Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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Derière mise à jour 25-Fév-2024
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Émmanuel Macron réélu !

Emmanuel Macron a gagné son second mandat contre Marine le Pen, même duel qu'il y a cinq ans, même succès par défaut, même soulagement, et toujours aussi peu d'enthousiasme. La France qui souffre n'adhère pas au nouveau président, il devra montrer concrètement qu'il n'est pas que le président des riches. La gauche et les nationalistes espèrent se refaire aux prochaines élections législative, une sorte de troisième tour. Mais sans la proportionnelle, qui autorise toutes les combinaisons même les plus improbables, est-ce possible ?

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Comme tous les cinq ans, la France renouvelle à peu près en même temps son Président de la République, et ses députés. En 2022, il y a eu pas mal de candidats, qui ont fait des campagnes inégales.

On a remarqué que "les médias", c'est à dire les journaux, la radio et la télévision ont diffusé largement des sondages, et ont donné une préférence indiscutable à ceux qui semblaient à un moment les mieux placés. Pendant un premier temps, Eric Zemmour a eu droit à une audience exceptionnelle, puis, lorsque son audience a semblé fléchir ce fut Marine Le Pen qui a eu droit à tous les égards, enfin, Emmanuel Macron, le Président sortant n'a pour ainsi dire jamais fait campagne officiellement. Olympien, ses responsabilité, lui donnait une visibilité naturelle. Bien malin qui pouvait dissocier la fonction de Président et celle de candidat. Quand il parlait de guerre en Ukraine, était-ce pour informer les français, ou pour les convaincre que lui seul avait une stature internationale, et qu'il était de l'intérêt de la France de le reconduire ?

Cette stratégie a complètement laminé les "petits" candidats. Et parmi les "petits" on a trouvé les représentants des partis traditionnels qui se disputaient le pouvoir il y a peu.

Eliminée sans appel, Valérie Pécresse, avec 3.44 % des suffrages exprimés, la candidate du parti "Le républicains", héritier de l'UMP, de l'UNR, du RPF etc... bref, du parti soutenant le Général de Gaulle, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy, ancien président de la République n'a pas vraiment soutenu Valérie Pécresse, et a toujours semblé plus proche d'Emmanuel Macron. Candidate libérale, d'un parti divisé dont la moitié lorgne vers le Rassemblement National, et l'autre vers Emmanuel Macron elle a été victime du "vote utile".

Avec un score absolument catastrophique, (1.75 % des suffrages exprimés), Anne Hidalgo du parti socialiste, n'a été soutenu par personne. On a cru au miracle, quand François Hollande a participé à un de ses meeting officiellement pour l'épauler. Mais le discours de l'ancien président a surtout fait l'apologie... de lui même ! ! François Hollande prend date, et aimerait bien être à nouveau candidat aux prochaines présidentielles, et il était venu pour faire sa propre publicité. Elle a souffert de sa gestion de Paris, et n'a obtenue que 2.17 % dans la ville dont elle est maire ! du jamais vu.

Ces scores calamiteux pour les deux grands partis auront des conséquences catastrophiques pour les finances de ces deux forces historiques, car en dessous de 5 % les dépenses de campagnes ne seront pas remboursés.

Eric Zemmour s'en tire mieux, avec 7,07 % des voix, il sera remboursé et espère ansi pouvoir s'encrer dans la vie politique avec son nouveau parti "Reconquête"
Il a obtenu des scores remarquables dans le midi, il dépasse les 10 % uniquement sur la Côte d'Azur et en Corse qui a eu un taux d'abstention de 37 % contre 25 % pour la moyenne nationale. Score inquiétant pour l'unité nationale. Sa phobie des musulmans, a attiré vers lui les français les plus racistes, et a permis à Marine Le Pen d'apparaître plus modérée, ce qui a favorisé son succès dans les milieux populaires.


Marion Maréchal Leclerc nièce de Marine Le Pen et ancienne militante du Front National a rejoint "Reconquête" d'Eric Zemmour en abandonnant Marine Le Pen

Yannick Jadot, le candidat écologiste frôle, comme Valérie Pécresse les 5 %. Il obtient 4,63 % des suffrages, mettant son parti en grande difficulté. Pourtant, il a mené une campagne rassembleuse, mais a été gêné, car tous les candidats se réclament peu ou prou de l'écologie ! et pour que la gauche soit au second tour, beaucoup de ses partisans ont voté pour Jean Luc Mélenchon qui avait, selon leurs estimation davantage de chances de figurer au second tour.

Jean Lassale, (3,13 %) Ce candidat régionaliste, avec son accent du sud-ouest à couper au couteau, et la tronche qui sent bon le terroir, a séduit pas mal de Corses, et d'habitants de Gers, de l'Aveyron, du Cantal ou des hautes Pyrénées où il atteint voir dépasse les 10 %. Il a fait nettement mieux qu'Anne Hidalgo héritière du parti socialiste.

Fabien Roussel, (2.28 %) a représenté avec honneur le parti communiste, loin de tout dogmatisme, il a mis l'accent le premier sur les questions sociales, il n'a pas réussi à convaincre et surtout a été victime de la machine de guerre de Jean Luc Mélenchon, ses électeurs naturels ont préféré un vote utile.

Nicolas Dupont-Aignan, (1,49%) troisième candidat nationaliste, espérait pêcher les voix des électeurs d'extrême droite qui n'osaient pas voter pour la diablesse Le Pen, malheureusement pour lui, la diablesse a réussi à adoucir son image, donc sa présence devenait inutile sur l'échiquier politique.

Philippe Poutou, (0.77%), chômeur, toujours habillé de façon décontracté, est toujours très sympathique, aussi longtemps qu'il ne développe pas ses idées faites d'appel à la violence en particulier contre les policiers, et de justification des pires comportements "révolutionnaires"

Nathalie Arthaud, (0.56%) de "Luttes Ouvrières", digne successeur d'Arlette Laguillier éternelle candidate, au cours d'interminables litanies sur le "camp des travailleurs", a parfois réussi à nous endormir, mais jamais à nous intéresser.

Donc, il rest e les trois candidats sérieux, dont deux seuls seront au second tour :

Emmanuel Macron avec 27,85 % des voix, Marine Le Pen 23,15 % et Jean-Luc Mélenchon avec 21.95 %.

Jean Luc Mélenchon a été la véritable surprise de ce premier tour. Ce tribun individualiste a capté un large électorat populaire, qui en d'autre temps aurait voté communiste. Son hostilité frontale au libéralisme économique d'Emmanuel Macron, et aux idées nationalistes lui ont permis de capter une part non négligeable des opposants "au système". Il obtient la majorité absolue aux Antilles et en Guyanne, plus de 40 % en Seine Saint Denis, dans le Val d'Oise et à la Réunion, très bien placé ailleurs en Région Parisienne, dans l'Ariège et en Haute Garonne.

Jean Luc Mélenchon a décidé de s'opposer à Marine Le Pen, qui par ses projets de modifier la constitution n'apporte aucune sécurité d'alternance. Mélenchon est soutenu massivement par les musulmans français, et les nationalistes sont opposés à tous signes extérieur d'appartenance à l'islam. On lui reproche d'avoir les yeux de Chimène pour les dictateurs qui parsèment le monde, dont Poutine. Mélenchon a été obligé de s'en démarquer suite à la guerre d'Ukraine. Il a donné comme consigne de faire barrage au Rassemblement National, ce qui implique de voter Macron, mais en fait, il prépare le "Troisième tour", c'est à dire les élections législative, où il aimerait bien sortir vainqueur. Un poste de premier ministsre de cohabitation lui conviendrait très bien.

Marine Le Pen, à la tête du «Rassemblement National», a mené une campagne sociale, elle a masqué le plus possible son nom de famille qui sert de repoussoir, son slogan était "Pour tous les français" et son adresse internet : mlafrance.fr. Si la lutte contre l'immigration n'a pas été effacé de ses priorité, son discours s'est voulu franchement social. Elle a tenu le discours concret qu'auraient du tenir les socialistes ! !

Ses meilleurs scores ont été à Mayotte, cette île de l'Océan indien est restée française par peur des autres Comoriens, mais victimes d'une immigration clandestine incontrôlée, venue des autres îles que les mayottais avaient cherché à fuir en restant français, ils ont espéré en la victoire de Marine Le Pen. Puis elle a cartonné davantage dans le Nord et l'Est de la France que dans le midi, où elle a conservé de bons scores au bord de la Méditerranée. C'est la France déclassée, des friches industrielles, et des zones rurales abandonnées qui lui ont donné de bons score. Malgré la «Trahison» de certains de ses principaux soutien, qui sont allé rejoindre Eric Zemmour, elle a terminé seconde, avec 23 % des suffrages exprimés, alors qu'Emmanuel Macron, le leader en a eu 28 %.

Marine Le Pen devant la tombe de Raymond Poulidor, champion cycliste qui est toujours arrivé second sans jamais gagner le tour de France.

Emmanuel Macron Il n'a pas vraiment fait campagne, président en exercice, il s'est démené pour tenter en vain d'empêcher le désastre de la guerre d'Ukraine, et on l'a vu sur le terrain un peu partout, et pour tout avec sa casquette de Président. En fait il a fait une campagne clandestine, comment dissocier les rôle de président et de candidat, quand le meilleur argument du candidat est de mettre en valeur son bilan de Président ?

Macron a déposé sa candidature à la dernière seconde, afin que son temps de parole ne lui soit pas décomptée, ce qui lui a donné un avantage certain. Brillant dans ses raisonnements, mais économe de promesses, il a convaincu les personnes raisonnables, même quand il a promis la retraite à 65 ans, pour s'aligner sur la moyenne européenne, car il a été le seul à défendre le rôle positif de l'Union Européenne pour les français.

Il a été la cible privilégiée des "complotistes" qui lui ont reproché d'avoir volontairement empoisonné les français avec le vaccin mais aussi il a du tenter de faire oublier les conséquences de son libéralisme car il a continué le régime amaigrissant à l'hôpital en détresse, a laissé l'éducation française plonger dans les classements internationaux, et a laissé les fonds de pension étrangers s'accaparer les bijoux de l'industrie française.

Malgré tout, il a été choisi par les cadres, les habitants des grandes villes, et par les retraités, il a gagné la première manche, par ce que ses concurrents faisaient peur.

Le second tour

Le second tour a donné une victoire indiscutable à Emmanuel Macron, partout, sauf aux Antilles, au bord de la Méditerranée et dans les zones rurales ou désindustrialisées du Nord et de l'Est.

Voici deux cartes montrant les résultats, l'une par département, l'autre par commune

Pour gagner, il fallait conquérir les abstentionnistes, et les voix des électeurs de Jean Luc Mélenchon. Ce dernier avait demandé de ne pas voter pour Marine Le Pen, mais ne s'était pas prononcé entre l'abstention et le vote Macron.

Les électeurs Mélenchon, ont majoritairement soutenu Macron, sauf aux Antilles. Il est notable que la Corse et les Antilles, deux régions où l'adhésion à la République ne va pas de soi, ait préférée Marine le Pen, candidate nationaliste réputée jalouse de la souveraineté et de l'unité de la nation. Il faut penser que les indépendantistes durs se sont abstenus, et que les autres électeurs ont clairement voulu appuyer l'autorité de la République. Aux Antilles, Macron s'est fait détesté en imposant le vaccin.

La carte par commune montre que le vote en faveur de Marine Le Pen, a été faible dans l'Ouest, et dans les villes. On remarque par exemple que la Vallée de Saône et du Rhône a voté Macron, alors que les zones rurales autour de la vallée ont préféré Marine Le Pen. De même en Lorraine ou à Paris, on voit l'espace métropolitain acquis au nouveau président, contrairement à l'environnement plus lointain.

Les deux cartes devraient donner la même chose, et on a une impression tout à fait différente en les regardant.

Et maintenant ?

Nous allons avoir des élections législatives, avec trois blocs, les libéraux qui regrouperont les électeurs de Valérie Pécresse, de Macron, et d'une partie des écologistes et socialistes, à côté la gauche dont Jean Luc Mélenchon est le leader qui regroupera ou ses amis, une partie des socialistes et des écologistes, et l'extrême gauche, enfin le camp nationaliste avec les électeurs de Marine le Pen, d'Eric Zemmour et d'une partie des Républicains... cela fera trois, donc si la proportionnelle fonctionnait, il n'y aurait aucune majorité et la France serait ingouvernable.

Emmanuel Macron, qui envisage cette réforme devrait réfléchir à deux fois avant de la mettre en route, je pense qu'il vaut mieux une démocratie imparfaite, à un pays ingouvernable. L'exemple israélien en la matière ne me semble pas bon à suivre.