui des rituels vaudous… Des thèmes et des mécanismes délirants particulièrement riches, une dimension persécutive dominante.
La problématique était ici le rôle possiblement déclencheur du cannabis. L’existence de délires induits par le cannabis est parfaitement établie et leur séméiologie est très comparable à celle présentée par Monsieur Traoré au moment des faits. Mais les taux sanguins de THC retrouvés chez lui étaient faibles à modérés (peu compatibles avec une consommation massive récente) et les idées délirantes ont persisté longtemps après l’arrêt de l’intoxication, alors même que Monsieur Traoré était hospitalisé et traité par antipsychotiques majeurs. Enfin et surtout, croyant trouver l’apaisement dans le fait de fumer, comme il le faisait régulièrement depuis l’âge de 15 ans, il a sans doute précipité l’évolution d’un trouble dont le cannabis n’a été selon nous qu’un co-facteur et non la cause. Nous avons donc conclu à l’irresponsabilité pénale, tout simplement parce qu’elle s’imposait techniquement !
Ce qui ne revenait pas, faut-il le préciser, à occulter la barbarie du passage à l’acte, et moins encore sa dimension antisémite. C’est en s’enfuyant par le balcon de chez les voisins, alors qu’il se croyait poursuivi par les « démons » qu’il est entré par effraction dans l’appartement de Madame Halimi et que l’enchaînement fatal est survenu. Je l’ai souligné dans le rapport comme à la barre de la chambre de l’instruction : en proie à son délire, à la fois agressif et terrorisé, Monsieur Traoré était au moment des faits un baril de poudre. Mais le judaïsme de Madame Attal, la vision du chandelier à sept branches, ont été l’étincelle. Pour le dire simplement : le crime était celui d’un fou, mais son crime était antisémite car dans son délire, il assimilait les juifs au démon. L’indignation de l’opinion publique et de la communauté tient selon moi à l’idée (fausse) que reconnaître la folie et l’irresponsabilité pénale du meurtrier reviendrait à nier la dimension antisémite de son acte. Il faut à ce sujet rappeler que l’arrêt de la Chambre de l’instruction a retenu la culpabilité de Monsieur Traoré, mais aussi la dimension antisémite de son crime.
En quoi vos conclusions s’opposaient-elles à celles de Daniel Zagury, premier expert psychiatre commis par la justice et pour qui le tueur était pénalement responsable de son acte criminel ?
Tout comme nous (et comme les membres du troisième collège d’experts), le Docteur Zagury a conclu à une bouffée délirante aiguë. Mais à la différence de ses confrères, Daniel Zagury, considérant que la consommation de cannabis avait été délibérée et volontaire, estimait que le sujet avait contribué à l’apparition de son trouble mental et ne pouvait donc être exonéré de sa responsabilité. Il le considérait donc comme partiellement responsable de ses actes, retenant une altération (et non une abolition) du discernement et du contrôle de ses actes..
Ce en quoi nous ne pouvions le rejoindre : le sujet n’avait selon nous aucune conscience du fait que le cannabis pouvait le faire délirer, à l’inverse de braqueurs ou de meurtriers sniffant de la cocaïne avant un passage à l’acte, pour se donner « du cœur à l’ouvrage ». Dans ce cas, les toxiques sont alors consommés pour faciliter le passage à l’acte, ce qui n’était pas le cas de Kobili Traoré, submergé par l’efflorescence délirante.
Si l’on comprend bien votre raisonnement, Kobili Traoré ne pouvait pas prévoir que la consommation de cannabis entraînerait une bouffée délirante, donc il n’est pas responsable de ses actes ?
Plus de 70 % des adolescents, de tous milieux sociaux, disent avoir expérimenté la consommation de cannabis. Environ 40 % disent en avoir fumé régulièrement et 10 % sont des consommateurs chroniques. Tous, fort heureusement, ne deviennent pas schizophrènes ! Le risque de schizophrénie est multiplié par deux avec le cannabis qui passe donc de 1 à 2 %, ce que peu de médecins savent. L’image du cannabis, selon moi dangereusement édulcorée, est celle d’une drogue « douce », dont on vante même, aujourd’hui, les vertus thérapeutiques. Faut-il rappeler qu’un ministre de la santé en exercice, il n’y a pas si longtemps, plaidait pour sa dépénalisation ? Comment imaginer qu’un sujet déscolarisé, fumant du cannabis depuis l’âge de 15 ans sans avoir jamais déliré, sache que le cannabis l’expose au risque de schizophrénie ?
Tous les experts s’accordent en effet à dire que Kobili Traoré a été en proie à une bouffée délirante après avoir fumé du cannabis. Il en consommait pourtant régulièrement. Qu’est ce qui explique l’irruption d’une bouffée délirante à cet instant précis ?
Il est impossible de déterminer avec certitude la cause d’une bouffée délirante et il est vrai que le sujet consommait régulièrement du cannabis depuis l’âge de 15 ans, ce qui n’est qu’un facteur favorisant parmi d’autres ; l’épisode délirant peut rester unique, mais c’est un cas de figure théorique, rarement rencontré en pratique clinique. Il est, dans l’immense majorité des cas, une forme de début d’un trouble mental sévère : troubles schizophrénique ou bipolaire.
Je dois ici relever un raccourci singulier dans cette affaire : le postulat selon lequel le trouble délirant a été induit par le cannabis a été répandu par les médias. Il est évident que la consommation de cannabis, sur un terrain fragile, a pu être précipitante. Mais pour affirmer qu’elle en a été l’unique cause, il faudrait être certain que Monsieur Traoré, s’il ne consommait plus jamais de cannabis, ne délirerait plus jamais. Ce que nul ne sait, hormis peut-être les psychiatres traitants qui en ont la charge depuis quatre ans. Rien ne permet d’exclure l’hypothèse que Monsieur Traoré souffre aujourd’hui d’un trouble psychiatrique chronique, dont la bouffée délirante aiguë aurait été la manifestation inaugurale. Si tel n’était pas le cas, il aurait pu être renvoyé en prison dans l’attente de son procès, et non maintenu dans une structure de soins où les places sont comptées.
Les avocats de la partie civile soulignent que Kobili Traoré a menti aux policiers, la nuit des faits, en affirmant que Sarah Halimi voulait se suicider. Cette stratégie n’implique-t-elle pas un degré de lucidité qui va à l’encontre de la bouffée délirante ?
Il ne faut pas confondre un malade mental et un sujet qui n’a plus du tout de cerveau ! Daniel Zagury, pour répondre à cette question, utilise dans son rapport une formule qu’il affectionne : « Le délirant ne boit pas le Coca-Cola par l’oreille »
Toutefois, même chez les plus grands psychotiques, la valeur cathartique du passage à l’acte peut se traduire, immédiatement après, par une retombée brutale de la charge anxieuse, un effondrement, avec un retour partiel à la réalité : c’est ainsi que l’on retrouve certains malades mentaux criminels prostrés sur les lieux du crime, ne cherchant pas à fuir ou à se cacher. Se rendant sans doute compte de ce qu’il venait de faire, Monsieur Traoré a ainsi tenté de faire croire que sa victime s’était suicidée, attitude pouvant donner l’illusion d’un stratagème de défense aussi fou que son geste.
Mais qui pouvait y croire, alors qu’il venait de s’acharner aussi longuement sur elle, en hurlant ? Ce qui devait nous déterminer pour la juste appréciation de son degré de responsabilité n’est pas son état après l’acte, mais au moment des faits et du déferlement de violence, comme le demande le Code pénal. Et à ce sujet, pas l’once d’une divergence n’existe entre les experts.
S’il n’est pas responsable de ses actes, pourquoi la notion d’antisémitisme a t-elle finalement été retenue au terme de l’instruction ? Ne suppose-t-elle pas une intentionnalité et donc une lucidité ?
C’est l’un des arguments soulevés par le Grand Rabbin de France. Il s’agit là d’une question purement juridique, intellectuellement passionnante, mais que je ne me sens pas autorisé à trancher. Sur le plan psychiatrique, je peux en revanche expliquer que lorsqu’un sujet délire, les thèmes délirants sont bien sûr le reflet de ses croyances, de son éducation, de sa personnalité, mais aussi de l’ambiance sociétale. Il est difficile de nier qu’il existe un antisémitisme arabo-musulman et il n’y a aucune raison de penser que Monsieur Traoré, en pleine bouffée délirante, puisse y demeurer imperméable. L’assimilation des juifs au démon dans son crime et le déferlement de violences et d’insultes sont suffisamment éloquents et se passent de commentaire : un crime peut être fou et antisémite, même si l’enquête n’a pas permis de mettre en évidence, chez Kobili Traoré, des manifestations d’antisémitisme ou de radicalisation antérieures aux faits.
Dans le cas d’un accident de voiture mortel dans lequel le conducteur fautif était ivre, la prise d’alcool est considérée comme une circonstance aggravante. Ici, la prise de cannabis exonère Traoré d’un procès. Comment le grand public peut-il comprendre cette différence ?
Tout conducteur sait que l’alcool augmente le temps de réflexe, diminue la vigilance et est un facteur accidentogène. Il peut donc difficilement s’étonner être considéré comme responsable lors d’un accident, ou d’un passage à l’acte criminel. Le fumeur de cannabis, même s’il n’est pas, comme Kobili Traoré, un délinquant toxicomane, ignore généralement les effets redoutables de ce toxique, dont la banalisation actuelle dissimule la dangerosité. De surcroît, si au-delà de 2 g d’alcoolémie tout conducteur sans exception est à haut risque accidentogène, seule une infime minorité de fumeurs de cannabis développe une bouffée délirante. Le parallèle entre ces deux cas de figure est donc assez artificiel.
Certains dénoncent un « permis de tuer » des Juifs. Que leur répondez-vous ?
L’hésitation initiale à retenir la circonstance aggravante d’antisémitisme, au début de l’instruction, a pu donner à certains l’impression que cette dimension était niée, ou occultée, ce qui aggravait le désarroi et l’incompréhension. Mais je déplore que cette formule stupide et dangereuse, selon laquelle la Justice, en reconnaissant l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, aurait délivré « un permis de tuer » ait été répandue par des gens informés, parfois même avocats, surfant sur l’émotion populaire ; il en est de même de cette idée obscène qu’il suffirait de « fumer un joint pour tuer une juive, en toute impunité ». De tels raccourcis sont indignes, en particulier lorsqu’ils sont le fait de professionnels du droit.
Je comprends et partage l’émoi de la communauté juive, atteinte à plusieurs reprises dans les dernières années par des crimes antisémites, commis par des auteurs de mouvance islamiste. Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, dont la voix est respectée, a lui-même exprimé son incompréhension et son indignation, après l’audience devant la Chambre de l’instruction comme après l’arrêt de la Cour de cassation, allant jusqu’à parler de « scandale judiciaire ». Il commet selon moi une erreur d’analyse, en affirmant que « soit le meurtre est antisémite, et donc pensé, soit il est l’œuvre d’un irresponsable, et donc non pensé. Mais pas les deux à la fois ». Daniel Zagury comme notre collège avons clairement affirmé que le crime était fou et antisémite et les juges nous ont entendus.
C’est pourquoi je suis choqué lorsque j’entends, au journal de 18 heures de France Inter, le mercredi 14 avril, jour où la Cour de cassation a rendu son arrêt, Amélie Perrier lancer le sujet sans vergogne « L’affaire oppose depuis des années les experts psychiatres à la communauté juive ». Comment peut-on ainsi surfer sur l’émotion en étant aussi caricatural dans le propos ? C’est essentiellement pour faire œuvre de pédagogie que j’ai accepté de répondre à vos questions : je voudrais, en sachant à quel point la tâche est difficile devant une communauté bouleversée, donner un éclairage sur certains raccourcis et contre-vérités médiatiques.
Comprenez-vous que l’absence de procès puisse choquer ?
Naturellement je le comprends. Mais avec les réserves suivantes. Depuis la loi du 25 février 2008, dite « loi Dati », les familles de victimes d’un malade mental criminel ne sont plus privées du débat comme c’était auparavant le cas avec le non-lieu. Une audience publique se tient devant la chambre de l’Instruction en cas d’irresponsabilité pénale : les débats ne portent alors que sur cette question essentielle. À cette audience, qui a eu lieu le 27 novembre 2019 pour Kobili Traoré, assistent les parties civiles, les avocats, les experts et même la presse. Les experts sont entendus et les avocats ne se privent pas de les interroger : l’oralité des débats est essentielle et le débat est de mise. À l’issue de cette audience, la chambre de l’instruction peut soit renvoyer l’accusé devant la Cour d’assises, si les arguments en faveur de l’irresponsabilité pénale lui paraissent insuffisants, soit rendre un arrêt de déclaration de culpabilité et « d’irresponsabilité pénale pour trouble mental ». Le crime reproché au sujet est alors inscrit à son casier judiciaire, la culpabilité est définitivement établie, même s’il est pénalement irresponsable.
Le « non-lieu » qui révoltait autrefois les familles comme l’opinion a bien disparu. Cette évolution législative concilie, au terme d’un débat contradictoire, une reconnaissance de culpabilité et une irresponsabilité pénale. Ce qui est conforme au principe éthique de toutes les démocraties judiciaires, remontant au Droit romain, selon lequel les malades mentaux ne peuvent être condamnés. On ne juge pas les fous, c’est ainsi, et c’est l’honneur de la Justice comme de la psychiatrie. Citons à ce sujet Yves Lemoine, magistrat, historien : « Jamais, dans notre civilisation, on n’entendit les fous, même pour les crimes les plus atroces (...) Faire comparaître un dément, c’est renier le fondement même de notre civilisation ».
Une autre réserve est qu’un procès, en particulier lorsqu’il concerne un malade mental criminel, permet rarement la compréhension espérée par les familles de victimes : le crime du sujet psychotique est par définition irrationnel et incompréhensible. Sa compréhension échappe à tous, et à l’auteur lui-même. Elle est de plus possible devant la Chambre de l’instruction, pas uniquement et pas davantage devant une Cour d’assises.
Le dossier étant particulièrement sensible, vous avez vous-même subi des attaques personnelles. Pouvez-vous nous en parler ?
J’ai été particulièrement atteint et personnellement visé par les reproches et l’incompréhension d’une partie de la communauté juive. J’en ai été peiné, mais aussi indigné : le fait qu’un expert soit juif devrait-il influencer sa lecture d’un crime ou délit ? Dans cette hypothèse, aurait-il fallu ne désigner que des experts non-juifs ? C’est aussi absurde qu’offensant et ce serait pour le coup, presque de l’antisémitisme ! En tout cas de la discrimination…
La particularité était que je recevais ces reproches sur mon lit d’hôpital. Ayant subi peu après l’audience un grave accident de moto, qui aurait pu et dû être fatal, j’étais polytraumatisé, sortant du coma et de la réanimation lorsque j’ai entendu Maître Francis Szpiner, avocat des parties civiles, et donc auxiliaire de justice tout comme moi, me traiter de « Diafoirus de la médecine » sur un plateau de télévision. Entendre un avocat que j’estimais me traiter d’imposteur ou de charlatan, autrement dit manier l’invective ou l’injure, au seul motif que mon rapport n’a pas eu l’heur de lui convenir, fut une expérience singulière. Je ne pouvais évidemment rien répondre : d’une part parce que mon état ne le permettait pas, mais aussi et surtout parce que l’affaire n’était juridiquement pas close et que j’étais tenu à un devoir de réserve. Ce d’autant que bien qu’habitué aux joutes oratoires, ouvert à la contradiction et au débat, je ne me suis jamais départi d’une exigence de courtoisie.
Il m’a cependant été facile de prendre mes distances : ces querelles d’ego me semblaient dérisoires au regard de la tragédie que vivait la famille de Sarah Halimi et des enjeux juridiques et médico-légaux soulevés par cette affaire.
Kobili Traoré se trouve toujours hospitalisé dans une unité psychiatrique. Pourrait-il ressortir à court ou moyen terme ?
La réponse théorique est positive : une hospitalisation, même sur décision d’un représentant de l’État n’est pas une peine : sa durée n’est donc pas fixée. Lorsque les médias nous disent « l’assassin n’ira pas en prison », l’incompréhension et la colère se conjuguent, le public s’imaginant que l’auteur de ce crime atroce va recouvrer la liberté. Mais en pratique, le public doit comprendre d’une part que l’univers des UMD n’a rien à envier à l’univers carcéral en termes de coercition ; d’autre part qu’une sortie est hautement improbable à court et moyen terme. Il faudrait pour cela qu’un collège pluridisciplinaire, incluant le Directeur de l’établissement psychiatrique, considère que Monsieur Traoré ne présente plus de dangerosité psychiatrique. Que deux expertises psychiatriques, ordonnées par le représentant de l’État désignant des experts extérieurs à l’établissement concluent dans le même sens. Et enfin que cette décision soit avalisée par le Préfet.
À titre d’exemple, Romain Dupuy, auteur d’un double meurtre en 2005, n’est toujours pas sorti de l’UMD de Cadillac, malgré des expertises favorables. Dans le cas de Kobili Traoré, la peine, si elle avait été prononcée, aurait dû tenir compte de l’altération du discernement et donc être réduite. Ce qui fait que les malades mentaux criminels, s’ils sont condamnés, sortent parfois plus rapidement de prison que s’ils avaient été reconnus irresponsables et internés en psychiatrie. Mais qui le sait ?
Des députés et sénateurs veulent changer la loi pour exclure du champ de l'irresponsabilité pénale les individus ayant consommé du cannabis. Qu’en pensez-vous ?
Une commission se penche actuellement sur la question, j’ignore la teneur de ses conclusions. La question est complexe, et concerne plus le législateur que le psychiatre, d’autant qu’il faut différencier l’ivresse cannabique, où la drogue a un effet précipitant de premier plan, du rôle favorisant du cannabis dans le déterminisme multifactoriel d’un trouble psychotique où se mêlent facteurs psychologiques, neuro-développementaux, génétiques, sociaux… sans qu’il soit aisé de préciser le poids respectif de ces différents paramètres. Il ne faut toutefois pas méconnaître la nature même de la maladie mentale, qui pousse les sujets psychotiques à consommer des toxiques, même s’ils sont informés de leur dangerosité, ou encore à interrompre des traitements qui leur sont indispensables. Que faire devant un schizophrène en rupture thérapeutique qui commet un crime ? L’opinion est prompte à se révolter, mais ces débats méritent sagesse, sens de la nuance et technicité.
Je l’ai souvent dit : le doute, en expertise, est une qualité professionnelle et il faut se méfier des experts dogmatiques ou péremptoires. Le doute : cet « état d’esprit intermédiaire entre l’ignorance et la certitude… »
Je me souviens…
J’ai travaillé pendant près de quarante ans dans un service de psychiatrie. J’étais psychologue clinicien et comme beaucoup de collègues de ma génération, formé à la psychanalyse qui a toujours été ma référence dans ma pratique clinique.
L’horrible meurtre de Sarah Halimi était sinon prémédité, du moins pré-exprimé par Kolibi Traoré. Derrière la porte où avait lieu ce crime, il y avait des policiers passifs et un voisinage sans doute peu étonné !
Ce meurtre m’a évoqué mais en moins dramatique, car il n’y a pas eu homicide, un patient que nous hospitalisions souvent dans mon service. Il était maghrébin, fumeur aussi de cannabis et d’autres substances et sujet ou objet, comme on veut, à des décompensations d’allures psychotiques. Je ne sais plus s’il avait été diagnostiqué de schizophrène qui est de toute façon une forme de psychose. Dans les deux cas et pour faire court, la psychose et ses formes particulières sont un conflit entre le moi et la réalité. Celle-ci est perçue de façon déformée, voire délirante…Je sais par ailleurs qu’il existe des psychoses cannabiques, des décompensations qui ont lieu après des prises massives de cannabis. Ce sont ces consommations qui déclenchent la bouffée délirante sur une structure psychotique, voire aussi névrotique. L’inverse est aussi vrai : des psychotiques peuvent être attirés par des drogues dures car ils ont peu de limites et pensent ainsi se remplir d’un vide psychique abyssal que vient combler le délire hallucinatoire…
Comme pour Kobili Traoré, l’assassin de Sarah Halimi, le thème principal de la psychose de ce patient que j’évoque, avait un caractère antisémite. Je dis « était » mais il doit l’être encore, mais ne travaillant plus, j’en parle au passé). Il s’en prenait à la synagogue de la ville, tentait plusieurs fois de l’incendier alors qu’une famille vivait à l’étage, mais peu importait, badigeonnait la porte d’excréments et jetait des pierres dans les vitres…
La police le connaissait et l’envoyait directement dans notre service où après quelques jours, voire quelques heures, il allait mieux, jusqu’à nous dire qu’après de tels actes, il avait peur d’aller en prison, comme quoi, l’absence de discernement dans ce cas-là n’était pas certaine.
La conscience n’était donc pas totalement altérée. Sa mère était désespérée, ne comprenait pas son fils. Libéré et sous traitement, le patient récidivait quelques temps après : mêmes actes « délirants », même caractère antisémite…Il s’attaquait toujours principalement à la synagogue de la ville mais dans son « absence de discernement de la réalité » il prenait pourtant soin d’épargner de ses tentatives d’incendie, de ses excréments et de ses jets de pierres, l’officine qui jouxte la synagogue et dont la vitrine est d’une belle surface pour tenter un jouisseur de verres cassés, ce que ce patient n’était pas.
Son « délire » ne s’adressait donc qu’aux biens juifs et aux Juifs, pourquoi pas. De même que l’assassin de Sarah Halimi qui a épargné dans son « délire » ses parents, ses voisins… comme quoi son jugement n’était pas totalement altéré comme l’a dit Daniel Zagury le premier expert mandaté par la juge. Celle-ci en a d’ailleurs cherché d’autres dont le diagnostic convenait mieux à son idéologie. Comme pour l’assassin de Sarah Halimi, pas de jugement pour le patient dont je vous parle…Et pourtant.
Dans de tels cas, J’ai toujours prôné auprès de mes collègues psychiatres et infirmiers qu’un procès était nécessaire qui plus est quand il y a meurtre. Lacan écrivait qu’il y a trois types de rapports à la Loi.
Lacan disait que la justice, garante tout de même en partie de la Loi symbolique, donc des interdits, participe davantage de la Loi imaginaire. La justice, écrivait-il encore est comme un plâtre sur une jambe de bois. Elle ne peut pas réparer, et guérir, du moins calfeutrer, suturer mais pas recoudre complètement, ce qui n’a pas été intégré de la Loi symbolique, avec laquelle, les psychotiques, les pervers…ont bien du mal. Le verdict posé par la justice ne serait donc qu’un plâtre, mais un plâtre tout de même, un plâtre qui peut néanmoins poser les limites, de ce qui est permis ou pas, ce qu’un psychotique, libéré de son emprise délirante peut tout à fait entendre et même comprendre.
Sinon, en l’absence de tout jugement, aucune limite n’est donnée que celle des médicaments antipsychotiques par exemple et autres soins. Alors oui, pour le meurtrier de Sarah Halimi comme pour ce patient que j’ai évoqué, un procès-plâtre, un pansement quoi !, aurait mieux valu que rien du tout, qu’un « no limit » permettant d’autres actes à venir. Mais pour le meurtre de Sarah Halimi, il y a aussi un autre enjeu. L’absence d’une reconstitution des faits et d’un procès aura non seulement épargné le meurtrier, mais aussi les policiers qui n’ont rien fait pour sauver cette dame qui hurlait sous les coups, les versets du Coran et les « Allahou Akbar » de Kobili Traoré qui lui savait qu’il était en train de tuer une femme juive…
Texte de Ruth Grammens Lakowski et Audrey Maayan Zenouda- ZERBIB
Mes chères sœurs !
Je fais appelle à votre sororité
En la mémoire d' une énième victime d'un féministe, rejoignez-nous dans ce combat pour que justice se fasse pour SARAH HALIMI !
Son calvaire doit toutes nous interpellées parce que qu’il revêt plusieurs visages dont celui d’être une femme.
Et en tant que femme, je ne peut passer à côté d’un autre meutre au caractère mysogine et antisémite de cette histoire sans encore pouvoir me regarder dans un miroir!
Sarah Halimi était un petit bout de femme se retrouvant face à un homme dans la force de l’âge et pouvus d’une belle musculature, ayant choisi délibérément sa victime pour la massacrée en la sortant de son sommeil et faisant intrusion chez elle!
Notre lutte quotidienne face aux violences faites aux femmes et aux filles doit nous interpeller à défaut d’être juive en plus. Il serait bien en notre devoir de citoyenne d’en être solidaires et liées à ce terrible destin que fut celui de notre sœur et amie SARAH HALIMI !
Comme beaucoup d’autres victimes de crime misogyne n’ayant pas obtenus justice et donc réparation!
L’image de Sarah Halimi marquera la société française d’un mamquement à la loi permettant la libération trop facilement de ces agresseurs et meurtriers qui s’en prennent aux plus faibles !
Notre colère dénonce aussi la barbarie et la violence dont les femmes et les enfants en sont bien trop souvent victimes en ce monde !
Et pour lesquels combien d’agresseurs n’en sont nullement inquiétés à travers le monde !
Si dans une société t’elle que la France qui se veut être une société de droits et de libertés , comment la justice permet -elle de tels dérapages et de tels manquements?
En tant que femme, mère je me sens préoccupée pour l’avenir de nos filles, nos enfants et les femmes de ce pays!
Combien d’entre elles ne subissent-elles pas viol/violence/ tortures... ICI EN FRANCE quotidiennement sans jamais même retrouver l’agresseur ou pouvoir le condamner! Le verdict de Sarah Halimi laisse cours à toute jurisprudence et ce même en cette matière !
Bien que l’histoire de l’humanité regorge aux fils des siècles, d’histoires comme celles-ci ci où les femmes et les enfants ont toujours été les premières victimes de la folie des hommes à travers les guerres, les idéologies patriarcales et de mentalité réductrices!
En France au 22eme siècle, comment est-ce encore possible ?
Pays dit de lumière et civilisée! Qu’un barbare puisse sortir en toute impunité sans être jugé ?
Comment peut-on mourir de cette façon en France car femme ou juive ?
Deux identités qui ont allumé la flamme de la haine gratuite !
Sarah Halimi était ce petit bout de femme française d’un certains âge devenu l’appât de son bourreau et sachant son appartenance à la communauté juive et dont l’agresseur pour appréhender sa proie, l’épiait, la menaçait motivée par cette haine de l’autre, de s’en prendre à quelqu’un de plus faible , femme de surcroît (bien plus facile physiquement)et exacerbée par ce point supplémentaire et déclencheur d’être de confession juive !
Si dans la société qui a donné naissance aux droits de l humain.
Nous ne pouvons plus garantir par nos lois, notre police, notre justice la sécurité des plus faibles que dirions-nous à nos filles et nos femmes?
Oui, ce petit bout de femme française,mère de famille, médecin assassinée lâchement et défenestrée sans même pouvoir se défendre et être défendue par les 26 policiers qui se trouvaient derrière la porte .
Face à un homme d’1 mètre 80 en pleine force de l’âge, ayant un but précis la tuer et cela en toute connaissance de cause !!!!
Nous nous devons en tant que femmes et sœurs se soutenir mutullement dans cette épreuve afin de faire justice à la mémoire de cette femme et de beaucoup d’autres.Madame Sarah Halimi était d'une gentillesse et bonté extraordinaire qui a choisi la France pour exercer et transmettre ses valeurs et éducation dans un quartier populaire se mettant au service des autres!
Toujours dévouée, présente et à l’écoute des siens et de son entourage!
Je ne peux continuer toutefois sans vous rappeler l’histoire de quelques femmes françaises issues de la communauté juive qui ont fait la France, en la faisant évoluer et grandir dans sa mentalité et valeurs qui sont nôtres aujourd’hui!
Les femmes juives avant l’antiquité et dans l’histoire de notre peuple ont beaucoup de destin à la fois porteur et extraordinaire. En passant par l’exil et d’en arriver jusqu’à la France d’aujourd’hui. Bien des femmes françaises juives ont laissé leurs empruntes.
Les énumérer toutes est bien difficile mais je ne m’attarderai que sur quelques noms devenus familiers et ayant parcouru la société française jusqu’au lèvres de futurs parents pour les adopter et en nommer leurs enfants. Tels que Judith,Myriam, Bérénice, Delphine, Simone...
Au 12ème siècle, les premières à faire parler d’elles et à changer le regard de la femme dans la société, sont les filles du Rabbi de Troyes en France.
Elles se sont levées du silence d’une tradition patriarcale qui voyait comme une exception l’étude des textes pour les femmes, sortant ainsi de l’ombre permettant aux femmes de prendre la parole en société. C’est dans la maison du rabbi que s’est tenu les premiers congrès intitulé « filles du rabbi ». Cette émancipation et libertés des femmes dans notre communauté et à cette époque en garde encore leurs traces aujourd’hui où chaque femme y trouve sa place, dans sa vie, dans sa profession comme le démontre les femmes comme Sarah Halimi ou la rabbin Delphine Hortvilleur constamment sous le feu de projecteur télévisé connue et reconnue de tous en France et hors de nos frontières!
Sans aucune agression ou menaces de notre grande famille qu’est notre belle communauté. Nous ne pouvons oublier ces femmes juives françaises et résistantes ayant participé à la libération de la France par leur courage et actions face à l’oppresseur et le barbarisme nazi. Et combien d’entre elles ont contribué aux projets de liberté, laïcité et de Sororité en témoignant de leur amour de cette patrie devenue la leur par adoption ou par naissance!
Je pense à cette grande dame Mademe SIMONE VEILL échappant au massacre nazi, ayant vécu l’horreur des camps en cette période si sombre, ténébreuse et funeste que tous nous voudrions oublier sans jamais nous ne pourrions !
Réduisant bien trop souvent les femmes à un statut d’animal, de « simple utérus » ou d’objet d’expérience motifs pour lesquels on peut abuser et de faire ce que l’on veut d’elles.
Combien cette femme courageuse et tenace a fait changé le cours de l’histoire et le visage de la France d’après guerre massacrée et défigurée par les stigmates d’un passé douloureux mais qui ont contribué à la reconstruire en luttant pour des lois en faveur des femmes, dans le changement des mentalités afin que les femmes disposent pleinement de leur liberté de corps et d’esprit édifiant et contribuant à la loi sur le droit à l’avortement, contre les viols et à la création de la sécurité sociale française. Tout comme cette avocate juive instigatrice de la lutte contre les viols et les violences faites aux femmes!
Moi, je peux que parler de ces femmes françaises juives qui ont marqué le visage de la France comme notre sœur SARAH HALIMI qui par leur force, leur cœur, leur mental et leur détermination ont choisie de rester en France plutôt que de rejoindre Eretz Israël où elle avait toute leur place aussi.
Mais elles ont choisi la France qu’elles aimaient tant pour mener leur combat quotidien afin que changent les mentalités et dans le domaine de l’éducation et notre place dans la société française!Sarah Halimi, ce visage d’un quartier populaire où elle apportait son aide à tous ses frères et sœurs humains, dans l’humilité!
Aujourd’hui, je ne peux qu’avoir le coeur serré, révolté, attristé et lourd de cet avenir incertain et quand j’entends l’histoire de sa petite fille qui dans ses interrogations et dans sa petite tête d’enfant se demander pour qu’elle raison on a fait tant de mal à sa mamie.
Ce drame qui l’empêche de dormir et dont le noir et ténèbres de la nuit lui font peur ! Ne sachant pas où aller chercher sa mamie ou comment faire pour la voir. Mais qu’est ce qui s’est passé pour mamie se demande-t-elle sur les circonstances de son horrible disparition! Pourquoi tant de haine ?
Un pays qui se dit de droits des HOMMES ET DES FEMMES et de liberté si le a droit à l’explication, à la justice, à la reconstitution des faits n’existent et où dans ce cas, la loi ne protège alors plus les plus faibles!
Si la police ne peut pas et n’intervient pas pour nous défendre! Que devons-nous faire ?
Que dire à nos enfants sur ce qui arrivera demain au petit matin ?
Quand un individu en pleine force de l’âge et de force physique s’introduit chez nous commettre une telle violence et de barbarie inouïe et sans nom ayant ainsi droit de vie ou de mort sur une âme vivante JUIVE OU PAS!
Que dirions-nous a nos enfants ?
C’est pourquoi mes chères soeurs ! je vous invite cordialement à vous joindre à notre colère dans ce rassemblement pour une justice fasse d’un féménicide aggravé par l’antisémitisme et la vulnérabilité de la victime, force de loi. Pour que les choses evoluent vers un monde rempli de tolérance et de bienvaillance entre tous.
Pour d’autres futures victimes de cette barbarie de haine et dans son caractère mysogine, antisémite, xénophobe et totalitaire !
Texte de Ruth Grammens Lakowski et Audrey Maayan Zenouda- ZERBIB
Chers amis - je relaie ici un texte très fort de Me Patrick Klugman (Paris) concernant l'affaire Sarah Halimi.
Des marches de protestation sont organisées ce dimanche un peu partout en France ainsi qu'en Grande Bretagne, Israël et aux USA.
"Les derniers jours de mon pays? J’ai appris ce soir que mon confrère et ami Francis Szpiner allait porter le dossier Halimi en Israël.
La loi pénale israélienne s’est dotée d’une compétence pour connaître des crimes commis à l’étranger notamment lorsqu’ils ont eu pour effet de porter atteinte à la vie d’une personne de confession juive.
Quelle audace! Mais quelle tristesse...
Je vis cette annonce comme un deuil supplémentaire qui charrie en moi des pensées contradictoires. Évidemment, je pense à Herzl qui fonde le projet de l’Etat juif en assistant comme journaliste à la dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour des invalides, et écrivant: si cela est possible ici alors nous devons nous doter d’un foyer national juif.
Je pense aussi à cette belle phrase de Blum, en 1946, je crois, où il affirme soutenir la création d’une patrie pour les juifs qui n’auraient pas eu la chance comme lui de la trouver dans leur pays de naissance. Nous en serions là? En France? Le premier pays émancipateur des juifs en Europe?
Evidemment, je ne peux souscrire à cette forme de justice qui n’en serait pas une: juger un homme par hypothèse absent de son procès (la France n’extrade pas ses nationaux) dans une langue qu’il ignore, dans un pays dans lequel il n’a commis aucune infraction. Une telle justice ne réparerait pas une injustice. Peut-être même l’aggraverait-elle.
Et puis, quel apaisement pour la famille, quel éclaircissement nouveau sur l’affaire cela pourrait-il donner?
Néanmoins, je ne condamne pas cette démarche. J’en comprends la nécessité davantage que la finalité.
La justice a manqué dans cette affaire et c’est un crime dans le crime.
Car à la fin, le meurtre impuni de Sarah Halimi est une tâche de plus. Une beance supplémentaire pour la France que je vois chaque jour y compris par sa justice, sombrer et s’offrir à une candidate du rejet et du ressentiment aux prochaines élections présidentielles. Au sens propre, j’ai l’impression de vivre éveillé les derniers jours de mon pays, du pays qui m’a nourri et dans lequel j’ai grandi.
Un pays plus grand que lui même. Qui s’est donné une déclaration des droits de l’homme en préambule de sa constitution. Un pays qui offre à chacun sa chance et à tous, l’éducation et la santé.
Qu’en reste—t-il? Etant, je le confesse, perdu de mes certitudes de juriste et de citoyen, j’ai besoin de me retrouver. De nous retrouver nombreux et silencieux au Trocadéro ce dimanche.
Nous avons été trop longtemps à être seuls dans nos deuils. Nous devons être nombreux à être ensemble. J’apporte tout mon soutien à ce rassemblement en mémoire de Sarah Halimi et en remercie les organisateurs. Pk"
Lu sur Facebook
Richard Abitbol 21/4/2021
Gilles-William Goldnadel et Francis Szpiner ont pris acte avec consternation de la décision de la Cour de Cassation écartant toute sanction pénale contre le meurtrier de Sarah Halimi, meurtre dont le caractère antisémite a été établi.
Ils vont donc saisir la justice israélienne d’une plainte à l’encontre de Kobili Traoré, au nom d’Esther Lekover, soeur de la victime, citoyenne et résidente israélienne, en vertu de la loi pénale de ce pays qui dispose que la loi israélienne s’applique en cas d’atteinte à la vie d’un juif commise à l’étranger ( Articles 13 et 14 LP d’Israel ).
Maîtres Goldnadel et Szpiner déplorent d’être contraints de diligenter cette procédure, mais ils ne sauraient accepter un déni de justice qui heurte la raison et l’équité bien au-delà de la communauté juive de France
Dov Maïmon sur Facebook
Comme en 1940 et pendant l'affaire Dreifus, la France les abandonne au nom de la raison d'État. S'ils font une marche silencieuse, on les ignorera. S'ils se plaignent ils seront traités de porteurs de discours victimaire.
S'ils crient à l'antisémitisme on les traitera de paranos. S'ils dénoncent la police et la justice, on les traitera de mauvais citoyens.
S'ils cassent tout, on les délégitimera. Si par miracle Macron se prend de courage et fait voter une loi Sarah Halimi, on dira que le gouvernement est aux mains des sionistes et la marginalisation sociale rampante des juifs de France ira en s'accélérant.
Peuvent ils compter sur les défenseurs professionnels des minorités pour les protéger et demander une reconstitution du crime ? Vu la photo ci-dessous on ne dirait pas.
Si Israël n'existait pas, ils avaleraient leur honte en silence et comprendraient qu'ils sont sacrifiés pour éviter d'ouvrir le débat de la racaille antisémite.
Désespérés, ils se tournent vers Israël qui pourra faire un procès honnête et droit.
Le précédent à ce type de procès d'un crime commis hors d'Israël (le suspect était toutefois physiquement sur place par contre), c'est le procès Eichmann. Pas flatteur pour la France.
IL FAUT REDOUBLER D'INTELLIGENCE POUR LA MANIF DE DIMANCHE. IL FAIT TOUT FAIRE POUR QU'ON SOIT A LA HAUTEUR DES ENJEUX. IL FAUT QUE CETTE AFFAIRE NE SOIT PAS SEULEMENT UNE AFFAIRE COMMUNAUTAIRE.
Sylvain Halfon Dimanche 25 avril 2021
14h place du Trocadero
Tous ensemble pour Sarah Halimi qui n'aura peut être pas de procès, mais soyons tous présents pour montrer au monde que nous ne sommes pas des moutons.
ENSEMBLE NOUS SOMMES LA VIE
Dimanche 25 avril 2021
14h place du Trocadero
Tous ensemble pour Sarah Halimi qui n'aura peut être pas de procès, mais soyons tous présents pour montrer au monde que nous ne sommes pas des moutons.
ENSEMBLE NOUS SOMMES LA VIE
Pétition de la LICRA
En mémoire de Sarah Halimi 30 novembre 1951 – 4 avril 2017 & 14 avril 2021
Chers amis,
La Cour de Cassation a rendu hier son arrêt dans l’affaire Sarah Halimi. La décision, vous la connaissez, est terrible autant qu’elle est irrévocable: il n’y aura pas de procès et celui qui aurait pu comparaître devant une Cour d’Assises pour être jugé au nom du peuple Français restera inaccessible à la sanction pénale en raison d’une « bouffée délirante aiguë » au moment des faits et liée à la consommation de stupéfiants.
Si la justice s’impose à tous sans exception, elle ne saurait retenir notre douleur, une douleur qui flétrit l’âme et nous submerge de colère. Cette colère vient du silence qui résulte de cette décision. Aucun prétoire ne résonnera des plaidoiries des avocats des parties civiles pour dire combien Sarah Halimi manquera à sa famille et à ses proches. Personne ne viendra expliquer la mécanique antisémite qui a tenu la main de son bourreau islamiste. Personne ne viendra réclamer justice. « Un soir sans fin s’est imposé » (Paul Eluard) et désormais nous devons continuer le combat contre la haine des juifs, cette bouffée délirante aiguë multiséculaire qui a connu de nombreux variants mais qui produit toujours, les mêmes effets. Rien, désormais, ne serait pire que l’oubli succède à une justice impossible.
En votre nom, j’ai demandé à Madame Anne Hidalgo, maire de Paris, que la rue où Sarah Halimi a été assassinée parce que juive porte désormais son nom, afin que nul n’ignore le martyre de cette victime de l’antisémitisme et qu’à jamais, résonne son histoire dans l’esprit des passants et des habitants. Je prendrai d’autres initiatives, dans les prochains jours, avec nos partenaires publics, pour que nous soyons tous à la hauteur des enjeux et de la mémoire de Sarah Halimi.
Je vous invite à me soutenir et à m’épauler dans cette demande auprès de la Mairie de Paris en signant la pétition ci-dessous.
Fidèlement,
Mario Stasi
Président de la LICRA
Le Président Sammy GHOZLAN 01 77 38 49 44
COMMUNIQUE Le BNVCA,
Choqué par le fiasco judiciaire qui a mené à l’impunité du tueur dans le meurtre odieux et antisémite de Sarah Halimi, appelle à manifester à Paris, à Tel Aviv où le Président Sammy Ghozlan sera en tête de manifestation, à Los Angeles où le BNVCA sera également présent.
A Los Angeles, le Centre Simon Wiesenthal américain et son Président seront aux côtés du BNVCA qui, là, sera représenté par Frankie Perez. Dans tant d'autres villes des manifestations sont prévues, notamment à Marseille, Toulouse, Montpellier, Strasbourg, Bordeaux, Lille, Nice, Deauville, Eilat, New York, etc…
SOYONS TOUS PRESENTS CE DIMANCHE 25 avril 2021 à 14h (A Paris, Parvis du Trocadéro)
Le Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme, le BNVCA, ne se résigne pas à accepter l’impunité du tueur islamiste qui, en psalmodiant les sourates du Coran, a fracassé sa victime, Sarah Halimi, la juive, sa voisine qu’il insultait régulièrement.
Le BNVCA ne se résigne pas à la passivité des policiers, des hommes dédiés à protéger et à sauver, qui, là, à quelques mètres, sont restés sourds aux cris de douleur de Sarah Halimi.
Qui porte la terrible responsabilité de cette débâcle ?
Le BNVCA ne se résigne pas à accepter une instruction bâclée qui a mis plus d’un an à reconnaître le caractère antisémite de ce meurtre d’une part et par ailleurs n'a pas procédé à une reconstitution et s'est refusée à toute rencontre avec les avocats. Comment l’expliquer ?
Le BNVCA ne se résigne pas à voir une Chambre de l’Instruction qui n'a même pas pris la peine d'établir de notes d’audience, rendant impossible de retrouver la trace du revirement de l’un des experts qui, pour étayer la thèse de l’irresponsabilité, avait dans son rapport parlé de schizophrénie et qui revint sur sa déclaration en cours d'audience de la Chambre de l’Instruction, remettant en cause les fondements de tout son raisonnement.
Aucune trace de ce revirement majeur, dont il ne fut tiré aucune conséquence. Pourquoi ? Le BNVCA ne se résigne pas à ce fiasco judiciaire qui ébranle les fondements de notre société. La perte de confiance dans l’institution judiciaire est un drame national. Une fois de plus, les juifs sont aux avant-postes
Publié par brzustowski sur Terre des juifs
Cette mobilisation répond à la confirmation par la Cour de cassation de l’irresponsabilité pénale du meurtrier
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche en France et notamment à Paris, à l’appel de collectifs citoyens et de représentants de la communauté juive, pour contester l’absence de procès après le meurtre de Sarah Halimi en 2017.
Sous le mot d’ordre « Sans justice pas de République », les manifestants parisiens se sont retrouvés place du Trocadéro à l’initiative d’un collectif, « Agissons pour Sarah Halimi ».
Les messages « Pas de droit sans justice », « Justice défoncée ? » ou « Justice pour Sarah Halimi » étaient écrits sur des pancartes brandies dans la foule.
« La clameur est montée et l’espoir est revenu. L’espoir, c’est vous ici », a lancé à la tribune le frère de Sarah Halimi (ou Lucie Attal), William Attal.
Il a également révélé qu’un témoin a contacté ses proches vendredi pour révéler que l’assassin, Kobili Traoré et ses sœurs, qui étaient les voisins de Sarah Halimi, la traitaient de « sale juive » depuis des années.
William Attal a aussi rappelé que « Kobili Traoré allait depuis trois à six mois, cinq fois par jour à la mosquée salafiste Omar », qui se trouvait près du domicile de Sarah Halimi.
Des personnalités dont Yvan Attal, Pascal Légitimus, Alexandre Arcady et Cyril Hanouna ont témoigné de leur « solidarité » envers la famille Halimi et appelant à « changer la loi », via des messages diffusés sur un écran géant.
Cette mobilisation répond à la confirmation, le 14 avril, par la Cour de cassation, de l’irresponsabilité pénale du meurtrier de la sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, hospitalisé en psychiatrie depuis ce crime.
La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a entériné le caractère antisémite du crime, mais confirmé l’impossibilité de juger le meurtrier, compte tenu de l’abolition de son discernement lors des faits.
Selon les sept experts psychiatriques qui l’ont examiné, Kobili Traoré, gros consommateur de cannabis, était en proie à une « bouffée délirante » lorsqu’il a tué sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi.
La cour d’appel de Paris avait conclu à l’existence d’un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes au moment des faits, ce que la Cour de cassation a jugé conforme au droit.
L’impossibilité d’un procès a suscité une très forte incompréhension au sein d’une partie de la communauté juive française, ciblée par plusieurs attaques meurtrières ces dernières années.
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Lu sur Facebook : présents à la manifestation Mme Hidalgo, maire de Paris, candidate socialiste à la présidence de la République, Mme Pécresse, Présidente de la région Île de France, également candidate présentie à la présidence pour les Républicains. Arno Karlsfeld avocat, Arthur, Gad El Maleh artistes comédiens de renom et d'origine juive.
Position d'une amie, dont je partage les idées :
Moi non. Je suis allée à la première, bien sûr, dans l'émoi et la colère provoqués par cet assassinat terrible et antisémite.
Mais là, y aller pour quoi ? pour demander qu'on mette les fous en prison et plus en asile ? pour contester les décisions de justice ? pour traiter les magistrats français d'antisémites ? Pour demander une loi rétroactive ? ou, pire, pour demander qu'on juge aussi les fous ?
Bref, pour moi, aucun but à cette manif...
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Hier au Troca j’ai été ému de voir que BHL et Marek Halter sont toujours aussi jeunes et jolis. Le noir et blanc ça conserve.
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C'est pourtant simple : la Justice ne doit en aucun cas juger les fous. Mais Kobili Traoré, l'assassin de Madame Halimi, n'est pas fou. Consommer du haschisch ne fait pas de vous un fou.