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Marga

mercredi, 23-Jui-2010

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Marga raconte l'histoire de gens simples vivant une situation exceptionnelle. Cet excellent film montre que des Allemands savaient en 1943 ce qui se passait à l'Est; et qu'ils pouvaient, s'ils le voulaient résister et sauver des persécutés. Il montre aussi que la corruption des âmes par une propagande et une éducation criminelle est réversible; et qu'on peut guérir du nazisme ou d'une idéologie totalitaire.
 

 

Une histoire humaine, une histoire allemande. Pendant la grande guerre, Menne Spiegel s'est battu comme un lion, il s'est fait de amis, et, malgré la défaite sa bravoure a été reconnue par ses chefs, il a reçu la croix de fer.

Menne démobilisé est redevenu marchand de chevaux, métier traditionnel des juifs d'Allemagne et d'Alsace. Sa forte personnalité et son caractère jovial en ont fait une figure locale bien connue de tous. Le nazisme s'est répandu sur toute l'Allemagne, y compris dans la région d'Ahlen, pas très loin de la Hollande en Westphalie. Menne est arrêté et conduit aux travaux forcés. Lorsqu'il apprend que le bagne va être fermé, et que les travailleurs et leurs famille vont être "transférés" à l'Est, là d'où personne ne revient, il prend peur, et décide de rechercher ses copains de régiment, ses anciens compagnons d'infortune.

Il rencontre Heinrich Aschoff, dans une ferme isolé, son ancien camarade d'infortune accepte de cacher sa femme, Marga et sa fille Karin, mais lui, il ne peut pas le prendre, il est trop connu, on le reconnaîtrait de suite. Le couple accepte de se séparer, sa femme et sa fille prennent le nom de Krone et se font passer pour des réfugiés aryens fuyant Dortmund bombardée par les anglais. Menne se cache comme il peut. Il voit ses amis et parents conduits à la gare, où des trains de voyageurs les emmènent là d'où on ne revient jamais.
Les juifs allemands avaient le privilège d'être conduits à la mort dans des voitures de voyageurs, contrairement aux étrangers qui voyageaient dans des wagons de marchandises. Fuyant, hagard, il croise... deux de ses chevaux qui conduisent une carriole, il ne peut s'empêcher de les caresser, alors il voit le nouveau propriétaire, un de ses compagnons d'arme et des nazis partout tout autour. Son ami, d'un coup d'oeil voit le danger, et cache Menne sous des couvertures, il prend ainsi un risque inconsidéré qu'il assumera en cachant le fugitif chez lui, à l 'abri de tous les regards.

Cet homme au grand coeur est un ancien SA, c'est à dire un nazi bien avant la prise du pouvoir par Hitler. Tout le film se passe dans la ferme des Aschoff. Seuls les parents savent la vérité, et pour cause, les enfants sont enrôlés dans les Hitlerjungend, et le responsable local est amoureux de la fille de la maison. La ferme héberge d'autres réfugiés et des prisonniers de guerre, dont au moins un Français. L'ambiance est pesante, tout le monde semble attendre et redouter le pire.

Les parents Aschoff craignent une mauvaise nouvelle du front, tous craignent l'amoureux décervelé, surtout qu'on le voit prendre au sérieux son rôle de chasseur d'espion, il sent quelque chose de pas net du côté du refuge précaire où se cache Menne. La chance sourit à Marga et à sa famille, les rares personnes qui découvriront la vérité se tairont. Mais elle ne sourira pas à la famille Aschoff : le fils rentre en permission en 1945, le père tente de le persuader de déserter, il refuse, et trois jours plus tard il est tué. La famille ne parle pas politique, mais lorsque le facteur apportera un jour la triste nouvelle de la mort au front, la grand mère sans dire un mot décrochera le portrait d'Hitler de la salle à manger.

Ludi Boeken, est venu nous parler à la fin de la séance qui a eu lieu en avant-première à Dijon, Le réalisateur est un Juif hollandais, sa famille aussi a miraculeusement survécu grâce aux risques pris par des gens simples en Hollande. Il a lu le livre écrit en 1963 par Marga à la demande de son mari. Elle devait être parmi nous ce soir, mais sa santé et ses quatrevingt-dix-huit-ans ne le lui ont pas permis, de nous rejoindre. Nous pouvons lui pardonner. La famille Spiegel est la seule famille juive d'Ahlen qui n'ait pas été déportée; cette ville pourtant a été la première d'Allemagne à se déclarer fièrement "Judenfrei", sans juifs. Un autre survivant est revenu d'Auschwitz, et c'est tout. Tout le monde est mort.

Très peu d'Allemands ont pris les risques de ces paysans de la région d'Ahlen. On a récompensé 455 justes allemands, contre plus de 6000 Polonais.
Mais leur présence prouve qu'il était possible aussi en Allemagne de désobéir, et qu'après 1942, des informations avaient filtrées au sein de la population civile sur les exactions nazies. Aujourd'hui, les historiens ne savent pas qui savait quoi, ni combien de monde faisait semblant d'ignorer.
Ce témoignage, en montrant la lumière met en évidence la nuit qui l'entoure.

Les enfants étaient dans les HitlerJugends, c'était obligatoire. Patriotes, ils pensaient tous que les Juifs étaient les ennemis du peuple, et qu'il était de leur devoir s'ils en trouvaient de les faire arrêter - Tous, y compris Anni Aschoff, la fille de la maison. Lorsqu'elle découvre que Marga est juive et que ses parents la cachent, elle est scandalisée devant cette trahison. Après de longues explications, elle finit par comprendre, alors, elle devient complice.
Anni était une nazie antisémite, elle sera une résistante «Judenretter», puis la meilleure amie de Marga.

 

 
Bande annonce du film

Peintures

Courriers

Humour

 

Le film Marga a été montré en Allemagne, et dans des banlieues sensibles à forte connotation margaislamique en France. La réaction des enfants a été partout la même, les enfants s'identifient aux enfants, ils comprennent mieux que les adultes. Marga a présenté elle même son livre dans des écoles à Ahlen, aujourd'hui les populations sont mélangées, on est en Europe, partout les enfants sentent confusément qu'il y a des gens différents à côté d'eux, et qu'il faut se comprendre et qu'on est bien obligé de vivre ensemble.
Les jeunes Allemands parlent de la génération de leurs grands parents comme la génération des bourreaux et ne veulent pas s'identifier à elle. Lors du tournage, un figurant allemand qui jouait le rôle d'un Juif est venu dire au metteur en scène, «J'ai appris que mon grand père était SS pendant le siège du ghetto de Varsovie, puis-je continuer à jouer ?» .

Le film n'est pas "communautaire", et c'est volontairement qu'on a pris des "vrais aryens" pour jouer le rôle de Juifs, et la seule actrice Juive joue le rôle d'Anni Aschoff. Hitler avait pris les Juifs et les Tsiganes en grippe, mais rien ne les distinguait les des autres citoyens d'Ahlen. Demain un autre fou en Allemagne ou ailleurs, pourrait reprendre les mêmes ou choisir une autre fraction aléatoire de son peuple, pour la porter à la vindicte populaire afin d'avoir un bouc émissaire permettant de faire oublier sa politique.

 

 

Il y a plusieurs façons de rendre inoffensif son ennemi, on peut de le tuer, ou le neutraliser en lui retirant l'envie de vous nuire.
Anni Aschoff, était nazie, fière de son uniforme, elle cherchait les traîtres et les espions qui nuisent à la mère patrie ; par la suite elle est devenue la meilleur amie de Marga. Dans d'autres circonstances, elle aurait pu faire son devoir et dénoncer des fugitifs, qui en légitime défense auraient pu la tuer. C'est le drame de la guerre, où l'assassinat d'inconnus apparaît comme normal. La mort de son ennemi n'est jamais une fête, c'est un échec, c'est la mort du malade. Il fallait tuer la maladie et sauver le patient.

C'est pour cette raison que nous sommes nombreux à lutter contre les maladies, contre la propagande antisémite qui se déverse sans discontinuité sur Internet, dans les journaux, ou sur les radios et télévisions islamiques, toutefois ce ne sont pas les antisémites, les arabes et autres personnes malveillantes qui s'auto-déclarent nos ennemis que nous devons combattre, mais leur discours.
Nous avons en France un arsenal nous permettant d'attaquer des propos racistes sur le web ou ailleurs, il ne faut pas hésiter à le faire. Il faut répondre et ridiculiser ceux qui diffusent la haine ou le mensonge, et ne jamais oublier que nous ne luttons pas contre eux, mais contre leur discours.

Marga et son mari sont restés en Allemagne, elle a tenté d'habiter Münster, mais elle détestait la ville, elle et son mari voulaient vivre parmi les paysans qui étaient devenus leur vraie famille. La famille Spiegel a toujours été allemande, "Chez nous en Allemagne, c'est mieux", disait-elle souvent, et on m'a cité des juifs allemands, qui, en 1940 ne pouvaient s'empêcher d'admirer la Luftwaffe. D'autres ne toléraient pas d'écouter les nazis abîmer par leur inculture la belle langue allemande. Marga n'a pas connu l'horreur des camps de concentration et son histoire est vraiment exceptionnelle, elle vit en Allemagne, car elle n'est bien nulle part ailleurs que chez elle mais traumatisée par le III ième Reisch, elle ne peut plus se considérer comme une citoyenne allemande, elle n'a plus de patrie.

Quand à la fin du film les américains libèrent le village, ils prennent Menne pour un nazi caché et refusent de le croire quand il affirme être juif, un juif survivant leur semblait impossible. Marga a accompagné La familles Aschoff et d'autres fermiers du même village à Jérusalem, à Yad Vashem on leur a rendu hommage au cours d'une cérémonie émouvante.

En France par contre, la population n'a pas réagit devant les mesures antisémites de Pétain et l'exclusion des Juifs de la vie économique de la nation, mais elle a très mal pris les déportations. Une grande partie de la communauté juive de France a été sauvée, par ce que de nombreuses personnes ont risqué leur vie pour cacher les persécutés, et surtout par ce qu'on ne les a pas dénoncés.

C'est donc pour dire merci à tous, à ceux qui ont pris des risques énormes, et à ceux qui se sont montré solidaires qu'une association vient d'être créée pour rendre Hommage aux Villages de France qui se sont montré globalement solidaires.

Dès à présent, on a remercié plusieurs villages exemplaires, en particuler Mornant au Sud de Lyon, St Just en Chevalet dans la Loire, Ponson Dessus dans les Pyrénées Atlantiques, Salornay sur Guye en Saône-et-Loire, Mauroux dans le Lot, Mazeyrolles en Dordogne, Canari en Corse etc...

Dans ces villages, des familles juives persécutées ont été accueillies, leurs enfants gardent le plus souvent un souvenir heureux grâce à la protection d'une population bienveillante qui a risqué sa vie en luttant contre l'oppression. Les anciens réfugiés tiennent absolument à que ceux qui ont fait le bien ne soient pas oubliés par l'histoire, aussi, l'association lance un appel aux enfants cachés afin qu'elle puisse faire connaître ces gens là. Si vos proches ont été sauvés dans un village de France, vous pouvez m'écrire et je vous mettrai en relation avec l'association.

Michel Lévy

 

 

 

a
En souvenirs de ceux qui ont sauvé des persécutés.
 

http://www.club-lamartine.com/post/2010/06/le-film-marga-au-cinema-devosge-en-presence-de-la-vraie-marga-spiegel-avant-premiere
http://www.premiere.fr/film/Marga/%28affichage%29/public
http://www.zootropefilms.fr/marga/

Dossier de presse (format PDF)

http://www.liberation.fr/cinema/0101641561-marga-et-les-bons-aryens
http://www.critikat.com/Marga.html
http://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/Actualite/Allemands-et-justes-199801/
http://www.kcjc.com/201003059118/news/film-shows-simple-heroism-of-nazi-era-rescuers.html