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L'Arménie et nous
Écrit en mars 2006 et mis à jour le :
lundi, 20-Sep-2010
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Juifs
et Arméniens sont très proches dans la diaspora, même traumatisme, même gratitude envers les pays qui nous ont
accueillis, même comportement social, et même place dans notre
coeur pour le pays de nos racines. Il n'y a pas de concurrence entre
les victimes, car à cause comparable, ont répondues des atrocités
de même nature et il existe une solidarité des victimes contre
les faussaires. Mais les relations d'État au Proche Orient sont plus
complexes, si l'histoire et le coeur rapprochent Israël et l'Arménie,
les intérêts peuvent les éloigner.
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Voici une carte de la
République d'Arménie en 2006. Vous remarquerez d'entrée
le caractère tortueux des
frontières, son imbrication inextricable avec l'Azerbaïdjan.
C'est une presqu'île chrétienne enfoncée en terre
musulmane.
C'est un
tout petit pays, dont le sommet (Mt Aragats) culmine à 4090 m.
(Le mont Ararat 5165 m, si cher à Noé est aujourd'hui en
Turquie). Une surface d' environ 30 000 km² contre 550 000 pour la
France, et une population proche de 3 500 000 habitants, c'est à
dire beaucoup moins qu'Israël. Il existe une diaspora d' environ 4 500 000 personnes dont la moitié réside en
Turquie et dans les pays voisins, les autres habitant surtout aux Etats
Unis, en Russie et en France, y compris à Issy les Moulineaux,
tout près de chez moi où se trouve un collège Arméniens, et une magnifique église arménienne.
Pourtant, jadis, l'Arménie était un grand pays, il suffit de regarder cette carte, ou celle là :
Ce qui nous rapproche c'est l'histoire et notre façon de
réagir à l'histoire. Vous trouverez ici un résumé du drame arménien. Ce peuple qui
fut majoritaire à l'Est de la Turquie a été victime
d'une tentative d' extermination avant et pendant la Grande Guerre.
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Peintures
Courriers
Humour
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Mais pour quels
motifs en voulait-on aux arméniens ?
On pourrait leur appliquer l'histoire juive :
« Il parait que le roi veut chasser de la capitale les juifs et
les coiffeurs.
Et les gens répondent Pourquoi les coiffeurs ? ?
alors qu'ils auraient dû demander pourquoi les juifs ? Qu 'ont-ils
fait ?
Donc je pose la question: Pourquoi
les arméniens ?
Les arméniens ne sont pas musulmans.
Contrairement
aux légendes colportées à partir des années
1960 sur fond de guerre d' Algérie, l'islam
n' accepte pas les autres religions. Elle
peut les tolérer, mais sous condition. Partout où
les musulmans sont devenus majoritaires, les chrétiens et
juifs ont été soumis à des vexations continuelles,
et à chaque crise leur vie a été mise en danger.
Ce n'est pas par hasard si les juifs se sont précipités
sous la protection de la France dès son arrivée en Afrique
du Nord, et s' ils sont partis avec elle pour la plu part. Quant aux
chrétiens, majoritaires en Tunisie au début du moyen âge...
ils ont subit le même sort que les musulmans de Sicile.
Pendant
les grandes tueries, les turcs ont souvent laissé la vie sauve
à des femmes, souvent jolies, et à des enfants, car leur
désire fondamental n'était pas la disparition de l' ethnie
arménienne, mais la disparition du christianisme en Turquie.
Ainsi les plus jolies femmes étaient mariées de force,
et certains enfants privilégiés élevés dans
la foi islamique. Le "surplus" a été exterminé.
Certains hommes, y compris certains prêtres ont eu la vie sauve
en se convertissant, les autres ont souffert le martyr.
Aujourd'hui, l'islam convertit le plus possible de chrétiens,
et des rumeurs parlent de conversion actuelle de kabyles vers le christianisme.
Mais il n'y a pas reciprocité, je vous soumets un "post"
venu du forum Mejliss donnant un point de vue musulman :
Il faut bien sûr relativiser ce témoignage, qui n'est
qu'un point de vue de particulier, mais je vous défie de trouver
ailleurs un texte comparable émanant d'un bouddhiste, chrétien,
juif ou autre.
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Les arméniens avaient besoin de liberté
: On les prend pour des révolutionnaires.
Menacés
depuis longtemps dans l' empire turc, ils ne pouvaient qu 'être
inquiets pour leur situation, et leur espoir n'était pas de voir
se créer un état arménien sur les ruines de l'
empire turc, mais plutôt que l' empire se transforme, et donne
à chacun de ses peuples, et à chacun de ses sujets le
minimum de liberté auquel il a droit. L' élite avait
des relations avec les autres pays chrétiens, et voyaient et
vivaient toutes les révolutions et les espoirs du XIX ième
siècle.
Ils étaient donc en première ligne, avec leurs
compatriotes musulmans pour lutter contre le despotisme du sultan. Ce
dernier ne pouvait l' ignorer, aussi se méfiait-il d'eux davantage,
ce qui ne pouvait que renforcer leur détermination. On voit ici
la relation avec les juifs révolutionnaires russes.
Le Tsar, défenseur de l'Eglise, oppresseur des peuples ne supportait
pas la rébellion d' opprimés surtout s' ils n' étaient
pas chrétiens. Arméniens et juifs,
victimes de la même oppression étaient tentés par
la même révolution sans souhaiter le démembrement
des empires où ils vivaient.
Les arméniens étaient jalousés
par les Kurdes au milieu de qui ils vivaient
Les Kurdes étaient généralement bergers et pauvres, alors
que les Arméniens plus anciens étaient souvent agriculteurs.
Les tenants d'une économie pastorale s' affrontent régulièrement
aux tenants de l' agriculture, l' un a besoin de grands espaces, et
les autres, d' espaces clos. Les conflits sur l' occupation de la terre
sont nécessairement nombreux.
Souvent
commerçants, polyglottes (Turc, Arménien, Russe, Perse
etc... ) les arméniens possédaient une histoire très
riche, avec des monuments qui impressionnaient les bergers Kurdes, et
leur montrait l' illusion de la richesse.
Les
arméniens avaient une élite visible, cultivée,
riche et ouverte à l'occident, ils se démarquaient ainsi
de leurs voisins, plus belliqueux, dont la colère dirigée
d'abord contre le sultan a su être détournée par
lui contre les arméniens.
Cette
élite traitait des affaires importantes avec les capitalistes
des puissances impériales qui pillaient l' empire turc en déliquescence.
Ces quelques fortunes excitèrent encore davantage de jalousies,
même si la masse des populations restaient modestes et vivaient
d' agriculture et de commerce.
Les arméniens devenaient les boucs émissaires
L' empire s' effritait, ses provinces chrétiennes d'Europe
étaient en rébellion, et les répressions sanglantes
se sont terminées par des guerres d' indépendance avec
l' appui de la France et de l' Angleterre. Les musulmans vaincus ont
du rejoindre la Turquie, où les chrétiens se sont trouvés
de plus en plus minoritaires face à une population qui avait
souvent des vengeances à assouvir.
Les arméniens cherchaient
à se protéger, on les considérait comme des traîtres.
Leur culture
et leurs goûts pour les langues en faisaient naturellement les
correspondants des grandes puissances impérialistes, les nationalistes
les considéraient comme des agents de l' étranger.
Plus les persécutions s'
aggravaient, plus ils appelaient au secours leurs connaissances et relations.
Ils espéraient même naïvement l'aide de la Russie
tsaristes... espoir bien mince, car le tsar était autant anti
arménien qu'anti sémite, qu'anti musulman, qu'anti tout
ce qui n'était pas Russe et Orthodoxe. Mais pour
le Sultan, et les jeunes turcs, la trahison des arméniens étaient
logique et probable, ils ont préféré agir avant
d'avoir à constater la moindre traîtrise. Les protestations
de fidélité n'ont bien sûr servi à rien.
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Les mémoires sont elles
en concurrence ?
Il n'y a pas concurrence des mémoire,
elles se font écho dans une douleur commune.
Le lecteur un tant soit peu informé des persécutions
des juifs ne pourra que trouver des points communs dans les causes du
désastre. Il suffirait de remplacer Kurdes par Ukrainien, Turc
par Allemand, et Arménien par Juif pour avoir des histoires similaires.
Le déroulement des massacres, les déportations, les camps
où on mourrait de faim, la maladie, le sadisme, les justes, tout
y est. Il n'y a pas concurrence, mais similitude, solidarité,
et pleurs en commun, et dans notre douleur nous incluons les Tutsis
du Rwanda, et les Cambodgiens. Les relations
entre les associations de victimes sont toujours excellentes.
(D'autres massacres s' en rapprochent, nous avons connu
le Biaffra, et le Darfour mais à ma connaissance, dans ces deux
cas il n'y a pas eu plan systématique d' extermination.)
Mais il y a un combat contre les faussaires
Un
autre point commun, est le combat contre le négationisme. Le
négationisme, c'est nier la mémoire, falsifier le passé
pour se justifier.
Les
dirigeants turcs continuent à dire que s'il y a eu des exactions
regrettables, lesarméniens
ont attaqué les premiers car ils étaient des traîtres
à la Turquie et les alliés des russes. Il prétendent
que les arméniens ont tué à peu près autant
de turcs que les turcs ont tué d' Arméniens. Ils soutiennent
qu'il existe de très nombreux documents le prouvant. Malheureusement,
ils n' en publient aucun en français ou en anglais. Si dans certains
cas, les arméniens ont vendu chèrement leur peau, ou si
certains d'entre eux se sont vengés et ont aussi commis des crimes
abominables contre des turcs ou des kurdes innocents, les échelles
ne sont pas les mêmes. Les allégations turques sur la présence
d'un dossier très complet me rappellent les dossiers secrets
de l'affaire Dreyfus, les documents existent mais on ne les publie
pas.
Côté
de la Shoah, les principaux responsables, les allemands déplorent
ce drame, et reconnaissent la responsabilité de leur peuple.
Mais ce sont des musulmans qui falsifient l'histoire. Les négationistes
sont des héros du monde arabe, comme Roger Garaudy qui sévit
au Caire ou le président Mahmoud
Ahmadinejad d'Iran.
Plus grave pour nous, les arabes
montent le mythe d'un pseudo génocide des Palestiniens, afin
de dire au monde, les vrais responsables de génocide ce sont
les juifs.
Peut-on
comparer la propagande turque qui expliquent que ce sont les Arméniens
qui sont responsables des massacres, et celle des arabes qui raconte
que les juifs ont inventé la Shoah pour justifier la pseudo extermination
des palestiniens ?
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Selon le CRIF après une rencontre avec les dirigeants arméniens : " Un tour d’horizon historique a mis en évidence la proximité incontestable des destinées des peuples juif et arménien à travers les siècles. "
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Arméniens et Juifs : pour le dialogue et la reconnaissance
mutuelle
par Yves Ternon. L’Arche n° 546-547, août-septembre
2003.
Yves Ternon est l’auteur de L’innocence
des victimes -
Au siècle des génocides (Desclée de Brouwer, 2001),
L’État criminel (Seuil, 1995),
et Les Arméniens, Histoire d’un génocide (Seuil, 1996). |
Le mythe des judéo-arméniens
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Les
relations entre l'Arménie et Israël restent complexes
L'Arménie est en conflit avec
les rares pays musulmans amis d'Israël
Israël
comme l'Arménie est entouré de pays musulmans avec qui les
relations sont complexes. Israël est globalement en guerre avec le
monde arabe, la paix froide avec l' Égypte ne fait illusion à
personne, et la paix avec la Jordanie repose sur des intérêts
stratégiques et sur le désir du roi de Jordanie d' assurer
la prospérité de son pays, mais le coeur n'y est pas.
L'Arménie
a des relations conflictuelles avec la Turquie, et très mauvaises
avec l'Azerbaïdjan. Certains cantons d'Azerbaïdjan, le Haut
Karabach étaient peuplés en majorité d'Arméniens,
mais enclavés en zone Azéri. Par une opération militaire
de grande envergure, l'Arménie est venue occuper ce territoire
pour y protéger ses compatriotes, en entraînant l' exil de
nombreux Azeris.
Les Arméniens
sont ici dans la peau des Israëliens, occupant d'un autre peuple
sur le sol de leurs ancêtres.
Israël
a un besoin vital d'avoir les meilleures relations possibles avec les
états musulmans qui le souhaitent. Or la Turquie a choisi de
s' allier pour le moment avec les États Unis et Israël pour
favoriser son commerce avec les pays anglo-saxons, et se prémunir
contre l' instabilité chronique de l'orient arabe. Israël
compte aussi sur l'Azerbaïdjan, pays riche en pétrole, qui
n'est pas arabe avec qui il a d' excellentes relations.
Comment
faire pour être ami de l'Arménie, de la Turquie et de l'Azerbaïdjan
? c'est un exercice qui n 'est pas facile et chaque parole peut
rapidement dégénérer en incident diplomatique.
Est-ce dans ce contexte qu'il faut évoquer
l'expulsion avec pertes et fracas de l' ambassadeur
Il existe une solide tradition antisémite
chez les chrétiens d' orient.
Cette
tradition est d' origine théologique ou politique (Les juifs
ont été accueillis par le Sultan pour l' aider à
lutter contre l'Espagne et la chrétienté
qui à l'époque persécutait les juifs). Beaucoup
d'Arméniens ont été accueillis à Alep, Beyrouth
Jérusalem où ils ont vécu en symbiose avec les
arabes, ils ont reçu la même éducation anti sioniste,
donc antisémite.
Mais la question de Jérusalem, et la montée
de l'islam radicale chez les arabes est peut-être en train de faire
évoluer les mentalités.
Jérusalem, la vieille ville
est divisée en quatre quartiers, le quartier Juif, le quartier
musulman, le quartier chrétien, et le quartier arménien.
C'est dans ce quartier que s'est reconstitué le centre spirituel
de l'Arménie.
Les habitants se positionnent comme palestiniens,
et se montrent solidaires des arabes, et certains assimile leur sort
à celui des arabes de Palestine, en particulier quand ils pensent
aux ruines des villages arabes abandonnés après 1948.
Il y a souvent des conflits sur les propriétés de l' église,
et les empiétements des israéliens sont mal supportés.
On peut le lire sur le web, mais les arméniens ne sont pas des
nationalistes virulents, ils sont pacifistes, commerçants et
très accueillants envers les touristes. Les coupes en verres
faites par les arméniens sont d'après eux d'une qualité
infiniment supérieure aux pâles imitations arabes faites
à 'Hebron.
Je me suis promené dans le quartier
arménien de la vieille ville et j'ai remarqué les sonnettes
et les boites aux lettres : les noms sont écrits en caractère
latin, c'est à dire que les arméniens ne se veulent ni
arabes ni juifs... ils sont probablement favorable à une forme
d' internationalisation de la ville sainte, comme le souhaite le vatican.
Les accords non signés de camp David et Taba qui auraient pu
aboutir à la paix, prévoyaient un partage de la ville
sainte, les vieilles villes juives et arméniennes auraient été
rattachées à Israël tandis que les quartiers chrétiens
et musulmans seraient devenus palestiniens, le tout dans une ville ouverte
avec libre circulation.
Que pensent réellement les arméniens
de l'avenir de la ville sainte ? L'histoire leur a montré qu'il
est dangereux de se compromettre dans le monde islamique, quand Tsahal
s'est retiré du sud Liban des libanais qui avaient sympathisé
avec les israéliens ont été lynchés.
Quand on est arménien, cela fait réfléchir.
Michel Lévy
Post scriptum : le 20septembre 2010 :
Les relations entre L'Arménie et Israël continuent à évoluer en fonction des alliances dans la région qui deviennent fluctuantes : L'Arménie se rapproche de l'Iran avec qui elle a d'excellentes relations, en particulier grâce à la diaspora arméninienne vivant de l'autre côté de la frontière. La Turquie a décidé de changer d'alliance et de se rapprocher des pays islamiques en rompant son alliance avec Israël. En même temps Israël renforce sont alliance avec l'Azerbaïdjan, pays pétrolier proche de l'Iran qui pourrait servir de base pour une action contre les centrales nucléaires d'Iran.
Donc, les relations entre l'Arménie et Israël ne pourront pas profiter à court terme de la rupture entre la Turquie et Israël. On restera dans des relations entre états polies et froides... en attendant qu'une paix improbable permettent aux coeurs d'oublier leurs intérêts stratégique, et de se laisser aller à leurs véritables sentiments. Seuls pays au monde a être assiégés par l'islam, a avoir une mémoire commune et une loi du retour pour permettre à la diaspora de rentrer au pays, l'Arménie et Israël sont fondamentalement des pays frères.
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