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Derière mise à jour
07-Déc-2024
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En pleine offensive israélienne dans la bande de Gaza, j'ai assisté à une conférence organisée par l'université sur conflit du Proche Orient. J'ai été choqué. J'ai tenté de faire prendre conscience au Président de l'Université, qu'il devait veiller au contenu des discours universitaires qui doivent respecter une certaine éthique. Je ne suis pas sûr d'avoir été entendu.
Le mardi 28 novembre 2023, j'ai assisté avec un ami à une conférence sur le campus universitaire, dont le thème m'avait inquiété compte tenu du contexte de l'époque. Trois enseignants de l'université, deux juristes, et un spécialiste de sciences politiques devaient nous expliquer le conflit du Proche Orient.
Lorsque nous sommes arrivés, l’amphithéâtre était plein, il devait y avoir entre deux cent et trois cent personnes, très probablement des militants de partis politiques et d'associations de gauche, comme la Ligue des droits de l'homme, le MRAP etc... pour les deux tiers, le reste étant des étudiants en sciences politique. Je n'ai pas remarqué de femme voilée ni de tenue ostensible musulmane.
D'entrée, on était frappé par les écrans sur lesquelles figuraient des cartes de la Palestine historique largement diffusées sur le web. Elles étaient affichées avant même que le premier orateur ne prenne la parole.
Le premier orateur, enseignant en sciences politique a condamné les horreurs du 7 octobre autour de Gaza, puis a parlé de son sujet de prédilection, l'occupation.
Il a nommé Israël en le qualifiant souvent "d'occupation", plus tard je me suis rendu compte que les ennemis d' Israël abandonnaient l'expression "Entité Sioniste" pour dire "occupation". Tsahal, l'armée de défense d'Israël était une armée d'occupation, le gouvernement israélien est le gouvernement de l'occupation dans la novlangue.
Le titre de la conférence était «pour mieux comprendre le conflit du Proche Orient», l'orateur s'est focalisé sur la Cisjordanie occupée, or la guerre a été déclenchée autour de Gaza, il n'a jamais dit que Gaza était libre et indépendante. Il n'a pas parlé de l'Iran, ni de son jeu déstabilisateur, ce qui est curieux pour un maître en sciences politiques.
J'ai assisté à un exposé qui permettait de comprendre la colère palestinienne, et pourquoi la colonisation avait des effets désastreux, mais qui n'expliquait pas pourquoi l'opinion israélienne avait mis au pouvoir une équipe aussi nationaliste. Il n'a pas chercher à expliquer pourquoi les israéliens n'ont pas suivi la voie de Rabbin qui avait été assassiné par un nationaliste juif.
L'exposé ignorait aussi le contexte régional. Comment expliquer qu'un territoire présenté comme un camp de concentration à ciel ouvert ait disposé d'un armement suffisant pour mener une résistance acharnée à une des meilleure armée du monde pendant plusieurs mois ? D'où vient l'argent ? les frères musulmans ont-ils vraiment oublié leurs frères palestiniens, ou ceux ci servent-ils de fer de lance à leur combat ? Quel a été le rôle de l'éducation irrédentiste dans la violence palestinienne ?
En sortant de la conférence j'étais mal à l'aise, aussi, j'ai décidé d'écrire au Président de l'Université pour lui signaler qu'un des exposé de la conférence ne correspondait pas à ce qui est attendu de la part d'un professeur enseignant les sciences politiques à l'université.
J'ai le plaisir de vous communiquer nos dialogues.
Objet : Conférence sur le conflit Israélo-palestinien ne correspondant pas aux normes universitaires.
Monsieur le président,
Vous avez bien voulu autoriser une conférence sur le « Conflit israélo-palestinien pour mieux comprendre » le mardi 28 novembre, malgré les appels à la prudence du ministère.
La conférence, et les questions réponses se sont déroulées dans une bonne ambiance, sans excès de voix ni de violence. La salle a pu poser ses questions auxquelles les orateurs ont répondu.
J’ai beaucoup apprécié les deux professeurs de droit, qui avec bonne humeur et un grand savoir nous ont fait découvrir les arcanes du droit, et la complexité des définitions juridiques ou le fonctionnement de la Communauté Européenne.
Par contre j’ai été choqué par l’exposé du professeur de sciences politiques qui s’est permis de tenir un discours militant partisan et parfois erroné.
D’emblée il nous a dit qu’il est allé plusieurs fois en Palestine, en traversant Israël, ce qui déjà nous indiquait qu’il ne souhaitait pas connaître les deux sociétés. Lorsqu’on veut comprendre un conflit, c’est déjà une erreur.
Puis au lieu de définir le sionisme comme un nationalisme, né en même temps que le nationalisme arabe à la fin du XIX ième siècle, il l’a défini comme un colonialisme. Ces propos sous entendent que le peuple juif n’existerait pas, et qu’une puissance impérialiste aurait envoyé ses colons en Palestine.
En conséquence, il n’a jamais fait allusion à l’affrontement entre les deux nationalismes dès le début du XXème siècle, n’a pas évoqué les révoltes arabes, contre les anglais et les juifs, qui ont été probablement encouragées par les nazis, dans les années 30 affirmant que l’hostilité des arabes de Palestine était la conséquence du vote du partage du pays en 1948 par l’ONU.
Il a présenté la déclaration d’indépendance proclamée par Ben Gourion suite au vote de l’’ONU comme un coup de force. Il a « oublié » de dire que les arabes avaient voté contre et qu’ils avaient lancé une révolte armée pour jeter les juifs à la mer, faisant porter la responsabilité de la guerre sur les seuls juifs.
On sait que cette révolte arabe et l’invasion des pays voisins ont eu pour conséquence la fuite d’une grande partie de la population arabe. Il a présenté cette fuite comme une expulsion, ce qui est faux. - La fuite des français d’Algérie n’était pas due non plus à une expulsion - Les historiens s’accordent à dire qu’il y a eu une panique, parfois encouragée par des juifs, mais qui ne serait pas advenue si les arabes n’avaient pas déclenché les violences.
Il a prétendu que la conquête de Jérusalem-Est et de la rive droite du Jourdain était un des buts de la guerre de 1967, en « oubliant » de préciser que le gouvernement Israélien avait supplié le Roi Hussein de Jordanie de ne pas intervenir.
Il a prétendu qu’Ehud Barak avait refusé un plan de paix, échafaudé à Taba, alors que la version américaine et israélienne affirme qu’Arafat aurait préféré lancer la seconde intifada plutôt que signer. En effet, les deux dirigeants contrôlaient mal leurs opinions publiques en raison de la politique expansionniste israélienne, et du terrorisme arabe. La vision unilatérale de l’échec n’est pas de mise dans une présentation universitaire.
Toutes les fautes selon lui, étaient exclusivement israéliennes, il n’a jamais mentionné le terrorisme, ni l’antisémitisme qui a entraîné l’exode forcé des juifs des pays musulmans, ni les attentats qui ont multiplié la méfiance entre les deux peuples, même pas ceux qui judicieusement placés la veille des élections ont poussé la droite et l’extrême droite israélienne au pouvoir.
Et il est allé jusqu’à dire que la volonté militaire de bombarder Gaza ce mois-ci était voulue car les américains et les israéliens souhaitaient tester leurs nouvelles armes.
Il n’a bien sûr pas rappelé qu’Israël est un pays démocratique, qui pourrait changer de politique si ses électeurs le souhaitaient, et a appelé à des sanctions contre Israël, en oubliant qu’il cumule à lui seul a majorité des condamnations de l’ONU. (En 2022 : 15 sur 28).
Je n’ai pas retenu toutes les calomnies, approximations, et erreurs de son discours, mais il est totalement choquant de voir une personne se revendiquant de l’université tenir un discours d’une telle partialité.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à mes plus respectueuses salutations
***
Le 31 janvier 2024
Objet : conférence « le conflit israélo-palestinien pour mieux comprendre »
Cher Monsieur,
J’accuse réception, avec un retard important dont je vous prie de bien vouloir m’excuser,
de votre courrier relatif à la conférence organisée par trois collègues juristes et politistes le 28 novembre 2023 intitulée « le conflit israélo-palestinien pour mieux comprendre ».
Deux points parmi ceux que vous évoquez retiennent particulièrement mon attention. Le premier concerne l’autorisation de tenir cette conférence, que j’ai effectivement donnée« malgré les appels à la prudence du ministère ». Sachez que ma décision a été accordée à la double condition que l’organisation garantisse la sécurité des personnes et des biens, d’une part, et qu’aucun propos susceptible de donner lieu à poursuite ne soit prononcé, d’autre part.
Votre courrier confirme
les bonnes conditions dans lesquelles la conférence s’est déroulée, ce dont je me félicite.
Le second point est relatif au fond. Vous dénoncez les propos tenus par Monsieur xx, à qui vous reprochez d’avoir tenu une analyse historique et politique partiale. Pour autant, il semblerait que vous ne soyez pas intervenu pendant la conférence, ce que je regrette, d’abord, parce que le format public de l’événement y invitait et, ensuite, parce que le contradictoire est inhérent au travail universitaire – s’agissant en outre d’analyses et de prises de position contestées.
N’ayant pu assister à la conférence, je me suis permis de transmettre votre courrier à Monsieur xx afin de recueillir ses observations. Citant plusieurs sources à l’appui de sa réponse, y compris des auteurs israéliens, il réfute les reproches historiques et scientifiques formulés, ainsi que
les « calomnies » dont vous faites état. De ce que je peux saisir de votre courrier et de la réponse de
Monsieur xx, le débat ne semble pas outrepasser les limites de la liberté académique dont jouit tout enseignant-chercheur. Ainsi, si je comprends parfaitement que les propos tenus puissent heurte
vos convictions au point de vous paraître choquants, ils ne me semblent pas à ce stade violer les règles
gouvernant la recherche universitaire.
Vous comprendrez que, n’étant pas spécialiste du conflit israélo-palestinien, je ne sois pas en mesure de prendre position sur des questions de fond qui échappent à mes compétences historiques et politiques. Au demeurant, je vous invite à vous rapprocher de Monsieur xx pour prolonger la discussion si vous le souhaite
Vous renouvelant mes sincères excuses pour ma réponse tardive, et restant à votre
disposition, je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’expression de ma meilleure considération
****
Le 23 février 2004
Monsieur le Président ,
J'ai lu avec le plus grand intérêt votre réponse, dont je vous remercie, elle soulève toutefois quelques remarques que vous trouverez dans la lettre ci-jointe.
Les questions que je soulève concernent avant tout l'université, aussi mon rôle de lanceur d'alerte s'arrête là.
***
Monsieur le Président,
Je vous remercie pour votre réponse, qui me permet d’apporter certaines précisions sur les raisons de ma lettre précédente.
Nous nous félicitons tous les deux de la bonne tenue de la réunion du 28 novembre.
J’étais venu pour m’informer avec un esprit ouvert, sans souhaiter entretenir de polémiques, ni provoquer de scandale.
Je suis intervenu deux fois au cours de la conférence, une fois après l’exposé de M xx, où j’ai manifesté ma stupéfaction, et les organisateurs m’ont répondu que les questions seraient posées après les deux autres exposés. Une seconde fois pendant les questions réponses, où j’ai exprimé l’idée que pour arriver à la paix, il fallait être capable de se situer au côté des deux peuples en conflit, et Monsieur xx a répondu qu’il partageait mon opinion.
Le temps imparti aux questions-réponses ne permettait pas d’entamer un débat, chaque intervenant pouvait poser au mieux une seule question.
En conclusion, la conférence s’est déroulée dans d’excellentes conditions.
Sur le second point de votre réponse, j’ai effectivement constaté que Monsieur xx a été partial. Il n’a cité comme référence que deux auteurs : Shlomo Sand, connu pour son livre « Comment le peuple juif a été inventé » qui est une attaque en règle contre l’idée même de nation, et Ilan Pappe, condamné pour diffamation, et par l’ensemble de ses confrères, y compris les nouveaux historiens, si bien qu’il a dû s’exiler en Angleterre. Je vous invite à lire sur Wikipedia ce qu’on pense de ces deux auteurs.
Vous avez jugé utile de communiquer ma lettre à M xx, et j’aurais été heureux de lire sa réponse, peut-être m’aurait-elle éclairée.
Ce n’est pas tant la partialité que je reproche à l’exposé de M xx, que la diffusion volontaire d’erreurs historiques. Par exemple, il a osé affirmer que le conflit judéo-arabe datait de 1948 alors que les arabes ont organisé des grèves générales en 1936, qu’il y a eu des émeutes sanglantes en 1929, et qu’en 1917 Churchill aurait été accueilli à Gaza au cri de « Mort aux Juifs »
Vous avez fait allusion à mes convictions, celles-ci ne concernent en aucun cas le bon droit de l’un ou de l’autre des deux belligérants. Je suis convaincu de la nécessité d’enseigner la vérité, de former les étudiants à avoir l’esprit critique, et de les faire réfléchir sur des hypothèses d’explication pouvant être contradictoires.
Pour conclure, j’aurais aimé que le Président de l’Université fasse vérifier si le contenu des cours de M xx apporte les connaissances nécessaires à la formation d’un honnête homme, où celles nécessaires à un militant de la cause palestinienne.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en mes plus respectueuses salutations.