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07-Déc-2024
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C’est une femme chaleureuse, avec ses coups de cœur et ses priorités, portées sur sa famille. Efficace et charismatique, Djamila Boupacha, qui vient tout juste de sortir de l’hôpital, pour cause de Covid-19, a été profondément touchée par la disparition de sa sœur, Gisèle, à laquelle elle voue respect et reconnaissance. Oubliant son confinement auquel elle est astreinte, elle ne pouvait pas ne pas, en ces moments douloureux, intervenir, pour dire l’affection qu’elle porte à sa vieille amie disparue.
«C’est un grand pan de ma vie qui s’en est allé. Gisèle a été non seulement mon avocate, mais une grande sœur, sur qui je pouvais compter. Elle m’a assistée dans les moments les plus difficiles, surtout dans les prisons de France où je n’avais personne sur qui compter. Gisèle a risqué sa vie pour me défendre et défendre l’Algérie. Aujourd’hui, je perds cette grande sœur, qui restera à jamais dans mon cœur. Je présente à ses enfants Jean-Yves et Serge Halimi, ainsi qu’à leur frère Emmanuel Faux, que j’ai connus bébés, ainsi qu’à toute la famille de Gisèle mes condoléances les plus attristées. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.»
L’injustice, Gisèle l’a découverte toute enfant, à 10 ans, quand elle a su ce que veut dire souffrir pour ses jeunes camarades tunisiens, marqués par la faim et la misère. «Ce sont des séquences affreuses que j’ai gardées dans ma mémoire pour l’éternité», répétait-elle souvent. De ces blessures et des vicissitudes de la vie, elle ne perdra ni ses convictions tranchées de justice et d’égalité, enracinées dans le terreau familial, ni cette forme de candeur dont elle ne se départira jamais, entretenue, dans son exercice ardu d’avocate et surtout de militante politique.
Pour avoir vécu la politique, (elle a été députée) de si près, et en avoir souffert, Gisèle avait choisi le terrain, plutôt que les ors de la République. Aux airs grandiloquents, elle avait préféré les gens défavorisés, ceux laissés sur les bas-côtés et les opprimés.
Avec ses joutes oratoires et ses élans de cœur, Gisèle a su bousculer les conformismes. Bien sûr, elle en a agacé plus d’un avec ses certitudes et cette bonne conscience, qui n’a jamais été effleurée par le doute.
C’est pourquoi on ne saurait mettre en cause ni sa sincérité, ni son indignation, ni son courage qui sont «tout autant loués qu’enviés, par les hommes, parmi ses confrères des barreaux», confesse son ami le grand poète Aragon.
-Qu’est-ce qui explique votre longue absence ?
Comme vous le savez, je suis de nature discrète. Seulement, ces derniers temps, je n’ai pas échappé à la contamination. J’ai été victime de ce maudit virus, ce qui m’a valu plusieurs jours d’hospitalisation. El hamdoullah, j’en suis sortie et je suis astreinte actuellement à un confinement strict. Ce qui explique ma réaction tardive à la disparition de Gisèle.
-C’était votre avocate et votre amie. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je l’ai connue lorsque elle a pris en charge mes dossiers. Mais elle ne pouvait pas assister à mes procès, car on m’isolait toujours la veille de ma comparution. Elle déléguait ses adjoints. Ainsi en était-il de Me Guarigue. Lorsque les ultras ont su que c’était lui mon défenseur, ils l’ont assassiné à Alger. Alors que j’étais détenue à la prison Barberousse, il y avait un autre avocat, Me Matarac, qui devait plaider ma cause. Les irréductibles de l’OAS l’ont cueilli à l’hôtel Aletti, l’ont mise dans un petit avion pour la France. C’est ainsi que je me suis retrouvée seule au tribunal militaire de Cavaignac.
Après cela, Gisèle, hors d’elle, a fait tout un boucan en France, avec Jean-Paul Sartre et Simone Veil, notamment. Ils sont allés voir le président de la Commission de sauvegarde pour lui parler de la torture et des multiples exactions commises. Il y avait des tracts qui dénonçaient les dépassements commis en dehors de la loi. C’est ainsi que le jour de mon procès, un télégramme circulait parmi les magistrats, qui ont in fine reporté le procès, invoquant un complément d’informations.
Une autre fois, Gisèle m’a informée de ses inquiétudes à propos de documents qui avaient disparu de mon dossier. Je prenais toujours la précaution d’en faire des doubles.
Parlez-nous de votre incarcération. N’y avait-il pas des dépassements ? Et comment ?
Normalement, il n’y avait que le juge d’instruction habilité à nous interroger. Or, il y avait des gardes mobiles à l’intérieur de la prison, dans le bureau du directeur, qui se permettaient d’interroger les incarcérés. Ce qui n’était pas normal ! Gisèle m’avait dit : «De la sorte, ils veulent te faire sortir hors de prison pour t’exécuter selon le procédé corvée de bois.»
A Paris, Gisèle s’est attelée à constituer un comité pour ma défense et a demandé à ce que je sois transférée en France. Ici, le garde des Sceaux a dit : «Si vous le voulez, vous devez payer les frais du voyage.» Le comité s’est mobilisé avec beaucoup de personnes pour collecter l’argent. Au bout de quelques jours, il manquait une certaine somme. C’est le maire de Fort de France, le célèbre poète martiniquais Aimé Césaire qui a complété la somme restante pour que je puisse voyager en France. C’est comme ça que j’ai été transférée, dans un petit avion militaire, jusqu’au Bourget, et de là, on m’a mise à la prison de Fresnes pendant quelque temps. Ensuite, j’ai été transférée à Pau avec d’autres sœurs, Djamla Bouazza, Allah yerhemha, Djamila Bouhired, Zhor Zerrari, Nadia Seghir, Zhor Bitat, Bahia Kheloui, Jacqueline Guerroudj, Danielle Minne, Yemma Zoulikha…
-Comment avez-vous vécu la libération, la fin du calvaire ?
Quand je suis sortie de prison, je ne savais pas où aller. Je suis partie chez Gisèle, qui habitait au 11 rue de Belsunce dans le 11e arrondissement, près de Barbès. Des Algériennes progressistes, les Maureuil, m’avaient invitée chez elles et m’ont même demandé de m’inscrire à l’Ecole internationale de Genève. Je ne pouvais y aller, car le combat n’était pas terminé et l’OAS sévissait toujours
De là, on est partis avec Gisèle chez nos frères du FLN à Paris, précisément à la Frimade, leur lieu de rencontre. Les frères n’ont pas voulu me laisser partir, m’intimant l’ordre de rester avec eux, tout en me rassurant de récupérer mes affaires chez Gisèle, jusqu’à l’indépendance.
-Pouvez-vous nous tracer les grands traits de Gisèle et qu’est-ce qui la différenciait des autres ?
A mon égard, Gisèle était très attentionnée. Elle venait souvent me voir. Même avec le directeur de la prison de Fresnes, elle s’est débrouillée pour que ma famille et mes proches puissent venir me voir. Sans compter les facilitations pour les colis. Ainsi,
Mouloud Feraoun m’avait envoyé des cadeaux.
J’ai reçu les visites de Germaine Tillion, la célèbre anthropologue des Aurès, Amar Ouzeggane, dirigeant communiste. Pour revenir à Gisèle, tout le monde sait qu’elle était une défenseuse acharnée, qui a défendu la cause jusqu’au bout. D’ailleurs, j’ai assisté, personnellement, lorsque Gisèle a réuni des militantes pour débattre du cas de la fille violée, qui était l’étincelle qui allait susciter un brasier. Et la criminalisation de cet acte abject c’était la première victoire de notre téméraire avocate. Et il y a eu le droit à l’avortement qu’elle a arraché après des batailles épiques.
Ce qui n’a pas été mis en évidence dans son parcours à cause d’une presse partiale et pro-sioniste, c’est son combat ininterrompu pour la cause palestinienne qu’elle a épousé au départ. Elle en a été une farouche défenseuse, convaincue de la justesse de cette cause. D’ailleurs, elle a défendu le célèbre prisonnier palestinien El Barghouti. Quand elle allait lui rendre visite en Palestine, elle était conspuée et traitée de tous les noms d’oiseaux, et parfois prise à partie par des hordes hystériques. Elle était juive, mais antisioniste…
De toutes parts, les hommages ont fusé, officiellement unanimes, encensant la défenseur des Femmes. Gisèle Halimi, née Zeiza Taïeb, était saluée. La grande avocate, la femme politique et la figure féministe. Les tunisiens allèrent jusqu’à dire leur désir de rapatrier celle qui était du limon de sa Tunisie natale, pays qui se trouve être aussi ma terre de naissance. Mais encore, intention louable s’il en est, de faire traduire toute l’oeuvre de la “tunisienne”.
Elle s’appelait, rappelle Fawzia Zouari, Zeiza Gisèle Taïeb et grandie au sein d’une société traditionnelle et machiste qui plaçait la femme au rang de seconde, elle sut s’émanciper de ce qui aurait pu être un destin tracé et fustiger les injustices vécues.
La voilà devenue, à la force du poignet, la militante des libertés. Celle des femmes opprimées, violées, ou tout simplement empêchées de décider de leur sort.
D’aucuns attribuent à cette enfance tunisienne les positions prises dans des dossiers liés au monde arabo-musulman tels que l’affaire du foulard de Creil, (Note de Mivy => Elle était contre le voile, et a démissionné d' "SOS Racisme" à ce sujet) mais encore la défense constante et assumée des Palestiniens contre les dérives de l’Etat d’Israël. Bien heureusement, toutes les femmes nées en Tunisie ne furent pas, comme “elle” l’aurait été, et comme elle le raconta dans Fritna, marquée par cette enfance tunisienne au point d’épouser certaines causes et d’en haïr … d’autres …
Les tunisiens la hissent au sommet du palmarès qui honore la mémoire de Aroua la Kairouanaise qui, au VIIIe siècle, imposa le premier contrat monogame en terre d’Islam, d’une Bchira Ben Mrad, première militante féministe et présidente de l’Union musulmane des femmes de Tunisie, d’une Fatima al-Fihriya, fondatrice de l’une des premières universités au monde, d’une Aziza Othmana qui, au XVIIe siècle, dans le Tunis des deys, affranchit les esclaves et les prisonniers de guerre.
Dans Libé, c’est ainsi que Fawzia Zouari, Ecrivaine et journaliste tunisienne vivant en France, se repentant quelque peu de l’erreur tunisienne qui eut bien du mal à rendre à Albert Memmi l’hommage dû, tente de “réparer” en célébrant Gisèle, la tunisienne, alors que Le ministère tunisien des Affaires culturelles rendait hommage à une “grande figure tuniso-française de la cause féminine, des droits humains et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes” et que le journal algérien El Watan, évoquant une vraie moudjahida, une vraie Algérienne, accole son nom à celui de Djamila Boupacha.
Nous n’allons pas rappeler, car il l’a déjà été à foison, le parcours de celle qui, après avoir milité pour l’indépendance de la Tunisie, mais encore de l’Algérie, devint la figure du féminisme, fondant en 1971, avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, le mouvement Choisir la cause des femmes – devenue une ONG – pour le droit à l’avortement, signant dans Le Nouvel Observateur, la même année, le Manifeste des 343, pour réclamer l’avortement libre, le procès emblématique de Bobigny, en 1972, celui d’Aix en 1978, militant pour que le viol fût considéré comme un crime, ce qui fut voté en 1980, et puis encore sa démission de SOS Racisme pour défendre la liberté des femmes contre l’oppression religieuse en général et le Voile islamique en particulier.
La voilà, morte, revendiquée de tous, du Printemps républicain à Rokhaya Diallo, journalistes, Associations, Collectifs, Monde des lettres, en passant par les féministes de toutes obédiences et le PR Emmanuel Macron : ils se disputeraient son héritage, et on parle même d’un hommage national qui lui serait rendu en septembre.
Il est vrai qu’à se souvenir des récentes saillies de la controversée et agitée LGBT Alice Coffin, Gisèle Halimi a la noblesse des Grands.
La même qui dénonça avec force la loi de 1920, une loi « d’un autre âge », « la pierre de touche de l’oppression qui frappe les femmes », une loi qui ne pouvait survivre, car contraire, fondamentalement, à la liberté de la femme, cet être depuis toujours opprimé, la même , donc, fit des choix à mon sens regrettables, fâcheux, sinon … rédhibitoires.
Ainsi, Rompant cette unité, je rappellerai sa défense univoque en 2014 du Peuple palestinien[1], pour lequel elle plaida sans la moindre nuance, épousant sa cause, étrillant un Etat assassin : “Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire. Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Malgré le désert estival, je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?“
Comment oublier ce jour de 2012 où, sur le plateau de « Ripostes », elle agressa – le mot n’est pas usurpé- un Enrico Macias qui se plaignait que lui fût interdit tout séjour sur sa terre natale, l’Algérie, en raison de sa judéité et surtout de ses prises de position en faveur d’Israël.
Irai-je jusqu’à rejoindre ceux qui la nommèrent la collabo, l’avocate de la cause du terrorisme arabe ?
Qui lui reprochent de s’être engagée aux côtés du Front de Libération Nationale (FLN) algérien et défendu, en 1958, une trentaine de militants algériens auprès du Tribunal militaire d’Alger puis, en 1960, Djamila Boupacha, accusée d’avoir posé une bombe, torturée et violée dans les geôles françaises.
Qui lui reprochent … sa haine du judaïsme et d’Israël.
Qui la fustigent pour avoir dénoncé sans nuance aucune un Etat hébreu oppresseur, colonial, à coups de raccourcis et d’amalgames que nous aurions espéré réfléchis chez une femme de cette envergure.
Lui reprocherai-je d’avoir, en 2004, été membre du collectif d’avocats de Marwan Barghouti, haut cadre du Fatah, chef terroriste palestinien toujours emprisonné en Israël pour avoir commandité des dizaines d’attentats sanglants contre des civils.
Comment pourrais-je écrire que l’avocat, ici, exerça sa tâche : était-elle obligée de déclarer au Nouvel Observateur que l’Etat juif, coupable de « crimes de guerre » à répétition, n’était « pas démocratique ». D’écrire que Marwan Barghouti appartenait à ces combattants de la liberté qui avaient rendu l’espérance à leur peuple, comme Jean Moulin pendant l’Occupation. D’ajouter que Tous ceux qui étaient impliqués dans ce difficile conflit savaient qu’il était le seul interlocuteur valable pour une solution politique car le seul susceptible d’unir les Palestiniens. D’épouser la cause du terroriste qu’elle avait évidemment le droit, voire le devoir, de défendre. Marwan Barghouti !!!
Pour toutes ces raisons, pour tous ces non-dits, nous considérons discutables les récits qui ne font qu’encenser Gisèle Halimi, celle qui créa avec Stéphane Hessel et Leila. Shahid Le tribunal international contre Israël, et qui aura ainsi défendu une cause juste, celle des femmes, et une cause beaucoup plus discutable, celle du terrorisme arabe.
[1] Gisèle Halimi « Je ne veux pas me taire ». L’Humanité. Lundi 28 Juillet 2014
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Avocate et grande figure du féminisme, Gisèle Halimi est morte le 28 juillet à l’âge de 93 ans. Sonia Mabrouk lui rend hommage.
Gisèle Halimi, le 17 mars 1978. JEAN-CLAUDE DELMAS/AFP
Sonia Mabrouk est journaliste, animatrice sur CNews et Europe 1. Elle a notamment publié Douce France: où est (passé) ton bon sens? (Plon, 2019).
FIGAROVOX. - Que retenez-vous de la figure de Gisèle Halimi? Vous reconnaissez-vous particulièrement dans ses combats?
Sonia MABROUK. - Gisèle Halimi, c’est la Femme révoltée au sens camusien. Toute sa vie, elle a incarné une révolte positive, un refus constructif des injustices et de l’ordre établi. C’est pour cela que le rapprochement avec L’Homme révolté d’Albert Camus me parait pertinent.
Il y est question de révoltes productives qui enfantent de profonds changements, à l’inverse des rébellions nihilistes qui finissent souvent en violentes répressions. Gisèle Halimi s’est toujours inscrite dans cette première voie, avec comme moteur une redoutable force transformatrice qu’elle qualifiait elle-même de rage, une dynamique sauvage qui fait avancer les grandes causes.
C’est une révoltée - et non une révolutionnaire - qui a eu la volonté de transformer le monde et la société, refusant le confort et la servitude. Cette révolte permanente est assimilée à une transcendance morale pour Albert Camus. C’est ainsi, me semble-t-il, que Gisèle Halimi l’appréhendait aussi. Elle a été de tous les combats de ce siècle. Les combats féministes bien sûr, ainsi que les luttes d’indépendance des anciennes colonies et protectorats français, notamment en Tunisie. Cette puissance des convictions ne l’a jamais quittée. Avec un tel tempérament, il n’y avait pas de place pour les convictions ou les fidélités successives. Elle était Une, et toujours la même.
Avocate, militante, écrivaine, politique, Gisèle Halimi a brillamment campé de multiples rôles qui offraient un seul et même visage, celui de la rectitude des idées. C’est aussi pour cela que de nombreuses générations de femmes - dont la mienne - et d’hommes se reconnaissent dans ses combats. Elle a toujours incarné une résistance pragmatique à tous les archaïsmes, à toutes les oppressions et aux différentes formes d’injustices. Au fond, elle fait partie de ces figures qui nous ont toujours rassurées sur notre devenir. Je fais ici référence à notre devenir civilisationnel qui transcende largement le strict aspect sociétal. À mes yeux, Gisèle Halimi restera comme l’une des gardiennes d’une aspiration à l’universalité, la défenseure d’une culture qui forme le socle de toute civilisation, et un être qui n’aura jamais perdu de vue son environnement au sens premier du terme. J’insiste sur ce point car l’Homme qui est conscient de la fragilité de sa civilisation est un être qui reste connecté avec la nature qui l’environne, avec le cycle des saisons et sa condition naturelle. Ce fut le cas de Gisèle Halimi qui a, toute sa vie durant, gardé un lien charnel avec ses terres, françaises et tunisiennes.
En 1989, après l’affaire du foulard de Creil, Gisèle Halimi quitte SOS Racisme et n’hésite pas à parler du voile comme d’un «apartheid». Pour elle, droits de l’Homme et droits des femmes sont indissociables?
À chaque polémique - et elles sont nombreuses - sur le voile, je me remémore cette vidéo que j’ai dû visionner des dizaines de fois, dans laquelle Gisèle Halimi, au lendemain de son départ de SOS Racisme, vient s’expliquer suite à l’affaire du foulard de Creil. Son calme, la manière avec laquelle elle argumente sa décision de quitter l’association, en disent long sur la force tranquille de ses convictions. Je me souviens de chaque mot prononcé sans acrimonie aucune, sans la moindre trace d’une quelconque colère ni agacement qu’elle aurait pu manifester, car on l’accusait à l’époque de faire de ces jeunes filles musulmanes des bouc-émissaires - déjà la victimisation était en marche et son corollaire, le procès en islamophobie. Le voile islamique, qu’elle qualifiait alors de tchador, est un emblème religieux et politique qui doit rester en dehors de l’école, disait-elle de sa voix affirmée et légèrement aiguë. Et d’ajouter que ses filles étaient sous le joug patriarcal. Autrement dit, ce voile est un signe de ségrégation et d’infériorisation des femmes et cela relève plus largement des droits de l’Homme, indissociables de la défense de la dignité de la femme. La rupture était dès lors consommée. Quand le féminisme de Gisèle Halimi se conjugue avec l’universalisme, un autre «féminisme» ne voit pas d’inconvénient à promouvoir l’islamisme. Aujourd’hui, nous voyons encore plus au grand jour les impostures de ces féministes dévoyées qui font cause commune avec les racialistes, les décolonialistes et autres indigénistes.
Le voile est un signe de ségrégation et d’infériorisation des femmes et cela relève plus largement des droits de l’Homme, indissociables de la défense de la dignité de la femme.
Plus récemment, Gisèle Halimi, avec le collectif «No Body for Sale», s’est exprimée contre la GPA pour dénoncer notamment «une extension du domaine de l’aliénation des femmes». Son engagement va-t-il à contre-courant du néo-féminisme?
Le débat sur la gestation pour autrui, même s’il symbolise de profondes fractures entre féministes, ne permet pas d’identifier des camps aussi nettement délimités que ne semble le suggérer votre question. J’en veux pour preuve l’engagement de grandes figures comme Sylviane Agacinski et Yvette Roudy qui, aux côtés de Gisèle Halimi, ont pris position contre la GPA à travers l’appel du collectif «No body for sale», lorsque d’autres voix tout aussi fortes et marquantes pour le féminisme, ont, à l’instar d’Élisabeth Badinter, soutenu sa légalisation assurant que la mère est celle qui élève l’enfant et défendant l’idée que l’instinct maternel en tant que tel n’existe pas. On voit bien que les lignes de fractures sont multiples et dépassent largement le cadre du strict débat féministe. Je pense que ces grandes figures comme Halimi ou Badinter, même si sur ce sujet leurs positions divergent, se placent surtout sur le terrain de l’humanité. Ainsi, le féminisme est d’abord un humanisme pour lequel la liberté des femmes ne va pas sans celle des hommes. Et réciproquement. C’est l’une des principales leçons de celles qui marqueront l’Histoire comme Gisèle Halimi.
Yves Sokol est avec Corinne Yael Morelle. le 1 août à 09:28 ·
Zeiza Taïeb – elle ne prend le nom d'Halimi qu'en 1949 après son premier mariage naît le 27 juillet 1927 dans le quartier de La Goulette, près de Tunis. Elle est décédée le 2 Juillet 2020
Elle est issue d'une famille modeste, d'une mère séfarade, Fortunée Mettoudi (dite Fritna), et d'un père d'origine berbère, Édouard Taïeb, clerc de notaire (il avait commencé comme garçon de course dans un cabinet d'avocat).
Zeiza Taïeb sera passionnément aimée par ce père pourtant si désolé d’avoir une fille qu’il mettra plusieurs semaines à l'avouer à ses amis. Selon Le Maitron (Le Maitron est le nom d'usage d'un ensemble de dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier dirigé par l'historien Jean Maitron )
"Le racisme et l’antisémitisme qu'elle vit dans son enfance expliquent l'importance de son engagement en faveur de la décolonisation, tandis que l'engagement d'un oncle du côté paternel au sein du Parti communiste tunisien joue dans sa socialisation politique."
Lors de la guerre de Gaza, elle a rédigé ce communiqué :
APPEL DE GISÈLE HALIMI
Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage.
Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ?
J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire.
Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé.
Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Malgré le désert estival, je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre.
L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?
Gisèle Halimi
Par Claudine Legardinier -1 mai 2009 Mouvement du Nid
Sur le viol, on a progressé, mais c’est une violence visible. Tandis que la prostitution, on l’habille comme un choix. Et c’est cela qu’il faut combattre radicalement.
« Gréviste de la faim » à 10 ans par refus de servir ses frères, avocate pugnace de Djamila Boupacha (1) en 1960 et de Marie-Claire Chevalier (2) au procès de Bobigny en 1972, Gisèle Halimi est une femme à qui les femmes doivent beaucoup.
Menaces de morts, insultes, rien ne l’a détournée de son but : défendre la cause des femmes, leur droit à la dignité et à l’intégrité.
Avec Choisir, le mouvement dont elle est la fondatrice, elle se bat aujourd’hui pour imposer un projet politique, la Clause de l’Européenne la plus favorisée, bouquet des lois les plus favorables aux femmes à travers les vingt-sept pays de l’Union Européenne. Le choix de l’une d’entre elles ne pouvait qu’attirer notre attention, la loi suédoise qui refuse la prostitution en interdisant tout achat de « service sexuel ». La prostitution, un sujet qui apparaît à Gisèle Halimi comme fondamental et auquel elle consacre un chapitre dans son dernier livre, Ne vous résignez jamais3)… Entretien.
– « Ne vous résignez jamais ». Votre livre est un engagement au combat. Il reste donc beaucoup à faire ?
A 81 ans, j’ai voulu, surtout pas un bilan, mais le contraire : ouvrir des chantiers. Je veux qu’on réfléchisse sur des lieux communs qui ont asservi les femmes : le c’est comme ça, le soi disant bon sens, et la nature, les deux armes redoutables contre les femmes.
Exemple, c’est normal qu’une femme fasse un enfant. Je reviens sur des choses que peut-être je n’avais pas encore osé dire, par exemple, qu’on peut être une femme épanouie et ne pas avoir d’enfant. J’ai beaucoup plus de liberté aujourd’hui. Je n’accepte pas qu’une femme ne s’appelle femme que si elle procrée. C’est la ravaler au rang de réceptacle. Moi, c’est une énorme curiosité qui m’a amenée à avoir des enfants ; je voulais une fille pour compenser cet énorme manque que j’avais eu dans ma propre vie. Et j’ai eu trois garçons. Mais je suis fière du résultat.
Ma petite fille voit son père, avocat à la Cour, passer tout naturellement l’aspirateur. Pour mes fils, il est inimaginable qu’on puisse inférioriser une femme. L’éducation, c’est très important.
– Mais c’est long… Dans l’immédiat, pourquoi avez-vous tenu à faire figurer la loi suédoise – qui interdit l’achat de rapports sexuels – dans la Clause de l’Européenne la plus favorisée ?
Parce qu’en tant que féministe, je dis depuis toujours un non radical à la prostitution. On ne peut pas être féministe et défendre ce servage des femmes. De même qu’une femme a le droit de choisir de donner la vie, que l’on ne peut pas l’obliger à mettre au monde un enfant, de la même façon, on ne peut pas accepter qu’elle ait à commercialiser son sexe.
Idem pour les « mères porteuses ». Quand j’étais à l’Assemblée Nationale, j’ai fait voter une loi qui interdit la location des ventres. Tout cela tient ensemble. Louer son utérus, c’est une forme de prostitution.
Accepter la prostitution ou les mères porteuses, c’est créer des catégories de femmes construites sur l’argent. Ce n’est pas supportable. On a d’un côté les femmes riches et stériles, de l’autre les femmes fécondes et pauvres. Les unes étant au service des autres. Il faut tenir bon sur l’interdiction totale de commercialisation des organes.
– Pourquoi n’avons-nous pas plus avancé depuis 30 ans sur la prostitution ?
Parce que nous sommes dans une société patriarcale, une économie faite par ceux qui possèdent et qui sont des hommes. Rappelons que 1% du patrimoine immobilier de la planète appartient à des femmes. L’économie, la loi sont patriarcales mais, plus encore, la culture, la publicité, le conditionnement des esprits, avec ces expressions insupportables du type le plus vieux métier du monde. Le message, c’est : résignez vous ! Il y a toujours un conditionnement pour que les femmes se résignent.
– Mais certaines disent qu’elles ont choisi…
En 1975, j’ai reçu Ulla (4), qui défendait la liberté de se prostituer. Depuis, sont apparues ces jeunes « féministes » – qui ne sont pas des féministes, je ne les ai guère vues dans les grands combats -, qui ont perverti, dévoyé le principe du droit à disposer de son corps, pour lequel les femmes se sont tant battues.
Car au gigantesque conditionnement social, s’ajoute le poids de celles que j’appelle les « femmes harkis (5) », celles qui se font les complices du pouvoir masculin, qui font les choses que les hommes veulent faire contre les femmes…
Sur le viol, on a progressé, mais c’est une violence visible. Tandis que la prostitution, on l’habille comme un choix. Et c’est cela qu’il faut combattre radicalement. Pour avancer, il faut s’attaquer au noyau dur de toute l’affaire, la fameuse « nature » masculine, « l’instinct sexuel » de l’homme, alors que les spécialistes savent bien que c’est des fariboles !
– Comment contrer la thèse du libre choix ? Faudra-t-il encore trente ans ?
On a mis plus que ça pour l’esclavage. Il est vrai que la prostitution, c’est l’esclavage moderne. D’abord, il faudrait un lobbying plus puissant à l’ONU. Le camp d’en face l’a bien réussi, lui, avec sa notion de prostitution forcée laissant entendre qu’il y a une prostitution libre. Les adeptes du choix n’ont jamais entendu de prostituées ! Elles n’ont aucune idée des réalités. Moi j’en ai entendu, j’ai entendu leurs souffrances.
Bien souvent, celles qui disent qu’elles sont bien ont dix ou vingt ans de prostitution derrière elles et ne veulent surtout pas revenir sur le traumatisme du départ. Elles se résignent.
Les femmes qui défendent le libre choix sont des carriéristes qui se font bien voir sur les plateaux de télé. Ça fait libéral. Nous, nous serions le camp de la répression.
Mais pénaliser les clients, ce n’est pas une question de répression, c’est une question de principe. Le corps de l’individu doit-il, oui ou non, échapper à tout commerce ? Si on s’appuie sur le « libre choix », pour beaucoup il n’y aura plus de choix, justement. On ouvre la porte à toutes les dérives. Pourquoi ne pas vendre ses organes au nom du libre choix ? Celui qui sera « libre » de donner son rein sera l’homme des favelas de Rio, au profit du PDG occidental.
Qu’on nous montre une seule femme riche qui ait envie de donner son ventre à une femme pauvre pour qu’elle ait un enfant (à part une mère, une sœur, concernées personnellement)? J’attends des exemples.
Ce sont des arguments spécieux, pervers, qui contredisent des principes universellement reconnus comme la non commercialisation du corps. Ce n’est même pas du féminisme. C’est un humanisme minimum.
– Vous croyez à la force de la loi pour faire évoluer les esprits ?
Je crois à la dialectique lois – mentalités.
La loi contribue à changer les mentalités, elle change la culture. J’étais oratrice principale au moment de la loi sur la peine de mort, je crois que c’est un bon exemple. A l’époque, la France était majoritairement hostile à son abolition.
Aujourd’hui, il faut obtenir la pénalisation des clients.
La petite note d’espoir, c’est la Norvège qui vient à son tour de voter une loi de ce type. La loi suédoise de 1999, ça marche ! On a pourtant tout fait pour la faire échouer. On nous a dit : la prostitution va être clandestine. Mais dans ce cas, il ne faut rien interdire ! Pourquoi interdit-on la drogue ? C’est absurde. Il n’y a que là dessus qu’on nous sert l’argument de la clandestinité.
– Quelles sont les réactions au choix de la loi suédoise dans le bouquet de la clause ? N’avez-vous pas à faire face à des réticences ?
Jamais ! Dans les réunions publiques, la loi suédoise est en général considérée comme la meilleure des lois. Elle passe très bien.
Et du côté des politiques, pas un n’a osé se déclarer contre… Vous imaginez un homme politique se levant pour dire : mais pourquoi voulez-vous condamner ces pauvres hommes? Là-dessus, on a avancé.
La clause, c’est un ensemble : que veut-on faire de l’avenir des femmes, de leur dignité ? Nous travaillons pour une revendication de dignité globale, ensuite nous égrenons en fonction des sujets. Et la clause est à prendre en entier. Elle n’est pas dissécable.
– La clause peut-elle réellement s’imposer selon vous ?
On fait des pas, mais il est vrai qu’on n’est pas sùres d’y arriver. Trois pays opposent une fin de non recevoir sur la contraception et l’avortement : Malte, l’Irlande, la Pologne. Toutefois, nous avons gagné le procès d’Alicia Tiziac contre la Pologne devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Cette femme n’a pas eu droit à un avortement thérapeutique alors que les médecins avaient prévenu que sa grossesse la rendrait quasiment aveugle.
On avance, c’est un petit bout de jurisprudence. Au niveau des politiques, nous en avons beaucoup à nos côtés : François Bayrou (Mouvement démocrate), Marie-George Buffet (Parti Communiste Français), Jean-Marc Ayrault (Parti Socialiste)… alors que Sarkozy n’a jamais répondu. Nous avons été auditionnées au PSE, Parti Socialiste Européen, qui va mettre la clause à son programme. Jamais nous ne voterons pour ceux qui ne s’engageront pas à la défendre.
1. | ↑ | Militante du FLN torturée et violée par des soldats français pendant la guerre d’Algérie. |
2. | ↑ | Dénoncée pour avoir avorté suite à un viol, l’avortement étant alors interdit. |
3. | ↑ | Paru chez Plon en 2009. |
4. | ↑ | Ulla fut à la tête du mouvement des prostituées en 1975. Elle déclara à la tribune de La Mutualité : Si une seule d’entre nous est maquée, on se fait toutes nonnes ! avant d’avouer quelques années plus tard : Comment avez-vous pu me croire ? |
5. | ↑ | Par référence à la guerre d’Algérie. Les Harkis étaient des militaires algériens engagés dans une milice aux côtés des Français. |
« En Suède les putains n’existent pas » dévoile une face cachée des services sociaux suédois en revenant sur l’assassinat d’Eva-Maree. A travers l’histoire de la jeune femme à qui on a retiré ses enfants sur dénonciation de prostitution, c’est un état puritain et prétendument protecteur que l’on découvre pour la première fois.
Eva-Maree est morte sous les 31 coups de couteau de son mari dans les locaux des services sociaux suédois. Elle devait y retrouver ses enfants dont la garde lui avait été brutalement retirée. Dénoncée (par une cousine) pour prostitution, la jeune femme qui avait quitté -après l’avoir signalé aux services sociaux- un mari extrêmement violent, avait reconnu « avoir vendu son corps » pour subvenir à sa famille.
"Quinze jours de prostitution, cinq passes au total" explique la réalisatrice Ovidie au micro de Sonia Devillers * sur France Inter à propos de son documentaire "En Suède les putains n'existent pas" (diffusé ce soir sur Arte), ont fait basculer cette jeune femme dans un combat perdu d’avance : Celui d’une femme libre, qui assume s’être prostituée et qui veut récupérer ses enfants.
En Suède, pays cité en exemple par le monde en entier en tant que modèle de tolérance comme en matière de libération des moeurs mais aussi pour son militantisme en faveur des droits de la femme, c’est à la toute puissance des services sociaux que va se confronter durant quatre ans la jeune femme pour tenter de récupérer ses enfants.
Eva-Maree est comme marquée au fer rouge du péché de prostitution dans un pays qui s’enorgueillit d’avoir éradiqué le commerce des travailleuses du sexe grâce à sa politique de criminalisation du client -adopté en France depuis 2016- mais aussi par un arsenal très répressif confié aux services sociaux suédois.
On parlait beaucoup du modèle suédois dont les premiers résultats tendaient à prouver que la prostitution n’existait plus dans le pays. Personnellement, j’avais de gros doutes sur le sujet.
Car à la question en toile de fond sur ce « qui fait la légitimité maternelle », Ovidie répond qu’il y a une forme d’homogénéité politique en Suède qui empêche le débat sur des sujets aussi importants… au risque d’être mis à l’écart, comme le raconte dans le documentaire un député qui s’était s’opposé au durcissement des peines.
Et de pointer du doigt qu’au nom des droits des femmes, la Suède puritaine condamne la jeune femme en la considérant comme une mauvaise mère juste parce qu'elle n'approuve pas ce qu'elle fait de son corps… Ainsi, pour le « bien de la nation » Eva-Maree a dû attendre quatre ans pour revoir ses enfants dans les locaux des services sociaux de la ville de Västerås et ce, en présence d’un mari pourtant connu pour être violent. Elle y est alors assassinée.
Le père condamné à 18 ans de prison a néamoins conservé l’autorité parentale, tandis que les grand-parents maternels qui ignorent où se trouvent leurs petits-enfants, ont repris le combat de leur fille pour obtenir un droit de visite que l’état leur a retiré.
Que dire d'un pays, explique Ovidie, où l’on préfère confier l’autorité parentale à un homme violent, assassin, ancien toxicomane avec des antécédents psychiatriques, plutôt qu’à une femme qui s’est prostituée pendant deux semaines avec 5 clients.
Encore un exemple de la dichotomie chez la femme aux yeux de la société bien pensante, entre la mère et la putain ? Pour Ovidie, le crime d'Eva-Maree est l'aboutissement d'un cauchemar juridique et social alimenté par les dérives dans la politique de l'Etat suédois pour «éradiquer la prostitution». Les premières victimes sont encore les femmes...