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07-Déc-2024
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6 octobre 2003 par Daniel Biro Walker
Publié le 6
octobre 2003
Le présent mail est un peu long. En résumé, il part de quelques morceaux d'histoire personnelle pour se continuer sur des réflexions sur : la judéité, le droit des juges de la judéité, les femmes non juives, la discrimination raciale, le racisme orthodoxe, ...
Je
n'ai pas encore glissé dans le texte les références exactes qui
autoriseraient des évolutions, mais pour ceux que cela intéresse,
"le judaïsme libéral" de Pauline
Bèbe (ndlr : Voir aussi dictionnaire
des femmes et du judaïsme du même auteur, sa communauté est la CJL) donne de nombreuses références.
Ces réflexions ne sont pas abouties, il
s'agit de pistes, de débats que je vous soumets dans l'espoir qu'à la
lueur de vos questions, réponses, ... je pourrai produire petit texte
propre à clarifier les choses (pour moi et peut-être quelques autres)..
Le
film le tango
des Raschevski a agi sur moi comme un détonateur, car j'y ai trouvé
l'expression tendre de nombreuses choses qui habitaient mon coeur et mon
esprit. De même, ma femme m'a aidé à porter un regard d'amant sur des
questions que l'esprit peine à résoudre. N'oublions jamais que le
cantique des cantiques n'est ni une responsa, ni un commentaire du
commentaire du commentaire ....
Juif
né d'une mère non-juive, pas circoncis et christianisé, j'ai rejoint le
DROR dans mon adolescence, après la guerre des 6 jours qui sûrement réveilla
des sentiments enfouis dans le coeur de mon père. Puis, jeune adulte, la
vie m'a gardé en France et j'ai vécu comme un "français d'origine
juive". J'ai épousé la femme que j'aimais, mes enfants devinrent français,
avec des prénoms français, un baptême républicain et un accueil
catholique. Mais j'avais peint sur ma maison le mot shalom, ainsi que les
trois signes : l'étoile juive, la croix et le croissant.
Plus
tard, en 1993, vivant dans la cité internationale de banlieue Evry, j'ai
entrepris un chemin, non de techouva,
mais de conscience, de clarification et de développement
de ma judéité. Chemin maladroit, sinueux, difficile, semé
d'erreurs, de désillusions, mais aussi d'apprentissages, de joies et de
croissance individuelle.
En 1994, je crois, j'ai participé à un séder laïque organisé par la
toute jeune UJFP. Une étape fut close cette année 2003 lorsque je participai au séder de la communauté de Dijon.
Je
sais aujourd'hui que, membre de la communauté, loyal et correct, juif de
coeur et d'esprit, je serai toujours et d'abord un français, marié à
une française que j'aime avant tout, et père d'enfants français qui
fonderont les familles qu'il leur plaira avec les femmes ou les hommes
qu'ils aimeront.
Je
sais aussi que je resterai toujours un goy pour de nombreux juifs et en
particulier pour les institutions religieuses. Car, je suis sûr aujourd'hui que jamais je n'accepterai ces fourches
caudines que nous impose le consistoire.
En
effet, c'est ainsi, la judéité officielle, dans ce pays où les libéraux
et les laïques sont minorité, la judéité donc, fait l'objet de
jugements dont les critères sont d'abord raciaux. Qu'importe la
conscience de l'individu, la foi du croyant ou les principes du laïque,
sa culture juive ou non, son héritage familial, la judéité est d'abord
fonction d'un critère racial : ta mère est-elle juive ?
Et sur cette base, l'on
demandera au guer un apprentissage difficile, archaïque et injuste là où suffit au
"juif automatique" de produire une ketouba. La conversion va exiger du guer le respect de toutes sortes de mitzvots
que la plupart des juifs automatiques ignorent superbement. Il va devoir
adhérer aux conceptions les plus obscurantistes du judaïsme (ah, le
charme des anges, le pragmatisme du Paradis, ...) et surtout imposer à sa
famille le poids de pratiques religieuses souvent hors du temps. Au mépris
de la liberté de ceux qu'il aime, voire au risque de leur amour.
Il y a dans ce parcours de conversion un condensé de toutes les raisons
qui condamnent à terme les communautés à l'intégrisme. Et si l'on
considère les 60% de mariages mixtes chez les juifs de France, il semble
suicidaire de perpétuer l'alternative exclusion/conversion orthodoxe.
Au contraire, l'héritage culturel et religieux juif devrait inciter le
consistoire à un dépassement des barrières raciales et à la remise en
cause des pratiques anciennes.
Ces remises en question n'ayant rien de contraire à la Loi.
En effet, l'archéologie, la linguistique, ... nous démontrent
aujourd'hui à quel point il importe de ne pas s'arrêter à la lettre des
textes compte tenu des conditions de leurs productions : quasiment
toujours en décalage chronologique avec l'histoire, souvent inspirés
par les nécessités politiques de l'époque (en particulier au service du
royaume de Juda), généralement produits et reproduits avec la précision
relative d'une époque où la bureaucratie exacte laissait la place à la
poésie et la morale, ...
De plus, les libéraux ont depuis plus d'un siècle mené de nombreuses études
et recherches qui montrent combien les textes eux-mêmes autorisent les évolutions.
Enfin, il est évident que s'il y a du divin dans nos textes, l'idée d'un
dieu chef de bureau dictant le rapport est aussi ridicule et stupide que
celle d'un dieu épicier notant sur de grands livres le nombre mitzvots
par client avant de recaler son crayon à juger divinement entre son
oreille et ses cheveux gras.
Des devoirs d'accueil de l'étranger devraient imposer un accompagnement
éclairé et tolérant des conjoints non juifs dans la découverte de la
culture juive.