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Derière mise à jour
07-Déc-2024
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Pour mon anniversaire de 80 ans, ma fille m'avait organisé une surprise, elle avait invité quelques rares personnes parmi celles qui m'étaient les plus proches dans un lieu de prestige à Dijon, à l'hôtel de la Cloche.
Comme le montre la photo, l'accueil était sympathique, et accueillant.
En plus, on m'a offert une Wonderbox, une boîte merveilleuse, pour pouvoir passer un week-end dans un château avec mon épouse habituelle et préférée. Nous avons donc voulu profiter de cadeau rapidement, et je me suis mis à la recherche d'un château pas trop loin de Dijon, dans le catalogue électronique proposé par Wonderbox. Hélas, il n'y avait pas grand chose en Bourgogne-Franche-Comté, mais j'ai fini par trouver un manoir dans les monts du Lyonnais, au milieu de la verdure avec un grand parc. Il s'agissait d'une chambre d'hôte, et l'hôtesse nous semblait bien sympathique. Or le vendredi matin, juste avant de prendre la route, je regarde mon téléphone, et vois que j'ai reçu un SMS : pour des raisons impérative, on ne pouvait pas nous recevoir !
Alors, de retour sur le micro-ordinateur, je me suis précipité pour trouver une solution de rechange... en fin de compte, nous avons choisi un hébergement à Neuf Brisach au bord du Rhin. C'était loin d'être un château, un hôtel en ville, avec un mini jardin, un repas correct à défaut d'être gastronomique, un rapport qualité-prix tout à fait normal. L'affichage de Wonderbox parmi les châteaux, est effectivement abusif, mais vu le prix de ces box-cadeaux, il ne faut pas rêver ! ! le luxe a quand même un prix, quand on vous promet un diamant à 2 €, il ne faut s'attendre aux bijoux de la Castafiore.
C'est une ville tout à fait unique en son genre, crée artificiellement par Vauban lors de la conquête de l'Alsace, en face de la vieille ville allemande de Breisach. C'est une forteresse.
L'écusson de la ville représente la fleur de lys, et le soleil, symbole de Louis XIV, le roi qui a conquis l'Alsace pour la rattacher au royaume de France
La ville était interdite aux protestants, et le Roi avait fait construire un grand église dédiée, à Saint Louis.
La ville de Neuf Brisach est austère, tout en angles droits, on sent la rigueur militaire. On y trouve donc aucune courbe, ni passages secrets laissé en héritage des temps anciens.
La ville est en fait encore plus récente qu'il n'y paraît, elle a été détruite à 80 % par les soldats américains en février 1945 qui étaient persuadés qu'elle était occupée par un imposante garnison allemande.
Émile Muller, avait remarqué que les soldats allemands s'étaient enfui, et que les bombardements continuaient, alors, il s'est muni d'un drapeau blanc et a tenté de franchir les murailles pour faire cesser la cannonade. Une sentinelle américaine l'a visé, et l'a grièvement blessé. Il réussit quand même, à l'aide de gestes, à indiquer à la patrouille américaine par où passer pour entrer dans la ville. Il a été guéri et fêté comme un héros.
Ce drame m'a fait penser à un autre, cette année à Gaza, où un soldat israélien a tué des otages qui avaient réussi à se libérer et hissaient des drapeaux blancs.
En face de Neuf Brisach, de l'autre côté du Rhin, on trouve la vieille ville de Breisach, avec sa cathédrale dominant la vallée du Rhin. Son sort n'a pas été meilleur que celui de Neuf-Brisach, vu que Breisach a été détruit à 80 % en 1945. Les reconstructions ont été réalisées avec goût, et la ville est joyeuse et animée
Il y a une grande proximité entre les deux villes, linguistique, l'alsacien et le badois sont très proches, et la frontière fait que beaucoup de monde comprend le français. On voit le même type de maisons, toutes construites après 1945 ! les couleurs, et aussi un goût pour les fresques murales qu'on retrouve à Neuf Brisach et à Breisach.
A Breisach, j'ai été épaté par cette grande fresque, qui représente les joies d'autre fois, on voit un musicien, des danseurs... et une charrette qui amène le condamné à mort qui va probablement être décapité ou torturé pour le plus grand plaisir des badauds.
La vallée du Rhin est propice au vélo, et dans notre hôtel, il y avait des couples plutôt d'un certain âge qui étaient venus parfois de fort loin à bicyclette... de la Hollande à la Suisse, des jeunes séniors rendent hommage au Rhin. La route qui longe le fleuve n'est pas très touristique en raison des hautes digues qui protègent les villages, mais cachent le Rhin.
A Neuf Brisach, les fresques sont plus joyeuses ! ! et davantages "pro".
La pâtisserie salon de thé est la principale source d'animation de Neuf Brisach, ou des potron-minet, la terrasse est pleine de clients venant siroter leur café ou leur café au lait devant des viennoiseries ou de délicieux gâteaux. C'est de là que venait notre Kouglof, hélas aujourd'hui disparu. RIP.
Mais c'est à Colmar que nous avons vu la fresque la plus imposante, une maison peinte, un vrai décor de théâtre
Un autre point commun entre les deux villes jumelles de chaque côté du Rhin, ce sont les statues d'angle
Le mot Alsace a des origines bien controversées si j'en crois Wikipédia, et les alsaciens parlaient une langue-dialecte issue du Haut Allemand, et assez proche du Yiddish. Aujourd'hui l'alsacien se perd, mais à Neuf Brisach, au bord du Rhin, on le parle encore. Les communes d'Alsace tentent de sauver leur langue régionale, et les plaques des rues récentes sont souvent bilingues, comme celles ci de Neuf Brisach
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Dans ce contexte, la réforme de François Hollande, en créant la Grande Région "Grand Est" a été très mal vécue par les alsaciens qui y ont vu une négation de leur histoire si originale.
Ce rejet a conduit les élus alsaciens à créer La Collectivité Européenne d’Alsace. C'est une toute nouvelle entité administrative, crée le premier janvier 2021 qui réunit les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Les départements 67 et 68 demeurent, mais ils sont sous la responsabilité de cette nouvelle entité. Son logo officiel est un coeur au milieu duquel on peut lire la lettre A, mais le profane y verra un brezel, et ce n'est probablement pas un hasard.
On peut encore trouver des plaques anciennes illustrées par exemple avec ces logos
Seuls la première et la toute petite en bas sont "légales" et anciennes, les deux autres sont des auto collants, posés sur les plaques officielles, ce n'est pas très légal, mais je ne vous dénoncerai pas.
La réforme régional a donné des ailes aux indépendantistes alsaciens, qui depuis leur collaboration avec les nazis n'osaient plus se montrer en public.
Il existe aussi un drapeau Alsacien, je n'en ai vu qu'un seul à Colmar, et sur la plaque d'une voiture trouvée à Dijon il y a deux mois.
C'est plutôt une bonne nouvelle, je me souviens de l'Alsace couverte de drapeau bleu-blanc-rouge dans ma jeunesse ! !
Avant de parler d'indépendance, il faut rendre hommage aux premières habitantes de l'Alsace, et il faut reconnaître qu'elles se sont multipliées; Cependant leur succès ne leur est pas monté à la tête, elles ne sont pas cabotins, et ont refusé systématiquement de faire un sourire au photographe;
Colmar a bien évolué depuis mon enfance au Lycée Bartholdy dans les années 1950, le centre ville est entièrement refait. Les vieilles maisons insalubres, étaient couvertes de crépi monochrome, triste, et vétuste. Elles ont été métamorphosées, grâce à de nouveaux revêtements, avec des couleurs laissant apparaître la richesse des poutres qui avaient été travaillées par des artisans artistes.
Les touristes envahissent les rues, où les commerces ont disparu sauf les boulangers-pâtissiers, remplacés par des cafés, des restaurants, et marchands de souvenirs. On y vient du monde entier, de toute la vallée du Rhin de la Hollande à la Suisse, d'Allemagne, de "l'intérieur", de Chine et d'Australie.. mais aussi du monde entier et d'ailleurs.
La Cathédrale n'a pas changé, et à l'intérieur on y trouve des sculptures remarquables, et une plaque étonnante, protégée par une glace, car de plus en plus de barbares se promènent et risquent d'altérer les marques authentiques du passé.
Cette plaque relatant un événement dramatique, semble montrer qu'à l'époque, au tout début des guerres de religions, alors que les juifs étaient bannis d'Espagne, l'Empereur Charles Quint protégeait ceux du Saint Empire Germanique sans tenir compte de l'inquisition qui sévissait dans ses terres espagnoles. Contrairement à ce qui s'était passé trop souvent ailleurs, les juifs ne semblent pas avoir été jugés responsables du fléau dont tous les colmariens, y compris eux même ont été victimes.
C'est donc sur une note optimiste que je termine ce petit article, je n'ai pas la place de vous présenter les innombrables photos que ma charmante épouse à prise, les unes plus belles que les autres, alors je vous laisse les imaginer, et elles seront encore plus belles.
Et nous avons bien besoin de rêver en ce moment, pour nous changer les idées, car nous sommes angoissés par la guerre qui frappe à notre porte depuis l'Ukraine ou le Proche Orient. La folie de quelques uns nous mène au désastre.
Michel Lévy