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Derière mise à jour
07-Déc-2024
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Suite à la dissolution surprise du parlement par le président Emmanuel Macron, il n'a été laissé que très peu de temps aux partis politiques pour préparer une campagne digne de ce nom.
Sans trop de surprise, les résultats ont confirmé ce que nous avions vu pour les élections européennes, au premier tour, le Rassemblement National a raflé la mise, il est arrivé largement premier en nombre de voix. Il y avait 4011 candidats, en moyenne 7 par circonscription.
A Gauche :
Dès l'annonce du scrutin, les dirigeants des partis de gauche ont décidé :
La France Insoumise s'est démarquée en plaçant la Palestine au centre de sa campagne électorale, ce qui lui a valu un franc succès dans les territoires perdus de la République, et une hostilité violente de l'opinion, y compris d'une fraction non négligeable de ses alliés socialistes. Mélenchon est devenu aussi infréquentable que le Rassemblement National.
A Droite :
Le grand parti de droite, "Les Républicains" est divisé en deux tendances souvent incompatibles : Des libéraux europhiles, et des "bonapartistes" partisans de l'ordre. Leur président est M Éric Ciotti, et il se sent très proche du Rassemblement National, si bien qu'il a proposé des accords de désistement réciproque. Cela a mis en colère l'aile libérale du parti, qui europhile, ne veut pas entendre parler de cette alliance. Les choses sont allés très mal, la direction du parti a exclu son président ! si bien qu'on a vu le Rassemblement National ne pas présenter de candidat contre des fidèles de M Ciotti. Par contre le parti "Républicain" a tout fait pour battre les "ciottistes" .
Au Centre :
Les centristes, défendus par Gabriel Attal jeune premier ministre en exercice, ont appelé leur coalition "Ensemble", le mouvement regroupe des libéraux issus des Républicains, des radicaux ou des socialistes souhaitant participer au pouvoir et des centristes de toujours à la fibre libérale et sociale. Au premier tour cette liste a subit un échec cuisant, car les électeurs ont reproché au président Macron sa loi prolongeant l'activité obligatoire, et aussi sa loi durcissant les conditions pour toucher des indemnités en cas de chômage. Supprimer les aide aux chômeurs, prolonger la vie active obligatoire entraînera nécessairement une augmentation de la misère dans les milieux défavorisés. Décider ceci la veille d'élections n'est pas très "politique", et le clan présidentiel en a payé le prix.
Le Rassemblement National
Jordan Bardella a mené une excellente campagne, acceptant de débattre avec Gabriel Attal. On a assisté à un rajeunissement de la politique. Jordan Bardella a continué le travail de Marine Le Pen pour normaliser son mouvement. Se présentant comme l'héritier des gilets jaunes, de la France rurale, des laissés pour compte de la désindustrialisation, il a beaucoup séduit. Ses promesses non chiffrées ont variées au cours de la campagne, au début partisan de la retraite à 60 ans, il est passé progressivement à 62, 64 ans, et je ne sais pas où il s'est arrêté. Hostile à l'Europe au début, il a fini par se montrer européen. Mais il n'a jamais varié sur son hostilité à l'immigration. Nationaliste, méfiant vis à vis des étrangers, américains, ou européens il a plaidé pour une plus grande neutralité face à Moscou dans sa guerre contre l'Ukraine.
Toutefois le Rassemblement est encore trop jeune, et n'a pas de structures bien implantées dans les territoires, si bien le choix des candidats députés a souvent été problématique. Le record a été établi dans le Jura, ou le Rassemblement a choisi une personne sous curatelle car incapable de s'administrer elle-même ! En Côte d'Or les dépliants électoraux on été nationaux, et les candidats n'ont pas publié de profession de foi individuelle. De nombreux candidats ont pu être harponné suite à des déclarations racistes contraires aux directives du Nationales.
Le Rassemblement national (RN) a obtenu 33,22 % des voix, suivi du Nouveau Front populaire (NFP) avec 24,51 % et d’Ensemble avec 15,13 %..
Le soir des résultats du premier tour, on prévoyait un gouvernement Rassemblement National, en effet, vu le nombre de triangulaires, de circonscription où le Rassemblement National, Ensemble, et le Nouveau Front Populaire pouvaient se présenter, le RN pouvait raisonnablement espérer de très nombreux élus et obtenir une majorité absolue, ou relative. Pendant la campagne du second tour Jordan Bardella se présentait comme le futur premier ministre, et ceci avec beaucoup de talent.
Mais ce succès fâchait les libéraux europhiles et les économistes, et la gauche craignait des lois liberticides ou contre l'écologie, ou contre le droit des femmes si bien qu'une alliance de facto s'est nouée pour empêcher Jordan Bardella d'accéder au poste de premier ministre. Le Nouveau Front Populaire a massivement retiré ses candidats quand le Rassemblement National risquait de gagner, et Ensemble a aussi parfois fait des gestes en faveur de candidats socialistes.
En conclusion, la France n'a pas de majorité. Après le second tour, le Rassemblement National a obtenu le plus de voix, mais a moins de sièges que le Nouveau Front Populaire, et Ensemble arrivé troisième reste une force très importante. La gauche hostile à Jean Luc Mélenchon a souvent voté "Ensemble", pour éviter un candidat de la France Insoumise.
Le soir du premier tour, Jean Luc Mélenchon, des 20 heures, le premier a fait une intervention remarquable et remarquée. Il annonçait que le Nouveau Front Populaire avait la majorité, qu'il exigeait pour son mouvement le poste de premier ministre, et qu'il appliquerait son programme, tout son programme, sans accepter aucun accord de coalition.
La déclaration de Jean Luc Mélenchon le soir des résultats étrait ahurissante. Il fallait 289 députés pour avoir la majorité absolue, et faire passer son programme sans négociations. La France insoumise en avait 71 ! et l'ensemble du nouveau Front Populaire 180 ! .
Logiquement, le président doit confier le soin de former un gouvernement au groupe qui a le plus de députés, c'est à dire au Nouveau Front Populaire. Ce dernier serait obligé de former une coalition, d'en négocier les engagements réciproques pour faire passer la partie la plus importante de son programme.
Le Nouveau Front Populaire ne réussi pas à se trouver un leader, en effet, socialistes et écologistes voir communistes souhaitent une coalition négociée avec le centre, afin de pouvoir gouverner, et la France Insoumise le refuse catégoriquement. Tous les candidats partisans d'une coalition sont rejetés.
En conclusion, l'aile droite d'"Ensemble" lorgne vers une alliance de droite, Les Républicains et les centristes auraient 229 députés, ils pourraient négocier la neutralité bienveillante de Rassemblement National moyennant certains engagements. La France aurait ainsi un gouvernement avec une majorité relative, assuré d'une certaine stabilité à condition de ne pas fâcher le Rassemblement National. Le Nouveau Front Populaire n'a pas assez de députés pour voter une motion de sencure et empêcher ce gouvernement de fonctionner.
Première étape, élection du président de la nouvelle assemblée nationale, le candidat de gauche (le communiste Alexis Corbière) est battu au troisième tour par la candidate sortante, Yaël Braun Pivet qui est une fidèle de Macron.
Rien de change.
Michel Lévy, le 18 juillet 2024