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Dernière mise à jour
23-Déc-2025
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C'est le 24 février 2022 que Vladimir Poutine a lancé son "opération spéciale", en Ukraine. L'avance de l'armée Russe a été fulgurante, en quelques jours, elle atteint les faubourgs de Kiev. Malgré une défense héroïque Marioupol sur la mer d'Azov est occupée et annexée à la Russie, comme la Crimée, et les autres territoires occupés.
L'armée Ukrainienne s'est ressaisie, et a repoussé les Russes qui se maintiennent dans les quatre oblasts de l'Est, et en Crimée.
Depuis des années, le front s'est stabilisé, malgré des avances éphémères des uns ou des autres. Cette guerre ressemble à la guerre de 1914, avec la technologie moderne. Les drones sont les rois, et les tanks sont oubliés.

En trois ans, la Russie a légèrement avancé, et annonce régulièrement des victoires douteuses. Par exemple, Poutine a annoncé triomphalement la prise de Koupiansk, mais quinze jours plus tard, Volomidir Zélinsky, président de l'Ukraine, a été filmé visitant ses troupes dans des quartiers ouest de la ville. Le général Russe chargé du secteur a été limogé, et je ne sais pas s'il est tombé de la fenêtre du quinzième étage, comme le font habituellement les dirigeants russes tombés en disgrâce et de la fenêtre.
Les batailles sont surtout des batailles de drones, ces avions sans pilote télécommandés. L'Ukraine dispose aussi d'une artillerie moderne et mobile, dont des canons César français. Il s'agit de tirer sur un objectif précis, éventuellement très loin et de disparaître aussi vite que possible, car les radars ennemis et leurs servants envoient immédiatement des drones pour pilonner l'endroit d'où le tire est parti.
La Russie dispose d'une armée bien supérieure en homme que l'Ukraine, et est renforcée par des soldats Nords-Coréens. L'état major Russe est très peu économe de la vie de ses soldats. Au début il a recruté des prisonniers à qui on a promis remise de peine s'ils s'engageaient, mais cela n'a pas suffi, alors on a recruté des pauvres gens, qui habitaient la Sibérie ou des zones rurales isolées. Très peu de recrutement de moscovites, ou de Saint Pétersbourgeois, car les pertes sont énormes, on parle de plus d'un million trois cent mille tués ou blessés et plus de 250 000 soldats russes seraient morts au combat. Côté ukrainien on dénombrerait quatre cent mille victimes, dont entre 60 et 100 mille morts.
La Russie n'économise ni la vie de ses soldats, ni ses moyens financiers, toute son économie est tournée vers la guerre, la production massive de drones et de missiles. Sa stratégie est d'épuiser le peuple ukrainien en noyant sous des bombes et missiles toutes ses capacités d'énergie. Les usines produisant de l'électricité sont systématiquement détruites, plongeant les villes dans le noir, et empêchant les habitants de se chauffer, de s'éclairer, et même de disposer d'eau potable. La défense anti aérienne ukrainienne est dans l'incapacité d'arrêter les essaims de drones et de missiles tombant simultanément sur la même cible. Pourtant les États unis ont fourni des systèmes antimissiles "patriot", et l'Ukraine fabrique elle-même des drones et des missiles.
L'Ukraine est aujourd'hui en mesure d'abattre environ 90 % des drones russes, même les jours de barrages massifs, comme le 7 septembre 2025, lorsque Moscou a lancé sa plus grande attaque contre l'Ukraine, en tirant 810 drones de type Shahed. Elle souhaite aujourd'hui exporter ses drones afin de pouvoir financer son effort de guerre.
Les relations entre Donald Trump et Vladimir Poutine sont anciennes, dès l'année 1970, Trump a été remarqué par la SPD, filiale du KGB soviétique, en 1987, il a été invité à Moscou, qui faisait à l'époque un gros effort de recrutement d'amis étrangers dont des hommes d'affaires. (*)
Après les années 80, il a été plusieurs fois au bord de la faillite, et de l'argent russe est venu à son secours. En 2008, par exemple, un oligarque russe a racheté sa résidence de Palm Beach, pour 95 millions de dollar, alors qu'il l'avait acheté quatre ans au paravent pour 40 millions de dollar, le sauvant une fois de plus de la faillite.
Dès 1987, il montre ses ambitions politiques, il est alors invité en URSS, et à son retour, il s'offre alors pour cent mille dollar une lettre dans les trois plus grands journaux américains, pour dire qu'il faut cesser de financer les autres membres de l'OTAN.
Poutine probablement méprise Trump, mais il le craint, car il sait à la tête de l'économie la plus puissante au monde, donc il agit avec beaucoup de diplomatie.
En fait, Trump envie Poutine, car il a vraiment le pouvoir, et son but est de s'imposer, de transformer les États Unis pour un faire un état peut être autoritaire, mais sûrement autocratique, comme la Russie. Voir pour cela la réforme de la cour suprême, et je ne peux m'empêcher de voir ici un point commun avec Benjamin Netanyahu. Poutine et Trump, mêlent autocratisme et affairisme, car ils pensent que là est la puissance.
Pourtant, lors de son premier mandat, Trump a sanctionné la Russie. Cela s'explique, car la société américaine, et les gardes fous de l'ancienne administration étaient très puissants et pro ukrainiens. Mais il semble bien avoir changé de position lors du second mandat, car il s'est débarrassé des opposants à sa politique. Les interventions russes pendant les campagnes présidentielles américaines sont patentes, à défaut d'être décisives. Poutine multiplie les "trolls", et sur les réseaux sociaux diffusent de fausses nouvelles. Trump et Poutine travaillent ensemble à affaiblir l'Europe, en soutenant les partis "nationalistes", comme le Rassemblement National en France, ou l'AfD en Allemagne.
Donald Trump rêve d'obtenir le prix Nobel de la Paix, il a obtenu un cessez-le-feu à Gaza, et établi un projet de paix que je soutiens sur le fond, mais qui est très difficile à réaliser. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une trêve fragile, les deux protagonistes ne le respectent que du bout des lèvres sans vraiment y adhérer.
Alors qu'il avait promis de faire cesser la guerre en Ukraine en vingt-quatre heures, le président américain a dû mettre beaucoup d'eau dans son vin, et vient de faire une proposition en 28 points pour mettre fin au conflit.
Ce projet est une simple capitulation de l'Ukraine, il aurait été rédigé à Moscou, puis traduit en anglais, en effet, dans la formulation on a trouvé un «russisme» une mauvaise traduction du russe en anglais ! (voir ici le document complet)

Mais face à cette capitulation, les Européens, en particulier Emmanuel Macron, président de la France, Friedrich Merz, chancelier d'Allemagne, Keir Starmer premier ministre anglais ont rédigé avec le soutien de Volodimir Zelinsky une contreproposition également en 28 points que vous trouverez ici en anglais, et ici en français.

En résumé :
Cette guerre qui dure depuis plus de trois ans épuise les deux belligérants. Chacun des deux explique que l'autre est au bord du précipice, et qu'il doit capituler. L'Ukraine est noyée sous les bombes qui frappent avant tout ses centrales électriques, privant de grandes villes comme Odessa de chauffage en plein hiver, mais aussi d'eau potable, et de tous les services indispensables à une grande ville.
La défense de l'Ukraine dépend pour moitié des armes américaines, les États-Unis ont donc des moyens de pression énormes sur l'Ukraine. Toutefois le pays résiste grâce à l'appui européen, en particulier des autres voisins de la Russie qui se sentent menacés, comme les pays qui bordent la mer Baltique. L'Ukraine développe une industrie de guerre, fabrique ou améliore des drones, et dispose toujours d'un soutien financier très important de l'Europe, dont le PIB est bien supérieur au PIB Russe.
Le moral en Ukraine, malgré les efforts énormes de guerre reste bon, mais le peuple souffre et aspire à un retour rapide à la paix.
Produit Intérieur Brut en 2023
Allemagne : 4,5 Billion$
Royaume Uni :3,3 Billion$
France : 3,0 Billion$
Russie : 1.9 Billion$
La situation économique de la Russie n'est pas catastrophique, les sanctions l'empêchent de vendre son pétrole à un prix décent, et l'Inde et la Chine profitent de l'occasion pour s'alimenter à bon compte.
Les chiffres de l'inflation, (10 % début 2025, 6,5 % en novembre) comme le déficit budgétaire (5.1 % du PIB) sont modérés.
Des sources ukrainiennes disent que la logistique Russe ne suivrait pas, désorganisée par les attaques de drones, et que le nombre de victime Russe serait cinq fois supérieur à celui dont souffre l'Ukraine.
Mais l'opinion Russe est bien sous contrôle, et jusqu'à présent, supporte le nombre impressionnant de victimes de guerre. J'ai donc l'impression que la Russie a les moyens de continuer la guerre encore un certain temps.
Alors, on peut penser que la Russie restera gagnante à ce jour, et que l'Ukraine tentera de limiter les dégâts. Lâchée par Donald Trump, il est probable qu'elle doive céder des territoires pour mettre fin à l'offensive actuelle, et ce ne sera pas un gage de paix. Seulement une occasion pour souffler un peu, et pour reconstituer ses forces, en attendant que la Russie décide de reprendre l'offensive.
Plus que des territoires, la Russie a besoin d'avoir à ses frontières des régimes vassaux et autoritaires. La contagion démocratique est la principale hantise du maître du Kremlin.

Aussi longtemps que le régime de Vladimir Poutine dominera la Russie, ce pays sera un danger pour tous ses voisins. Poutine n'a jamais respecté ses engagements, on ne voit pas pourquoi il les respecterait aujourd'hui. Mais si la Russie perdurait dans sa course militaire folle, elle pourrait finir par s'effondrer, et perdre le contrôle de l'extrême orient Russe au profit de la Chine qui déjà la pénètre grâce à une immigration mal contrôlée.
La Chine a aussi des appétits impérialistes ! elle se souvient que ce sont les Tsars qui lui ont arraché des territoires aujourd'hui sibériens, et elle est bien plus puissante que la Russie.
Michel Lévy