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Derière mise à jour
07-Déc-2024
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Durant mon séjour en Israël, je me suis posé bien des questions, j'ai vu, j'ai discuté avec ma famille, écouté les nouvelles, mais la barrière de la langue, et l'endroit où nous résidions ne me permettait pas d'avoir une vue générale ni d'Israël, ni des israéliens.
Il faut avoir conscience que chacun d'entre nous vit dans une bulle, et peut s'imaginer que ceux qui vivent dans la leur pensent comme eux, ou pensent autrement qu'eux. Seuls des sondages honnêtes avec des questions intelligentes peuvent permettre de connaître l'opinion de ceux qui nous entourent.
Ce que j'ai ressenti, dès les attaques du sept octobre à Beith Shemesh, c'est d'une part un climat de peur et de méfiance, d'autre part une solidarité des israéliens avec leur armée, et le sentiment, que le pays n'avait pas le choix, car le danger était partout. Des assassins pouvaient courir le pays, l'Iran pouvait attaquer, des Irakiens pouvaient arriver... mais l'essentiel, l'essentiel était de rester uni et de ne pas avoir peur.
Dans une rue de Beith Shemesh, j'ai vu cette affiche, peinte à la main, ce sont les paroles d'une chanson qui exprime la peur, et la résilience
Pour moi, c'est le symbole des israéliens en ces jours dramatiques:
Outre la peur et la résilience, ce qui m'a frappé a été l'unité du peuple israélien tout à coup retrouvée.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu était déjà bien discrédité avant l'agression du Hamas, la réforme juridique, les excès de l'extrême droite dans les territoires, l'appétit financier et les contraintes poussées par les partis religieux avaient rendu la majorité minoritaire dans l'opinion. Mais s'être laissé ainsi surprendre, et les hésitations incompréhensibles des ministres ont donné une fâcheuse impression d'incompétence.
Voyant la légitimité de la direction de l'État atteinte, Benjamin Netanyahu a sollicité l'opposition juive pour former un cabinet restreint chargé de prendre les décisions d'urgence, en laissant son gouvernement officiel s'occuper des affaires secondaires. Le cabinet est composé de Benjamin Netanyahu, son ministre de la défense le général Yoav Gallant, un des deux chefs de l'opposition le général Benny Ganz réputé pour sa modération ses réflexions et... son manque de charisme. Le général Gady Azencot ancien chef d'État major proche de Benny Ganz et le ministre des affaires stratégiques Ron Dermer sont observateurs au sein du cabinet.
L'unité ne s'est pas cantonnée au politique. Dès le 7 octobre, toutes les manifestations contre les réformes juridiques se sont spontanément arrêtées. Les organisateurs ont offert leurs haut parleurs à l'armée pour qu'elle puisse lancer des messages à la population de Gaza. Les réservistes qui s'étaient mis en grève contre les réformes ont tous rejoint leurs unités. A Beith Shémesh, ou je résidais, les religieux se sont aussi mobilisés en apportant toute leur aide aux victimes survivantes des villages autour de Gaza.
Ma petite fille, sortait le soir chez des copines, et ensemble confectionnaient des gâteaux pour les soldats, elle est partie aussi avec des amies pour rendre visite à l'hôpital à des blessés de guerre, les jeunes venaient avec des guitares et d'autres instruments mettre de l'ambiance dans les chambres, dans une par hasard, il y avait deux blessés, un juif et un arabe, qui tous deux ont repris le refrain des chansons en hébreu qui leur étaient offertes dans la joie et le bonheur. Les jeunes s'occupaient aussi à trier les dons de vêtements destinés aux réfugiés des villages sinistrés près de Gaza. On a fait des collectes de pansements, et autres produits d'urgence pour un dispensaire près de Gaza où on avait monté en toute urgence un hôpital de campagne. Dans les super marché, il y avait des caddies pour récolter des dons pour les militaires. Des restaurants affichaient "Gratuit pour nos soldats", mais ceci ce ne sont que des exemples parmi des milliers d'autres.
Sur l'Affiche il est écrit : "Ensemble nous vaincrons. Le peuple d'Israël est vivant"
Les arabes israéliens n'inspiraient pas confiance avant le 7 octobre, et encore moins après. Par exemple, dès qu'on a appris qu'Israël avait été attaqué, les dirigeants de Yesh, le supermarché près de chez ma fille, avait demandé aux employés arabes de rester chez eux, par prudence. Est-ce que la direction les prenait pour des terroristes virtuels ? est-ce que c'était des consignes nationales ? Est-ce par ce qu'ils auraient pu faire peur aux clients par leur simple présence ? je ne peux pas vous répondre, ce que je sais c'est que le 8 octobre ils étaient remplacés par des indiens, des adolescents et des vieux juifs.
Trois ou quatre jours plus tard, on les a autorisé à nouveau à venir travailler. Or pendant la matinée des sirènes ont retenti, il y avait une alerte. Les clients et le personnel se sont précipités vers le "mamade" (abri), mais pas les employés arabes, certains d'entre eux se sont moqué, et ont même filmé la panique à l'aide de leur téléphone portable. Le lendemain le personnel du super marché s'est mis en grève et a exigé le renvoi des employés arabes. Lorsque j'ai pris l'avion pour rentrer en France, le deux novembre, le personnel arabe n'était toujours pas réintégré.
Ma petite fille en route pour Beith Shemesh s'était rabattue imprudemment en oubliant d'allumer son clignotant. Un automobiliste s'est arrêté derrière elle pour lui exprimer son mécontentement, quand elle s'est rendu compte qu'il était arabe, elle a eu la peur de sa vie.
La rumeur circulait que des arabes photographiaient des maisons, en repérage en vue de futures agressions, on en aurait arrêté un ou deux, je ne sais où. Toujours est-il que je photographiais une affiche près d'une maison, et un passant soupçonneux s'est inquiété sur mes intentions.
Beaucoup plus grave, les députés arabes au parlement, se seraient retirés lorsque le 8 octobre le président avait imposé une minute de silence. Les députés de la liste arabe à ma connaissance, n'ont publié aucun communiqué condamnant la barbarie, et n'ont montré aucune solidarité envers leurs compatriotes juifs. Je vous invite à lire le communiqué, "Je refuse de devenir modéré" extrait de la page Facebook d'Ayman Odeh, député actuel président du parti 'hadach.
Dans ce texte, Hayman Odeh parle des Palestiniens comme étant son peuple. Il fait écho aux nationalistes israéliens qui ont voté une loi disant qu'Israël est l'état nation du peuple Juif. On peut en déduire que pour lui comme pour ses adversaires politiques juifs, le peuple israélien n'existe pas, il y a le peuple Juif et le peuple Arabe-Palestinien dont Ayman Odeh fait partie.
Il rappelle le long martyre des arabes israéliens, et les injustices qu'ils subissent. Il appelle à la fraternité entre juifs et arabes, et pleure toutes les victimes innocentes, aussi bien les villageois juifs qui habitaient près de Gaza, que les populations arabes de Gaza noyées sous les bombes. Il n'a pas, et n'a jamais eu un mot pour condamner le Hamas. Il réclame d'urgence un état palestinien.
A côté de cela, dès le 8 octobre, on avait appris qu'un commerçant de Taïbé, ville musulmane israélienne avait offert des vélos pour les enfants juifs réfugiés près de chez lui, son magasin a été incendié la nuit, et il a échappé de peu à un lynchage, des appels téléphoniques voulaient l'attirer dans son magasin. Son histoire a ému l'opinion et il a reçu des dons compensant presque près ses pertes. (Voir revue de Presse). On sait que des arabes qui se trouvaient près de Gaza ont été considérés comme des traitres enjuivés et assassinés par les tueurs du Hamas, et que plusieurs arabes ont eu un comportement héroïque et ont sauvé beaucoup de monde. On a vu de nombreux gestes individuels de solidarité.
Le ministre de l'intérieur a félicité la communauté arabe car elle n'a pas participé aux violences, pour ma part, je regrette qu'elle n'ait pas profité de l'occasion pour se montrer solidaire de la nation, sidérée par les meurtres du 7 octobre. J'y vois une occasion manquée de participer à un élan d'unité nationale si nécessaire pour lutter contre le racisme.
Face à un tel affront, Israël était obligé de réagir militairement, suivant l'adage du talmud ; "Celui qui fait le mouton, le loup le mange" . Refuser le combat aurait été perçu comme un signe de faiblesse, et Israël aurait été méprisé y compris par ses nouveaux amis arabes des Emirats ou du Maroc. Le Hamas avait prévu en même temps que son offensive une attaque de grande envergure du Liban, et le déclanchement d'une "intifada" en Cisjordanie et des troubles en Israël même provoqués par des arabes "israéliens". Pourquoi le Hezbollah n'a t-il pas lancé ses missiles ? ? on a parlé d'incompréhension et d'erreur sur la date de l'offensive, mais on est pas obligé de le croire. La Cisjordanie a tenté de se soulever, mais l'armée israélienne était sur place, et des affrontements sérieux ont toujours lieux entre les cellules du Hamas et l'armée israélienne.
L'attaque du Hamas n'était pas comme les précédante, cette fois le territoire souverain a été envahi, et plus d'un millier d'israéliens froidement assassinés. Les dirigeants israéliens ont compris que le but de l'ennemi n'était pas de l'amener à modifier sa politique, mais de le tuer.
Pour le Hamas, Tel Aviv et Haïfa sont en Palestine, et il fallait libérer la Palestine de la mer au fleuve. Comment y arriver ? les massacres du 7 octobre l'ont montré.
Donc, si Israël se contentait comme d'habitude de bombarder puis d'accepter un cessez le feu pour motifs humanitaires, dans trois ans, le pays serait attaqué avec davantage de violences jusqu'à sa disparition complète.
Israël n'avait pas eu le choix, il fallait désarmer le Hamas par la force.
L'armée a entrepris une lente conquête du territoire, qui dure depuis un mois et demi, et qui malgré une trève ne semble pas prêt d'être achevée.
Gaza était vraiment une place forte, avec paraît-il 500 kilomètres de tunnels, et des centaines de sorties dans des endroits les plus improbables, hôpitaux, écoles, mosquées, appartements ordinaires, et même sous une voiture-épave. Je ne vous parlerai pas de la souffrance des populations civiles, évacuées de force des zones de combat, obligées de se réfugier dans des camps sur peuplés où on manque de tout. Les victimes de la guerre ne se comptent plus, quand l'armée tire sur une position du Hamas, les bombes ignorent s'il y a ou non des civils à côté. Je n'ai jamais aimé la guerre, et je fais remarquer aux innombrables personnes qui soutiennent les palestiniens, qui si le Hamas ne s'était pas lancé dans des atrocités sur le sol souverain israélien, aucun Gazaoui ne serait mort sous les bombes. Que les bonnes âmes m'expliquent comment Israël aurait dû s'y prendre pour avoir à Gaza des voisins libres et pacifiques à la place d'une structure assassine dont le but et de les détruire.
En France, la communauté musulmane est ulcérée à la vue des victimes palestiniennes, appuyés par "La France Insoumise", et divers partis de gauche elle manifeste pour la paix à Gaza. En même temps l'antisémitisme monte, avec des agressions contre les juifs, et une ambiance lourde de menace dans les université ou les militants pro palestiniens se montrent agressifs face aux juifs qui sont amenés à cacher leur identité par crainte d'être molestés ou cambriolés.
Frédéric Encel , politologue reconnu et venu nous faire une conférence à Dijon, il est optimiste, car il prévoit une lucarne pour un apaisement durable, il pense qu'aujourd'hui il y a trois obstacle à une paix israélo-palestinienne qui sont en train de sauter.
* Le Hamas et les frères musulmans qui contrôlent Gaza et qui sont opposé à toute solution négociée. Il risque fort de perdre toute sa puissance militaire, et pourrait plus nuire aux partisans d'une solution négociée.
* L'autorité Palestinienne, trop faible, minée par la concurrence du Hamas et dirigée par un homme de 86 ans discrédité au sein de sa population. Vu son âge, sa succession est en cours, et on pourrait avoir une nouvelle direction plus honnête
* Le gouvernement israélien de Netanyahu où les nationalistes ont la part du lion, et veulent judaïser la Cisjordanie. Mais ils ont perdu tout crédit dans l'opinion, et Israël va changer non seulement de premier ministre, mais de politique.
On sait que le soutien militaire et diplomatique américain est indispensable à Israël qui ne pourrait pas résister à l'opposition du monde entier. Joe Biden, président des États Unis aurait négocié son aide en échange d'un retour à une solution à deux états, et il ferait pression sur tous pour obtenir les concessions nécessaires à un apaisement durable.
Les USA font pression pour que l'Autorité Palestinienne prenne possession de Gaza après la chute du Hamas. Les Palestiniens veulent être reconnus comme état, et demande à récupérer des terres plus ou moins confisquées par des implantations. Si le gouvernement israélien allait dans ce sens on pourrait s'acheminer vers une sortie de crise, et la "solution à deux états" serait ressuscitée.
Toutefois un état palestinien ne veut pas dire la paix. Gaza était totalement indépendant, et on a vu ce qu'on en a fait. Les israéliens ne veulent pas d'un état arabe ennemi ! ! même s'il était officiellement démilitarisé. Il n'y a aucune confiance, surtout que les sondages disent que la majorité des palestiniens de Cisjordanie soutiendraient le Hamas. La «solution» à deux états imposerait de démantèlement des implantations juives, car l'Autorité Palestinienne n'accepterait aucune colonie israélienne sur son territoire.
Je pense que cette volonté n'est pas soutenable, si on partait sur le principe d'une paix véritable entre les peuples, il devrait y avoir réciprocité. Les arabes d'Israël ont vocation à devenir des Israéliens d'origine arabe, et les juifs de Palestine des palestiniens d'origine juive. Les minorités respectées dans les deux pays, seraient la preuve d'une volonté commune de vivre en paix. Les implantations juives de Cisjordanie qui le souhaiteraient, devraient se transformer en villages judéo-palestiniens, comme il existe des villages arabo-israéliens. La suite pourrait être une confédération israélo-palestinienne, le jour béni où la paix sera entrée dans les coeurs.
On remarque la proximité des lettres hébreu et arabe dans les mots Shalom et Salam, deux langues sémites, deux écritures aux mêmes racines, on dit que beaucoup de palestiniens descendent eux aussi des anciens hébreux ! Vivement la paix !
Concrètement, on s'acheminera probablement après la guerre à un protectorat informel Israélien sur Gaza, avec des dirigeants arabes imposés par la force à la population, et Israël se réservera le droit d'intervenir militairement si sa sécurité était à nouveau menacée. La nouvelle équipe à Jérusalem fera plus attention à la sensibilité palestinienne en Cisjordanie, elle sera moins activement favorable aux implantations afin de calmer l'opinion arabe.
La première priorité sera de rétablir la confiance, la sécurité, de faire baisser la haine et le racisme, et ce n'est qu'après qu'une solution, quelle qu'elle soit pourra être tentée.
Michel Lévy
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