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L'identité rurale de la France

vendredi, 18-Fév-2011

 

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La France se replie sur elle même, envahie par l'islam, dominée par les anglo saxons, ayant offert son industrie et bientôt ses finances aux chinois, certains font le même rêve que le Maréchal Pétain, qui en pleine humiliation voulait un retour à la ruralité.
 

 

On peut s'étonner de voir ressurgir en ce temps plein d'inquiétudes les vieux fantasmes, la France se recherche, on se méfie les uns des autres. Les rumeurs vont bon train, on imagine des mafias fantastiques contrôlant le monde, la CIA, les juifs, le Vatican, les islamistes et bien d'autres encore.

Les gens ignorent tout du judaïsme, pour certain cela devrait ressembler à une société secrète qui contrôlerait le monde, dans ce cadre, Le Monde a réalisé une enquête sur les recherches google, les gens veulent savoir qui est vraiment juif, et on y trouve n'importe qui.
Ce fantasme antisémite n'est pas que français, en Algérie, des ministres se dénoncent entre eux et s'accusent d'être des juifs cachés.

Pendant ce temps, on prépare les élections présidentielles, à gauche, cela ne va pas fort, aucun candidat ne s'impose de lui même, on parle beaucoup de Dominique Strauss Kahn, le Président Nicolas Sarkozy a été tout content de l'expédier au Fonds Monétaire International, là où il est sûr de se trainer une réputation de capitaliste qui devrait l'empêcher de briguer la tête de liste socialiste. Seulement, les socialistes sont tellement divisés, qu'on pense toujours à lui, et Dominique, avec la prudence du serpent parle le moins possible, comme cela, personne n'a rien à lui reproche.

Alors, on cherche à taper plus bas que la ceinture, on ose pas dire qu'il est un mauvais candidat par ce qu'il est juif, mais on rappelle, comme Christian Jacob l'a fait, qu'il n'a pas l'image d'une France Rurale, ces propos rappellent trop ceux de l'époque de Vichy pour ne pas être relevé. Pourtant, notre cher Président est lui-même issu de la France Rurale profonde, n'est-il pas l'ancien maire de Neuilly, commune rurale s'il en est, où on cultive si bien l'oseille et blé comme l'a fait remarquer Jean Pierre Gauffre ?

J'ai trouvé deux réactions intéressantes à ces propos, une lettre ouverte à publier dans Le Bien Public, écrite par Alain David, philosophe à Dijon, et un éditorial de deux journalistes au Monde 'Abel Mestre et Caroline Monnot. Je vous les offre tous les deux !

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Toutes les conspirations imaginaires de notre siècle !

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On trouve dans le journal Le Monde daté du mardi 15 février une page centrale avec un titre énorme « Juif », le qualificatif le plus fréquent apposé sur l’internet français aux noms-symboles du pouvoir : Sarkozy, évidemment, mais aussi Borloo, Hollande, Copé, Mélanchon, voire Rachida Dati et Marie-George Buffet, mais encore un défilé de journalistes…

Tous « juifs », liste insensée pour cette expression forcenée du ressentiment (mais n’ai-je pas moi-même découvert au détour d’une conversation, à l’occasion de l’organisation locale d’un testing, que pour une certaine couche de la population dijonnaise, François Rebsamen, c’était une évidence, « en était »).

Un détail (si j’ose ainsi m’exprimer) dans l’actualité donne à cette information inquiétante un relief saisissant. Christian Jacob, président du groupe UMP à l’assemblée nationale, déclare ce week-end que Dominique Strauss-Kahn ne saurait représenter la « France des terroirs », « la France qu’on aime ». Qu’a-t-il voulu dire ?
A lui seul, rendons-lui cette justice, d’en décider. Mais qu’a-t-il dit ?

Comment ne pas faire (il n’est, là encore, qu’à se promener quelques instants sur internet : tombereau d’ordures, la « communauté sioniste » prise à parti, Jacob lui-même – rien n’est donc, dans ce registre, maîtrisable - qualifié de « compatriote ethnique » de Strauss-Kahn…) la part de ce que chacun a perçu, l’implicite, l’innommé ouvrant, toutes grandes, les écluses de l’innommable : ainsi en va-t-il des contrepèteries qui offrent licence de prononcer en toute innocence une obscénité.
Mais en l’occurrence la transgression n’est pas sexuelle et n’a rien à voir avec le pipi-caca de notre enfance.

Elle rejoint l’histoire française dans ce qu’elle recèle de moins regardable, ce tréfonds dégradant où se mêlent les voix de Barrès – qui déduisait « la culpabilité de Dreyfus de sa race » - de Maurras - énonçant que « jamais un Juif ne saurait comprendre un vers de Racine » - de Pétain – qui s’était référé (comme Christian Jacob donc) à « la terre » », « qui ne ment pas » (alors que les Juifs, au contraire…, loin de cette France des terroirs…, de la vérité terrienne de la France que nous aimons…).
J’en appelle, appelons-en, avec la Licra, aux politiques, à tous ceux qui exercent à un titre ou à un autre le magistère de la parole, pour qu’ils aient la responsabilité et le courage : le courage de désigner cet innommable, la responsabilité, l’ayant nommé, de le chasser avec résolution du débat national.


Alain David

Secrétaire général de la section de Dijon de la Licra. Bureau exécutif national.

 

droite

La glèbe du terroir, l’éventuel candidat Strauss-Kahn et le député Christian Jacob

Ainsi Christian Jacob, le chef de file des députés UMP, a déclaré dimanche 14 février à propos de Dominique Strauss-Kahn:

“Ce n’est pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché”. Sans doute cette France éternelle, immuable, de “la terre qui ne ment pas”. Ce “pays réel”, conceptualisé par Charles Maurras.

Dominique Strauss-Kahn n’est donc pas “l’image de la France” qui est “la France rurale, celle des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien”. Le plus désagréable dans cette déclaration est incontestablement ce “on” qui se veut enrôleur, fédérateur. Ce “on” à qui s’adresse aussi Christian Jacob et auquel il laisse le soin d’ajouter les sous-textes. A lui de définir ce qui, en creux devient “la France qu’on n’aime pas”, et qui est étrangère à la glèbe du terroir. Le plus curieux dans cette déclaration est qu’elle reprend des thématiques utilisées dans certains milieux d’extrême droite à l’encontre de… Nicolas Sarkozy, jugé par ces derniers “pas très terroir” non plus.

Ancien président de la FNSEA, Christian Jacob a donc décidé de délivrer des labels AOC aux candidats à la présidentielle.

L’on ne lui fera pas de procès. Mais on lui rappellera que l’invocation de la tradition terrienne de la France, utilisée à des fins excluantes, a une généalogie politique.

L’historien Michel Winock dans un long article qu’il avait consacré aux Affaires Dreyfus dans la revue Vingtième siècle en janvier-mars 1985 notait combien la thématique de “la tradition terrienne, incompréhensible par ‘le talmudiste nomade’” était présente dans la littérature antiblumiste, antisémite, des années qui précédèrent la seconde guerre mondiale. Il citait en appui des écrits d’Henri Beraud dans Gringoire daté en 1938.

Pour Michel Winock, cela “en disait long sur la pérennité de la mythologie nationaliste du temps de Dreyfus”.

Abel Mestre et Caroline Monnot

 

http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2011/02/15/la-glebe-du-terroir-leventuel-candidat-strauss-kahn-et-le-depute-christian-jacob/