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DEBKAfile rapport spécial dimanche 16 novembre 2008
Le groupe terroriste palestinien de Gaza a annoncé samedi 15 Novembre, que les 120,000 habitants de la ville portuaire méditerranéenne d’Ashkelon, à 15 kilomètres de Gaza, sont maintenant tenus en otage. Tous les coups militaires israéliens à Gaza seront contrecarrés par des fusées Grad de longue portée (25 kilomètres) fournies par l’Iran pour des attaques de l’artillerie sur la ville.
DEBKAfile rapporte : Les terroristes ont été encouragés à monter leur offensive par la décision du premier ministre Ehud Olmert, du ministre de la défense Ehud Barak et chef d’état-major le Lt. Gen. Gaby Ashkénazi prise vendredi soir de s’abstenir de se défendre après qu’Ashkelon ait été frappé par 6 Grads palestiniens et Sderot frappé par 11 missiles Qassam le 10e jour du bombardement aérien Hamas.
Une femme de 80 ans de Sderot a souffert des blessures causées par des éclats d’obus, 22 ont été hospitalisés pour traumatisme. Depuis lors, la population qui est à portée de la Bande de Gaza doit rester dans les abris – il est incertain qu’ils puissent revenir au travail et aux activités scolaires normales dimanche.
L’hôtel de ville Ashkelon a ouvert des abris publics, pendant que la ville d’Ashdod au nord a commandé des abris. Plusieurs ministres aussi bien que les chefs de l’opposition demandent une campagne militaire efficace contre les groupes terroristes de Gaza avant que ce soit trop tard. Ils disent que la trêve de Gaza, qui doit être renouveler le mois prochain, est devenu une farce.
(info # 010701/9) [Analyse] Par Jean Tsadik © Metula News Agency
Le renseignement israélien est formel : les dirigeants du Hamas se terrent dans un bunker situé sous l’Hôpital Shifa à Gaza city. Plus précisément encore, sous le département de médecine pour enfants.
Ismaël Hanya, le chef de la branche politique, Ahmed Jabaari, la brute béotienne, chef des brigades Ezzedine al-Qassam, et Mahmoud al-Zahar (chirurgien !), le no.2 de l’organisation islamiste à Gaza, jugent probablement que l’aile des enfants de l’hôpital est la plus sûre protection pour leurs misérables existences.
Paradoxalement, ces adeptes du terrorisme à outrance font confiance en l’humanité de l’armée israélienne, sachant pertinemment que les Hébreux ne bombarderont jamais un hôpital.
Second calcul, intégré désormais totalement dans la doctrine de combat des fondamentalistes à Gaza : si les Israéliens, malgré tout, frappent Shifa, les images des corps d’enfants palestiniens disloqués, qui s’étaleraient sur toutes les TV de la planète, constitueraient la meilleure propagande pour les Hamas.
Car ces images sont devenues, particulièrement depuis l’enclenchement de l’offensive terrestre, l’arme de prédilection du califat islamique des Frères Musulmans à Gaza. Le Califat de Gaza étant le seul territoire géré par la puissante confrérie sunnite, ayant son centre spirituel et tactique à l’Université Al-Azhar au Caire.
L’"arme humanitaire" s’appuie sur une cohorte de proto-journalistes à Gaza, tous sympathisants du mouvement intégriste, tous musulmans, qu’ils collaborent à Al-Jazeera, à la BBC ou à FR24. Tout ce que ces "confrères", le plus souvent formés à l’Ecole Va-vite (à quelques notables exceptions près), rapportent, filment, montrent et commentent, ce sont les souffrances des civils blessés ou morts, du fait, exclusivement, de l’agression barbare des Israéliens.
Ils répondent ainsi à un ordre, une injonction, une directive. Par idéologie religieuse, nationaliste ou politique, parce que c’est auxiliairement le vœu de la chaîne qui les emploie, ou, plus bêtement encore, parce que cela ne la dérange pas, ils acceptent de dévoyer notre profession pour la transformer en arme de guerre.
Et toutes les images de souffrance sont bonnes pour émouvoir le chaland occidental et déplacer les croyants dans les rues. Même qu’il y a trois jours, un médecin palestinien, ami fidèle de la Ména, écœuré, nous a signalé que le petit garçon que les télévisions montraient en boucle, alors qu’il était transporté, dans les bras de son père, dans un lit ensanglanté de Shifa, souffrait d’un furoncle au cou, qui n’avait, évidemment, rien à voir avec le conflit.
Le médecin en question, l’un des seuls qui ne soit pas sympathisant islamique à n’avoir pas été licencié lors du coup d’Etat vert de juin 2007, a terminé sa conversation téléphonique avec Sami El Soudi par la phrase suivante : "Maintenant, on a un Mohammed Al-Dura chaque heure".
Ce qui ne signifie certainement pas qu’il n’y a pas de victimes collatérales durant ce conflit, ce n’est sûrement pas ce que nous entendons dire.
Ce sur quoi nous voulons éveillez le sens de l’observation de nos lecteurs, c’est qu’il n’y a assurément pas QUE des victimes civiles lors de la Guerre de Gaza. Partant de cette constatation simple, deux autres s’imposent inévitablement : il n’y a pas de journalistes dans la Bande, mais uniquement des auxiliaires de communication du Hamas ; cela n’empêche nullement les TV occidentales de diffuser leur message, sans avertissement, en le faisant passer pour de l’information.
Le sens de l’observation dont a fait preuve notre camarade Etienne Duranier dans son article Les media ont choisi leur camp, diffusé il y a trois jours, est édifiant. Il est parvenu à étonner tous les rédacteurs de l’agence : depuis le troisième jour de Plomb fondu, aucune image en provenance de Gaza n’a montré de milicien islamiste. Ni soigné dans un hôpital, ni blessé ou mort sur le pavé, ni en faction, en défense d’une position tactique.
Selon les chiffres très conservateurs proposés par l’armée israélienne, les soldats hébreux auraient neutralisé plus de 150 miliciens durant ces dernières 24 heures. En application d’une règle proportionnelle, habituellement pertinente dans des conflits de ce genre, on dénombre entre deux et trois blessés pour chaque mort. Où sont donc passés ces morts et ces blessés ? Pas sur les écrans des publics-cibles, cela est une certitude.
Le fait que les médecins de Gaza ne présentent ni ne discutent jamais les cas des miliciens qu’ils traitent constitue également la preuve établissant qu’autant qu’exercer la médecine, ils participent en plein à la guerre contre Israël.
Il n’y a qu’un seul succès qu’Hanya et Jabaari ont remporté lors de cette confrontation militaire. Il ne se situe pas sur le champ de bataille, où leurs hommes font plutôt mauvaise figure, mais au niveau de la transformation des media audiovisuels en armes de guerre. Avec, il faut le mettre en évidence, la collaboration avenante des diffuseurs d’images.
Ceux auxquels nous avons demandé, DVD en main, de nous montrer l’image d’un seul milicien dans le matériel qu’ils ont infligé aux téléspectateurs en Europe et en Amérique n’ont pas renié les faits. Ils se sont juste montrés aussi surpris que nous l’avions été de la découverte de Duranier.
Puis, se ressaisissant, ils nous ont tous fait remarquer que, parce qu’Israël interdisait l’accès de la Bande aux journalistes en poste chez lui, ils n’avaient que les images fournies par ceux de Gaza à présenter à leur public.
Nous, bien entendu, de poser la question : est-ce que l’impossibilité de filmer un conflit dans des conditions d’objectivité implique l’obligation de montrer des images non représentatives d’icelui, tout en sachant qu’elles participent de l’effort de guerre de l’un des belligérants ?
Cette conduite aboutissant à un postulat ridicule et inconcevable pour une chaîne de télévision occidentale : parler plusieurs heures par jour, en prime time, d’une guerre entre l’armée A et l’armée B, tandis que, pour les téléspectateurs, les combattants de B, vivants, morts ou blessés, n’existent pas visuellement.
On prend A et B, on retranche B, restent les images d’hommes en armes de A, pendant Noël et Nouvel An, sur fond d’images de souffrances civiles, et sur les commentaires qui ne parlent que de cela. Comment voulez-vous, dans ces conditions, que le monde audiovisualisé ne déteste pas A ?
Il y a, à nouveau, stigmatisation coordonnée et contraire à toute déontologie d’Israël dans les media occidentaux. Il faudra se pencher sérieusement sur ce problème lorsque les armes se seront tues.
Cette situation de l’image encouragera les membres du Conseil de Sécurité à accepter, durant la réunion de cet après-midi à Manhattan, une résolution contraignante, contraire aux intérêts d’Israël et du monde libre, qui, si l’allié américain ne met pas son veto, aura sauvé la peau et le régime d’Hanya, Jabaari et Al-Zahar.
Ce serait le premier conflit perdu sur le terrain et gagné, tout de même, uniquement grâce à l’arme de la télévision.
Evidemment, c’est gravissime. Mais ce n’est toutefois pas ce qu’il y a de plus grave. Voyant l’usage qu’ils pouvaient faire du sang de leur propre peuple, les dirigeants de l’Organisation de la Résistance Islamique on franchi un pas de plus en direction de l’horreur absolue.
On avait vu le dictateur Saddam Hussein disposer des civils aux alentours de ses installations militaires afin de dissuader les Américains et leurs amis de les prendre pour cibles.
Hanya et Jabaari vont beaucoup plus loin dans l’usage cynique qu’ils font des civils : ayant constaté l’effet des images d’enfants et de femmes ensanglantées sur l’opinion publique, la rue arabe et les diplomates, ils n’utilisent plus les civils palestiniens – dont ils ont la charge de la sécurité en leur qualité de gouvernants de Gaza – afin de dissuader les Israéliens de frapper, mais, au contraire, afin d’attirer sur eux le feu de Tsahal.
Le cas s’est vérifié hier lors du drame de l’école de filles de Fakhura, gérée par l’UNRWA, dans le camp de réfugiés de Djabalya. Nous disposons des évidences indiscutables montrant que le Hamas avait placé deux miliciens lanceurs de mortiers, les frères Imad et Hassan Abou Askar (membres du clan Abou Askar, l’un des plus importants de Gaza ville), sur le toit de la salle où s’étaient réfugiées environ 400 personnes, qui ne se sentaient plus en sécurité chez elles.
De cette position, les Abou Askar canardèrent une position des forces israéliennes, l’obligeant à répliquer ou à perdre des soldats.
On peut, à propos de cette insupportable provocation, questionner également l’attitude des responsables de l’UNRWA à Gaza, son directeur John Ging et son porte-parole, traditionnellement fielleux à l’encontre d’Israël, autant que muet sur les tirs de roquettes contre le Néguev occidental, Christopher Gunness.
L’UNRWA, l’organisme onusien d’aide aux réfugiés palestiniens, a ouvert 23 de ses écoles à Gaza-city à l’hébergement d’environ 15 000 personnes, dont les habitats se situent en zones dangereuses.
Mais l’UNRWA dispose également de 9 000 employés dans la place, et la probabilité pour qu’ils ne se soient pas aperçus de l’activité des miliciens dans l’école de Fakhura n’est tout simplement pas crédible.
On connaissait la fonction humanitaire de l’UNRWA, mais on ignorait qu’elle avait pour vocation de servir de base d’attaques contre les forces israéliennes, participant ainsi à l’effort de guerre du Hamas.
Nous ne prétendons pas que Gunness et Ging avaient la possibilité d’obliger les miliciens armés d’aller mener leur guerre ailleurs ; ce que nous affirmons, en revanche, c’est qu’ils avaient l’obligation de prévenir Tsahal, avec laquelle ils sont en contact, de la situation. Non pour aider Tsahal, mais pour prévenir le décès inexcusable d’une trentaine de civils.
L’attitude de l’UNRWA est d’autant plus inacceptable que le gouvernement d’Israël était intervenu à plusieurs reprises, directement auprès du Secrétaire général Ban-Ki moon, afin de dénoncer ce genre de collusion. Les démarches israéliennes étaient demeurées sans réponses opérationnelles en provenance de Manhattan.
Le problème tient en ce que, devant l’avance terrestre israélienne, le périmètre à partir duquel les terroristes peuvent lancer des roquettes sur les agglomérations israéliennes s’est réduit telle une peau de chagrin.
Il ne leur reste plus que le centre de Gaza, où ils sont facilement repérables par les dizaines de drones et d’hélicoptères qui sillonnent l’éther en sans discontinuer.
Or le Hamas, ainsi acculé, est entré dans une phase hystérique comprenant ces sacrifices humains ainsi que des attaques-suicide contre le contingent d’intervention israélien.
Hier, l’un de ces kamikazes, bardé d’une ceinture explosive, a tenté de se jeter sur des soldats israéliens. Stoppé net dans sa course, il est mort seul. Un autre, vêtu d’un uniforme de Tsahal, a fait irruption dans une position de l’armée : il a été abattu avant de pouvoir faire usage de sa Kalachnikov.
Il y a les miliciens lanceurs de mortiers, et les terroristes, lanceurs de Qassam et de Grad. Mais ils ne disposent plus d’accès aux vergers et aux terrains vagues pour exercer leur sale besogne, alors tous se collent littéralement à d’autres écoles, quand ils ne tirent pas à partir des étages occupés des HLM de Gaza, ou depuis leur toiture plate.
J’ai eu l’occasion, hier, de visionner les films tournés par les drones et lors des attaques par les hélicoptères. Ces images ne laissent aucune place au doute : la doctrine de combat des planqués sous l’hôpital Shifa consiste à sacrifier les lanceurs de projectiles et à attirer sur les civils dont ils s’entourent le feu des missiles de Tsahal.
Ne craignons pas de l’écrire, l’horreur de la fin de l’ère des Frères Musulmans à Gaza dépasse l’intelligible. Les dirigeants du Hamas, dans une dernière tentative pour sauver leur "empire" et surtout leur peau, sacrifient intentionnellement les femmes et les enfants de Gaza au dieu Pellicule. La camera d’Al-Jazeera située à l’entrée de l’hôpital Shifa est l’autel de ce culte insensé.
Pour interrompre ce banquet de Moloch, Israël va, très rapidement, avoir à choisir entre ces trois options : 1. Passer à la phase 3 de Plomb fondu, en envoyant, aujourd’hui ou demain les divisions de réservistes envahir Gaza. 2. Lancer une opération commando dans les sous-sols de l’Hôpital Shifa ou 3. Se retirer sans avoir terminé le travail, permettant aux monstres de renaître de leurs cendres, et confiant la solution diplomatique du conflit aux islamistes turcs d’Erdogan, aux passoires égyptiennes et aux Français, dont les soldats évitent déjà toute altercation avec les Hezbollanis, là, sous les fenêtres de la rédaction.
Or nous l’avons écrit bien avant que quiconque ne parle de l’objectif réel israélien de neutralisation du Hamas : si, au terme de ce conflit, il ne reste ne serait-ce qu’un pan de Hamas debout, il se vantera d’avoir contenu Tsahal, d’avoir ainsi vaincu Israël, et il aura parfaitement raison de le faire.
De là à voir tous ceux qui ont pris part aux manifestations pro islamistes troquer leurs calicots pour des Kalachnikov, il n’y a que quelques années. Quant à ceux qui brûlent des voitures dans Paris, dont les propriétaires ne sont probablement ni israéliens ni même juifs, cela prendra même moins longtemps.
Ilan Tsadic
Edito de Philippe Val Charlie Hebdo
7/1/2009
La tragédie qui se déroule au Moyen-Orient joue un rôle d'exutoire.
Les passions qu'elle déchaîne hors de son périmètre, bien que
manifestant une solidarité légitime aux victimes palestiniennes,
prennent la forme, non d'un désir de paix, mais, au contraire, d'un
encouragement à la radicalisation.
Autant je comprends que les soutiens aux négociateurs et aux
dirigeants palestiniens du Fatah aient pu prendre des formes
radicales, autant je n'arrive pas à comprendre que ces soutiens
n'aient pas jugé utile de nuancer leur position dès lors qu'il s'est
agi du Hamas et du Hezbollah. Car la situation, en vingt ans, a
beaucoup changé. Et, le plus froidement possible, avant d'emboucher
les trompettes de l'indignation et de la vengeance, il faudrait peut- être faire un état de la situation nouvelle. Le but n'est pas de
faire plaisir aux belles âmes, mais de comprendre les données du
problème afin d'en imaginer les solutions. En clair, le but, c'est
d'avancer, non vers la victoire d'un des deux camps, mais vers la
paix pour les deux populations. Évidemment, il est beaucoup plus
facile de penser la victoire du bien contre le mal, il suffit
d'inverser les termes imposés par le plus médiocre des présidents
américains. Mais on ne lutte pas contre la vision du monde de Bush en
lui opposant une médiocrité symétrique. En définissant comme «mal»
la barbarie des intégristes musulmans et comme «bien» son incompétence criminelle, il a incité une masse d'imbéciles à définir sa
stupidité comme «le mal» et les intégristes musulmans comme «le
bien». Sortir de ce piège est une priorité. Voici donc, bien
modestement et sans prétention d'exhaustivilé, quelques points qu'on
devrait peut-être prendre en considération avant d'ouvrir les vannes
des bons sentiments et des passions.
1. En France, d'abord.
Le soutien aux Palestiniens était encadré par des partis ou des associations tels que le PC, le MRAP, la LDH, les Verts, la LCR, dont le logiciel était encore celui de la guerre froide. Pourtant, les Soviétiques eux-mêmes, en 1979, avaient senti le danger, et, à tort ou à raison, avaient envahi l'Afghanistan. En face d'Israël, il y avait un parti palestinien laïque. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, en face, on a deux mouvements intégristes, le Hezbollah et le Hamas.
Et désormais en France dans les manifestations, le gros des troupes est constitué de radicaux qui veulent détruire Israël au nom d'Allah. Ce n'est plus du tout la même chose. Et le PC, le MRAP, les Verts et les autres se trouvent désormais, non plus à la tête de la contestation d'une politique, mais débordés et mêlés à des manifestants qui n'ont plus rien à voir avec le programme écologiste, communiste ou antiraciste. Qu'ont en commun ces partis de gauche avec des mouvements religieux, racistes, millénaristes, apocalyptiques et totalitaires ? Leur répugnance à se démarquer de tels compagnons de route relève soit de la bêtise, soit d'une démagogie qu'ils paieront cher.
2. La guerre a changé de forme.
D'abord le terrorisme, puis les
stratégies du Hezbollah et du Hamas ont fait des civils les cibles
privilégiées, et de l'adversaire, et de leur propre camp. Fondus dans
la population, ils ne sont atteignables qu'au prix de victimes
civiles. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les conventions de Genève
et tous les efforts de la communauté internationale ont tendu vers des
règles «humanisant» les conflits. Cette période est révolue. Le Hamas
tire des roquettes sur des populations civiles et prend en otages les
populations dont il est censé défendre les intérêts. Le terrorisme,
les prises d'otages, les exécutions, la torture et la transgression
spectaculaire des droits de l'Homme s'affirment de nouveau comme des
moyens légitimes au service de la bonne cause. Cette mutation de la
guerre est due au fait que certains protagonistes - comme le Hamas,
le Hezbollah, ou les talibans en Afghanistan et au Pakistan - sont
des mouvements religieux et non des armées d'État. Ils prospèrent
sous les États et par-dessus les nations. Ils échappent à toutes les
lois en étant infra-étatiques et supra-nationaux. Leur problème n'est
pas tant une revendication légitime - comme la fondation d'un État
palestinien - qu'un combat global, prôné par des fanatiques, contre
tout ce qui n'est pas eux-mêmes.
3. Israël est un des points d'incandescence du combatue mène l'intégrisme contre le reste du monde.
Mais il y en a d'autres. L'Afghanistan, mais aussi, on l'a vu récemment, l'Inde. D'autres points névralgiques ne manqueront pas de se révéler, et cette considération devrait inciter à modifier un tant soit peu nos analyses de la situation au Moyen-Orient.
4. Tout incite à la compassion pour le peuple palestinien.
Encore faut-il savoir ce que l'on veut. Israël ne pouvait laisser indéfiniment tirer des roquettes sur ses populations du Sud. Le Hamas craint qu'avec la venue de nouveaux acteurs, notamment Obama, des négociations aboutissent. Or le Hamas ne veut pas d'un État palestinien voisin de l'État d'Israël. Il ne veut que la destruction d'Israël. Il y est encouragé par le soutien et l'aide de l'Iran, dont l'élaboration de la bombe atomique va de pair avec les discours d'Ahmadinejad menaçant Israël de destruction.
5. La situation devient de plus en plus tendue pour Israël, y comprisLes Arabes israéliens représentent désormais 20 % de
sa population et ils se radicalisent, fragilisant dangereusement
l'unité nationale. Les récentes manifestations de ces citoyens arabes
expriment leur compréhensible exaspération.
6. Israël se trouvant confronté à des mouvements transgressant les
lois internationales, prônant sa destruction et légitimant le
terrorisme, on se demande comment un État démocratique peut trouver
une réponse qui ne remette pas en cause ses propres principes
démocratiques.
7. L'idée du «Grand Israël» est désormais minoritaire en Israël.
La majorité de la population est prête pour un retrait des territoires occupés, et la question de Jérusalem se réglera d'une façon ou d'une autre, comme Ehoud Barak l'avait déjà laissé entendre et comme Sarkozy l'a rappelé récemment. Le Grand Israël est mort officiellement lorsque Sharon a décidé de se retirer de Gaza et quand Barak s'est retiré du Sud-Liban. Or ces deux retraits, symboliquement et stratégiquement très importants, ont été bien mal payés. Au nord, le Hezbollah s'est immédiatement installé pour tirer des roquettes sur Israël, et au sud le Hamas a pris le pouvoir au terme d'élections qu'on s'entête à dire démocratiques, alors que la misère et l'illettrisme ont permis toutes les manipulations. Si, chaque fois qu'Israël se retire de colonies ou de territoires conquis en 1967, des foyers de guerre et d'intégrisme s'installent, comment veut- on que des élections démocratiques portent au pouvoir des gouvernements israéliens qui prônent la continuation des retraits ?
8. Les bombardements et l'attaque au sol de Gaza par l'armée israélienne arriveront-ils au moins à faire tomber le Hamas ?À lire
les connaisseurs de la situation il y a peu de chances. Cette
opération militaire couteuse en vie humaines, et qui, de plus,
soulève l'indignation internationale, sera vraisemblablement un échec. D'ores et déjà, on peut porter le deuil des malheureuses
populations qui en seront victimes.
Mais la situation est affreusement compliquée. Des élections auront
lieu en Israël dans quelques semaines. La droite de Netanyahou est en
bonne place. Et c'est une catastrophe annoncée par sa vision de la
situation, laquelle n'a rien à envier à celle de Bush. Le
déclenchement de la guerre contre Gaza fait mécaniquement remonter
les chances de Tzipi Livni et met le parti centriste Kadima en
position de gagner les élections. Or, c'est le seul parti qui veut et
qui peut mener une politique aboutissant à l'échange des territoires
occupés contre la paix. La guerre de Gaza présente la double face
d'être à la fois un échec militaire probable et la possibilité d'une
réussite politique. Même si c'est immoral, la guerre qui se mène
aujourd'hui est électorale. Elle a également pour but, en
affaiblissant le Hamas, de renforcer l'Autorité palestinienne et
Mahmoud Abbas. En ce sens, Israël est en train de faire la guerre que
l'Autorité palestinienne n'a pas les moyens de mener. Toute guerre
est ignoble, mais elle est encore plus ignoble quand ses fins le sont
aussi. Lequel des deux protagonistes envisage le meilleur avenir ?
C'est la question.
9. De nouveaux négociateurs arrivent.
La Turquie, l'Egypte, Obama et Sarkozy, lequel a sans doute raison d'aller chercher à Damas quelques bribes de solutions. El-Assad lui doit d'avoir été reçu en France. Il cherche une issue à l'aventure sanglante de sa dynastie. Tous les efforts sont bienvenus pour qu'au prochain retrait d'Israël on évite de voir surgir un nouveau foyer de guerre. Or la Syrie a été l'artisan de l'activité du Hezbollah au Sud-Liban et elle détient quelques clefs de la situation du Hamas à Gaza. La diplomatie internationale, telle qu'elle se configure depuis l'élection d'Obama, a rarement été en situation aussi favorable pour faire évoluer le processus de paix. Encore faut-il que les leaders des pays démocratiques résistent à leurs propres opinions publiques, de plus en plus révoltées par le sort des Palestiniens et hostiles à Israël.
Mais il y a des compassions qui ont parfois pour effet le naufrage de
ceux qu'on voudrait sauver. C'est l'art de la politique d'avoir le
courage de déjouer ces mirages.
10. Enfin,
Face à cette violence, à ces souffrances, à ces
imbrications d'intérêts humains qui ne répondent qu'épisodiquement à
la raison, il faudrait proscrire les certitudes implacables. Nourrir
en soi une part de doute, accepter qu'on ne comprend peut-être pas
toutes les données du problème, et, comme on arrête un cheval en se
campant bras écartés devant lui, s'avouer qu'on ne sait pas tout pour
arrêter le galop des passions qui s'emballent. En d'autres temps,
Raymond Aron écrivait : « Appelons de nos voeux la venue des
sceptiques s'ils doivent éteindre le fanatisme. »
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NDCID : Philippe Val vient de publier chez Grasset :
« Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous »
Il y revient notamment sur l'affaire des caricatures de Mahomet.
Emeutes, assaut contre un poste de police, le Hamas multiplie les provocations à l'encontre de l'Autorité palestinienne.
par Didier FRANCOIS Correspondant à Gaza de Libération
QUOTIDIEN : lundi 17 octobre 2005
Les policiers ont retroussé les manches de leurs uniformes et manient la pelle avec diligence. Pas question de se faire surprendre par la nuit sans avoir terminé un solide rempart de sacs de sable. Bâti en briques creuses, le commissariat du camp de réfugiés de Chati ne résisterait pas à un second assaut sans une amélioration substantielle de ses défenses. Murs lacérés d'éclats, fenêtres borgnes, chambranles criblés d'impacts, le poste de police a souffert. Des traces de sang maculent les escaliers qui mènent au toit. Une roquette a ouvert un trou béant dans la façade...
«Ils ont tiré pour tuer», gronde le capitaine Jamal Abdelkader. Dans un sac plastique, l'officier conserve religieusement les preuves de cette infamie : manchons de grenades à fusil, empennages de missiles, tous de facture artisanale, tous frappés de la marque de fabrique des brigades Ezzedine al-Qassem, la branche armée du Hamas. A l'évidence, les miliciens du mouvement islamiste souhaitaient signer leur forfait. Pas moins de quatre escouades ont pris le commissariat sous des feux conjugués durant près de trois heures. «Ils nous ont attaqués comme une armée, sur toutes les directions. Chaque groupe savait exactement ce qu'il avait à faire», raconte le capitaine.
Port d'armes prohibé dans les rues
Le prétexte surgit à la veille du Ramadan, début octobre. Face au distributeur de billets de la banque de Palestine, rue Nasser, au centre de Gaza, la queue s'étend sur des dizaines de mètres. Une altercation met aux prises des jeunes gens pressés avec le reste des clients, outrés de se faire doubler.
Parmi les resquilleurs, Mohammed al-Rantissi, fils du Dr Abdelaziz, l'ex-chef de file du Hamas, assassiné lors d'une «opération ciblée» de l'aviation israélienne. Les islamistes sont armés jusqu'aux dents. «Les policiers ont donc décidé de faire appliquer la directive promulguée par le président de l'Autorité palestinienne qui interdit le port d'armes dans les rues, explique Tawfik Abou Khoussa, le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Les amis de Mohammed al-Rantissi ont refusé d'obéir et appelé à la rescousse les miliciens des brigades Ezzedine al-Qassem. A leur arrivée, sans même discuter, ils ont jeté une grenade sur la patrouille, blessant deux personnes parmi les badauds.»
L'escarmouche va rapidement dégénérer en bataille rangée dans le camp de Chati et dans le quartier voisin. Mais le bras armé du Hamas mobilise ses troupes dans toute la bande de Gaza, empêchant la concentration des forces de sécurité. Un immense défi à l'Autorité palestinienne. A la fin de la soirée, un officier de police a été tué, en plus de deux passants. Une cinquantaine de civils sont blessés par des balles perdues. Les assiégés du commissariat de Chati attendront deux heures et demie pour recevoir leur premier soutien, ainsi que l'appui des miliciens des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, branche armée du Fatah. Le lendemain, après les funérailles de leur commandant, les policiers investissent, fous de rage, le Parlement aux cris de : «Nous voulons savoir qui fait la loi, le gouvernement ou le Hamas ?»
«La situation sécuritaire se dégrade à grande vitesse, regrette Hassan Khreisheh, vice-président du Conseil législatif palestinien. Le drame, c'est que personne ne semble capable de rétablir l'ordre.» Une allusion directe au président Mahmoud Abbas, qui agace ses concitoyens par son apparente passivité face au chaos ambiant. Les statistiques publiées par le ministère de l'Intérieur résument assez bien l'ampleur du problème. Pas moins de 151 Palestiniens ont été tués dans des violences internes au cours des neuf premiers mois de l'année. Un chiffre supérieur au nombre de victimes tombées sous les balles israéliennes durant la même période. Une multiplication par quatre des assassinats, par rapport à la situation qui prévalait dans les territoires occupés avant le déclenchement de cette Intifada, en septembre 2000.
«L'anéantissement des institutions étatiques au cours du conflit a entraîné la montée en puissance de groupes armés, constitués sur des bases politiques ou familiales et qui défendent leurs intérêts sans hésiter à recourir à la force, remarque Raji Sourani, directeur du Centre des droits de l'homme de Gaza. Lorsqu'il n'y a plus d'Etat de droit, la société retourne à la loi de la jungle. La société palestinienne a un besoin urgent d'Etat de droit.»
Le Hamas n'a d'ailleurs pas le monopole de la bavure, ni du recours aux armes pour régler des différends peu politiques. Ses miliciens avaient plutôt meilleure réputation que ceux des autres organisations, tels les nationalistes du Fatah, très divisés et moins portés sur la discipline. Mais l'inquiétude gagne certains de leurs partisans, surtout parmi les commerçants du bazar, demandeurs d'ordre tout autant que de piété. Or, en un mois, la branche armée du mouvement a été impliquée dans trois incidents ayant entraîné la mort de civils palestiniens.
Nid-de-poule et chute de missile
Le 5 septembre, une coupure d'électricité surprend les artificiers du Hamas au travail dans un atelier clandestin du quartier de Choujaïya. La chaleur déclenche les charges. La déflagration souffle cinq immeubles. Bilan : quatre morts, dont deux vieillards, une trentaine de blessés. Et un premier déni. «Les forces d'occupation sionistes ont commis un nouveau crime contre notre peuple», grondent alors les porte-parole du mouvement, qui «se réserve le droit de riposter».
Deux semaines plus tard, lors d'un «défilé de la victoire», les véhicules flambant neufs des brigades Ezzedine al-Qassem paradent sur les pistes défoncées du camp de Jabaliya. Un nid-de-poule provoque la chute d'un missile artisanal. Le détonateur percute, entraînant des réactions en chaîne. Les badauds sont criblés d'éclats. Bilan : plus de dix morts et une centaine de blessés. La direction du Hamas accuse, là encore, Israël. Sans attendre, ses miliciens lâchent une salve de roquettes sur la ville de Sdérot. Les heurts avec la police au début du mois ne peuvent donc être balayés comme des dérapages isolés.
«J'espère qu'il ne s'agit pas d'une décision politique du Hamas, bien qu'il soit difficile de croire autre chose, souligne Raji Sourani. Le nombre de miliciens impliqués, la qualité de l'armement et l'ampleur de la mobilisation ne plaident pas en faveur de l'incident local isolé. Depuis le retrait des Israéliens de Gaza, le Hamas a multiplié les démonstrations de force, organisant des défilés dans tous les camps. Un message à l'Autorité palestinienne, qui a très bien compris que les équilibres avaient changé sur le terrain.»
(RSF/IFEX) - Le 17 décembre 2006, le correspondant du quotidien français « Libération » et de la chaîne d’information internationale France 24 en Israël et dans les territoires palestiniens, Didier François, a été blessé par balle lors d’affrontements qui opposent depuis l’aube à Gaza la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, et des militants du Fatah.
"Nous demandons au président Mahmoud Abbas ainsi qu’au Premier ministre Ismaël Haniyeh d’appeler au calme et de tout mettre en oeuvre afin d’assurer la sécurité des journalistes locaux comme des correspondants de presse dans les territoires. Depuis le début de l’année 2006, les professionnels de l’information sont les cibles de violentes attaques. Au moins trois radios palestiniennes ont été mises à sac tandis que six journalistes étrangers ont été victimes d’enlèvements. La presse est régulièrement prise entre les feux croisés des différentes factions et plus particulièrement des heurts entre le Fatah et le Hamas", a déclaré Reporters sans frontières.
Didier François, 46 ans, couvrait les affrontements entre des hommes de la garde de Mahmoud Abbas et des militants du Hamas dans le secteur de la présidence palestinienne lorsqu’il a été touché d’une balle à la jambe. Il a d’abord été soigné à l’hôpital Al-Chifa à Gaza avant d’être transporté en Israël. Ses jours ne sont pas en danger.
Par ailleurs, un cameraman palestinien de la chaîne France 2 a été menacé par des agents du ministère de l’Intérieur alors qu’il filmait les affrontements. Les enregistrements du journaliste ont été détruits.
Préoccupée par les conditions d’insécurité du travail des journalistes, Reporters sans frontières s’est rendue dans la bande de Gaza et en Israël du 4 au 7 décembre 2006. L’organisation a pu y rencontrer des dirigeants des différentes factions dont le Fatah et le Hamas ainsi que des représentants des médias. Un rapport sera prochainement publié afin de faire état des difficultés rencontrées par les journalistes dans les territoires du fait des violences endémiques entre factions.
Titre de l'original italien : "Dubbi sul numero delle vittime:
potrebbero essere 600 e non 1.300". Traduction : Menahem Macina
De notre envoyé spécial [Lorenzo Cremonesi].
Témoignages des violences, des tricheries et de la cruauté du Hamas à l'égard de leurs concitoyens. Des habitants de Gaza accusent « Ils nous ont empêchés de quitter nos maisons et s'en sont servis pour tirer [sur les Israéliens] ». ("Corriere della Sera").
- Ce journaliste a déjà été enlevé en 2005 à Gaza, puis libéré. -
GAZA Nombre d'habitants de la bande de Gaza criaient aux militants du Hamas et à leurs alliés du Jihad Islamique :
« Allez-vous en, partez d'ici ! Vous voulez que les Israéliens nous tuent tous ? Vous voulez voir nos enfants mourir sous les bombes ?
Ôtez d'ici vos armes et vos missiles ! »
Les plus courageux s'étaient organisés et avaient barré l'accès à la cour, cloué des planches sur les portes de leurs habitations, bloqué en hâte et avec colère les échelles permettant l'accès aux toitures plus hautes. Mais, dans la plupart des cas, la guérilla n'écoutait personne.
« Traîtres. Collaborateurs d'Israël. Espions du Fatah. Lâches. Les soldats de la guerre sainte vous puniront. Et en tout cas, vous mourrez tous comme nous. En combattant les juifs sionistes nous obtiendrons tous le paradis, n'êtes-vous pas heureux de mourir ensemble ? »
Et alors, furieux et hurlant, ils défonçaient portes et fenêtres, se cachaient dans les étages supérieurs, dans les jardins ; ils utilisaient des ambulances et se retranchaient tout près des hôpitaux, des écoles et des bâtiments de l'ONU. Dans des cas extrêmes, ils tiraient sur ceux qui cherchaient à leur barrer la route pour sauver leur famille, ou ils les battaient sauvagement.
Abu Issa, 42 ans, habitant du quartier de Tel Awa :
« Les miliciens du Hamas cherchaient délibérément à provoquer les Israéliens. Il s'agissait souvent de garçons de 16 ou 17 ans, armés de mitraillettes. Ils ne pouvaient rien faire contre les tanks et les chasseurs à réaction. Ils savaient qu'ils étaient beaucoup plus faibles [que leurs ennemis]. Mais ils voulaient que [les Israéliens] tirent sur nos maisons pour les accuser ensuite de crimes de guerre. »
Sa cousine, Um Abdallah, 48 ans, lui fait écho :
« La quasi-totalité des plus grands immeubles de Gaza, qui ont été frappés par les bombes israéliennes, comme le Dogmouch, l'Andalous,
le Jawarah, le Siussi, et beaucoup d'autres, avaient des rampes de lancement de missiles sur leur toit, outre qu'ils servaient de postes d'observation au Hamas. Ils en avaient mis aussi près du grand entrepôt de l'ONU, qui a brûlé ensuite. Et c'était la même chose dans les villages le long de la frontière, dévastés ensuite par la folie furieuse et punitive des sionistes. »
[Ces témoins] se cachent sous des noms d'emprunt mais donnent des
détails bien circonstanciés. Il n'a pas été facile de recueillir ces confidences. Ici, la peur du Hamas domine, et les tabous idéologiques règnent, alimentés par un siècle [sic] de guerre contre « l'ennemi sioniste ».
Quiconque donne une version différente du "narratif" imposé par la "muhamawa" (la résistance) est automatiquement un « amil », un collaborateur, et il risque sa vie. Y contribue, en effet, le récent conflit fratricide entre le Hamas et l'OLP. Si Israël ou Égypte avaient permis aux journalistes étrangers d'entrer immédiatement, cela aurait été plus facile. Les gens du coin sont souvent menacés par le Hamas.
Eyad Sarraj, psychiatre connu dans la ville de Gaza, affirme :
« Ce n'est pas nouveau, les sociétés arabes du Moyen-Orient n'ont pas de tradition culturelle des droits de l'homme. Il arrivait, sous le régime d'Arafat, que la presse soit censurée et persécutée. Avec le Hamas, c'est encore pire. »
Un autre fait devient de plus en plus évident quand on visite les cliniques, les hôpitaux et les familles des victimes des tirs israéliens. A vrai dire, leur nombre s'avère bien inférieur aux près de 1 300 morts, outre les quelque 5 000 blessés, dont font état les hommes du Hamas, chiffres repris par les officiels de l'ONU et de la Croix Rouge locale.
Un médecin de l'hôpital Shifah, qui refuse catégoriquement qu'on le cite, et qui a risqué sa vie, nous dit :
« il se peut que le nombre des morts ne soit pas supérieur à cinq ou six cents. Pour la plupart, des jeunes de 17 à 23 ans, recrutés dans les rangs du Hamas qui les a littéralement envoyés au massacre »,
Un autre fait, confirmé, au demeurant, par des journalistes locaux :
« Nous l'avions déjà signalé aux chefs du Hamas. Pourquoi tiennent- ils à gonfler les chiffres des victimes ? Il est étrange, entre autres, que les organisations non gouvernementales, y compris les occidentales, en fassent état sans vérification. Finalement, la vérité pourrait émerger, et il en serait comme à Jénine en 2002. Au début, on a parlé de 1 500 morts. Il s'est avéré ensuite qu'il n'y en avait que 54, dont 45 guérilleros tombés au combat. »
Comment est-on parvenu à ce chiffre ? Masoda al Samoun, 24 ans, explique :
« Prenons le cas du massacre de la famille Al Samoun, du quartier de Zeitun. Quand les bombes ont frappé leur habitation, on a rapporté qu'il y avait eu 31 morts. Et c'est ce qui a été enregistré par les officiels du ministère de la Santé, qui est sous l'autorité du Hamas. Mais ensuite, quand les corps ont été effectivement récupérés, le chiffre total a doublé, passant à 62, et c'est ce nombre qui a été inscrit dans le calcul du bilan total. »
Et il ajoute un détail intéressant :
« Les commandos des forces spéciales israéliennes ont ajouté à la confusion. Leurs hommes s'étaient déguisés en guerriers du Hamas, avec, autour de la tête, le bandana vert portant l'inscription habituelle : "il n'y a pas d'autre Dieu que Allah et Mahomet est son Prophète". Ils s'étaient infiltrés dans des véhicules pour créer le chaos. Nous nous sommes mis à leur crier de s'en aller, car nous craignions des représailles. Par la suite, nous avons appris qu'ils étaient Israéliens. »
Il suffit de visiter un hôpital pour comprendre que les comptes ne correspondent pas. De nombreux lits sont vides à l'Hôpital européen de Gaza, l'un de ceux qui, pourtant, auraient dû avoir un taux plus élevé de victimes de la « guerre des tunnels » israélienne. Même chose pour l'Hôpital Nasser, de Khan Yunis. Seuls 5 lits sur les 150 de l'hôpital privé du [mouvement] Al-Amal sont occupés. A Gaza ville, on a évacué l'Hôpital Wafa, construit à l'aide de dons des « institutions islamiques de bienfaisance » d'Arabie Saoudite, du Qatar et d'autres pays du Golfe, et bombardé fin décembre. L'institution est connue pour être un bastion du Hamas ; c'est là que sont venus se faire soigner les combattants blessés durant la guerre civile entre le Fatah et le Hamas, en 2007. Les autres se trouvaient à l'Hôpital Al Quds, bombardé à son tour dans la seconde moitié de la semaine de janvier [sic].
Voici ce qu'en dit Magah al Rachmah, 25 ans, qui habite à quelques
dizaines de mètres des grands bâtiments du complexe hospitalier,
aujourd'hui sérieusement endommagé.
« Les hommes du Hamas s'étaient réfugiés surtout dans le bâtiment
qui abrite les bureaux administratifs de Al Quds. Ils utilisaient les ambulances et obligeaient les ambulanciers et les infirmières à enlever leurs uniformes arborant les insignes paramédicaux, ce qui leur permettait de donner le change et de mieux échapper aux recherches israéliennes. »
Tout cela a pas mal réduit le nombre de lits disponibles des institutions sanitaires de Gaza. Pourtant, Shifah, le plus grand hôpital de la ville, fut très loin d'afficher complet. Par contre, ses souterrains semblent avoir été densément occupés.
Article publié le 21/01/2009 Catherine Monnet RFI
Alors que l’Etat hébreu a retiré ses troupes de Gaza après une offensive de 22 jours, le Hamas - sérieusement ébranlé sur le plan militaire - crie toutefois victoire. Sur les ruines de Gaza, et devant les locaux dévastés de l'ONU, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a qualifié les bombardements israéliens « d’attaques scandaleuses et totalement inacceptables ». Il a réclamé une enquête approfondie et demandé des comptes aux responsables israéliens.
Avec notre envoyée spéciale à Gaza, Catherine Monnet
Deux militants du Hamas, à Gaza, devant le siège du Parlement détruit lors de l'offensive israélienne.( Photo : AFP )
Derrière les orateurs du Hamas, le Parlement est en ruine. La bâtisse bombardée n’est plus qu’un amas de béton et de ferrailles. Les sympathisants du mouvement islamiste venus les écouter ont les pieds dans les gravats qui n’ont pas été déblayés. Mais, les discours parlent de victoire.
C'est Ismaïl Radouane, l’un des porte-parole du Hamas, qui se moque des promesses faites par les responsables israéliens.« Est-ce qu’ils ont détruit le Hamas ? », demande-t-il. « Est-ce qu’ils ont écrasé le Hamas ? Ont-ils tué les chefs du Hamas ? ». « Non », répond la foule.
« Le Hamas est toujours là »
Les principaux chefs du Hamas ne sont pas encore réapparus en public. Mais leurs porte-parole et leurs sympathisants se chargent de répandre la nouvelle : « Le Hamas est toujours aux commandes de la bande de Gaza. Nous étions censés être éliminés, nous devions être renversés, mais nous sommes toujours debout. Tout le monde maintenant nous regarde. Le Hamas est toujours là, et le restera. Vous savez pourquoi ? Parce que le Hamas est un concept, une croyance, et une foi. »
La police et les services de sécurité ont en même temps annoncé qu’ils reprenaient leur service. Le Hamas semble faire oublier la guerre et les destructions censées le réduire à néant.
Aucune bombe n’a touché l’école de l’UNRWA
Selon l’enquête du journal canadien «Globe and Mail», sur le bombardement de l’école de l’UNRWA dans la bande de Gaza, qui avait valu à Israël un concert international de protestations véhémentes, aucune victime n’est morte à l’intérieur de l’enceinte du complexe scolaire.
Selon l’enquête du journal canadien «Globe and Mail», sur le bombardement de l’école de l’UNRWA dans la bande de Gaza, qui avait valu à Israël un concert international de protestations véhémentes, aucune victime n’est morte à l’intérieur de l’enceinte du complexe scolaire.
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