Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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La Tunisie se rebiffe

«La Tunisie doit gagner la bataille de l'éducation»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Le 25 juillet 2021, le président tunisien Kaïs Saïed a limogé son premier ministre et gelé le parlement. Donia Kaouach revient sur le délitement progressif que connaît la Tunisie et sur l'importance que doit prendre l'éducation dans son rétablissement.

Par Donia Kaouach Publié le 30/07/2021 Sur Le Figaro Vox

«L'histoire est là pour nous rappeler que face au vide, ce sont les puissances les mieux organisées et non pas nécessairement les plus qualifiée qui prendront place.» AFP

Donia Kaouach est présidente du think tank Tunisiennes Fières et directrice générale de Leaders pour la Paix.

La Tunisie en déclin, la Tunisie ravagée par la crise sanitaire, coup d'État en Tunisie ou libanisation du pays? Le monde s'émeut de ce qu'est devenue la «Tunisie de Bourguiba» mais le monde comprend-il vraiment les ressorts de cette chute libre?

La Tunisie était en 1800 l'un des trois pôles de «la renaissance arabe», aux côtés de l'Égypte et du Levant, par la légitimité d'une construction constitutionnelle. Elle fut ensuite un modèle de progressisme social fondé sur l'éducation et l'émancipation de la femme musulmane. Enfin elle fut, très tôt, dotée d'une organisation politique et institutionnelle forte qui lui a permis de devenir 65 ans après son indépendance, la «seule démocratie du monde arabe», selon Gilles Legendre, auteur d'une remarquable biographie de Habib Bourguiba.

Que s'est-il alors passé? Telle est la vraie question. Que s'est-il passé pour que l'on en arrive aux attentats, aux assassinats politiques, au pugilat dans l'enceinte de l'assemblée des représentants du peuple, aux 19.000 morts du Covid, à la fuite des cerveaux, au départ massif de la jeunesse à bord d'embarcations de fortune et enfin, aux manifestations du 25 Juillet 2021 qui ont permis au Président de la République Kaïs Saïed de limoger le troisième premier Ministre, geler les activités du parlement et se donner un mois pour proposer une nouvelle feuille de route?

Au moment d'accueillir le printemps arabe (...) la Tunisie se retrouve orpheline d'une classe politique capable de lui offrir l'avenir qu'elle mérite. Le délitement commence alors.

Donia Kaouach

La réponse est sans appel: 23 ans de dictature ont à terme tué la vie politique, débranché les élites et acculturé le citoyen débouchant ainsi sur ce vide abyssal. Au moment d'accueillir le printemps arabe, ou plutôt l'avatar du printemps arabe dont on ne connaît pas à ce jour les causes réelles, externes ou internes, ou sûrement un peu des deux, la Tunisie se retrouve orpheline d'une classe politique capable de lui offrir l'avenir qu'elle mérite. Le délitement commence alors.

S'en suivra un recul sans précédent de la qualité de l'enseignement, remplacé bientôt par le religieux marqué au sceau du dogme extrémiste. La dernière digue à son tour cédera: l'administration tunisienne qui a permis jusqu'ici la continuité de l'État, s'est trouvée rongée par la mauvaise gouvernance et le délitement progressif de «l'autorité de l'État».

La crise que nous vivons aujourd'hui n'est donc que le reflet d'une crise plus profonde: une crise relative à la gestion du pays et à ses orientations fondamentales, un attentat contre l'éducation et le politique.

C'est dans ce contexte que le président de la République devra tenter un grand redémarrage: un nouveau chef du gouvernement, un nouveau code électoral et une révision de la constitution. Il dispose aujourd'hui du soutien le plus large de la population tunisienne exaspérée par ce cirque politique et endeuillée par les milliers de morts du Covid.

Nous occultons l'essentiel, la condition sine qua non du réveil tunisien: remettre au centre des priorités « l'éducation » du peuple et la formation des élites dirigeantes du pays. Donia Kaouach

Mais alors que les pronostics fusent sur le nom de la prochaine ou du prochain chef(fe) du gouvernement, sur le soutien ou non des Américains, des Français et du monde arabe à la démarche présidentielle, sur la troisième République nous occultons l'essentiel, la condition sine qua non du réveil tunisien: remettre au centre des priorités «l'éducation» du peuple et la formation des élites dirigeantes du pays.

La Tunisie ne doit pas se tromper de combat. L'éducation doit retrouver sa place, toute sa place. La vie publique doit s'appuyer sur un personnel politique formé et responsable bref une refonte éducationnelle totale du citoyen au décideur sans quoi tous les périls sont possibles. L'histoire est là pour nous rappeler que face au vide, ce sont les puissances les mieux organisées et non pas nécessairement les plus qualifiée qui prendront place.

Ceux qui affirment que le remède au «syndrome post-dictature» qui a frappé plusieurs pays du printemps arabe est une nouvelle dictature se fourvoient, du moins pour la Tunisie. Ils oublient la jeunesse tunisienne et ses aspirations, les femmes et le rôle historique qu'elles ont joué dans l'histoire du pays et les spécificités culturelles du pays.

Entre dictature et chaos, nous sommes capables de trouver la réponse appropriée à condition de prendre conscience que le véritable consensus ne se fera qu'autour de l'éducation, sans quoi rien de durable ne sera possible.

Donia Kaouach

De même que les démocraties occidentales doivent inventer de nouvelles formes de représentativité pour répondre à la colère de leurs opinions publiques qui se désengagent en s'abstenant ou se radicalisent en choisissant les extrêmes, le monde arabe doit à son tour dessiner les contours de son nouveau modèle politique. Entre dictature et chaos, nous sommes capables de trouver la réponse appropriée à condition de prendre conscience que le véritable consensus ne se fera qu'autour de l'éducation, sans quoi rien de durable ne sera possible.

Seuls les peuples qui ont su retrouver leur éducation ont gagné la guerre dans la Paix : l'Allemagne, le Japon ou encore la Corée du Sud.

Tous les efforts nationaux et internationaux à destination de la Tunisie doivent donc se focaliser sur cela. Réparer la vie publique, réconcilier le tunisien avec la conscience de sa citoyenneté, relever le niveau de l'éducation qui a connu une chute sans précèdent, gagner la bataille idéologique qui mène nos enfants à l'émigration ou à la radicalisation, voilà ce qui doit animer l'action politique pour les dix prochaines années, car le drame de l'éducation frappe les fondements même du pays et les frappe à très long terme.

Victor Hugo, dans son costume de parlementaire nous rappelait que «l'instruction c'est l'État qui la doit» et sans instruction point de salut pour la Tunisie.

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Le président tunisien renforce ses pouvoirs

La tribune de Genève   par AFP

Le président tunisien Kais Saied a officialisé le renforcement de ses pouvoirs au détriment du gouvernement et du Parlement, suscitant l’ire de l’opposition.

Publié: 22.09.2021, 23h42
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Le 25 juillet, Kais Saied, 63 ans, s’est arrogé les pleins pouvoirs en limogeant le gouvernement et en suspendant le Parlement dans lequel le parti Ennahdha, sa bête noire, jouait un rôle pivot.
AFP

Le président tunisien Kais Saied a formalisé mercredi son coup de force du 25 juillet en promulguant des dispositions exceptionnelles renforçant ses pouvoirs au détriment du gouvernement et du Parlement, auquel il va de facto se substituer en légiférant par décrets.

Ces dispositions, qui tendent à présidentialiser le système de gouvernement hybride encadré par la Constitution de 2014, ont suscité l’ire du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principal adversaire de Kais Saied, dans un pays miné par les divisions et les crises politiques successives ces dernières années.

Elles renforcent en outre les inquiétudes pour la pérennité de la démocratie en Tunisie, seul pays à avoir réussi sa transition démocratique après le Printemps arabe dont il fut le berceau en 2011. «Les textes législatifs sont pris sous forme de décrets-lois et promulgués par le président de la République», stipule l’un des articles décidés par Kais Saied et publiés dans le Journal officiel.

Le texte énonce aussi que «le président exerce le pouvoir exécutif avec l’aide d’un Conseil des ministres, dirigé par un chef du gouvernement». «Le président de la République préside le Conseil des ministres et peut déléguer sa présidence au chef du gouvernement.» Les prérogatives présidentielles énumérées dans le texte confèrent à Kais Saied le droit de désigner et limoger des ministres, nommer les diplomates en poste à l’étranger et procéder aux nominations dans la haute fonction publique.

«Mesures exceptionnelles»

«Le gouvernement est responsable de ses actes devant le président de la République», précise encore le texte. Dans le système en place régi par la Constitution de 2014 que Kais Saied souhaite amender, l’essentiel du pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement et les mesures annoncées mercredi font clairement pencher la balance du côté de la présidence.

Le 25 juillet, Kais Saied, 63 ans, s’est arrogé les pleins pouvoirs en limogeant le gouvernement et en suspendant le Parlement dans lequel Ennahdha, sa bête noire, jouait un rôle pivot. Il a prolongé ces mesures le 24 août «jusqu’à nouvel ordre». Nombre de Tunisiens avaient accueilli ces mesures avec enthousiasme car, exaspérés par leur classe politique, ils attendaient des actes forts contre la corruption et l’impunité dans un pays en graves difficultés sociales et économiques. Mais opposants, partis politiques, magistrats et avocats avaient dit craindre une «dérive autoritaire».

Kais Saied a annoncé mercredi la poursuite du gel du Parlement et la promulgation de «mesures exceptionnelles» pour «l’exercice du pouvoir législatif» et «l’exercice du pouvoir exécutif», qui font l’objet de deux chapitres de la Constitution, désormais suspendus de facto. Pour souligner le caractère transitoire de ces décisions, le décret présidentiel ajoute que Kais Saied «entreprend la préparation des projets d’amendements relatifs aux réformes politiques avec l’assistance d’une commission qui sera organisée par arrêté présidentiel».

«Zone à hauts risques»

«Ces projets de révision doivent avoir pour objectif l’établissement d’un véritable régime démocratique dans lequel le peuple est effectivement le titulaire de la souveraineté et la source des pouvoirs qu’il exerce à travers des représentants élus ou par voie de référendum», affirme le président dans l’un des décrets. Agir «au nom de la volonté du peuple» est devenu un mantra pour Kais Saied qui semble confiant de bénéficier de suffisamment de soutien populaire pour profondément modifier le système en place.

Lundi, depuis Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, le président a annoncé la prochaine nomination d’un nouveau chef de gouvernement «mais sur la base de mesures transitoires répondant à la volonté du peuple». Le «décret présidentiel» de mercredi indique «continuer de suspendre toutes les compétences de la chambre des représentants, de lever l’immunité parlementaire de tous ses membres et de mettre fin aux privilèges accordés au président de la Chambre des représentants et ses membres».

«Ce 22 septembre, la Tunisie a fait la transition d’un pouvoir démocratique vers le pouvoir d’un seul homme», a réagi sur Facebook Samir Dilou, un dirigeant d’Ennahdha. Un autre responsable du parti, Mohammad Al-Goumani, a accusé Kais Saied de «mettre en place une nouvelle constitution abrégée, se retournant ainsi contre celle de 2014 sur laquelle il avait prêté serment». «Il entraîne la Tunisie vers une zone à hauts risques.»

AFP

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La boîtede Pandore tunisienne

30 septembre 2021   par Dov Zerah     Atlantico

Des événements qui ont marqué le dernier été, il y a certes eu la débâcle afghane, mais il y a eu aussi le coup d’État en Tunisie, peu relevé par les médias.

En invoquant l’article 80 de la Constitution, le Président Kaïs SAÏED a, le 25 juillet dernier, démis le Premier ministre, avec qui il était en conflit depuis plusieurs mois. En contrevenant à ce même article, il a également suspendu l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qu’il ne peut dissoudre ainsi que l’immunité parlementaire de ses membres ; en effet, l’article 80 dispose que l’ARP est « en état de réunion permanente ». Sans aucun respect des règles procédurales, il s’est arrogé les pleins pouvoirs au prétexte d’un « danger imminent ».

Le texte stipule : « En cas de péril imminent menaçant l’intégrité nationale, la sécurité ou l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République peut prendre les mesures qu’impose l’état d’exception, après consultation du chef du gouvernement, du président de l’Assemblée des représentants du peuple et après en avoir informé le président de la Cour constitutionnelle. Il annonce ces mesures dans un message au peuple… Durant cette période, l’Assemblée des représentants du peuple est considérée en état de session permanente… »

En cherchant bien, il est possible de trouver :
  • Une situation économique catastrophique. Depuis le départ le 14 janvier 2011 de Ben ALI, la situation n’a cessé de se détériorer avec :
  • Un PIB de près de 30 Md$ contre un peu moins de 44 en 2010,
  • Un PIB par habitant en baisse de 4 140 $ en 2010 à 3 040 $ en 2021,
  • Une inflation annuelle qui, sur la décennie, est passée d’une tendance autour de 4 % à 5-6 %.
  • Un taux de chômage officiellement au-dessus de 17,8 %, mais un taux d’emploi (nombre de personnes qui ont un emploi rapporté à la population des 15-65 ans), estimé par les instances internationales à près de 40 %.
  • Une dette publique à plus de 100 % du PIB contre 39 % en 2010.
  • Un déficit constant des comptes extérieurs entraînant un triplement de la dette extérieure à plus de 35 Md€ en 2020,
  • Un taux de change à 3,30 dinar tunisien (TND) pour un euro aujourd’hui contre 1,92 TND à fin 2010.

Une lente dégringolade qui caractérise l’appauvrissement collectif. Le sous-investissement tant public que privé, les interminables grèves, la fuite des capitaux, la contrebande, le développement des exportations illégales, la diffusion de la corruption à tous les échelons de la société, le développement du secteur informel, les attentats terroristes …, ce sont les maux qui rongent la Tunisie.

  • Une crise sanitaire alarmante. Avec une moyenne de 150 morts par jour et un système sanitaire complètement dépassé, la Tunisie est un des pays d’Afrique les plus touchés par la pandémie ; la baisse du PIB de 9,1 % sur 2021, selon le FMI, ne va pas améliorer les choses et va accentuer les nombreuses fractures qui fragilisent la société tunisienne. La crise sanitaire a fait passer le taux de pauvreté de 15 à 25 % d’une population de plus de 12 millions d’habitants.
  • Une  sécheresse préoccupante. Mi-août, la température à Tunis a atteint un record, 48°, dépassant le précèdent de 1982, 46,8°. Au-delà des effets négatifs sur l’agriculture, un récent rapport de la Banque mondiale a présenté les effets du changement climatique sur les pays du Maghreb. Sur une population qui passerait de 195 millions d’habitants à 230 en 2050, 4,5 à 13 millions de personnes quitteraient les campagnes et viendraient accentuer la pression sur les systèmes urbains, sans oublier que ce seraient des candidats potentiels à l’émigration.

Quels que soient les drames occasionnés par ces difficultés, rien ne justifiait « le coup d’État constitutionnel » réalisé par le Président avec la complicité et l’aide de l’armée. Il n’y avait aucune atteinte à l’ordre public, aucun risque pour la sécurité de l’État.
De « quel danger imminent » le pays devait-il être protégé comme l’a prétendu Kaïs SAÏED ? De même, il a outrepassé les dispositions de l’article 80 en empêchant l’ARP de travailler en continu.

Étrange situation réalisée par un spécialiste de droit constitutionnel qui s’est fait connaître du grand public par ses commentaires sur la Constitution ! Avec « le coup d’État médical » orchestré par Ben ALI le 7 novembre 1987 conduisant à la destitution de Habib BOURGUIBA, la Tunisie fait preuve d’innovation politique.

Le recours à l’article 80 devait être limité à 30 jours. Deux mois plus tard, le Président a nommé un nouveau Premier ministre qui n’a pas été investi par le Parlement toujours en congés. Au fil des jours, s’est installé « une dictature constitutionnelle ». Le Président a engagé une chasse à la corruption, justifiant des restrictions aux libertés publiques ; sans aucune base juridique, les chefs d’entreprise et les fonctionnaires ne peuvent quitter le pays. La lutte contre la corruption est progressivement en train de se transformer en chasse aux sorcières et finira par entraîner des purges, dans l’Administration.

Il est loin l’espoir soulevé il y a onze ans, le 14 janvier 2011 avec la fuite de Zine El-Abdine Ben ALI.

Kaïs SAÏED est un personnage clivant. Il est favorable à la peine de mort, il n’hésite pas à fustiger l’homosexualité et à préconiser la remise en cause de l’égalité successorale entre frères et sœurs… Son opposition radicale à Israël le conduit à faire des déclarations à connotation antisémite alors que des membres de la petite communauté ont subi des agressions physiques. Il devrait réécouter le discours prononcé par le Combattant suprême à Jéricho le 12 février 1965 ; il avait osé déclarer : « …la politique du « tout ou rien » …nous a menés en Palestine à la défaite et nous a réduits à la triste situation où nous nous débattons aujourd’hui…Il faut que, de la nation arabe, montent des voix pour parler franchement aux peuples… »

Kaïs SAÏED risque de s’enfermer dans un système de plus en plus répressif, peu propice à l’instauration d’un climat de confiance indispensable pour le développement économique et l’attraction des touristes et investisseurs étrangers. Il devrait mettre à profit l’état de grâce accordé par le Peuple tunisien content de sortir de l’impasse dans laquelle Ennahdha et les frères musulmans ont mis le pays pour :

  • Faire élire une Constituante,
  • Faire voter une nouvelle Constitution remettant en place un régime présidentiel comme il le souhaite
  • Créer un nouveau parti
  • Organiser des élections législatives qui lui donnerait la majorité lui permettant de remettre le pays sur les rails…
  • Renouer avec la démarche économico-sociétal du Président Habib BOURGUIBA.

La Tunisie est un pays avec des ressources naturelles modestes : certaines cultures comme l’olivier, la vigne ou l’alpha, l’exploitation des phosphates, du pétrole en quantités limitées par rapport aux potentialités des voisins… Rien de caractéristique ! Partant de ce constat, le président Habib BOURGUIBA avait consacré toutes les capacités d’investissement du pays sur le capital humain, sur les infrastructures d’éducation et de santé, refusant les dépenses militaires et somptuaires.

Parallèlement,attant suprême avait mis fin en 1970 à l’expérience de socialisation accélérée sous la férule d’Ahmed Ben Salah, ; il avait alors choisi M. Hédi NOUIRA qui en dix ans a acclimaté le pays à l’économie de marché et l’a ouvert au commerce mondial. La Tunisie a ainsi connu ses « quarante glorieuses ». Ce modèle économique a entrainé une amélioration constante du niveau de vie, et la constitution d’une classe moyenne confortée par la libération de la femme et un début de sécularisation de la société.

Cette société civile a constitué le fer de lance de la révolution de 2010-2011, et devrait être le rempart contre tous les extrémismes. Kaïs SAÏED doit retrouver le chemin du développement économique pour conforter cette classe moyenne indispensable au fonctionnement de toute démocratie.

Ayant écarté du pouvoir les frères musulmans d’Ennahdha, son coup d’État n’est pas trop critiqué à l’étranger, à l’exception de la Turquie d’ERDOGAN. L’Occident n’ose reconnaître que cette situation tunisienne, tout comme la déroute des islamistes marocains aux dernières élections, le rassure. Néanmoins, il est peu probable qu’il se taise longtemps si était mis en place un régime policier autoritaire.

À défaut, il risque d’ouvrir la voie à un vrai coup d’État militaire, seule alternative pour sortir le pays de la crise.

Dov ZERAH  N° 264 : La boite de Pandore tunisienne

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La Tunisie se dote d’un nouveau gouvernement

SERMENT. Au lendemain d’une nouvelle mobilisation « anti-coup d’État », le président Saïed a validé la composition du cabinet de Najla Bouden, la cheffe de gouvernement. Ce cabinet de 23 membres, dont 8 femmes, a aussitôt prêté serment.

Par  (avec AFP)     Film

Onze semaines après l’éviction du précédent cabinet par le président Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet, la Tunisie s’est dotée ce lundi 11 octobre d’un nouveau gouvernement. En pleine crise socio-économique et sanitaire et après des mois de blocage politique, Kaïs Saïed avait invoqué en juillet un « péril imminent » pour justifier ses actions, dénoncées comme un « coup d’État » par ses opposants et des ONG.

La lutte contre la corruption en haut des priorités

« Le président de la République promulgue un décret nommant le chef du gouvernement et ses membres », a indiqué la présidence dans un communiqué, peu avant la diffusion par la télévision officielle de la cérémonie de prestation de serment.

Pour la première fois dans l’histoire du pays, le gouvernement est dirigé par une femme, l’universitaire Najla Bouden, mais celle-ci ainsi que son équipe jouiront de prérogatives considérablement réduites après le coup de force du président Saïed. Mme Bouden a été nommée le 29 septembre, plus de deux mois après le limogeage, le 25 juillet, du Premier ministre Hichem Mechichi par le chef de l’État, qui a également gelé le Parlement et pris en main le pouvoir judiciaire.

Dans un discours lors de la prestation de serment, Mme Bouden, 63 ans, a affirmé que « la lutte contre la corruption sera le plus important objectif » de son gouvernement, qui compte 25 membres, dont 9 femmes, outre sa cheffe. Elle a aussi affirmé que son équipe œuvrerait pour « redonner aux Tunisiens confiance en l’État » et « améliorer leurs conditions de vie ».

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Une capacité d’action limitée ?

L’annonce du nouveau gouvernement survient au lendemain d’une nouvelle manifestation à Tunis contre les mesures d’exception décidées par Kaïs Saïed, à laquelle ont participé au moins 6 000 personnes dans la capitale Tunis.

Après deux mois d’incertitudes, Kaïs Saïed a promulgué le 22 septembre un décret officialisant la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaurant des « mesures exceptionnelles » le temps de mener des réformes politiques, dont des amendements à la Constitution de 2014.

Lundi, Kaïs Saïed a réaffirmé devant le nouveau gouvernement que ses actions visaient à « sauver l’État tunisien des griffes de ceux qui le guettent, à la maison comme à l’étranger, et de ceux qui voient leur fonction comme un butin ou un moyen de piller les fonds publics ». « Ils ont allègrement pillé l’argent du peuple », a-t-il dit, sans identifier les parties visées par ses critiques.

En dépit de la nomination d’une Première ministre, c’est le chef de l’État qui sera le réel détenteur du pouvoir exécutif. Il présidera le conseil des ministres, en vertu de ses « mesures exceptionnelles » adoptées en septembre.

C’est la première fois dans l’histoire de la Tunisie, pays pionnier dans le monde arabe en matière des droits des femmes, que la tâche de diriger le gouvernement est confiée à une femme. Depuis la présidence de Habib Bourguiba, qui leur avait aménagé un code de statut personnel en 1956 interdisant la polygamie et la répudiation et autorisant le divorce, la Tunisie est considérée comme le pays du Maghreb à l’avant-garde pour l’émancipation des femmes.

Des militantes des droits des femmes ont salué la portée symbolique de la nomination d’une femme à la tête du gouvernement mais ont rappelé que Kaïs Saïed s’était par le passé illustré par des positions négatives sur l’égalité entre les sexes. Fin 2019, pendant la campagne électorale et une fois élu président, Kaïs Saïed s’est opposé à tout projet de loi mettant à égalité les hommes et les femmes dans l’héritage.

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Quelle feuille de route pour une reprise économique ?

Complètement inconnue du grand public au moment de sa nomination et dépourvue d’expérience politique, Mme Bouden n’a pas de compétences reconnues en économie non plus. Or l’instabilité politique du pays a largement pesé sur sa situation économique. Très endettée et dépendante des aides internationales, la Tunisie fait face à une profonde crise économique et sociale – chute du PIB, forte inflation, chômage à près de 18 % –, aggravée par la pandémie de Covid. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principale force au Parlement tunisien, suspendu depuis le coup de force du président Saïed, avait dénoncé comme « inconstitutionnelle » la nomination de Mme Bouden car elle « ne respecte pas les procédures constitutionnelles ».

 

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/tunisie-journee-de-vaccination-marathon-pour-tenter-de-repondre-a-la-crise-20210808