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Derière mise à jour
27-Sep-2024
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La Corse a été acheté à la République de Gène sous Louis XV, au grand dam de Paoli, le nationaliste qui luttait contre Gène dans l'espoir l'obtenir l'indépendance de l'île. Vaincu militairement, Paoli est parti en exil, et l'île s'est rapidement ralliée à la France qui lui assurait une certaine prospérité. En 1789 les Corses ont milité pour faire partie de la nation. En effet, Marseille était depuis des siècles la principale ville Corse au monde ! Même Paoli, s'est rallié à la France.
La Corse depuis 1975 est agitée par une montée du nationalisme, des groupuscules indépendantistes ont créé le "FLNC" Front de Libération National Corse, mouvement violent dont le nom faisait allusion au FLN algérien. Entre 1979 et 1998 on a dénombré 924 homicides ou tentatives, dont la moitié ont été élucidés, alors que sur le continent le taux d'élucidation est de 82 %. La tradition l'Omerta existe ici, elle a servi sous l'occupation où les juifs qui s'y étaient réfugiés ont été protégés.
Un rapport rédigé par le sénat en 1999 explique longuement que la violence sur l'île, est parfois lié à la mafia italienne ou locale. Les liens ambigus entre nationalistes et bandits posent problème, ainsi que le manque de coordination entre les services de l'État. Vous pourrez le lire ici, c'est un pavé qui mérite d'être lu.
J'ai travaillé à France-Télécom, et j'ai eu à m'occuper des lignes d'abonnées clandestines branchées sur le réseau, leur nombre était anormalement élevé en Corse, lorsque je m'en suis inquiété on m'a fait comprendre que c'était un sujet sensible, et qu'il ne fallait pas en parler, l'omerta, c'est aussi ça.
Le soir du 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude ERIGNAC, est abattu de trois balles dans le dos à Ajaccio, en Corse, alors qu'il se rendait au théâtre. C'était la première fois qu'un préfet était assassiné, le préfet rappelons le, est le plus haut fonctionnaire des départements, et à travers lui c'est l'État qui est directement visé. Tout le monde a condamné, mais l'enquête a été bâclée selon le rapport du Sénat. (page 134) . Il faut dire que les policiers en Corse sont à 95 % des insulaires, donc ont de la famille partout, et sont nécessairement "sous influence", alors que les gendarmes sont à 95 % des continentaux, c'est à dire déconnectés du milieu Corse. Cette situation est source de tension est n'est pas idéale.
Toujours est-il que sur dénonciation, la justice a inculpé Yvan Colonna comme instigateur de cet attentat. L'apprenant, il s'est caché dans le maquis, soigneusement protégé par les siens, mais il a fini par être pris, et traîné devant les tribunaux. Il s'en est suivi toute une série de procès, au cours desquels Yvan Colonna n'a cessé de clamer son innocence. Le 13 décembre 2007, le Corse est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Même verdict deux ans plus tard, lors d’un second procès. Et en 2011, lors de son passage devant la cour d’assises spéciale de Paris la justice l'a condamné définitivement suite à un faisceaux d'indices convergents, mais sans preuve véritable. Cette condamnation n'a pas convaincu les autonomistes corses.
Après un passage à la prison de Fresnes et celle de Toulon, Yvan Colonna est transféré à la prison d’Arles. Durant de longues années, sa femme a réclamé son transfert dans une prison corse. En vain.
On apprenait furtivement à la radio, le 2 mars 2022, qu'Yvan Colonna avait été agressé à prison d'Arles par un autre détenu, et qu'il était en état de mort cérébrale. Rapidement le discours a changé, Yvan Colonna était dans un état très grave, on chuchotait qu'il était mort, et qu'on attendait l'élection présidentielle pour le déclarer. En réalité, la mort a été constatée avant les élections, provoquant des réactions violentes et attendues en Corse. L'assassin est un codétenu français d'origine Camerounaise, musulman fanatisé. Il a déclaré aux enquêteurs :
« Il n’y a rien en rapport avec une entreprise terroriste, j’ai vu Yvan Colonna et j’ai agi sans penser au reste. Faisant référence aux magistrats devant lesquels il a été présenté, il ajoute se moquer qu’ils fassent l’amalgame (..) entre un acte de foi ou un acte de terrorisme. Vous êtes convaincu qu’il y a un mentor derrière avec des complices, sauf que moi je vous ai dit la vérité, je n’ai pas de mentor. Dès le départ […] je vous ai expliqué que ce n’était pas réfléchi et que je n’étais pas dans le djihad.
Yvan a tenu des propos blasphématoires envers Dieu, a-t-il dit dès sa première audition par les enquêteurs le 2 mars. Lorsqu’ils abordaient le sujet de la religion, Yvan Colonna se faisait le procureur de Dieu, a affirmé Franck Elong Abe. Il faisait des reproches à Dieu, il blasphémait, a-t-il ajouté en accusant le condamné pour l’assassinat du préfet Erignac d’avoir tenu des paroles offensantes cinq ou six fois sur les huit derniers mois.
Je considère que Dieu a frappé Yvan Colonna à travers mes mains. Dieu s’est servi de mes mains pour riposter contre celui qui a blasphémé, a-t-il répété. La veille, avant l’attaque, je ne savais même pas que j’allais le faire. Cela m’est venu d’un coup. Moi j’appelle ça le mektoub, le destin, quelque chose que vous ne maitrisez pas.»
L'opinion est unanime à s'interroger sur l'absence de sécurité à l'intérieur même d'une prison. Comment a-t-on pu laisser sans surveillance ensemble deux détenus qualifiés par l'administration de "DPS" (Détenus particulièrement surveillés) ? c'était par ce que les condamnés pour l'assassinat du préfet Erignac avaient ce statut qu'on ne pouvait pas les rapatriés à la prison non sécurisée de Borgo en Corse, où leur famille aurait pu leur rendre visite.
Tout ça pour ça !
En Corse, on n'a jamais cru en la culpabilité d'Yvan Colonna, on parlait de détenus politiques, et on parle d'assassinat volontaire de l'État français.
Les résultats des élections régionales donnent depuis plusieurs années une poussée importante des nationalistes, qui se divisent en deux : Autonomistes (majoritaires) et indépendantistes. Aujourd'hui, le président du Conseil Régional de Corse est un autonomiste, Giles Siméoni, élu à la majorité absolue. « Son engagement politique est fondé sur la reconnaissance des droits fondamentaux du peuple Corse, et la construction d’une société corse démocratique, émancipée, ouverte, et solidaire. Depuis son arrivée aux responsabilités, il porte pour principale revendication l’obtention d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice pour la Corse. »
La situation politique en Corse montre une défiance croissante vis à vis de la République qui ne fait plus envie. C'est une tendance très forte en Europe en ce moment, qui secoue l'Ecosse, la Catalogne la Sardaigne et bien d'autres territoires. Les nationalistes mentent et dressent l'opinion contre la République. Comment ose-t-on parler de détenus politiques alors qu'il s'agit d'assassins d'un préfet ?
Le crime est-il une opinion ? Les théories complotistes se portent à merveille, on accuse par exemple, aux Antilles le gouvernement de vouloir empoisonner les martiniquais avec le vaccin. Les dirigeants ont bien du mal à défendre le bon sens, tout le monde n'est pas capable de comprendre qu'ils ne sont pas infaillibles, qu'ils doivent obligatoirement prendre rapidement des décisions alors qu'ils n'ont pas toujours toutes les cartes en main.
Le 16 mars 2022, Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, est parti en Corse pour tenter d'apaiser la situation. Il part en disant qu'il est ouvert et qu'on peut même discuter de l'autonomie. La Corse pourrait être gérée comme la Nouvelle Calédonie, et faire ses propres lois. On sait que les revendications des autonomistes sont parfois incompatibles avec la constitution française, qui exige l'égalité entre les citoyens, or les autonomistes veulent limiter le droit à la propriété aux seuls originaires de Corse. Très bien, alors il faudrait interdire aux Corse d'être propriétaire sur le continent !
Le désamour pour la France s'est montré, lorsque des manifestations violentes, au cris de "La France Dehors" ont eu lieu suite à un film diffusé via internet , où on voyait que les CRS envoyés au cas où, pour maintenir l'ordre, chanter la marseillaise pendant les funérailles d'Yvan Colonna.". Pour le syndicat de police, «cette compagnie était en repos et ils ont mangé à l'extérieur car la météo s'y prêtait. Comme d'ordinaire, ils ont entonné de nombreux chants dont La Marseillaise, mais sans rapport avec les obsèques d'Yvan Colonna».
Depuis pas mal de temps, les gouvernements, y compris ceux du président-candidat Macron ont totalement négligé l'aménagement du territoire. Ils ont fait d'énormes bêtises sur ce point, par exemple François Hollande a voulu fondre l'Alsace dans le Grand Est, revigorant du coup le nationalisme Alsacien, qui se sent plus proche du Pays de Bade que de la Champagne.
Les événements de Corse peuvent donc s'étendre, et ce n'est qu'une conséquence du rejet de la République Française et de ses institutions, qui s'est aussi manifesté à travers le mouvement de gilets jaunes.
Notre République ne fait plus rêver, il serait temps que nos élus en prennent conscience.
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