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07-Déc-2024
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Le 33eme jour du ‘omer, qu’on appelle en hébreu Lag ba’omer, lag étant formé de deux lettres, lamed et guimel dont les valeurs numériques sont respectivement 30 et 3, est un jour très important pour le peuple juif. En effet en ce jour, Rabbi Chim’on bar Yokhaï, l’auteur du Zohar, le livre de la Splendeur, et l’un des plus grands tsadikim qu’ait compté le peuple juif, a quitté ce monde.
Et ce jour est devenu un jour de réjouissances, puisque des centaines de milliers de juifs se rendent en pèlerinage sur sa tombe, et là pendant une nuit entière dansent (bien entendu, il ne s’agit pas de danses mixtes mais de danses empreintes d’une intense ferveur religieuse), mangent et boivent en l’honneur du tsadik.
Mais n’y-a-t-il pas ici une contradiction ? la mort d’un tsadik est une chose triste… Ceci est d’autant plus vrai que le jour de la mort de Moché rabbénou, le 7 adar, est considéré comme un jour de deuil. Alors qu’est-ce qui explique cette différence d’attitude à propos d’un évènement semblable ?
Il est rapporté dans Idra Zouta, parachat Haazinou, que Moché rabbénou a pleuré le jour de sa mort, car il aurait voulu entrer en erets-Israël, alors que Rachbi (initiales de Rabbi Chim’on bar Yokhaï) s’est réjoui le jour de sa mort. D’autre part, Rabbi Chim’on bar Yokhaï a demandé expressément qu’on se réjouisse le jour de sa mort.
A notre humble niveau, nous souhaiterions comprendre pourquoi. Nos Sages nous enseignent dans les écrits kabbalistiques que lors du décès de Rabbi Chim’on bar Yokhaï, sa néchama (âme) est montée au ciel et s’est unie de manière mystique aux mondes supérieurs. Cette union mystique est considérée comme un mariage. De là vient donc l’habitude de célébrer en ce jour une hiloula qui signifie mariage en araméen, sur la tombe de Rachbi.
D’autre part on peut se demander pourquoi l’on allume des madourot (des grands feux de plusieurs mètres de haut parfois) lors de Lag ba’omer. Dans le livre du Zohar, il est rapporté que le jour de la mort de Rabbi Chim’on bar Yokhaï, sa maison était entièrement entourée de feu ; Il ne s’agit pas ici d’un feu terrestre qui aurait tout brûlé, mais bien d’un feu céleste qui ne consume pas à l’image du feu qui illuminait le buisson ardent, tel qu’il était apparu à Moché rabbénou. En souvenir de ce feu, on allume à Lag ba’omer de grands feux.
Une des raisons évidentes qui justifient également le statut particulier du 33eme jour du ’omer, est le fait que l’épidémie mortelle qui frappait les élèves de Rabbi ‘Akiva a pris fin. Et Rabbi Akiva, faisant preuve d’un courage exceptionnel et nous donnant par là une belle leçon de vie et d’optimisme (il venait en effet de perdre 24 000 élèves en trente deux jours… ), se déplaça dans le sud d’erets-Israël le jour même de Lag ba’omer, et là recruta cinq nouveaux élèves, parmi lesquels il y avait Rabbi Chim’on bar Yokhaï et leur enseigna immédiatement la Torah. (Il faut bien comprendre que les 24 000 élèves de Rabbi ‘Akiva étaient les dépositaires de la Torah et que leur mort subite a constitué pour le peuple juif une catastrophe sans précédent, qui justifie les mesures de deuil imposées par nos Sages, comme ne pas se marier, ne pas couper les cheveux ni se tailler la barbe etc.)
C’est ainsi que la transmission de la Torah fut assurée et cette fois-ci de manière définitive. En effet, Rabbi ‘Akiva mit en garde ses nouveaux élèves en leur expliquant que ses 24 000 premiers élèves étaient morts du fait qu’au lieu de se réjouir de la grandeur en Tora de leurs collègues, ils en éprouvaient de la jalousie. (Béréchit Rabba 61).
Le ‘Hida (Rabbi Yossef David Azoulay) nous explique que les nouveaux élèves de Rabbi Akiva prirent à cœur les enseignements de leur maître et ne se jalousèrent pas mutuellement. Et d’ailleurs, cette pureté de cœur et d’intention se reflétait dans leur dévouement extrême pour enseigner la Torah au peuple juif ; il n’y avait pas ici de calcul personnel mais seulement un amour débordant pour le Tout-Puissant et une volonté sans faille de transmettre Sa Torah.
Et notre maître le ‘Hida nous enseigne que cette joie immense que nous ressentons à Lag ba’omer, c’est la prise de conscience que la Torah, après avoir failli disparaître est revenue en notre sein et cette fois-ci pour l’éternité.
Par HAVIV RETTIG GUR Dans the Times of Israël
Le choc de la catastrophe de vendredi au mont Meron est encore vif. Les tombes des victimes, dont celles des seize enfants et des adolescents tués dans le mouvement de foule, sont encore fraîches. Pourtant, le débat sur ce que tout cela signifie pour le pays et pour la société haredi a déjà commencé.
Quelques faits accablants, notamment le fait que la quasi-totalité des victimes étaient des Haredi, suscitent une nouvelle introspection inhabituelle et conduisent les principaux médias de la communauté à se retourner contre l’un de ses traits caractéristiques : son « autonomie » de longue date et très critiquée vis-à-vis de l’État israélien.
Les Israéliens haredi font à la fois partie de la société israélienne au sens large et en sont séparés. Représentant jusqu’à 12 % de la population israélienne, la communauté n’est pas uniforme ; les différentes communautés et sous-cultures interagissent de manière très différente avec l’État et les autres sous-groupes. Bien que l’“autonomie”, comme les Israéliens appellent souvent ce phénomène, n’englobe pas tous les Haredim, elle englobe suffisamment la communauté pour constituer – comme le pensent désormais un nombre croissant de Haredim – un problème sérieux.
Cette autonomie se manifeste par des études sur l’économie monétaire d’Israël qui révèlent une évasion fiscale massive au sein de la communauté haredi, par des affrontements réguliers avec la police dans certains quartiers de Mea Shearim, de Beit Shemesh et d’autres endroits, par le refus de participer au service national, par des réseaux d’écoles qui refusent d’enseigner le programme de base dispensé dans les écoles non haredi et, plus récemment, par le refus de nombreuses communautés hassidiques, au cours de l’année écoulée, d’obéir aux mesures de confinement adoptées pour faire face à la pandémie.
Des Juifs ultra-orthodoxes se rassemblent sur la tombe de Rabbi Shimon Bar Yochai au mont Meron, dans le nord d’Israël, le 29 avril 2021, alors qu’ils célèbrent la fête juive de Lag BaOmer. (JALAA MAREY / AFP)C’est une communauté qui parle d’elle-même dans le langage de la faiblesse, toujours à deux doigts de parler de « décrets », de « persécution » et d’“antisémitisme”. Les propositions de réduction de l’aide sociale ou les appels à l’introduction d’un enseignement des mathématiques dans leurs écoles sont décrits dans les médias haredi en des termes empruntés à l’oppression tsariste en Europe de l’Est.
Cette rhétorique de la faiblesse et de la victimisation a un but : masquer ou peut-être justifier la réalité opposée. En tant que groupe, les Haredim ne sont pas faibles. Ils sont suffisamment puissants pour développer et défendre constamment leurs systèmes scolaires spécifiques, pour créer des villes et des quartiers pour leurs communautés, pour maintenir une sorte d’autonomie qui oblige les politiciens israéliens à supplier littéralement les chefs rabbiniques haredi – généralement sans succès – d’adhérer aux restrictions relatives au coronavirus.
L’histoire de la catastrophe de Meron ne peut être dissociée de cette histoire plus large de l’autonomie des Haredi, de l’habitude des Haredi d’établir des faits sur le terrain qui démontrent leur force et leur indépendance, puis de crier à la « persécution » lorsque ces mesures sont contestées.
Au cours des deux jours qui se sont écoulés depuis la catastrophe, les enquêteurs et les journalistes ont découvert une litanie désespérante d’avertissements lancés au cours des années précédentes sur les problèmes de sécurité du site de Meron. Les rapports des contrôleurs d’État, les examens du site par la police, les avertissements sévères des responsables de la sécurité lors des audiences de la Knesset – tous sont tombés dans l’oreille d’un sourd.
Ces documents révèlent que si le site du mont Meron avait accueilli un autre type d’événement – un concert de rock ou un rassemblement politique – les règles de sécurité de la police auraient limité la participation à environ 15 000 personnes. L’événement de vendredi a attiré plus de 100 000 personnes.
Ils révèlent également que les responsables israéliens ne croient tout simplement pas qu’il soit possible d’imposer de telles limitations à la communauté haredi.
Comme l’a déclaré un ancien policier de haut rang au quotidien Yedioth Ahronoth ce week-end, « Si un ingénieur de la sécurité de la police, lors de sa dernière inspection du site avant les festivités, avait tenté de fermer la cour de Toldot Aharon [où la catastrophe s’est produite] – croyez-vous que cette décision aurait été appliquée ? … Même le chef de la police ne peut pas faire ça. Si quelqu’un essaie, ce sera son dernier travail dans la police. »
Les partis politiques haredi, agissant sur ordre des chefs religieux haredi, s’en seraient assurés.
Comme l’a noté le journaliste Nadav Eyal dans sa chronique du Yedioth Ahronoth dimanche, la fête de Meron a été officiellement classée par la police comme un « événement religieux spontané ». C’est un terme absurde pour désigner ce rassemblement. Ce n’est pas seulement que la fête de Lag BaOmer se déroule de manière hautement non-spontanée, la fête est connue (c’est-à-dire Lag BaOmer), mais il constitue également le plus grand rassemblement religieux annuel du pays.
Des mois de planification y sont consacrés. Ses nombreux terrains différents, ses cérémonies de feu de joie et ses spectacles musicaux sont soigneusement répartis entre les communautés et les fondations religieuses concurrentes qui organisent le pèlerinage.
Le gouvernement dépense une petite fortune chaque année pour des scènes, des tribunes et des bus affrétés depuis des villes haredi (Miri Regev, actuelle ministre des Transports est sur la sellette). Et chaque année, une demi-douzaine d’agences gouvernementales essaient de s’en attribuer le mérite.
Ainsi, lorsque la police qualifie l’événement de « spontané », elle ne veut pas dire qu’il est littéralement spontané. C’est une façon de reconnaître que la police n’a aucun contrôle sur l’événement, qu’elle ne pourrait pas imposer des limites de participation ou des normes d’infrastructure même si elle y était légalement tenue.
Jeudi, quelques heures avant la catastrophe, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri s’était même vanté à la station de radio haredi Kol Hai d’avoir réussi à empêcher les fonctionnaires du ministère de la Santé de limiter le nombre de participants par crainte du coronavirus. Deri a déploré que l’échelon professionnel du ministère n’ait pas compris que les participants seraient protégés par l’influence spirituelle de Rabbi Shimon Bar Yochaï, le sage du deuxième siècle commémoré lors des festivités de Meron.
« Les agents du gouvernement ne comprennent pas », a-t-il dit. « C’est un jour saint, et le plus grand rassemblement de Juifs [chaque année]. » Les mauvaises choses, a-t-il suggéré, n’arrivent pas aux Juifs en pèlerinage religieux : « On devrait faire confiance à Rabbi Shimon dans les moments de détresse. »
Alors même qu’il se vantait de son pouvoir politique et de celui de la communauté haredi, il a ensuite déployé, instinctivement, la rhétorique de la victimisation. Il a exhorté ses auditeurs à « prier pour le monde de la Torah et pour le judaïsme, qui sont en danger. Ils sont en grand danger ».
Des enfants sont morts écrasés à Meron. Des secouristes endurcis ont pleuré à la télévision. Lorsque les réseaux cellulaires ont cessé de fonctionner sur le mont, des familles angoissées en ont été réduites à partager des photos de leurs proches disparus sur les médias sociaux, dans une tentative désespérée de les contacter. Un sauveteur a décrit aux journalistes le moment où il a dû crier à un collègue tiraillé d’arrêter d’essayer de réanimer un enfant : « C’était sans espoir, et nous devions essayer de réanimer les autres. »
Aucune critique de la part de l’Israël laïc ne pourrait amener la société haredi à remettre en question l’étrange bulle d’autonomie qu’elle a construite telle une défense culturelle contre l’influence modernisatrice de l’État, ni le pouvoir des rabbins haredi et de leurs tribunaux, dont les égos et les querelles ont divisé le lieu saint en cours séparées et ont contribué au chaos mortel de vendredi. Mais les images bouleversantes de Meron ont coupé court à l’assurance désinvolte et ont fait taire, du moins pour le moment, toutes les fanfaronnades concernant l’autonomie des Haredi.
Et tandis que les voix pleines d’assurance s’éteignaient dans un silence choqué, d’autres voix se sont fait entendre, des cris d’auto-critique furieuse que l’on entend rarement dans le courant dominant de la société haredi.
Les voix portaient toutes un seul message : La soumission de l’État envers nos dirigeants a provoqué ce désastre.
Un chapeau abandonné après une bousculade lors des célébrations de la fête juive de Lag BaOmer sur le mont Meron, dans le nord d’Israël, le 30 avril 2021. (Crédit : David Cohen/Flash90)
Yossi Elituv, rédacteur en chef de Mishpacha, l’hebdomadaire haredi le plus diffusé, a exhorté ses fidèles à ne pas se concentrer uniquement sur les erreurs de la police ou le manque de contrôle du gouvernement.
« Notre communauté a aussi le devoir de tirer des leçons », a-t-il écrit vendredi. La première leçon : l’État doit intervenir et mettre fin au chaos. « Notre tâche première et immédiate est de libérer le site du contrôle des fondations [religieuses] … L’État doit établir une autorité professionnelle pour gérer le site … Supprimer les attributions des communautés sur le site et lui conférer le statut comme celui du mur Occidental, avec une tolérance zéro pour les infractions aux règles. »
Dimanche matin, Elituv a enchaîné avec un tweet de quatre mots : « Commission d’enquête de l’État, immédiatement ! »
Moty Weinstock, rédacteur de l’hebdomadaire haredi Bakehilla, est arrivé à la même conclusion.
« Toute solution à Meron qui ne se résume pas à remettre de l’ordre sur tout le site, à annuler les dotations religieuses et à démanteler toutes les zones désignées [à des communautés spécifiques] fera en sorte que les images horribles se reproduiront », a-t-il déclaré.
Sur les médias sociaux, dans d’autres journaux, y compris le quotidien Hamevaser, pilier de la communauté hassidique, et dans d’innombrables interviews, les Israéliens hassidiques ont posé les mêmes questions et formulé les mêmes plaintes.
Une communauté qui s’était convaincue qu’elle pouvait faire fi des exigences des autorités de l’État s’est soudainement mise à réclamer, avec une confiance et un sérieux croissants, « l’ordre » et « l’autorité », à exiger que l’État impose son contrôle, au mépris de la fierté et de la vanité des tribunaux rabbiniques.
Contrairement à ce qu’il prétend lui-même, le judaïsme haredi n’est ni rigide ni immuable. De nouvelles idées affluent, les anciennes sont réinterprétées. Les spécialistes de la vie haredi parlent de changements profonds dans un large éventail de mœurs culturelles et sociales, depuis un nombre croissant de Haredim dans l’enseignement supérieur, dans la population active et dans l’armée jusqu’à de nouveaux rôles pour les femmes et de nouvelles loyautés politiques qui conduisent collectivement la communauté à une intégration toujours plus profonde dans la société israélienne dominante.
Pourtant, le changement exige une condition sous-jacente : Il doit se faire discrètement. Les postulats changent sans être reconnus, les nouvelles pratiques sont considérées comme anciennes et banales.
Prenons l’exemple du sionisme religieux. Il y a dix ans, le parti Shas s’est officiellement déclaré parti sioniste et a rejoint l’Organisation sioniste mondiale. Mais la déclaration était chuchotée, pas criée. Aujourd’hui, aucun électeur du Shas ne croirait que, jusqu’à il y a dix ans, le parti ne se déclarait pas officiellement sioniste et évitait d’adhérer aux institutions sionistes.
C’est la même histoire du côté ashkénaze. Il y a vingt ans, les Haredim ashkénazes d’Israël ont refusé de reconnaître les cérémonies organisées dans les cimetières militaires à l’occasion de Yom HaZikaron. Ils se plaignaient que ces rituels militaires étaient empruntés à d’autres nations. Les Juifs doivent commémorer selon leurs propres traditions. Puis, au cours de la dernière décennie, sans tapage ni fanfare ni reconnaissance explicite d’aucune sorte, des politiciens de Yahadout HaTorah ont officié à ces mêmes cérémonies en tant que représentants officiels du gouvernement israélien, se tenant aux côtés de femmes soldats en pantalon et déposant des couronnes sur des monuments commémoratifs.
La société haredi peut changer avec les époques, tant qu’elle n’admet pas ce changement à haute voix.
En 2018, juste après avoir participé au pèlerinage de Lag BaOmer de cette année-là à Meron, le journaliste haredi Aryeh Erlich avait tweeté ses inquiétudes concernant une certaine allée étroite du site : « L’étroite voie de sortie qui mène à la cérémonie du feu de joie de la Toldot Aharon [dynastie hassidique] crée un goulot d’étranglement humain et une terrible bousculade, au point de présenter un danger immédiat d’écrasement. Et c’est la seule issue…. Ils ne doivent pas organiser à nouveau le feu de joie à cet endroit avant que ne soit ouverte une sortie large et bien signalée. »
Le tweet d’Erlich est devenu viral vendredi, exactement trois ans trop tard.
Dans une interview accordée dimanche à la station de radio 103 FM de la région de Tel Aviv au sujet du désastre qu’il avait prédit avec tant de précision, M. Erlich a rejeté tout reproche adressé à la société haredi pour les décès.
« Comment pouvez-vous blâmer le public haredi ? » a-t-il demandé. Le pèlerinage de Meron « est une tradition qui se perpétue depuis 550 ans ».
Alors qui est à blâmer ? « C’est la police qui autorise l’événement. Il existe un règlement clair. Aucun événement ne peut avoir lieu sans un responsable de la sécurité, un policier qui le signe et l’approuve, et c’est ce qui s’est passé à Meron. »
Il y a un « gouvernement », a-t-il ajouté. Ce gouvernement « a décidé d’ignorer [le danger], a choisi une improvisation de mauvaise qualité et n’a pas imposé de normes de sécurité ». Les partis politiques haredi sont des victimes ici ; il n’est pas sérieux pour la police de dire maintenant qu’à cause [des partis haredi], elle n’a pas fait ce qu’elle était censée faire. La police est censée faire respecter la loi ».
Il s’agit d’un pivot dans les attentes qui, par son déni même de la culpabilité des Haredi, signale l’abandon de l’autonomie des Haredi. Erlich présente sa critique comme une défense des dirigeants politiques haredi. Mais même dans ce cas, où le blâme est dirigé exclusivement vers la police israélienne, l’argument est le même : la police n’a plus le droit d’ignorer les règles de sécurité simplement parce que les communautés religieuses Haredi l’exigent. Comment l’État ose-t-il mettre en danger la vie de ses citoyens haredi en permettant que l’autonomie des Haredi l’emporte sur leur sécurité ?
La catastrophe de Meron ne conduira personne dans la communauté à remettre en question d’autres éléments de son existence distincte, comme son système scolaire indépendant. Rien d’aussi fondamental ne changera à partir d’une seule tragédie. Mais ceux qui demandent aujourd’hui à l’État et à la police de prendre le relais à Meron, ceux qui remettent en question, ouvertement et moins ouvertement, la sagesse de leurs dirigeants et le principe de séparation de leur communauté, appliqueront cette leçon à d’autres choses à l’avenir.
Par Israelvalley Desk|avril 30th, 2021 complété par FR24 News
ISRAELVALLEY SPECIAL. Youval Barzilaï. Ce matin Israël est en deuil. Les 45 morts, dont des enfants, n’ont pas encore été enterrés et déjà une polémique d’une très forte intensité émerge. Le Premier ministre a qualifié l’incident de « terrible catastrophe ». La radio militaire rapporte que des enfants figuraient parmi les morts et les blessés. Le président Reuven Rivlin s’est de son côté dit « très préoccupé ». « Je suis les informations à Méron et prie pour le rétablissement des blessés. Que Dieu les guérisse », a-t-il tweeté.
Selon i24 News : « Le centre médico-légal d’Abu Kabir a précisé vendredi soir que 32 des personnes tuées dans la tragédie de Meron ont été identifiées et 22 d’entre elles ont été enterrées avant l’entrée du Shabbat. Plus tôt ce vendredi, le retard a été contesté par les familles des victimes, qui voulaient enterrer les corps le plus rapidement possible conformément à la tradition juive. Le ministère de la Santé a indiqué que le processus consiste à rechercher les empreintes digitales, les dossiers dentaires et les tests ADN des victimes présumées et à les vérifier par rapport au corps ».
La police qui a finalement autorisé les rassemblements et a bloqué une porte qui aurait pu évacuer la foule compacte (de nombreux témoignages vus à la télévision)? Le commandant de la police de la région nord Shimon Lavi a qualifié la nuit de « tragique », affirmant à la presse qu’il « endossait la responsabilité » de la catastrophe.
Tous les interviews des personnes qui étaient au Mont Meron l’affirment : la police est responsable de ce drame car la police a bloqué une voie de sortie clé au bas d’un passage étroit, qui avait été considéré pendant des années comme un goulot d’étranglement potentiel dangereux. Shimon Lavi a déclaré que la cause exacte de la tragédie était sous enquête.
Le Gouvernement qui n’a pas pris les bonnes décisions? Les autorités avaient permis la présence de 10.000 personnes dans l’enceinte du tombeau mais, selon les organisateurs, plus de 650 bus avaient été affrétés dans le pays, soit au minimum 30.000 personnes. La presse locale a fait état de 100.000 personnes sur place.
Le chef de la santé publique Sharon Alroy-Preis, avait averti plus tôt cette semaine qu’un rassemblement massif sur le site pourrait provoquer une épidémie de COVID-19, a déclaré à la radio de l’armée que la tragédie aurait pu être évitée si la police avait appliqué les restrictions sur le nombre de personnes autorisées à y assister.
Les Autorités religieuses qui n’ont pas maitrisé la situation.
«Il n’a pas été possible de parvenir à un accord sur qui applique les règlements sur le Mont Méron», a déclaré Sharon Aloy-Preis. «Je vous rappelle que le nombre de personnes autorisées à se rassembler à l’extérieur est limité à 100 – il est de la responsabilité de la police d’appliquer les lois de l’État d’Israël.»
Cette tragédie nationale va bien évidemment impacter sur les négociations actuelles de construction d’un nouveau Gouvernement.
Déclaration du P.M. : « La catastrophe du mont Meron est l’une des plus graves qui ait frappé l’État d’Israël. Ce qui s’est passé ici est déchirant. Il y a eu des gens écrasés à mort, y compris des enfants. Une grande partie de ceux qui ont péri n’ont pas encore été identifiés. Beaucoup de morts n’ont pas encore été identifiés, et je demande de ne pas répandre de rumeurs sur les réseaux sociaux car cela brise le cœur des familles. Laissez les autorités travailler. Nous mènerons une enquête complète, sérieuse et détaillée pour que ce genre de catastrophe ne se reproduise plus jamais. Je demande dimanche d’annoncer une journée de deuil national. Nous nous associerons tous à la douleur des familles et à la prière pour les blessés ».
Selon i24News : « Les villages arabes se sont mobilisés pour offrir de la nourriture et des boissons aux évacués du site de la catastrophe de Meron vendredi matin et des centaines de personnes ont fait don de leur sang à Tel-Aviv. Des habitants des villages et villes voisins du nord d’Israël ont préparé et apporté de la nourriture et des boissons gratuites pour les milliers de fidèles juifs qui tentent toujours de sortir de la région de Meron à la suite de la catastrophe ».
« Un rapport du contrôleur de l’État de 2008 avait déjà mis en garde contre un « échec systémique dans l’enceinte de Rashbi [Rabbi Shimon bar Yochai] » à Meron en raison « de nombreuses autorités différentes toutes impliquées dans sa gestion ». Le rapport avait noté qu’il s’agissait d’une « situation chaotique qui entraînerait des dommages ainsi que la mise en danger des fidèles ». Dans un rapport supplémentaire de 2011, il avait été une fois de plus souligné que le site était « mal préparé » pour recevoir des centaines de milliers de personnes.
« La situation existante ne devrait pas être autorisée à se poursuivre – y compris la structure négligée où [certains] groupes font ce qu’ils veulent, jusqu’à l’abandon d’un site de grande importance, tant au niveau national que religieux », avait déclaré le contrôleur de l’État ».
A Savoir : A l’occasion de cette fête, des centaines de milliers d’Israéliens affluent vers le mont Meron, en Galilée. Le rabbin Shimon Bar Yochai, figure vénérée de la Kabbale, y est enterré. Enfants et adolescents marquent cette fête dans l’ensemble du pays autour de feux de camps. Lag BaOmer est une fête clé dans la tradition mystique juive, qui est le jour de la mort de Bar Yohai et qui marque également l’anniversaire du jour où il a transmis pour la première fois le texte de l’œuvre mystique juive fondatrice, le Zohar.
AVANT LA TRAGEDIE. «Quiconque se rend à Méron doit savoir qu’il risque d’être exposé à des personnes infectées par le coronavirus», avait déclaré un responsable de la santé à la radio nationale Kan. Une polémique avait vu le jour. Le gouvernement a été accusé de ne pas avoir réussi à trouver un accord sur la manière de gérer les célébrations car il redoutait de provoquer la colère des partis politiques ultra-orthodoxes en imposant des limitations strictes. (Le Figaro).
LAG Baomer,'ל'ג ל Lamed vaut 30 'ג Guimel vaut 3 'ל'ג Lag vaut 33
La période de l'Omer dure 5 semaines, et va de Pessah' (Pâques Juive qui commémore la sortie d'Égypte) à Shavouoth, (Pentecôte Juive fête du don de la torah). Cette période dure 49 jours.
Lag Baomer, est donc le 33 ième jour après Pessah'.
Sur Akadem écouter la conférence ici présentée par Ruben Honigmann
Ruben Honigmann
Lag Baomer est un jour de fête particulier, qui correspond cette année (2020) à la levée du confinement. Il est fêté en mémoire de Shimon Bar Yohaï maître qui est resté confiné dans une grotte pendant 13 ans. Un grand maître selon la tradition attribue la paternité du Zohar (Livre des splendeurs, d'où vient la Kabbale). C'est un "Tana" c'est à dire un des rédacteurs de la michna donc du Talmud.
Avec mon invité,
Marc Alain Ouaknin, j'ai pensé qu'il pourrait nous parler du monde d'avant, du monde d'après en passant par celui de l'entre-deux, celui de la grotte.
Vous m'aviez dit que le confinement avait quelque chose de très exaltant pour la santé, A quoi ressemblent vos journées de confinement, Marc Alain Ouaknin ? -26.33
Il y a effectivement, une sorte d'exhaltation, car on a du temps, du temps plus légenr, plus dense , on sait qu'on ne va pas être dérangé, on va pouvoir se consacrer à l'étude, à l'écriture et à l'enseignement. Je n'ai jamais autant enseigné que dans cette période. Avec Targoum, j'ai mis en place une étude journalière, où on se retrouve tous les jours de 18 à 19 heures avec une centaine de personnes pour étudier. Cette expérience d'étude de se retrouver cent personnes autour d'un mot, un mot hébreu, français, grecque, de la tradition latine, talmudique a fait ressentir de façon jubilatoire, la naissance d'une communauté, de l'essence même du judaïsme. Ce que la tradition dit "Talmud Torah Keneged Coulam" (Pirke Aboth) L'étude de la Torah est au dessus de tous les commandements, elle a une sorte de privilège sublime et particulier. -24.36
Toute la problèmatique de ce texte, Bar Yohaï qui a été enfermé avec son fils, pendant 13 ans, se résume ainsi : Comment transposer cette pensée au dehors loin de la trivialité du quotidien ? comment sortir de cette grotte ? Pourquoi se retrouve-t-il dans cette grotte ?
Le Talmud a plusieurs versions pour l'expliquer, la plus connue est le traité Shabbat 33 b J'utilise pour vous présenter ce texte, la très bonne traduction d'Arlette Elkaïm-Sartre du livre "Aggadoth du Talmud de Babylone" publiée chez Verdier Un chef d'oeuvre inégalé qui n'a pris une ride.
Il faut reconstituer le contexte, on est en pleine guerre des Judéens contre les romains, on est en 130-135 après JC, après la révolte de Bar Kochba, Rabbi Akiba a été torturé par romains, car il a enfreint l'interdiction d'étudier la Torah, et tout à coup, il y a un colloque entre les maîtres qui se posent des questions pour savoir "qu'en est-il de la civilisation technologique, telle qu'elle est avancée par les Romains. Ces gens qui ont inventé les ponts, le commerce international. Comment doit-on apprécier les avancées de la technologie ?
Shabbat 33b : Rabbi Yehouda (Bar Elaï), Rabbi Yossi et Rabbi Chimone étaient assis non loin de Yehouda, un fils de prosélytes. Rabbi Yehouda entama la discussion en observant : « Quel raffinement dans les œuvres de ce peuple (les Romains) ! Ils ont construit des routes et des ponts. Ils ont érigé des thermes. »
Rabbi Yossi resta silencieux. Rabbi Chimone bar Yo’haï répondit : « Tout ce qu’ils ont fait, ils l’ont fait pour leur propre bénéfice. Ils ont construit des marchés pour y placer des femmes de petite vertu ; des bains, pour s’y revigorer ; des ponts, pour y lever des péages pour eux. »
Yehouda, le fils de prosélytes, alla rapporter leur conversation et ces propos arrivèrent aux oreilles du gouvernement. Ils décrétèrent : « Yehouda, qui nous a loués sera loué. Yossi qui est resté silencieux sera exilé à Sepphoris. Chimone qui nous a critiqués sera exécuté. »
Rabbi Chimone, accompagné de son fils, partit se cacher dans la salle d’étude. Sa femme leur apporta du pain et un broc d’eau et ils dînèrent. Quand les menaces devinrent plus sévères; ils s’en allèrent se cacher dans une grotte.
Un miracle se produisit et un caroubier et une source d’eau vive furent créés pour eux. Ils enlevèrent leurs vêtements et s’assirent, enfouis dans le sable jusqu’au cou. Ils étudiaient tout le jour. Quand venait le moment de prier, ils se couvraient, priaient et enlevaient à nouveau leurs vêtements pour ne pas qu’ils s’usent. Ils restèrent ainsi douze ans dans la grotte.
Et puis vint le Prophète Elie. Il se tint à l’entrée de la grotte et s’exclama : « Qui informera le fils de Yo’haï que l’empereur est mort et que le décret est annulé ? » C’est ainsi qu’ils purent émerger de la grotte.
Ils virent alors un homme qui labourait et semait. Ils s’écrièrent : « Ils ont abandonné la vie éternelle et se sont engagés dans la vie temporelle ! » Et tout ce sur quoi ils jetaient les yeux prenait immédiatement feu.
Un écho descendit des cieux qui annonça : « Êtes-vous sortis pour détruire Mon monde ? Retournez dans votre grotte ! »
Ils y retournèrent et y vécurent encore douze mois, en disant : « La punition pour les impies au Guéhinom (l’enfer) est limitée à douze mois. »
Un écho céleste se fit entendre qui disait : « Sortez de votre caverne ! »
Et désormais, tout ce que Rabbi Eléazar détruisait avec son regard, Rabbi Chimone le réparait. Rabbi Chimone dit à son fils : « Mon fils ! Toi et moi sommes suffisants pour le monde. »
La veille du Chabbat, avant le coucher du soleil, ils virent un vieil homme tenant entre ses mains deux bouquets de myrte et qui courait.
– À quoi te sert cela ?, lui demandèrent-ils.
– Ils sont pour honorer le Chabbat, répondit le vieillard.
– Mais un seul ne te suffirait-il pas ?, demandèrent-ils.
– L’un est pour « Rappelle-toi le jour du Chabbat » et l’autre pour « Garde le Chabbat », dit le vieil homme.
Rabbi Chimone dit à son fils : « Regarde combien sont précieuses les Mitsvot du peuple d’Israël. »
Et c’est ainsi que leurs esprits furent apaisés.
( L’origine de la tradition consistant à associer des foyers au souvenir de Rabbi Chimon bar Yohaï se trouve dans un récit talmudique ( Chabbath 33b) :
(Treize ans durant, Rabbi Chimon bar Yo’haï et son fils Rabbi Elazar se sont dissimulés dans une caverne afin d’échapper aux Romains qui les avaient condamnés à mort. C’est pendant cette période que rabbi Chimon bar Yo’haï a rédigé son oeuvre maîtresse, le Zohar, dont le nom évoque la brillance de la lumière.
En outre, lorsque rabbi Chimon bar Yo’haï est sorti de la caverne, son regard était tellement embrasé qu’il mettait le feu aux champs des alentours. Jacques Kohn dans chiourim.com )
La Technologie, ce n'est pas seulement la mondialisation, mais il faut se poser la question du bienfait, Bar Yohaï, est celui qui se porte garant de la critique devant un événement. Il y avait un serviteur qui est allé voir les romains. Bar Yohaï s'était caché à la maison d'étude. 'Beith Hamidrach).
Je me suis intéressé à l'étymologie du mot grotte. Mehara, les gens hésitent, certains pensent que cela vient de Rah Mauvais. Maor : Lumière. La majorité des maître, voient "Erah" qui veut dire verser de l'eau. La notion de versement est métaphysique sur le plein et le vide. (Voir Heidegger Qu'est-ce qu'une chose ?) La cruche est très importante, voir l'histoire de Rébécah, il y a du plein et il y a du vide.
Dans le judaïsme, et dans la kabbale qu'inaugure Rabi Shimon Bar Yohaï, il introduit le concept de Tsimtsoum. Si Dieu ne s'était pas retiré, il n'aurait pas fait de place pour autrui, et il n'y aurait pas d'univers. La grotte, c'est une chose pleine qui a été évidée. On, a enlevé du plein, pour créer le vide. Le vide est essentiel pour laisser la place à autrui.
Le lieu de la grotte se pose la question de l'humanité. L'exemple des filles de Loth, qui ont commis un inceste pour que l'humanité puisse continuer à exister
Le texte talmudique parle du confinement, on étudie confiné et on perd le fil des réalités. le père et le fils sont restés douze ans dans la grotte, et la légende dit que c'est là que le Zohar a été conçu. Cet enfermement dans la grotte, dont la vocation est de faire une place à autrui les a enfermer en eux même. Ils ont oublié cette obligation éthique. Entre le confinement et l'extérieur, il y a un sas qui est nécessaire.
En ressortant, on ne comprends pas ceux qui retrouve leur vie normale. Il y a donc trois période, le confinement, l'extérieur et le sas obligatoire. La phase de transition, c'est un douzième de l'enfermement. La nuit, le rêve, c'est comme un confinement, le sommeil c'est 1/60 ième de la mort. Pour que le confinement devienne fécond, il nous faut ce sas.
Ils étaient deux, tout ce que Rabbi Eléazar, son fils, blessait de son regard, Rabbi Bar Yoh'aï le réparait du sien, et réciproquement. Notre vocation c'est l'étude, mais n'imposons pas au monde, ce que nous avons cru être bon pour nous. L'expérience que nous avons vécu est bonne pour nous, ou pour notre groupe, et on ne doit pas l'imposer aux autres, comme si c'était la norme.
Pourquoi célèbre t-on Bar Yochaï pendant lag Baomer ? Bar Yoh'aï était un élève de Rabbi Akiba, au paravant, Rabbi Aquiba avait 24000 élèves, qui ont tous péri au cours d'une épidémie, pendant la période de l'Omer, et cette épidémie a commencé à prendre fin le jour de lag Baomer. Que Bar Yoh'aï, grâce à cette expérience de la grotte, fait en sorte que la torah et l'enseignement ne soit pas mortifère.
Si on avait pas fait le détour par l'interprétation qu'on voit aujourd'hui..J'ai été embêté, car je ne l'ai pas trouvé très sympathique, ce grand maître que l'on chante, que l'on honore, alors que la seule chose qu'il est capable c'est regarder quelqu'un, de le transformer en Kadoche car il ne correspond pas à son idéal de sainteté ou d'intelligence.
Mais le Bar Yoh'aï que l'on honore à Lag Baomer, est celui qui a fait un retour de confinement, qui a rempilé, encore pendant douze mois, il dit à la fin, mon fils et moi notre étude nous suffit. N'imposons pas aux autres l'idéal de sainteté, d'intelligence, d'équité, nous ne sommes pas les critères de ce que le monde doit vivre. La vraie grotte, elle commence à la sortie. Il fait un "tsim tsoum", il est capable de se retirer de lui même en lui-même dans sa propre expérience, pour laisser aux autres la possibilité de faire leur expérience, à ces conditions le monde est possible.
05 Mai 2021 Chronique sur le site du CRIF
(Conseil représentatif des israélites de France)
La mort par asphyxie est une des plus terribles. Le mot inoffensif de bousculade est trompeur, comme le terme anglais de stampede qui suggère que dans un mouvement de panique on marche les uns sur les autres. Il existe une physique des mouvements de foule, et ses conclusions sont sans appel. Les gens ne meurent pas parce qu’ils ont paniqué, ils paniquent parce qu’ils sont en train de mourir.
Les bousculades mortelles, sauf si elles sont dues à un événement inattendu comme un incendie, obéissent à la dynamique des fluides, autrement dit à la physique du domino. Dans une foule où les individus sont maintenus côte à côte, si quelqu’un tombe, il se crée un trou d’air local qui fera trébucher les suivants.
Ceux qui mettent en cause les victimes de Meron en raison de leur excitation échevelée ont donc tort. Si dans une foule qui se déplace, il y a plus de six personnes par mètre carré, a fortiori si le sol est glissant et en pente ou avec des escaliers, les conditions sont réunies pour une catastrophe. C’était le cas à Meron ce vendredi 30 avril à minuit 50. Les avertissements n’avaient pas manqué, mais Méron était devenu extraterritorial. Les groupes harédis organisaient leurs festivités en indépendance et nul ne pouvait imposer une limite au nombre de participants. Les fidèles allumaient des feux et dansaient et les policiers priaient pour que tout se passe bien.
C’est au décours de la célébration organisée par Toledos Aharon que le drame est survenu. Toledos Aharon, qui porte le nom de Aharon Roth, le reb Arele, venu de Hongrie en 1942, organise de façon particulièrement rigide la vie de ses membres et est une des sectes antisionistes les plus virulentes. Elle est emblématique des mouvements ultra-orthodoxes qui par leur refus de restrictions portent une large part de responsabilité dans le drame de Meron. Il devait n’y avoir pas plus de 10000 participants pour des raisons sanitaires, car Israël n’a toujours pas d’immunité collective, les variants rodent et les événements religieux de masse sont les grands pourvoyeurs du Covid, comme cela s’est vu en Israël, en Iran, en France et aujourd’hui en Inde. Les responsables religieux ont refusé et le Ministre de l’Intérieur les a soutenus. C’est une aberration sanitaire aussi bien que sécuritaire.
Israël Lau, ancien Grand Rabbin d’Israël, présent à Meron, a demandé au monde ultra-orthodoxe un examen de conscience. Il est une autorité morale unanimement respectée, mais pas forcément chez les extrémistes, qui ne reconnaissent que leur propre chef spirituel et ne se posent probablement pas, les seuls dans le pays, la question de la responsabilité matérielle des hommes. Le Rabbin Kanievsky a écrit que la réponse au drame de Meron est le renforcement de l’étude de la Thora et la nécessité pour les femmes d’agir avec plus de modestie.
Un tel commentaire donne-t-il la clé des agressions contre les soldates venues au secours des victimes? En tout cas, les crétins fanatisés qui en sont les auteurs devraient savoir que c’est le manque de respect qui a conduit à l’épidémie des élèves de rabbi Akiba et à Lag Baomer. Ils sont inadaptés à une société démocratique et cette situation est insupportable aux yeux de plus en plus d’Israéliens.
Il faudra évidemment analyser le rôle des politiques, entre les faiblesses électoralistes de Bibi et les complaisances des ministres de l’Intérieur, de la sécurité et des affaires religieuses envers les secteurs les plus extrêmes de leur électorat. L’enquête n’est pas encore mise en place.
En Arabie Saoudite après la tragédie du hadj de septembre 2015, les responsables furent décapités. Sans aller à de telles extrémités, on espère que l’enquête et la prise de conscience permettront à l’Etat d’Israël de s’approprier enfin la vieille devise de la diaspora: « Dina de malkhouta dina », la loi du pays est la loi. Pour tous les citoyens….
Richard Prasquier