Les
réalistes espèrent
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Le 16 décembre 2003 Yossi Beilin et Yasser Rabbo sont venu présenter le protocole d'accord dit "De Genève". Les participants étaient venu à Paris pour chercher l'appui des Français afin de faire pression sur leur opinion respective qui aujourd'hui est sceptique. La tiédeur des mouvements militants de la cause palestinienne et le silence des représentants religieux interpelle. Un vaste front laïque se constitue, il englobe des mouvements issus de l'immigration nord africaine. L'ambiguïté de la partie concernant le "droit" au retour des réfugiés est dès à présent source de difficulté pour interprêter ces accords. PS : Actualité des accords : 3/3/2005 Un site en anglais, hébreux, arabe russe, mais pas en Français se consacre à la l'actualité des accords : http://www.geneva-accord.org/HomePage.aspx?FolderID=11&lang=en Vous y trouverez le projet de frontière et aussi un article où Yossi Beilin et Abdel Rabbo signent ensemble contre la barrière de sécurité.
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Mardi
soir, nous étions des centaines, nous étions des milliers pour tâcher
d'entrer, à la Mutualité. Le portique de sécurité à franchir, des pièces qui sonnent partout, une heure d'attente en tout, on papote avec les voisins, enfin, et ça y est, nous étions tous assis, 2 à 3000 personnes, car la salle était archi comble. Nous étions tous là pour soutenir le pacte de Genève, à l'appel de nombreuses organisations, réunies dans le collectif "Deux peuples, Deux États" dont le journal Marianne, et "La paix maintenant". Qui étions nous ? une foule a forte proportion juive laïque, peut être 50 %, cela se remarquait par le faciès, et aussi par les conversations entendues de ci de là, les autres personnes n'étaient généralement pas d'origine arabo- berbères. Le
public ressemblait aux organisations ayant appelé à la manifestation.
Avant tout laïques. On ne voyait pas de signe |
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Ruth
Elkrief a inaugurée la séance,
fière d'être ici, en rêvant tout haut que l'histoire puisse un jour
faire marche arrière, en effet les réconciliations sont possibles, la
preuve Rachid Arhab était là, donc
si l'audio visuel public et privé réussissent à se parler, alors tout
est possible ! Rachid a enchaîné en expliquant que nous sommes tous très
inquiets en moment, aussi bien pour le Proche Orient que pour la France, où
se développe un antisémitisme. (Applaudissements) Ce point a été
développé ensuite par Maurice Szafran
du journal Marianne :
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Patrick
Klugman, ancien président des étudiants juifs, auteur du
livre "Le sionisme expliqué à nos potes", justifie cette réunion.
"Ce n'est pas un souffle lyrique qui nous pousse ici, mais nous en
avons marre du conflit, il nous a démotivé, démoli, et nous nous
sentions seuls." Avec Malek Boutih, nous
avons dit que nous étions sionistes et pro palestiniens, on nous a traité
de fou, et les fous ici sont 2000 ! Dans cette salle où tant de
cris de haine ont été lancés, nous voyons aujourd'hui que des gens
pragmatiques et de bon sens ont décidé de reprendre l'initiative. Nous
avons chassé des tribunes les excités et les extrémistes, ce soir les
modérés reprennent la parole.
Le micro passa rapidement a Dominique Sopo, l'actuel président d'SOS racisme. (Ce mouvement a éprouvé quelques difficultés financières et ses rapprochements avec le parti socialiste n'ont pas plu à tout le monde. Vu son site internet, il ne semble pas très puissant. ) "Genève est un bol d'air" dit-il, on peut enfin sortir de cette alternative, où le soutien qu'on apporte à un peuple se mesure la haine qu'on porte à l'autre. C'est un moyen de pression sur les hommes politiques. certains veulent montrer que tous les arabes sont antisémites, et que tous les juifs participent à un complot mondial et on constate que certains «pacifistes» sont silencieux par rapport à cette initiative. (Applaudissements ! ) Ndlr : Il faut
noter parmi les nombreux absents l'UFJP
(L'union Française des juifs pour la paix qui est de toutes les
manifestations pro-palestiniennes. L'UFJP apporte un soutien sans réserve
à la dynamique de paix, mais juge les modalités insuffisantes. Le CAPJO
(comité d'Action pour une paix juste au Proche Orient) dont des membres
ont tabassé de jeunes juifs en marge d'un manifestation contre la guerre
en Irak, La Ligue des droits de l'homme
qui confond le combat pour la paix avec le combat pour l'islam ! La LICRA
et le MRAP n'étaient pas
non plus parmi les signataires. La France peut apporter un message de fraternité, SOS racisme prendra des actions fortes pour faire progresser le programme de Genève. |
(Rachid Kaci est membre du comité de soutien aux accords de Genève)
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Rachid Kaci, président du mouvement des musulmans laïques, d'emblée annonce qu'il ne faut pas parler que Juifs et d'Arabes, mais de Juifs et musulmans, car il y a confusion du religieux et de l'ethnique, j'apporte, dit-il mon soutient complet aux deux peuples qui sont épris de paix et de liberté.
Jadis, chaque puissance venait
courtiser le partis en place en leur proposant leur "plan de
paix", celui ci est signé sans appui
d'aucune puissance étrangère. Les
français sont épris de liberté et de laïcité (applaudissements), Genève
est porteur de lumière, car nous nous
distinguons par nos idées et non par notre appartenance, la
virulence des propos tenus contre Genève dans les deux camps par les extrêmes
montre la justesse de la cause ! |
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Alain
Finkelkraut prit ensuite la parole, lentement, en vrai
professeur, depuis trois ans, dit-il, ce n'est pas la première fois que
nous nous mobilisons les uns avec les autres autour du conflit, c'est la
première fois que nous sommes réunis pars l'espoir. Espoir fervent, mais
non béat, les discussions ont été pénibles, car tous les problèmes
ont été évoqués, et pour une fois, la droite a perdu le privilège du
réalisme. Sharon a été élu car nous n'avions plus de partenaire, Arafat ayant déclenché l'intifada alors que les négociations pouvaient aboutir, mais il y a quelque jours, le chef d'état major israélien, un dur parmi les durs, a rompu le silence pour mettre en cause la responsabilité israélienne dans l'échec d'Abou Mazen. Sharon prévient l'émergence d'un partenaire dont il ne veut pas ! Pour cela laisser le monopole des négociations au gouvernement est contestable. A Genève on a négocié pied à pied les conditions du divorce, les frontières, et de façon réaliste. Mais aussi nombreux que nous soyons ici à apporter notre soutien, le projet ne pourra devenir réalité que si une forte minorité d'israéliens et de palestiniens le reprennent à leur compte. Rien n'est acquis, Yasser Rabbo est considéré comme un traître par les siens, si la partie arabe exige encore le retour des réfugiés palestiniens ce sera à nouveau l'échec et la guerre. (mouvements divers, huées de certains). Ndlr : et pourtant ce point est fondamental, si on accepte le droit de retour des palestiniens, on arrive de facto à un état bi-nationnal, donc on sort du principe de deux états pour deux peuples. Or comme on le voit à la page des réactions, il reste une ambiguïté sur ce point, qu'Alain Finkelkraut a eu raison de soulever. |
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David
Grossmann
est un romancier israélien, qui avait prédit les deux intifadas
dans l'espoir vain de les empêcher. Il explique sa démarche, nous
sommes simplement des gens qui en ont marre de la guerre entre nous. Nous
ne voulons pas rester à ne rien faire pour être les otages des
fondamentalistes. L'OLP est sur le point de s'effondrer, alors, que
va-t-il se passer ? - Soit Israël ne sera plus un état juif, - Soit Israël ne sera plus un état démocratique. Ce qui est vital pour nous, c'est : - Vivre sans menace existentielle, l'ombre de la mort plane sur nous, je ne sais pas ce que c'est que vivre sans danger. - Vivre autrement qu'en courant de catastrophe en catastrophe - Pouvoir nous explorer, savoir ce qui existe en notre être, élargir nos horizons. - Savoir enfin avec la paix, si nous sommes capable de nous libérer de notre anxiété héréditaire. - Être enfin un peuple parmi les peuples, et non plus un concept, ni un démon. Nous espérons un état juif, démocratique sans l'ombre de l'extermination. Chacun mérite cette chance. |
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Samir
Rantisi a son tour monte à la tribune, c'est le coordinateur
de la coalition palestinienne pour la paix. Vu le site web, cette
coalition n'a pas l'air en très bonne santé. Depuis douze ans, je
me suis occupé de guerre, et maintenant, je vois que a guerre est plus
facile à faire que la paix,. Ce pacte signifie que pour la première fois
on dispose d'un plan clair, articulé dans une langue commune.
Il permettra aux deux peuples d'avoir un avenir plus heureux.? Nous sommes témoin depuis la paix avec l'Égypte que tout le monde critique ce projet, ceux qui l'ont critiqué savent que cela va contre les agendas des extrémistes des deux bords . Certains disent "Genève n'amène pas à une justice absolue pour notre peuple", mais moi je demande, "où y-a-t-il eu une justice absolue dans l'histoire" ? Nous vous demandons de nous soutenir, nous palestiniens, et nous israéliens. |
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Bernard
Henri Lévy est arrivé en même
temps que les héros de la fête, comme une grande vedette, entouré de
caméras, d'un air décidé il s'est emparé du micro, un véritable
tribun, presqu'un bateleur de foire !
Ce sont des
patriotes, de leur peuple qui ont fait des constats très simples : La paix est avec eux ! elle est dans cette salle ! |
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Yossi
Beilin est alors monté à la tribune, c'est
un véritable schtrumpf à lunette qui m'est apparu, jeune, froid,
et sans emphase, "Nous avons eu à midi un entretien très
intéressant avec le roi du Maroc", dit il et puis nous venons d'atterrire
en France, et à notre plus grande surprise un groupe de gens nous
attendait à l'entrée de la salle en nous criant "traitre ! traitre
! ". Yasser Rabbo et moi ne savions pas à qui ces propos
s'adressaient, probablement aux deux, car il existe un traité informel,
un accord entre les extrémistes des deux bores pour empêcher la paix.
Ils disent, "vous voyez, il n'y a pas de partenaire", et nous,
nous prouvons le contraire.
Au
début de l'intifada, j'ai vu un ami palestinien qui m'a dit "- Je
n'envoie plus mes enfants à l'école.
Le
message que nous vous envoyons est simple : Vous
n'avez plus à choisir entre être pour Israël ou pour Palestine, votre
signe d'amitié est d'encourager la paix. |
Amos Oz
: pour un divorce à
la tchécoslovaque Les promoteurs du plan de paix de Genève ont le soutien actif des trois plus grands écrivains israéliens : David Grossman, A. B. Yehoshua et Amos Oz. Pour ce dernier – qui signe ces jours-ci un essai chez Gallimard rien ne semble plus urgent qu'un «divorce honnête» entre Israéliens et Palestiniens. Il s'en explique dans LeFigaro. |
C'est
en véritable tribun que Yasser Abed Rabbo
a pris la parole, nous sommes très heureux dit-il pour commencer, de voir
ici les représentants des partis politiques français. Merci beaucoup
d'être là pour la paix. Merci aux communautés juives et musulmanes qui
se sont réunies ici pour la paix. Nous voulons voir se développer la l'esprit de la lutte contre l'occupation, et contre le terrorisme. Avant, les étrangers venaient chez nous, et nous disaient, "Voici mon plan", aujourd'hui, c'est nous même qui avons bâti notre propre plan ! Les extrémistes ont cherché à nous prouver que nos aspirations n'étaient pas conciliables, c'est faux ! elles se compètent. Ils ont essayé de prouver que la Palestine indépendante était dangereuse, c'est faux, c'est la poursuite de l'occupation qui est dangereuse ! On construit un mur autour des palestiniens pour éviter un accord, on parle de créer de véritables "bantoustan", ce ne sont que des solutions partielles qui n'amèneront pas la paix. La seule solution suppose le retour aux frontières de 1967 et des garanties internationales. Nous ne serons pas trompé par des mesures partielles.
Le
but de notre action est d'aider les négociations à se remettre en place,
nous ne cherchons
à remplacer personne,
et nous ne
prenons pas la place des gouvernants. |
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Lorsque
Laurent Fabius s'est levé, la salle a
commencé à se vider ! au fur et à mesure du défilé des hommes
politiques, l'heure avançant beaucoup ont éprouvé un besoin urgent
d'aller se coucher, ce fut dommage, car les interventions étaient
intéressante, et la politesse eut exigé un minimum d'attention pour ces
personnages qui dirigent notre pays. Je souhaite dire aux signataires du Pacte de Genève, que nous sommes à leur côté, on dit que la politique a besoin d'ambiguïté, votre démarche montre le contraire. Certains qu'on aurait aimé voir ici ne se sont pas associé, il faut leur demander "Pourquoi refusez vous le pacte de Genève ? ". La France doit prendre position, et nous nous serons là pour vous aider dès lors que vous avez choisi le chemin de paix. On nous a tellement habitué à choisir les uns contre les autres, mais cette fois, on peut choisir les deux ! On ne pourra plus s'abriter derrière le conflit israélo-arabe pour justifier l'injustifiable ! |
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Le
député UMP d'Indre et Loire, Renaud Donnedieu
de Vabres a fait un discours un peu long, mais il possède un
site perso de très bonne facture, sur lequel il a placé son discours, un
peu long par rapport aux autres orateurs. En cliquant sur
l'image à droite, vous aurez donc droit à l'intégralité de ses
propos. Au nom de l'UMP, dit-il " "je vous dit
bravo !" .. " Monsieur Yasser ARAFAT, Monsieur Ariel
SHARON, Nous sommes ce soir plusieurs milliers de citoyens de France à
vous demander de faire table rase du passé. Nous sommes déterminés à
nous mobiliser pour que vous donniez une chance à la paix comme
d’autres l’ont fait avant vous. " Un peu d'humour
involontaire, lorsque le député dit que Jérusalem lui évoquait une
ville provençale, la salle rit bruyamment, ce passage a été biffé de
son compte rendu sur le web ! Après avoir justifié point par point les acquis de l'accord, il conclut "Rendez vous l’année prochaine à Jérusalem pour la signature d’un accord de paix définitif entre Israéliens et Palestiniens sous l’égide et la protection des Nations" Unies" |
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Fadela
Amara monta sur la tribune sous un tonnerre d'applaudissements,
j'ai vu, dit-elle des images déshonorantes du Proche Orient, toujours du
sang et des armes pour les deux peuples. Les femmes doivent être les
combattantes de la paix. J'ai toujours été solidaire des palestiniens,
et nous savons que ce sont les mères qui souffrent, nous savons aussi que
les ennemis de la paix sont partout. Nous n'accepterons pas que les jeunes des cités soient instrumentalisés par les ennemis de la paix. Nous devons enseigner la paix dans nos cités, car le spectre de la haine menace. Elle conclut en s'excusant de son hébreux approximatif : "Naassé, ve Nichma ! " (Ndlr : traduction: nous ferons et nous écouterons, nous ferons puis nous étudierons pourquoi nous l'avons fait, c'est par cet engagement que les enfants d'Israël ont accepté le don de la Thora selon l'exode. On rejoint un peu la pensée de Pascal, "faites semblant de croire et vous aurez la foi", ou le proverbe, "l'amour, c'est comme au régiment,il ne faut pas chercher à comprendre ! " ) |
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Ensuite monta à la tribune
Dominique Voynet, des verts dont les propos très consensuels,
ont repris les précédents, mais perturbé par le bruit des gens
qui s'en allaient les uns après les autres, et par la fatigue, je n'ai
pas bien pu suivre... Francis Wurtz
du parti communiste, a affirmer qu'il était du devoir des communistes
d'apporter un soutien aux signataires de ce pacte, mais il a quelque peu
dérapé, en parlant de la nécessité de libérer la Palestine !
enfin, la soirée s'est terminée par une allocution de François
Bayrou . Ce conflit, dit-il intéresse au premier chef notre
conscience d'humain, car il fait naître l'espoir, Merci conclut-il, vous
n'êtes pas tout seuls, il y a des millions d'habitant de bonne volonté
qui se reconnaissent dans le chemin que vous avez tracé.
La soirée se termina sur cette phrase, longuement applaudie par la bonne moitié de courageux qui étaient restée jusqu'au bout. Le retour vers le métro m'a donné l'occasion de discuter avec d'autres personnes venues comme moi pour s'informer, et nous avons spéculé sur les chances de réussites d'un tel projet. Effectivement, elles existes mais ne sont pas très très forte, une présence remarquée de musulmans dans l'assistance nous aurait rendu plus optimistes. Toutefois, tout
le monde n'approuve pas ces accords, les arguments
contre le protocole de Genève que j'ai pu recueillir de ci de
là font l'objet d'un autre article, à lire absolument pour tout
comprendre. Michel Lévy |
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